Le mois du Saint Rosaire

Le mois du Saint Rosaire

Octobre : le mois du Rosaire

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Le mois d'Octobre était le seul qui, jusqu'à présent, n'eût pas son manuel propre à fournir aux fidèles des méditations pour tous les jours.
Il était cependant naturel que ce mois dans le cours duquel se célèbre la fête du saint Rosaire, fût sanctifié par des considérations sur cette salutaire pratique de dévotion qui, depuis son institution par saint Dominique, a été partout une source si féconde de grâces et de bénédictions.
C'est pour combler cette lacune que nous avons commencé et terminé sous les auspices de Marie, et dans le mois de mai qui lui est consacré, cet opuscule que nous offrons à ses serviteurs et en particulier aux confrères du Rosaire et aux nombreux associés du Rosaire vivant.
Nous n'avons guère fait que mettre en ordre le Manuel du Chapelet et du Rosaire de la sainte Vierge par Mr l'abbé de Sambucy, qui présente sur cette excellente dévotion les notions les plus précises, les plus authentiques et les plus édifiantes, est-il dit dans l'approbation.
Puisse la sainte Vierge, invoquée sous le titre de Notre-Dame du Rosaire, daigner accueillir ce petit travail et combler de ses faveurs les fidèles qui sanctifieront le mois d'octobre en faisant la méditation de chaque jour pour s'éclairer sur cette dévotion si répandue et si salutaire, et pour se pénétrer de l'esprit qui doit animer ceux qui aiment à la pratiquer.
Nous prévenons qu'en mettant en ordre cet opuscule nous n'avons pas perdu de vue le conseil de Vincent de Lérins :
« Le vrai caractère de la modestie et de la prudence chrétienne est de transmettre religieusement aux fidèles les traditions de nos ancêtres, au lieu d'y substituer nos opinions particulières. »

1er jour
De la dévolion du Rosaire.
Quoique la dévotion envers la glorieuse Vierge Marie doive être recommandée en général à tous les chrétiens, comme un puissant secours pour mener une vie plus sainte, comme un moyen de trouver plus d'accès auprès de Dieu, et enfin, comme une marque peu équivoque de prédestination ; on peut dire qu'entre toutes les pratiques de dévotion inspirées aux fidèles par I'Esprit-Saint pour rendre à la Mère de Dieu le culte qui lui est dû, celle de réciter le rosaire avec les sentiments conformes au but de son institution, est l'une des plus authentiques et des plus agréables à la sainte Vierge.
Aussi trouve t-on peu de personnes recommandables par leur sainteté, respectables par leur rang, leur savoir, leur dignité, qui n'aient été zélées pour cette solide dévotion.
Combien de souverains Pontifes, de rois, de princes, etc., ont regardé comme un honneur de se faire inscrire dans les confréries du Rosaire pour pratiquer plus exactement cette dévotion ?
Jouissez-vous, ami lecteur, du même bonheur ?
Si vous avez l'avantage de connaître l'excellence de la dévotion du Rosaire, et si, inscrit ou non dans une association formée en l'honneur de Notre-Dame du Rosaire, vous honorez votre bonne Mère par ce tribut quotidien ou hebdomadaire de louanges, nous vous en félicitons, parce que nous sommes convaincu avec l'Église que ce sera pour vous une source de bénédiction et de salut dans le cours de votre vie et à l'heure de votre mort.
Si vous négligez cette pratique de dévotion, si vous n'en connaissez pas l'utilité, oh ! prenez, nous vous en conjurons, prenez la résolution de consacrer ce mois à lire attentivement, à étudier, à méditer ce que nous allons tâcher de recueillir sur cette dévotion que les fidèles de nos jours n'apprécient plus en général comme elle mérite d'être appréciée, et par suite ne la pratiquent plus avec l'esprit, les dispositions qu'elle exige.
Nous avons choisi le mois d'octobre pour présenter aux fidèles des considérations sur la dévotion du Rosaire, parce que le premier dimanche de ce mois l'Église célèbre la fête solennelle du saint Rosaire, appelée vulgairement la fête du grand Rosaire. Nous dirons plus loin à quelle occasion cette fête fut établie.
Plus une dévotion est générale et populaire, a dit un docteur de l'Eglise, plus elle doit nous paraître sainte et divine. 
Par dévotions populaires on ne peut entendre que celles qui sont plus répandues dans toute l'Eglise, et honorées du suffrage et des faveurs du saint Siége ; parce que les dévotions approuvées par le vicaire de J.-C., le chef visible de l'Eglise, sont seules vraies, solides, et toujours conformes à la foi et à la raison.
De là, les dévotions populaires ne sont pas les dévotions propres uniquement au peuple, mais celles qui sont plus accessibles à toutes les classes inférieures, et qui sont si universellement répandues que les hautes classes de la société se font gloire de s'y associer : par exemple, les dévotions du Scapulaire, du Chapelet, du Rosaire, etc. ; ces sortes d'agrégations, où se confondent les noms les plus grands avec les plus communs, honorent la dévotion au lieu de lui nuire" et sont conformes à l'esprit de J.-G. qui a voulu que les sacrements fussent communs à tous ses disciples ; que le pauvre s'asseyât à la table sainte à côté du riche ; que tous eussent part à ses grâces sans distinction de rang, de condition, etc.
Cependant les mauvais chrétiens, les faux disciples de J.-C., les pharisiens du christianisme qui ne pratiquent pas la religion, critiquent ces dévotions populaires, parce qu'elles sont une continuelle censure de leur indifférence : ils déclament contre leur abus et contre leur multiplicité.
Mais d'abord les abus ne peuvent jamais détourner d'une bonne œuvre ; il suffit de les connaître et de s'en préserver.
N'abuse-t-on pas des meilleures choses ? Ces dévotions, ces associations ne sont-elles pas bonnes en elles-mêmes, comme par leurs effets ? Si elles ne l'étaient pas, comment l'Eglise les aurait-elle approuvées et enrichies d'indulgences ?
D'ailleurs, elles se bornent à des exercices pieux, à des prières communes ou particulières, à quelques œuvres de charité ; or, rien n'est plus capable de nourrir et d'animer la piété ; rien n'est plus propre à resserrer tous les liens de la religion, à répandre partout l'édification et à exciter une sainte émulation pour la vertu.
Quant à la multiplicité des dévotions que l'on se plaît à critiquer, c'est un reproche qui semble sinon ridicule, du moins injuste ; car il en est des dévotions, comme des mets dans un repas, ou des fleurs dans un jardin : on n'impose à personne l'obligation de manger de tous les mets, ni à un particulier de cultiver toutes les fleurs ; on ne force personne non plus à embrasser toutes les dévotions : la variété des fleurs dans un jardin et la diversité des mets sur une table sont tout à la fois un ornement et une nécessité pour s'adapter à tous les goûts : de même la multiplicité des dévotions est un ornement pour la piété et une ressource pour les fidèles ; mais ils peuvent choisir parmi les dévotions qui leur plaisent davantage, celles qui sont plus analogues à leur état ou à leurs besoins, et qui ne peuvent ni les surcharger, ni nuire à leurs devoirs ou à leurs emplois.
Parmi les dévotions destinées à honorer la sainte Vierge, il en est deux surtout qui ont l'avantage d'être plus anciennes, plus connues, plus faciles et plus universellement répandues ; à savoir : celle du Rosaire et celle du Scapulaire.
Il n'entre pas dans notre plan de parler de l'excellence de la dévotion du Scapulaire qu'on a la consolation de voir se répandre chaque jour davantage en Belgique ; nous ne traiterons, dans ce mois , que de la solide dévotion du Chapelet et du Rosaire. 
 Nous disons du chapelet et du rosaire ; car ce sont deux dévotions que les fidèles confondent souvent, n'y ayant au fond que quelques nuances presque imperceptibles qui les distinguent ; nous parlerons donc d'abord du chapelet, et ensuite nous nous étendrons sur ce qui concerne le rosaire.
Nous ne voulons rien exagérer et nous nous garderons bien de dire que la dévotion du rosaire est une marque infaillible de prédestination, le signe le plus certain du salut et le gage le plus assuré d'une alliance éternelle avec Jésus et Marie ; mais nous ne craignons pas de dire avec confiance, en commençant ce mois, que la dévotion éclairée et pratique du rosaire est un grand moyen de salut, une marque non équivoque de prédestination, une voie sûre pour se procurer la protection de la Mère et les faveurs du Fils, et que ces avantages sont promis aux vrais dévots et aux confrères du Rosaire, qui, prosternés au pied de l'autel de Marie, ne s'en approchent pas de bouche mais du cœur, et ne l'honorent pas seulement des lèvres, mais du fond de leurs entrailles. (Isaïe 29. 13).
Résolution.
Si nous mettons en pratique la dévotion du Rosaire, nous devons aimer à connaître sa solidité et ses avantages ; si nous ne la mettons pas en pratique, nous serions plus qu'indifférents si, ayant en mains cet ouvrage, nous ne prenions pas la résolution de nous éclairer sur ce point, en en faisant la lecture dans le cours du mois d'octobre, dont le 1" dimanche est consacré par l'Église à Notre-Dame-du-Rosaire. 
 Disons donc avec l'auteur la prière suivante.

PRIERE
Nous venons nous jeter à vos pieds, Vierge Sainte  pour vous demander de bénir ce nouveau mois et d'en accepter l'humble dédicace.
Obtenez-nous de votre divin Époux les lumières qui nous sont nécessaires pour profiter de sa lecture.
Il n'a été composé qu'en vue de rappeler aux fidèles une dévotion qui a toujours été chère à vos serviteurs , parce que vous avez donné mille preuves qu'elle vous était agréable.
Faites, Vierge sainte, secours des chrétiens, qu'elle produise encore de nos jours les effets qu'elle produisit lorsque vous l'inspirâtes à saint Dominique. Ainsi soit-il.

2ème jour
Du Chapelet.
Si la fausse sagesse du monde affecte quelquefois du mépris pour les pratiques consacrées par la religion ou ennoblies par l'exemple des Saints, c'est qu'elle dédaigne souvent de s'instruire, et qu'elle blasphème ce qu'elle ignore.
Eclairons les ténèbres dans lesquelles elle se plait et dévoilons d'abord à ses yeux l'origine de cette dévotion.
C'était la coutume des anciens peuples dans les pays orientaux, d'offrir des couronnes de roses aux personnes distinguées par leur mérite ou par leur dignité : on ne croyait pas pouvoir les honorer mieux que par cetle sorte de présent, et les chrétiens se plaisaient à honorer ainsi la sainte Vierge et les Saints.
Un grand pontife, un illustre docteur, celui des saints Pères que l'on a surnommé le théologien par excellence, à cause de la pureté de sa doctrine, S. Grégoire de Nazianze, dans le transport de son amour si tendre pour la sainte Vierge, fut inspiré de substituer à la couronne matérielle de roses, une couronne spirituelle de prières, persuadé qu'elle serait plus agréable à la Mère de Dieu.
Il composa à cet effet une suite ou couronne de prières, tissue des plus belles louanges, des plus glorieux titres et des plus excellentes prérogatives de Marie : c'était à peu près comme les prières appelées litanies.
Cette invention ingénieuse du quatrième siècle avait son prix et son mérite pour les personnes instruites qui pouvaient se rendre cette sorte de prières familière ; mais cette heureuse idée avait besoin, pour être à la portée de tous et pour devenir populaire, d'être composée des prières les plus ordinaires de l'Eglise, c'est-à-dire, de l'Oraison dominicale, de la Salutation angélique et de la profession de foi du chrétien.
C'est l'idée que réalisa, dans le cinquième siècle, Ste Brigide patronne de l'Irlande, qu'il ne faut pas confondre, comme on le fait souvent, avec S" Brigitte, veuve, princesse de Suède, morte à Rome en 1373.
Pour faciliter cette dévotion nouvelle, il fallait fixer un certain ordre dans ces prières, et trouver un moyen de les distribuer sans confusion, et de les distinguer sans méprise.
Pour éviter donc un certain travail de mémoire et ne pas distraire de l'attention de la prière même, Ste Brigide adopta l'usage des anachorètes ou solitaires de l'Orient, qui, dans ces premiers siècles, se servaient de petits globules de pierre ou de bois, pour mieux compter le nombre de leurs prières ; et elle pensa qu'il fallait enfiler ces grains en forme de couronne, et en avoir de différentes grosseurs pour distinguer chaque prière différente.
Elle introduisit d'abord dans la Communauté qu'elle avait établie sous la règle de St. Benoit, cet usage qui se répandit ensuite partout.
Sainte Gertrude, Vierge, abbesse de Nivelle dans le Brabant, et qui vivait dans le septième siècle, se servait de cette sorte de chapelet, comme on le voit dans sa vie ; un concile tenu en Angleterre en 810, fait aussi mention de lu même dévotion, comme d'une pratique en usage alors depuis longtemps ; et le fameux Pierre l'ermite, le promoteur de la 1ère croisade, dans le onzième siècle, fit adopter aux croisés cette manière de prier à l'aide du chapelet pendu à leur ceinture.
Il est résulté de tous ces faits que l'on a attribué l'origine du chapelet, tantôt aux premiers anachorètes, tantôt à sainte Gertrude ou à Pierre l'ermite ; tandis que cette heureuse idée de saint Grégoire de Nazianze a été perfectionnée et promulguée par sainte Brigide, vierge d'Irlande , vers l'an 499, et non par sainte Brigitte de Suède, qui ne naquit qu'en 1302.
Nous avons vu que le chapelet ou couronne tire son origine des couronnes de roses que l'on déposait sur les autels, en l'honneur de Marie ou des Saints ; mais cette sorte de couronne de roses, que l'on appelle en latin et en italien corona, se nommait dans la basse latinité, capellina ; en vieux français, chapel de roses ; d'où est dérivé le diminutif chapelet ou petit chapel, petite couronne.
L'usage du chapelet est une excellente pratique, pourvu qu'on ait soin en le récitant, de joindre l'esprit à la lettre et d'en écarter toute sorte de superstition, comme d'atiribuer l'efficacité de la prière à ce nombre déterminé de Pater et d'Ave plutôt qu'à un autre nombre.
Mais, si en récitant un certain nombre de Pater et d'Ave, on n'a d'autre intention que de se conformer au nombre fixé par l'Eglise pour gagner les indulgences qu'elle y a attachées, on ne fait assurément rien de ridicule ni de superstitieux, et c'est même une pratique louable et excellente.
En effet, l'excellence d'une dévotion se tire de la fin que l'on se propose, des moyens que l'on emploie et des avantages qui en résultent ; or, le chapelet a pour fin principale d'honorer Jésus et Marie ; les moyens qu'il fait employer sont : la prière, la méditation et l'imitation des Saints qui ont pratiqué cette dévotion ; les avantages qu'il procure sont : toutes les faveurs, les grâces et les prérogatives qui sont attachées à sa récitation ; ainsi l'on peut dire avec fondement que celui qui récite le chapelet assidûment, y apprend le secret de bien prier, y trouve les moyens de bien vivre, et obtient par la ferveur de ses dispositions, les grâces nécessaires pour bien mourir.
Quoi de plus excellent, de plus utile pour procurer la gloire de Dieu, l'honneur de Marie et le salut de notre âme ?
Du reste, l'excellence de la dévotion du chapelet étant la même que l'excellence de la dévotion du rosaire, en traitant de cette dernière dévotion, des avantages qu'elle renferme et des prodiges que Dieu a opérés en sa faveur, tout lecteur sera convaincu qu'elle doit être chère aux fidèles et faire leurs délices par les garanties, les ressources et les avantages qu'elle leur offre.
Est-il nécessaire de dire un mot de l'objection faite par les contempteurs de cette pratique, qui, dans leur orgueil dédaigneux, demandent pourquoi tant de Pater, tant d'Ave, tant d'ennuyeuses répétitions ?
— Eh! qu'est-ce que toutes les prières de l'Eglise aux yeux de Dieu, sinon des milliers de paroles qui se rapportent à un même sentiment d'amour ? Qu'on l'exprime en Pater, en Ave ou en d'autres prières, n'est-ce pas le même hommage rendu au Seigneur ? Ennuyeuses répétitions ! Et pour qui ennuyeuses ? Est-ce pour Dieu et pour la sainte Vierge ? Vous blasphémez ! Est-ce que que Dieu et la sainte Vierge peuvent s'ennuyer ? Est-ce d'ailleurs un ennui pour un bon père, pour une bonne mère, d'entendre un enfant répéter mille fois : Je vous aime ? de sentir mille fois l'étreinte de ses bras qui les serrent ? Notre Dieu est-il un moins bon père, Marie une moins bonne mère que ceux que nous avons sur la terre ? Sont-ils plus susceptibles d'ennui ? Pour qui donc est cet ennui ? Pour certaines gens qui récitent mal ces prières ; pour ces hommes animaux qui ne goûtent pas les choses de Dieu. (S. Paul.) Mais l'âme fidèle, l'âme dévote à Marie, se lasserait-elle jamais de lui dire affectueusement : Je vous salue, Marie ; — Sainte Mère de Dieu, priez pour moi. Non, le vrai chrétien, le vrai disciple de Jésus-Christ, ne peut pas se lasser, s'ennuyer de répéter sans cesse : Notre Père, qui êtes dans les Cieux.
Résolution.
Prenons la résolution de réciter fréquemment le chapelet, tous les jours même à l'exemple de tant de fervents serviteurs et de ferventes servantes de Marie.
Quelles que soient nos occupations, nous pouvons trouver le temps de le réciter, soit en commun, soit en notre particulier, aux champs, en voyage, en travaillant, etc.; et, si nous le disons avec attention et dévotion, nous ne tarderons pas d'en recueillir les fruits les plus abondants.
PRIÈRE.
Mère de Dieu, vous êtes aussi la nôtre et nous vous saluons mille fois ;  
jetez sur nous des regards de complaisance et accordez-nous votre bénédiction lorsqu'on disant notre chapelet,
nous répétons affectueusement le salut ineffable que vous adressa l'envoyé du ciel, l'ange Gabriel, le jour de l'Annonciation.
L'assurance où nous sommes que cette pratique de dévotion, cette prière vous est agréable, nous remplit de la confiance la plus entière.
O Mère tendre et puissante ! daignez nous obtenir du Dieu de bonté les grâces qui nous sont nécessaires pour nous montrer en tout et partout de vrais enfants de Marie.
Ainsi soit-il.
3ème jour
Des Indulgences attachées aux Chapelets bénits.
C'est avec regret que l'on voit tant de personnes pieuses qui ont la louable habitude de dire tous les jours le chapelet, se priver des indulgences attachées à ce saint exercice, en ne remplissant pas exactement les conditions prescrites, le plus souvent parce qu'elles ne les connaissent pas.
Si elles se servent d'un chapelet non bénit par un prêtre qui en ait reçu de Rome le pouvoir, elles ne gagnent aucune indulgence ; elles font seulement, en récitant le chapelet, une œuvre de piété très bonne et très louable.
Si, au contraire, elles se servent d'un chapelet bénit , elles gagnent diverses indulgences, selon le genre de bénédiction, et selon l'espèce de bonnes œuvres qu'elles font.
Il y a, en effet, quatre sortes de chapelets :
1° Le chapelet, n'importe le nombre de dizaines, non bénit, auquel, par conséquent, il n'est attaché aucune indulgence.
2° Le chapelet ordinaire de cinq dizaines, appelé quelquefois de St Dominique ; s'il est bénit, et si on le récite en méditant les mystères du Rosaire, on gagne les indulgences attachées à la récitation du rosaire, indulgences communes à tous les fidèles et par conséquent différentes de celles accordées aux membres des confréries du Rosaire ; nous en parlerons lorsque nous aurons développé l'origine, l'excellence, les avantages, ete de cette dévotion.
3° Le chapelet de sainte Brigide, vulgairement appelé brigittain.
Sainte Brigide, patronne de l'Irlande, surnommée la Thaumaturge à cause de la multitude de ses miracles, fonda plusieurs monastères.
Au milieu des exercices de piété qui animaient l'émulation des religieuses, il faut distinguer la pratique du chapelet.
Sainte Brigide, qui vivait environ sept cents ans avant saint Dominique qui établit le rosaire, ayant inventé la forme du chapelet qu'elle adopta, en introduisit dans tous ses monastères le pieux usage qui excita la ferveur dans le plus haut degré.
C'est ce chapelet adopté par les religieux brigittains ou du Sauveur, fondé par sainte Brigitte, vers l'an 1350, à la bénédiction duquel les souverains Pontifes ont attaché de nombreuses indulgences, comme nous allons le voir.
4° Enfin, le chapelet dit apostolique, est celui qui a été bénit et donné par le saint Père qui y attache les indulgences dont sont favorisés, et les chapelets ordinaires, et les chapelets brigittains.
Les chapelets brigittains ont de grands avantages sur les chapelets ordinaires avec lesquels ils présentent plusieurs différences.
Ils sont composés de six dizaines, ce qui fait en tout, y compris le Pater et les trois Ave de la croix, 68 Ave et 7 Pater. 
Ce nombre a été choisi dans le but d'honorer les soixante-trois années que, d'après l'opinion commune, la sainte Vierge passa sur la terre, ainsi que les sept douleurs et les sept allégresses.
Cependant, quoique le chapelet brigiltain soit composé de six dizaines, on peut gagner également les indulgences qui y sont attachées, soit en n'en récitant que cinq, soit en disant les quinze dizaines du rosaire. 
 On peut appliquer aussi les indulgences de ces chapelets sur ceux qui n'ont que cinq dizaines.

On lit dans plusieurs ouvrages, entre autres dans la Dévotion pratique aux indulgences, par Mgr l'évêque de Belley, que la considération ou méditation des mystères n'est pas nécessaire pour gagner les indulgences accordées au chapelet brigittain : c'est une erreur, et une décision du 19 Janvier 1833, de la Congrégation établie à Rome pour résoudre les questions relatives aux indulgences, ne laisse aucun doute sur l'obligation de méditer les mystères en récitant ce chapelet.  Il est parlé de cette décision dans le Journal historique, tome V, page 145.
Les indulgences attachées au chapelet de Ste Brigide ou brigittain sont plus étendues ; les religieux et les prêtres séculiers qui en ont reçu le pouvoir de Rome, peuvent les appliquer aux chapelets qu'on leur présente à bénir, afin que les fidèles en recueillent des grâces plus abondantes.
Il en résulte que les fidèles en récitant le chapelet brigittain bénit, gagnent les indulgences qui y sont attachées ; mais à condition qu'ils méditent les mystères du rosaire : en ce cas nous pensons qu'ils peuvent aussi gagner les indulgences accordées à la récitation du rosaire ou chapelet de saint Dominique.

Voici, du reste, les indulgences attachées aux chapelets bénits par les Pères Rédemploristes, et, croyons-nous, par tout autre prêtre qui en a reçu le pouvoir de Rome.
Indulgences plénières. 
— 1" Celui qui récite au moins une fois par semaine le chapelet de cinq dizaines, en s'approchant des sacrements et en priant pour les fins ordinaires, peut gagner une indulgence plénière à chacune des fêtes principales, y compris celles des Apôtres et de saint Joseph.
2° Une fois par mois aux mêmes conditions et, en outre, en visitant une église, pourvu qu'on récite tous les jours le chapelet.
3° Une fois l'an pour celui qui remplira les mêmes conditions.
4° Le jour de sainte Brigitte (8 Octobre) pour celui qui, étant dans l'usage de réciter au moins une fois la semaine, le chapelet de cinq dizaines, remplira les mêmes conditions.
5° A l'article de la mort pour celui qui recommandera son âme à Dieu et recevra les sacrements ou, s'il ne le peut, invoquera de bouche ou de cœur le nom de Jésus.
Indulgences partielles : 
1° 100 jours à chaque Credo, Pater, Ave.
2° 7 ans et 7 quarantaines pour celui qui récitera le chapelet de 15 dizaines en l'honneur des 15 mystères.
3° 7 ans et 7 quarantaines à chacune des fêtes de N.S et de la sainte Vierge, pour celui qui récite le chapelet au moins une fois la semaine et qui, s'étant approché des sacrements, priera pour les fins ordinaires.
4° 5 ans et 5 quarantaines pour celui qui fera la même chose les Dimanches et les autres jours de fête pendant l'année.
5° 200 jours pour celui qui visitera les prisonniers ou les malades dans les hôpitaux pour les soulager, ou enseignera la doctrine chrétienne à l'église ou dans sa maison.
6° 100 jours pour celui qui portant le chapelet assiste à la messe ou au sermon, ou ramène dans la bonne voie un pécheur, ou enfin pratique quelque bonne œuvre en l'honneur de J.-C., de Marie ou de Ste Brigitte, et récitera 3 Pater et 3 Ave.

7° 40 jours pour celui qui, portant sur soi le chapelet, se mettra à genoux et priera au son de la cloche pour les agonisants.
N.B. On peut appliquer toutes ces indulgences aux âmes du purgatoire.
Cette liste d'indulgences est extraite d'une brochure imprimée récemment à Liége, sous le titre de : Exposition des indulgences attachées aux chapelets, etc. , par les PP. de la Congrégation du très-saint Rédempteur.
Résolution.
Inutile sans doute d'engager à se procurer un chapelet bénit ; nos lecteurs en ont un, nous n'en dou'ons pas ; mais tous pensent-ils à gagner les indulgences qui y sont attachées ?
En n'y pensant pas, en ne dressant pas leur intention, ils perdent, et pour eux, et pour les âmes du purgatoire, les faveurs que l'Eglise y a attachées par la bénédiction. Évitons donc cette négligence préjudiciable, et, à cette effet, disons chaque jour cette prière ou quelque autre analogue :
0 Dieu infiniment bon et miséricordieux ! qui avez laissé à votre Eglise le pouvoir de remettre les peines dues au péché, nous vous rendons d'humbles actions de grâces pour ce bienfait ineffable, et nous vous offrons toutes les prières et les bonnes œuvres que nous ferons dans le cours de cette journée, dans l'intention de gagner pour nous et pour les âmes du purgatoire toutes les indulgences qui peuvent y être attachées.
Puissions-nous ainsi, en vertu des mérites surabondants de J.-C., de la sainte Vierge et des Saints, satisfaire à votre justice en ce monde pour n'avoir plus dans l'autre qu'à louer et à bénir éternellement votre miséricorde infinie. Ainsi soit-il.
4ème jour
Explication de l'AVE MARIA.
Puisque l'Ave Maria se répète si fréquemment dans la récitation du chapelet, employons deux ou trois jours à nous pénétrer des sentiments que cette belle prière doit faire naître dans notre cœur, et des affections qui doivent en accompagner la récitation.
Les âmes pieuses y trouvent une source inépuisable de dévotion et de ferveur ; aussi ne pensons-nous nullement à présenter au lecteur tous les sentiments, toutes les affections qu'excite dans le cœur fidèle la récitation de cette prière ; nous voulons seulement lui donner lieu de s'en former une idée par les paroles qu'elle a inspirées à quelques fervents serviteurs de Marie.
Quoique l'Ave Maria s'adresse à la sainte Vierge dont on implore l'intercession, cette prière a cependant pour premier objet de louer son divin Fils et de le remercier de son infinie miséricorde, qui a éclaté d'une manière si spéciale dans l'incarnation. 
Le Saint-Esprit est le principal auteur de cette prière. 
Le commencement est composé des paroles de l'archange Gabriel, qui fut l'ambassadeur de l'adorable Trinité dans l'accomplissement du plus auguste de tous les mystères ; viennent ensuite les paroles que sainte Elisabeth, inspirée par le ciel, adressa à la sainte Vierge ; la fin est une addition faite par l'Église.
Cette dernière partie est une invocation à la sainte Vierge ; elle y est appelée Mère de Dieu d'après le concile général d'Ephèse qui proscrivit les blasphèmes de Nestorius.
Nous ajoutons à la Salutation angélique le nom de celle qui en est l'objet, ce nom étant très propre à nous inspirer des sentiments de respect et de confiance.
Ce nom, dit saint Jérôme, signifie dame, et étoile de la mer. 
Or, ces deux noms conviennent merveilleusement à celle qui est la reine du ciel, notre protectrice et notre étoile sur la mer orageuse du monde.
D'autres femmes furent appelées Marie dans l'ancien Testament ; mais ce ne fut pas dans le même sens, ni avec la même signification.
Il est essentiel de faire attention à ces paroles de l'Évangéliste saint Luc : Et le nom de la Vierge était Marie. 
Ce nom, comme nous venons de le dire, est mystérieux. « Il est, » dit saint Bernard, d'une telle vertu et d'une  telle excellence, que les cieux tressaillent,  que la terre se réjouit, que les Anges ne  peuvent retenir leurs transports quand il est  prononcé. 
Le même Père observe que la sainte Vierge est véritablement l'étoile sortie de Jacob, et placée au-dessus de cette mer redoutable pour nous éclairer par les mérites et par l'exemple de sa vie.
« O vous ! dit-il, qui êtes battus » par les tempêtes de ce monde ; levez les yeux vers cet astre brillant, si vous ne voulez point  être submergés par les flots. Si les vents des  tentations s'élèvent, si vous tombez parmi les rochers des tribulations, regardez l'étoile, invoquez Marie. Si vous êtes tourmentés par les vagues de l'orgueil, de l'ambition, de la  médisance, de la jalousie, jetez les yeux sur  l'étoile, invoquez Marie. Si vous commencez à tomber dans le gouffre de la mélancolie ou du désespoir, pensez à Marie. Ayez recours à elle dans les dangers, dans les détresses, dans les perplexités ; qu'elle ne sorte ni de votre bouche, ni de votre cœur. Avec elle, tous n'avez rien à craindre ; lorsqu'elle vous sert de guide, vous ne vous lassez jamais. Tels sont les sentiments que le nom de Marie doit sans cesse nous inspirer.
Ces mots : Je vous salue, annoncent de notre part des sentiments de joie et de congratulation.
L'Archange les adressa à la sainte Vierge, pour lui témoigner le respect dont il était pénétré.
Quoiqu'accoutumé à la gloire des Esprits bienheureux , il fut étonné de celle de Marie, qui était destinée à devenir la mère de Dieu ; et que toute la cour céleste ne pouvait considérer qu'avec ravissement.
Apprenons de là avec quelle humilité des vers de terre et des pécheurs comme nous, doivent adresser à la sainte Vierge la même salutation.
Mais écoutons le dévot auteur de l'Imitation, Thomas à Kempis, paraphraser cette salutation :
« Je m'approcherai de vous avec respect, avec dévotion et avec une humble confiance, lorsqu'il s'agira de vous offrir la salutation de l'Ange : je vous l'offre donc, la tête courbée par respect pour votre personne sacrée, et je désire que tous les Esprits célestes puissent la répéter pour moi cent mille fois, et beaucoup plus souvent. - Je ne connais rien de plus glorieux pour vous, ni de plus consolant pour nous. Que ceux qui aiment votre saint Nom écoutent, et se rendent attentifs. Les cieux se réjouissent et toute la terre doit être saisie d'étonnement quand je dis : Je vous salue, Marie. Le démon et l'enfer tremblent quand je répète : Je Vous salue, Marie. La tristesse disparaît, et une joie nouvelle remplit mon âme, quand je dis : Je vous salue, Marie. Telle est la douceur de cette salutation, qu'il n'y a point d'expressions capables de la peindre ; elle est dans le cœur trop profondément, pour que les paroles puissent la rendre. Je me prosterne donc de nouveau devant vous, ô la plus sainte des vierges ! pour vous dire : Je vous salue, Marie, pleine de grâces.... Qui me donnera de satisfaire le  désir que j'ai de vous honorer de toutes les puissances de mon âme ? Puissent tous mes membres être changés en langues et en voix de feu, pour vous glorifier sans cesse. O sainte Mère de Dieu ! prosterné en votre présence, pénétré d'une sincère dévotion de cœur et tout rempli de vénération pour votre nom,  je vous présente la joie que vous causa la salutation qui vous fut adressée par l'archange Gabriel ; puissé-je répéter avec une bouche aussi pure que l'or, et avec une affection  brûlante : Je vous salue,Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec vous ! 

Nous nous unissons aux sentiments de respect et de congratulation que l'Ange fit éclater, lorsque nous appelons la sainte Vierge pleine de grâces !
Sa dignité ne venait point du sang royal de David qui coulait dans ses veines, ni d'aucun autre avantage temporel, mais des dons extraordinaires par lesquels Dieu la distingua des autres créatures.
Destinée à devenir la mère de l'auteur de la grâce, elle fut comblée de toutes les faveurs dont est capable un être fini.
« Elle fut remplie, selon Bède, de l'océan du Saint-Esprit qui se répandit sur elle. »
Elle dut être enrichie des trésors de la grâce à proportion de l'intimité des rapports qu'elle devait avoir avec celui qui en est le principe. C'est pour cela que l'Église lui applique ces paroles du cantique des cantiques : Votre beauté est parfaite, il n'y a point de tache en vous.

L'éloge de la sainte Vierge, renfermé dans les mots : le Seigneur est avec vous, est une suite du précédent.
Dieu, par son immensité et par sa toute-puissance, est avec toutes les créatures, parce que toutes les créatures sont par lui ce qu'elles sont ; mais il est bien plus intimement avec les justes, demeurant en eux par sa grâce, et leur faisant ressentir les plus prédeux effets de sa bonté.
Quant à Marie, elle est véritablement pleine de grâces, et à ce titre élevée au-dessus de toutes les 'créatures ; elle a aussi une union plus intime avec J.-C. dont elle est la mère.
L'amour dont elle brûle surpasse celui des Séraphins ; elle est par excellence le tabernacle du Très-Haut, qui la comble spécialement des dons que produit une présence aussi extraordinaire, et qui déploie à son égard tous les trésors de sa munificence.

Vous êtes bénie entre toutes les femmes, lui dirent l'Archange et sainte Elisabeth.
C'est à bien juste titre qu'il est dit de Marie qu'elle est au-dessus de toutes les femmes, puisqu'elle a toujours été préservée de la moindre tache du péché, et qu'elle a été l'instrument dont Dieu s'est servi pour lever la malédiction dont le genre humain était chargé.
Lorsque Judith eut délivré Béthulie d'une destruction temporelle, Ozias , prince du peuple, lui dit : O fille ! vous êtes bénie au-dessus de toutes les femmes qui sont sur la face de la terre. Le peuple la bénit tout d'une voix en disant : Vous êtes la gloire de Jérusalem ; vous êtes la j'oie d'Israël ; vous êtes l'ornement de votre peuple. 
À combien plus forte raison devons-nous appliquer cet éloge à celle qui a enfanté l'auteur même de toutes les bénédictions célestes qui se répandent sur nous ?
Marie pouvait donc dire d'elle-même avec justice : Toutes les générations futures m'appelleront bienheureuse.
Résolution.
Prenons la résolution de bien comprendre, de bien méditer, et surtout de dire avec un cœur pur et dévoué à Marie, la belle prière qui lui est consacrée, afin qu'en prononçant les paroles qui la composent, nous soyons pénétrés des sentiments qui inondent le cœur de tes fidèles serviteurs, et dont la lecture de ce jour nous donne quelque idée.
Oh! que de charmes nous trouverions dans la récitation du chapelet si nous le disions animés du même respect, du même amour, de la mêmi confiance.
PRIÈRE.
La grâce que je Vous conjure, Vierge sainte, de m'obtenir de votre divin Fils, c'est de vous aimer, vous honorer, vous proclamer bienheureuse, parce que vous avez été pleine de grâces et que le Seigneur a été avec vous ; telle sera dorénavant mon occupation la plus agréable, car aucune autre n'est aussi propre à m'attirer votre bénédiction et le secours d'en haut. Ainsi soit-il
5ème jour
Explication de l'AVE MARIA (suite).
Les louanges que nous donnons à la sainte Vierge se rapportent principalement à Dieu et sont l'expression de l'hommage que nous lui rendons pour le bienfait de l'incarnation.
La pieuse femme dont il est parlé dans l'Evangile, s'écria en entendant la divine doctrine de J.-C. : Bienheureux est le sein qui vous a porté ; bienheureuses les mamelles qui vous ont allaité. 
Son but principal était de louer le Fils.
De même les louanges que nous adressons à Marie en récitant la Salutation angélique, se réfléchissent sur son divin Fils qui seul l'en a rendue digne ; aussi la Salutation angélique est-elle une excellente doxologie pour l'ineffable mystère de l'incarnation.
Après avoir reconnu que Marie est bénie au-dessus de toutes les femmes, nous ajoutons : Le fruit de vos entrailles est béni ; mais il est béni dans un sens infiniment plus sublime que sa mère, étant le principe et la source de toutes les bénédictions, de celles qui sont dans Marie, comme de celles qui sont dans les autres créatures ; étant la fin à laquelle se rapportent tous les dons que nous louons et que nous admirons dans la sainte Vierge.
J.-C. est béni par Dieu, par les Anges et par les hommes : par Dieu, comme son Fils bien-aimé qui lui est consubstantiel ; par les Anges, qui tiennent de lui leur être, la grâce et la gloire dont ils jouissent ; par les hommes, qu'il a sauvés et rachetés par son incarnation.
Nous ne pouvons penser aux maux infinis dont il nous a délivrés, aux peines et aux fatigues qu'il a souffertes pour nous, au prix dont il a payé notre rançon, aux biens inestimables qu'il nous a mérités, au bonheur éternel du ciel, à l'excès de sa bonté et de sa miséricorde, à sa majesté et à ses divines perfections ; nous ne pouvons, dis-je, nous rappeler tous ces objets, sans regarder comme singulièrement bénie celle qui a donné à la terre cet adorable Sauveur ; mais on ne doit faire aucune comparaison entre le Fils et la mère, parce que l'une est redevable à l'autre de sa grandeur et de sa gloire.
Nous ajoutons à cette doxologie le nom de Jésus, qui est un nom rempli d'une grâce et d'une douceur inexprimable ; un nom qui fait les délices et la consolation des âmes dans lesquelles règne la charité ; un nom qui est redoutable aux esprits de ténèbres, et qui mérite l'adoration de toutes les créatures ; un nom auquel tout genou doit fléchir dans le ciel, sur la terre et dans les enfers, et qui inspire à tout ce qui existe les plus vifs sentiments de respect et de vénération.
La dernière partie de la Salutation angélique renferme une prière.
Celle des Esprits bienheureux dans le ciel consiste principalement en des actes d'adoration, d'amour, de louanges et de reconnaissance.
Unissons-nous à eux dans cette vallée de larmes ; mais, nos misères et nos besoins étant extrêmes, nous ne devons nous présenter devant le Très-Haut qu'avec une humilité profonde, et un vif sentiment de notre faiblesse.
Ce sont ces dispositions qui sont comme l'âme de la prière.
Dieu connaît toute la profondeur de nos plaies, et sa bonté infinie le porte à avoir compassion de nous ; mais sa colère s'allume lorsqu'il nous voit insensibles à nos propres maux. Il veut que nous fassions l'aveu de notre néant, que nous gémissions sur les désordres que le péché a causés dans notre âme, et que nous reconnaissions la dépendance absolue où nous sommes de sa miséricorde et de sa grâce.
Quand un pauvre nous demande l'aumône, ses besoins le rendent éloquent ; il n'omet rien pour exciter notre compassion ; il entre dans le détail le plus touchant de ses souffrances. Voilà le modèle que nous devons imiter lorsque nous prions. Exposons à notre Père céleste notre pauvreté spirituelle ; représentons-lui nos divers besoins, afin de fléchir sa miséricorde. Conjurons-le de meltre lui-même dans nos cœurs les dispositions qu'il desire y voir, et de nous inspirer ce que nous devons lui dire dans la prière pour être exaucés.
Nous avons recours aux Anges et aux Saints, et nous leur demandons leur intercession ; mais nous nous adressons avec une confiance particulière à la sainte Vierge, comme au refuge des affligés et des pécheurs.
Nous répétons son nom dans la récitation du chapelet, pour nous exciter au respect et à la dévotion envers elle.
Nous l'appelons mère de Dieu, pour marquer son eminente dignité, et pour animer notre confiance en sa protection. En effet, que n'obtiendra-t-elle pas d'un Dieu qui a daigné naître d'elle ?
Nous rappelons en même temps qu'elle est aussi notre mère spirituelle, puisque nous sommes par adoption les frères et les cohéritiers de J.-C.
Elle a pour nous une tendresse plus que maternelle ; comme elle surpasse toutes les créatures en charité, elle est beaucoup plus touchée de nos misères, et plus disposée à nous secourir, que ne peut l'être la mère dont nous avons reçu le jour.
En vain cependant nous flatterons-nous de mériter sa compassion, si nous ne mettons fin à nos désordres, et si nous ne cessons de rendre inutiles à notre égard les mérites du sang de son Fils.
Ces paroles : sainte Marie, mère de Dieu, sont comme la préface de la prière dans laquelle nous la supplions d'intercéder pour nous.
Nous ne la prions point de nous donner la grâce, car nous savons qu'elle est un don de Dieu, et que lui seul peut nous la donner ; nous la conjurons seulement de demander la grâce pour nous à son Fils, et d'obtenir par son intercession que nos prières ne soient point rejetées.
Nous prenons le titre de pécheurs, que nous méritons si justement, pour l'attendrir sur notre sort, et pour ressentir les effets de sa charité et de sa compassion.
Marie connaissant bien plus distinctement que les autres créatures le mal du péché, et les désordres qui en sont la suite, proportionne à cette connaissance sa charité pour nous : mais nous n'en devons pas moins faire l'aveu de nos crimes avec une douleur sincère ; car la volonté qui conserve de rattachement pour le péché, provoque la colère de Dieu et celle de tous ses Saints, qui aiment souverainement sa justice et sa gloire.
Comment donc des pécheurs impénitents osent-ils se présenter devant Dieu avec des mains encore teintes, pour ainsi dire, du sang adorable de son Fils qu'ils ont profané, et qu'ils continuent de fouler aux pieds ? Nom éprouverons la miséricorde divine et la charité de la sainte Vierge, à proportion de la vivacité de notre componction.
Marie, en devenant mère de l'auteur de la miséricorde, a pris des entrailles de compassion pour les pécheurs ; ainsi, lorsque nous nous avouons pécheurs, nous exprimons suffisamment ce que nous demandons à Dieu ; savoir : un véritable repentir, la rémission de nos fautes, et la force de résister à toutes les tentations qui nous sollicitent au mal. Nous demandons aussi les autres secours dont nous avons besoin, toutes les vertus et surtout la charité. Quoique tous ces objets ne soient pas nommément exprimés, ils sont néanmoins compris dans notre prière. Quelle autre chose, en effet, pourrions-nous demander à Dieu par l'intercession de celle que l'auteur de la grâce a choisie pour sa mère ?
Résolution.
Ne perdons jamais de vue, en disant le chapelet, que nous sommes des pécheurs, de pauvres pécheurs qui avons besoin d'être l'objet des miséricordes du Seigneur ; présentons-nous comme tels aux pieds de la mère du Verbe incarné, de cette mère de miséricorde, notre espérance, notre vie, comme l'appelle l'Église, et implorons-la avec confiance, avec certitude d'en être secourus si nous sommes fidèles à entretenir en nous les sentiments de repentir qu'elle nous obtiendra de son divin Fils, si nous l'invoquons avec ferveur et dévotion.
PRIERE
0 très-sainte Marie ! mère de Dieu,
combien de fois n'ai-je pas offensé Dieu et mérité l'enfer par mes péchés ?
Déjà la sentence aurait peut-être été exécutée dès mon premier péché, si, touchée de compassion pour moi, vous n'aviez arrêté, par votre intercession, le bras de la justice divine.
0 Vierge sainte ! mille actions de grâces vous soient rendues !
c'en est fait, vous avez brisé la dureté, l'insensibilité de mon cœur ;
vous avez gagné toute ma confiance ;
je vous invoque comme l'enfant le plus tendrement attaché à sa mère ;
ne permettez pas, ô ma tendre Mère ! que je me détourne jamais de vous, ni de Dieu qui, par votre entremise, me dispense chaque jour tant de miséricordieuses faveurs. Ainsi soit-il.
6ème jour
Explication de l'AVE MARIA (fin).
Paraphrase de cette prière en forme de méditation. — Indulgences qui y sont attachées.
Les grâces que nous sollicitons regardent la vie présente où nous courons de si grands dangers, mais surtout l'heure de notre mort qui doit décider de notre éternité.
C'est, en effet, dans le dernier moment que le démon renouvelle ses efforts avec plus de fureur ; il profite de la faiblesse du corps et de l'esprit ; il cherche à nous effrayer par le souvenir de nos péchés passés ; enfin, nous nous trouvons alors dans des circonstances si critiques, que nous avons plus besoin que jamais d'une grâce puissante et de la protection de celle qui estle refuge des affligés.
Le mot amen, que nous rendons par ainsi soit-il, est une répétition et une confirmation de notre prière.
Comme le cœur, emporté par l'ardeur de ses affections, va facilement au-delà de ce que les paroles expriment, il n'est pas non plus borné par les paroles dans l'étendue et la variété de ses actes ; aussi arrive-t-il souvent qu'un seul mot renferme les actes des plus héroïques vertus.
On comprend par là comment l'amen est une répétition des demandes contenues dans l'Oraison dominicale et dans la Salutation angélique.
Plusieurs personnes dévotes y ont trouvé la matière des plus ferventes aspirations pendant la journée ; elles se proposaient, en le répétant, de ratifier toutes les louanges qu'elles avaient données à Dieu, de renouveler tous leurs actes de religion, et de s'unir à ceux par lesquels les Esprits bienheureux glorifient et glorifieront le Seigneur pendant toute l'éternité. 
 Le moyen de se pénétrer de pareils sentiments non seulement sur le mot amen ou ainsi soit-il, mais encore sur chacune des paroles qui composent, soit la Salutation angélique, soit les autres prières que nous disons fréquemment, c'est d'en méditer chaque mot.
Saint Ignace et saint François de Sales recommandent ce moyen comme étant très efficace pour ne pas contracter la funeste habitude de réciter ces prières par routine : en les méditant on accoutume son cœur à les goûter.
Afin de donner à nos lecteurs une idée de ce genre de méditation qui est infiniment utile, parce qu'il est à la portée de tous et qu'il peut être employé sans livre, pendant la nuit, quand on est en voyage ou même quand on est obligé de faire un travail manuel, nous allons insérer ici la paraphrase de la Salutation angélique qui se trouve dans la Dévotion pratique aux Indulgences.
Je vous salue, Marie, pleine de grâces. C'est en cette qualité que l'archange Gabriel vous a saluée de la part de Dieu. Eh ! comment ne seriez-vous pas pleine de grâces, puisque vous étiez destinée à devenir la mère de l'auteur même de la grâce. Je crois donc fermement que, dès l'instant de votre conception immaculée, vous avez reçu la grâce sanctifiante ; que dès lors vous avez fixé les regards du Tout-Puissant et de la cour céleste. Je crois que le Seigneur était avec vous , qu'il régnait avec empire sur votre esprit et sur votre cœur ; que vous ne viviez, que vous ne respiriez que pour lui plaire et accomplir ses saints commandements.
Le Seigneur est avec vous. — Oui, le Seigneur est avec vous, non seulement comme il est avec tous les justes, mais il y est d'une manière plus intime, plus étroite, plus parfaite, parce que vous écoutez sa voix et l'aimez sans réserve et sans partage. Il est aussi avec moi quand je suis exempt de péché. Que ne puis-je mériter que les Anges disent de moi ce qu'ils disaient de vous : le Seigneur est avec vous !
Vous êtes bénie entre toutes les femmes. — Parce que vous êtes plus pure, plus parfaite, plus fidèle, et parce que le Saint des saints a purifié, sanctifié et embrasé votre cœur par sa présence. C'est pour cela que toutes les générations vous loueront, vous béniront et célébreront vos louanges jusqu'à la fin des siècles.
Et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni. — Et comment ne le serait-il pas, puisqu'il est le Fils du Très-Haut et qu'il porte avec lui toutes les bénédictions.
Qu'il soit donc à jamais béni, loué et remercié, ce Fils adorable, cet aimable Sauveur que vous avez donné au monde pour être le Dieu d'Israel, le libérateur de son peuple, le Rédempteur du genre humain, le Sauveur de tous les hommes.
Sainte Marie, etc. Ce n'est pas pour vous seule, Vierge sainte, que vous avez reçu la grâce ; vous en êtes devenue la dépositaire et la dispensatrice pour la répandre sur nous. Oui, c'est par vos mains que Dieu veut la faire couler sur nous. Daignez nous faire part de vos trésors en proportion de nos besoins. Plus nous sommes faibles, plus nous devons exciter la compassion de votre tendre cœur ; qu'il nous soit même permis de le dire, Vierge sainte ! plus nous sommes pécheurs, plus nous avons droit à votre générosité.
Oui, nous y avons droit, parce que c'est aux pécheurs que vous êtes redevable de la plus belle de toutes vos prérogatives. Jamais, non jamais, vous n'auriez été la mère du Fils de Dieu, si les pécheurs n'avaient pas eu besoin d'un Sauveur !
Maintenant et à l'heure de notre mort. — Daignez donc, Vierge sainte, vous intéresser pour nous dès à présent ; demandez pour nous des grâces de conversion et de persévérance ; demandez surtout la plus précieuse de toutes les grâces, la grâce dont nous aurons besoin dans ce moment suprême qui doit décider de notre sort éternel. Toute notre vie nous implorons votre protection puissante ; mais c'est au moment de la mort qu'elle nous sera plus nécessaire.
Ainsi soit-il. — Oui, Vierge sainte, c'est la faveur que nous vous conjurons de nous accorder, vous rappelant la salutation de l'ange Gabriel et votre qualité ineffable de mère de Dieu.
L'Eglise pour engager les Fidèles à dire fréquemment et dévotement la Salutation angélique, a attaché à sa récitation soixante jours d'indulgence.
Beaucoup de personnes pieuses la disent toutes les fois que l'heure sonne. C'est une pratique très utile, qui rappelle la présence de Dieu et attire les regards et la protection puissante de Marie.
L'Angélus, vulgairement appelé les Pardons, est une pratique de dévotion qui consiste à dire trois fois la Salutation angélique avec les versets que les Fidèles connaissent et qui se trouvent dans la plupart des livres de prières.
Cette pratique a été introduite par S. Ignace pour nous faire souvenir d'élever au moins trois fois le jour notre esprit et notre cœur vers Dieu, de l'adorer, de le remercier de tous ses biens, et surtout du grand bienfait de l'incarnation, de nous recommander à la sainte Vierge qui a eu tant de part à ce mystère.
Tous ceux qui, le matin, ou à midi, ou au soir, récitent  dévotement et à genoux l'Angélus, au son de la cloche, gagnent une indulgence de cent jours ; de deux cents, s'ils la récitent deux fois, et de trois cents s'ils la récitent trois fois.
Ceux qui seront fidèles à cette pratique, c'est-à-dire, qui la réciteront au moins une fois par jour et à genoux, au son de la cloche, pendant un mois, gagneront une indulgence plénière le jour qu'ils choisiront pour se confesser, communier et prier pour les fins ordinaires.
Résolution.
Ne négligeons pas un moyen si facile d'honorer la sainte Vierge, de renouveler la pensée de la présence de Dieu et d'élever notre esprit vers lui pour le remercier de nous avoir donné pour Rédempteur son divin Fils.
Nous l'emploierons surtout avec ferveur si, en méditant le sens des paroles de la Salutation angélique, nous nous sommes bien pénétrés des sentiments que celle belle prière doit faire naître dans notre cœur.
PRIÈRE.
Oraison de l'Angélus.
Priez pour nous, sainte Mère de Dieu ; Afin que nous soyons rendus dignes des promesses de J.C. 
Seigneur, nous vous supplions de répandre votre divine grâce dans nos âmes, afin qu'ayant connu par la voix de l'Ange, l'incarnation de votre Fils J.C, nous arrivions par sa passion et sa croix, à la gloire de sa résurrection. Par le même J.C. N.S. Ainsi soit-il.

7ème jour
A quelle occasion fut établie la Fête de Notre-Dame du Rosaire, qui se célèbre le 1er Dimanche d'Octobre.
Puisque c'est cette fête qui nous a fait consacrer le mois d'octobre à des considérations sur la dévotion du rosaire, nous croyons convenable, après avoir parlé du chapelet, d'apprendre aux lecteurs à quelle occasion l'Église l'a établie.
Comme nous recevons sans cesse de nouvelles faveurs et de nouveaux bienfaits de la très sainte Vierge, l'Eglise a soin de lui en marquer sa juste reconnaissance par de nouvelles solennités et par des fêtes particulières, qui excitent et augmentent tous les jours la dévotion des Fidèles.
Ce qui a donné occasion à la fête de Notre-Dame du Rosaire, est une des plus signalées faveurs qu'ait reçue la chrétienté de la protection toute puissante de la mère de Dieu, dans le temps que les Turcs, fiers des grandes conquêtes qu'ils faisaient tous les jours sur les chrétiens, ne se promettaient rien moins que d'envahir toute l'Europe, et d'aller arborer le croissant sur le dôme de l'église de Saint-Pierre à Rome.
Il y avait déjà près d'un siècle que les Turcs répandaient la terreur dans toute la chrétienté par une continuité de victoires que Dieu permettait pour punir les péchés des chrétiens et pour réveiller leur foi à demi éteinte.
Soliman III, ayant pris Belgrade l'an 1522, vint jusqu'à Vienne et conquit par ses généraux plusieurs provinces en Europe.
Selim II, son fils et son successeur, maître de l'île de Chypre en 1571, croyant que rien ne pouvait résister à ses armes, mit en mer la plus nombreuse et la plus formidable flotte qu'on eût encore vue, au moyen de laquelle il se promettait de conquérir toute l'Italie.
L'effroi avait saisi une partie de la chrétienté dont le sort, pour ainsi dire, dépendait d'une bataille.
L'armée navale des chrétiens était de beaucoup inférieure à celle des Turcs, et il n'y avait que le secours du ciel qui pût leur faire espérer la victoire.
Ils l'obtinrent par l'intercession de la sainte Vierge, à qui toute l'armée se dévoua selon l'intention du saint Pape Pie V. Ce fut le octobre 1571 que se livra cette mémorable bataille, la plus célèbre que les chrétiens aient jamais gagnée sur mer.
Au moment qu'on déploya l'étendard donné par le souverain Pontife et sur lequel était brodée l'image de J.-C. sur la croix, toute l'armée le salua avec de grands cris de joie et les officiers ayant donné le signal de la prière, toute l'armée s'agenouilla et adora l'image sacrée de J.-C.
C'était un spectacle admirable de voir ces guerriers se prosterner avec humilité et confiance devant le crucifix et demander à Dieu par l'intercession de la sainte Vierge représentée sur l'encadrement de l'étendard, la grâce de vaincre les infidèles.
Cependant les deux flottes s'approchaient, et celle des Turcs était poussée par un vent favorable qui faisait tout craindre. On s'adressa avec encore plus de ferveur à la sainte Vierge sous les auspices de laquelle on combattait ; et tout à coup le vent changea et devint très favorable aux chrétiens. Bientôt l'air fut obscurci de la fumée de l'artillerie et après trois heures de combat acharné, avec un avantage presque égal, les chrétiens comptant plus sur la protection du ciel que sur leur bravoure, virent tout à coup plier les ennemis qui commençaient à se retirer vers la côte. Faisant alors un nouvel effort, ils tuèrent Ali-Pacha et enlevèrent le drapeau Turc. Don Juan, général en chef, fit crier victoire et ce ne fut plus un combat, mais une horrible boucherie des Turcs qui se laissaient égorger sans se défendre. Ils perdirent plus de trente mille hommes, non compris cinq mille prisonniers, tandis que les chrétiens y perdirent si peu de monde, que tout l'univers reconnut visiblement le secours du ciel et la protection signalée de Marie.
Le saint pape Pie V eut révélation de la victoire au moment que les Turcs furent défaits, et il fut si persuadé qu'elle était l'effet de la protection particulière de la sainte Vierge, qu'il institua cette fête sous le titre de Notre-Dame de la Victoire. 
Le martyrologe romain en parle en ces termes : Le même jour, septième d'octobre, la commémoration de Notre-Dame de la Victoire, fête que le saint pape Pie V institua en action de grâces de la glorieuse victoire que les chrétiens remportèrent en ce jour sur les Turcs dans un combat naval, livré dans le golfe de Lépante, par l'assistance particulière de la sainte Vierge.
Comme la dévotion du saint rosaire, si chère à la Mère de Dieu, et établie depuis longtemps avec tant de fruit dans l'Eglise, avait été un des moyens dont ce saint pape s'était servi pour engager la sainte Vierge plus particulièrement à favoriser les armes des chrétiens dans une occasion si périlleuse, il voulut que la fêle de Notre-Dame de la Victoire fût en même temps la solennité du saint Rosaire ; et le pape Grégoire XIII était si convaincu que la bataille de pante avait été gagnée sur les Turcs par la vertu de cette célèbre dévotion, qu'en reconnaissance envers la sainte Vierge, il ordonna qu'on en fit la solennité le 1er dimanche d'octobre dans toutes les églises où cette sainte confrérie serait érigée.
Enfin, le souverain pontife Clément XI ayant appris la célèbre victoire remportée sur les Turcs par les troupes de l'empereur le jour de la fêle de Notre-Dame-aux-Neiges, le 5 Août 1716, voulut proclamer qu'on devait cette victoire signalée à la protection spéciale de la sainte Vierge ; en conséquence, il ordonna que la solennité du saint Rosaire, fixée au 1er dimanche d'octobre, fût une fête de précepte dans toute l'Église, persuadé que la dévotion du rosaire était le moyen le plus propre pour remercier la sainte Vierge des grâces reçues par son assistance et sa toute puissante protection, et pour en obtenir de nouvelles.
Le titre de Notre-Dame de la Victoire est plus ancien que la bataille de Lépante.
C'est en effet depuis le premier âge de l'Église que les fidèles ont ressenti la protection de la sainte Vierge sur les ennemis de la foi : c'est cette visible protection qui lui a fait donner à si juste titre le nom de Notre-Dame de la Victoire.
Lors du fameux siége de Rhodes si glorieusement soutenu l'an 1480 par les chevaliers de saint Jean de Jérusalem, nommés dans la suite les chevaliers de Malte, le célèbre grand-maître, Pierre d'Aubusson, fut si convaincu qu'ils devaient leur délivrance à la sainte Vierge, qu'il fit vœu de faire bâtir une église magnifique sous le titre de Sainte-Marie de la Victoire ; on y travailla aussitôt que les fortifications de la ville eurent été réparées.
Résolution.
Célébrons cette fête en entrant dans les intentions de l'Église que la lecture de ce jour nous a fait connaître.
Remercions Dieu d'avoir protégé la chrétienté d'une manière si visible par l'intercession de Marie invoquée par les fidèles dévoués au saint rosaire. 
 Que cette idée que la sainte Vierge tient, pour ainsi dire, en mains le sort des combats et des empires, nous inspire encore plus de confiance pour l'implorer dans les luttes continuelles que nous avons à soutenir contre les ennemis de notre salut, le démon, le monde et la chair.
PRIÈRE.
Oraison de la messe de cette fête.
Nous vous supplions, Dieu tout puissant, de favoriser de vos grâces ceux qui célèbrent la solennité du Rosaire en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie mère de J.-C., afin que, tandis que nous méditons ses sacrés mystères sur la terre, nous méritions, après cette vie, d'en retirer et d'en goûter les fruits dans le ciel. Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

8ème jour
Origine du Rosaire. — Saint Dominique.
Comme c'est à Saint Dominique qu'on doit cette méthode de prier, appelée rosaire, pratique de dévotion qu'il établit après une apparition dont la sainte Vierge l'honora en 1208, pendant qu'il prêchait contre les Albigeois, il est nécessaire de faire connaître aux lecteurs ce grand Saint.
Il naquit à Calarvéja en Espagne.
Il était fils de Don Félix de Gusman, nom célèbre qui subsiste encore aujourd'hui.
Sa mère s'appelait Dona Jeanne de Aza.
On lui donna le nom de Dominique en l'honneur d'un saint abbé, appelé Dominique de Silos.
Il ne fut pas plus tôt en état de faire usage de sa raison que sa vertueuse mère l'instruisit de ce qu'il devait à Dieu. Sa ferveur était si grande dans sa jeunesse que souvent il se levait pendant la nuit pour prier ; il aimait aussi dès lors les pratiques de la mortification.
Il fit de rapides progrès dans ses études et acquit une parfaite connaissance de l'Écriture et des Pères.
Instruit par les Livres saints que l'esprit du Seigneur n'habite que dans les âmes chastes, il veillait avec la plus grande attention sur son cœur et sur ses sens.
Toujours occupé de la présence de Dieu, il s'entretenait rarement avec les hommes et ne parlait même qu'en peu de mots aux personnes vertueuses.
Les exemples de sa mère lui avaient inspiré une tendre dévotion pour la sainte Vierge et un amour extraordinaire pour les pauvres.
Sa charité éclata surtout dans une famine : il se défit de son argent, de ses biens, de ses livres et généralement de tout ce qu'il possédait, pour assister les malheureux.
Une pauvre femme, fondant en larmes, lui demanda un jour de quoi contribuer au rachat de son frère que les Maures avaient fait esclave.
Les entrailles de Dominique furent émues de compassion ; mais, comme il ne lui restait plus rien à donner, il dit à cette femme : « Je n'ai ni or, ni argent ; ne vous affligez cependant pas, je sais travailler ; offrez-moi aux Maures, en échange pour votre frère ; je veux être esclave à sa place. Celle-ci étonnée d'une pareille proposition n'osa l'accepter ; mais Dominique n'en eut pas moins devant Dieu le mérite de la charité.
Après avoir subi ses examens à l'université de Palencia, il y donna des leçons publiques d'écriture sainte et y annonça la parole de Dieu avec un succès étonnant.
L'Evèque d'Osma le lit associer aux chanoines réguliers de Saint Augustin qui formaient le chapitre de sa cathédrale ; il en fut nommé sous-prieur.
Malgré cette charge il continua à prêcher jusqu'en 120, année où son évêque l'emmena avec lui en France.
Il le conduisit de là à Rome, d'où le pape les renvoya en France avec la mission de prêcher l'un et l'autre les Albigeois, afin de les convaincre et de les convertir.
Voici quelques-unes des erreurs adoptées par ces hérétiques.
Ils admettaient deux principes, l'un bon et l'autre mauvais. Ils soutenaient qu'il y avait deux Christs, l'un mauvais qui avait paru sur la terre ; l'autre bon, qui n'avait jamais vécu dans ce monde. Ils niaient la résurrection de la chair et croyaient que nos âmes étaient des démons condamnés à être renfermés dans des corps, en punition des péchés qu'ils avaient commis dans un état précédent ; ils condamnaient les sacrements, etc, etc. L'évêque d'Osma et Saint Dominique ne négligèrent rien pour réussir dans la mission que le souverain Pontife leur avait confiée ; mais bientôt l'évêque se retira de son diocèse et saint Dominique se trouva chef de la mission, c'était en 1207.
Saint Dominique n'employa contre les erreurs que les armes de la persuasion.
Il imitait la douceur, la charité, l'humilité et la pauvreté des Apôtres : mais la corruption des mœurs, l'ignorance des peuples, l'impiété des hérétiques, le fanatisme des infidèles mirent longtemps un grand obstacle au succès de sa mission.
Saint Dominique en triompha enfin, après trois ans de travaux et de fatigues, par la prédication du Rosaire.
Ce héros de la foi, un de ces hommes extraordinaires que Dieu tient en réserve dans les conseils de sa Providence, pour les opposer, comme un mur d'airain, à la fureur des tempêtes, s'adressait avec la plus entière confiance filiale à la sainte Vierge qui a reçu le pouvoir de détruire toutes les hérésies, comme le proclame l'Église dans ses chants ; mais il joignait aux prières les plus ferventes, les larmes, les jeûnes et toutes les pratiques de la plus austère pénitence afin de pouvoir fléchir plus sûrement la justice de Dieu.
Marie intercède ; Dieu exauce les prières du saint Apôtre.
Un jour la Reine du ciel apparaît à saint Dominique dans la ferveur de son oraison, le console et lui inspire d'opposer au torrent de l'erreur la prière chrétienne et la majestueuse simplicité de la foi.
Saint Dominique comprend parfaitement que la source de tous les maux est l'ignorance ou l'oubli des vérités de la foi et du salut ; guidé par la sainte Vierge, il prend pour symbole le rosaire, formé de trois chapelets ou de quinze dizaines, et y applique autant de mystères qu'il développe aux fidèles, avec cette éloquence irrésistible qui triomphe de tous les obstacles.
Ce fut à Toulouse, en l'année 1208, qu'il institua le rosaire et qu'il commença à le prêcher aux peuples.
Toulouse, Montpellier, Agen, etc..., furent tour à tour le théâtre de ses combats et de ses succès.
Ces succès de la prédication du Rosaire furent si rapides qu'ils surpassèrent toutes les espérances et étonnèrent Rome elle-même.
Les peuples accouraient en foule pour s'unir à la récitation du Rosaire ; ils se pressaient autour de la chaire de vérité pour entendre le développement des mystères ; ils baisaient le Rosaire, l'arrosaient de larmes, et en interrompaient la récitation par leurs sanglots.
Bientôt les églises ne peuvent plus suffire au nombre prodigieux des assistants.
Saint Dominique est obligé de se porter dans tous les endroits ; et sa parole puissante étend au loin tous ses prodiges.
L'éloquent panégyriste du Rosaire de Marie, en peu de temps a tout changé et converti au moyen d'une simple formule de prières ; et tous les peuples célébrèrent avec lui la sainteté, la gloire et la puissance de la Mère de Dieu.
Telle fut l'origine du Rosaire ; et ce fait historique n'est plus aujourd'hui contesté : douze souverains Pontifes, au moins, ont déclaré que saint Dominique était en effet l'auteur du Rosaire, que c'était lui qui l'avait institué.
Résolution.
Admirons la Providence qui aime pour ainsi dire à recommander l'humilité par les moyens simples qu'elle inspire d'employer pour obtenir ses plus grands effets.
Des hommes très distingués par leur savoir et par leurs vertus furent chargés de travailler à la conversion des hérétiques, et ils n'obtinrent presque aucun succès ; Dieu voulait régénérer le pays et abattre l'hérésie par la formule de prières la plus simple, la plus humble, la plus populaire.
PRIERE
Seigneur, Dieu de bonté ! qui en inspirant à l'un de vos fidèles serviteurs, l'efficacité de la prière jointe à la méditation des principaux mystères de la religion, avez voulu nous donner lieu de nous pénétrer de ce tendre et sincère esprit de piété d'où découle l'eau vivante qui sanctifie toutes nos actions,
accordez-nous la grâce de pratiquer cet exercice de dévotion avec ferveur et avec fruit.
Nous avons la certitude que cette dévotion vous est agréable : c'en est assez, Seigneur pour nous la faire aimer et pratiquer avec la plus entière confiance. Ainsi soit-il.

9ème jour
Du Rosaire en général
Le rosaire, en général, est un chapelet plus étendu ou l'application d'un chapelet de quinze dizaines aux quinze principaux mystères de la religion.
L'étymologie du mot rosaire est la même que celle du chapelet ; il dérive aussi de couronne ou bouquet de roses.
On l'appelle ainsi, parce que de même qu'on dit que nos prières sont, devant Dieu, un encens d'agréable odeur, de même la couronne du saint rosaire est l'hommage d'une couronne spirituelle, formée de louanges et de prières, que l'on offre à la sainte Vierge et à son divin Fils, comme on dépose à leurs pieds des couronnes de fleurs et de roses.
Saint Grégoire de Nazianze avait donné la première idée du chapelet ; sainte Brigide en avait inventé la forme et promulgué la dévotion ; saint Dominique perfectionna l'une et l'autre, et lui donna le nom de Rosaire.
Le chapelet ordinaire de S,e Brigide était composé de 6 dizaines ou de 68 Ave Maria, en l'honneur des 63 années de la très-sainte Vierge ; saint Dominique, pour honorer les mystères du Verbe incarné composa le rosaire, de 150 Ave Maria distribués en 15 dizaines, précédées chacune d'un Pater et terminées par le Gloria Patri, qu'il substitua au Credo qui termine chaque dizaine du chapelet de Sainte Brigide.
Ce nombre de 150 Ave Maria, qui répond au chiffre des psaumes de David, et ce verset du Gloria Patri imité de l'usage introduit par le pape Damase, en 868, à la fin de chaque psaume de l'office divin, firent appeler le rosaire le Psautier de la sainte Vierge.
On distingue trois sortes de dénominations du Rosaire : le rosaire ordinaire, le rosaire perpétuel, et le rosaire vivant.
Le rosaire ordinaire consiste à réciter le rosaire entier ou les quinze dizaines, une fois la semaine.
Le rosaire perpétuel consiste à réciter, une fois l'année, le rosaire entier, à une heure du jour ou de la nuit qu'on s'est prescrite.
Le rosaire vivant consiste à réciter le rosaire entier dans l'espace seulement de quinze jours, en ne disant qu'une seule dizaine tous les jours, en union de quinze personnes qui en récitent une chacune et méditent un des 15 mystères.
Le rosaire ordinaire est celui de la confrérie du rosaire ; il consiste à réciter 150 Ave Maria sur les petits grains et le Pater sur les gros grains, et à méditer à chaque dizaine, sur l'un des quinze principaux mystères que l'on divise en mystères joyeux , douloureux et glorieux.
Les cinq mystères joyeux sont : l'Annonciation, la Visitation, la Naissance de Jésus-Christ, sa présentation et son recouvrement dans le temple.
Les cinq mystères douloureux sont : l'agonie de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers, la flagellation, le couronnement d'épines, le portement de la croix et le crucifiement.
Les cinq mystères glorieux sont : la Résurrection du Sauveur, so n Ascension, la descente du Saint-Esprit, l'Assomption de la sainte Vierge, et son couronnement dans le ciel.
Ces quinze mystères sont un abrégé de l'Evangile, un précis de l'histoire, de la vi, des souffrances et des triomphes de J.-C. mis dans un ordre à la portée de tout le monde, et propre à graver dans la mémoire les vérités du christianisme.
Il ne suffit pas de connaître le rosaire superficiellement, pour se déterminer à embrasser cette dévotion ; il faut encore connaître à fond la formule des prières et des méditations dont elle se compose, son excellence, ses avantages, les devoirs et les usages de la Confrérie, afin de se conformer aux règles tracées par l'Eglise, et de pouvoir ainsi jouir des fruits qui en résultent, comme des faveurs qui y sont attachées.
S'il est important de connaître les biens que l'on doit recueillir d'une succession, il faut aussi savoir à quelles conditions ; il faut en quelque sorte essayer ses forces, pour s'assurer si l'on pourra en supporter les charges et acquitter les obligations.
Nous développerons, les jours suivants, tout ce qui pourra éclairer la piété des fidèles, nourrir et perfectionner leur dévotion par rapport au rosaire, de manière à rendre ce qui concerne cette dévotion aussi complet que possible.
La dévotion du rosaire perpétuel est une dévotion libre, indépendante même de la Confrérie du rosaire, mais elle en est un magnifique accessoire.
En France, il est d'usage que ceux qui se font inscrire dans la Confrérie du rosaire, se fassent inscrire dans le registre du rosaire perpétuel, pour l'heure annuelle du rosaire qu'ils ont choisie afin de réciter pendant celte heure-là, le rosaire en entier pour tous les confrères et surtout pour les agonisants. Nous ne croyons pas que cette dévotion soit connue en Belgique ; puisse la lecture de ce mois inspirer l'idée de l'y implanter !
On voit que le rosaire perpétuel est une devolion dans le genre de l'adoration perpétuelle.
On lui donne le nom de céleste, d'abord, parce qu'elle imite et fait la fonction des esprits célestes qui sont continuellement en adoration, dans le ciel. devant le trône de Dieu ; ensuite, parce qu'elle remplace l'office divin continuel et successif qui avait lieu autrefois dans plusieurs abbayes où les religieux divisés en plusieurs chœurs, se succédaient perpétuellement dans l'église, et se relevaient successivement même la nuit, pour y chanter sans aucune interruption les louanges de Dieu.
Quelle dévotion plus céleste, en effet, que celle qui, dans toutes les parties du monde laisse aux pieds des autels, en tout temps et à toute heure du jour ou de la nuit, des âmes ferventes, pour offrir à Jésus et à Marie les hommages, les vœux et les prières de tant de confrères unis par les liens de la charité ? Est-il rien de plus touchant, de plus doux, de plus consolant que la pensée de ce ravissant spectacle qui est en si parfaite harmonie avec celui des cieux ?
Tandis que vous vaquez aux affaires de votre état et aux sollicitudes du jour et de la vie, des milliers d'associés prosternés humblement devant le sanctuaire, offrent en votre nom et pour vous, la prière qui terme l'enfer, réjouit la terre et ouvre les cieux. Vous en recueillez le fruit, le mérite et les bénédictions qui y sont attachées.
Combien ne serait-il pas à désirer que cette dévotion pût s'établir et se répandre en Belgique ! La paroisse de Saint Thomas-d'Aquin à Paris, offre continuellement, aux pieds des autels, ce spectacle touchant de ferveur et d'édification ; les personnes de la plus haute distinction sont les premières à en donner l'exemple.
Pie VII a accordé, le 16 Février 1808, une indulgence plénière aux fidèles qui, inscrits pour l'heure du rosaire, réciteront, pendant l'heure qui leur est assignée, le rosaire en entier : cette indulgence est applicable aux âmes du purgatoire.
Le rosaire vivant a été établi pour être comme le véhicule et le soutien des confréries du rosaire. 
 Cette dévotion accoutume peu à peu les fidèles à réciter une dizaine du rosaire chaque jour ; ils en diront bientôt volontiers deux par jour et trois le dimanche, c'est-à-dire, tout le rosaire en sept jours, tel qu'il est prescrit pour les membres de la confrérie du rosaire ; or, cette différence presque insensible, leur paraîtra si peu de chose qu'ils ne balanceront plus à continuer la récilation du rosaire hebdomadaire, et à se faire inscrire dans la confrérie, afin de gagner des indulgences plus multipliées et plus étendues, et de participe ! à des avantages et à des priviléges bien plus précieux.


Nous parlerons un autre jour de l'origine, du but, des pratiques et des indulgences de l'association du rosaire vivant ; nous nous bornerons aujourd'hui à rapporter les paroles de Sa Sainteté Grégoire XVI, dans son bref du 27 Janvier 1842 : 
« Nous n'avons pas hésité de revêtir une pratique si salutaire de notre autorité et de notre approbation pontificale, et de l'accréditer, en y attachant des indulgences, parce que nous nous rappelons les grands avantages qu'a ressentie toute l'Eglise catholique, lorsque le peuple fidèle a commencé à implorer la puissante protection de la sainte Vierge par la récitation du rosaire... Car nous avons la ferme confiance qu'un des heureux effets de cet exercice sera de contribuer par sa facilité même, à rendre plus fréquente la récitation d'une prière si propre à honorer saintement la mère de Dieu, en tout temps et en tout lieu, et à lui communiquer une nouvelle force par l'union et le concert de tant d'associés qui le récitent. »
Résolution.
Que notre résolution de ce jour soit d'unir la méditation à la prière ; c'est le moyen de bien prier, et nous avons déjà une idée assez nette du rosaire, pour comprendre qu'il a pour but d'accoutumer à la méditation les personnes qui le récitent. Joignons-nous, au moins d'esprit, aux fidèles qui le récitent, en tout ou en partie, chaque jour, avec une nouvelle ferveur pour toucher le cœur de Dieu et attirer sa divine miséricorde.


PRIÈRE.
Je me joins, Seigneur, à vos fervents serviteurs attentifs à vous payer chaque jour leur tribut d'hommages, de prières et d'actions de grâces, en récitant en tout ou en partie le rosaire, qui a procuré et qui procure encore de si grands avantages à l'Eglise, en faisant implorer avec tant de ferveur la puissante protection de la sainte Vierge.
Mon désir est de voir s'établir dans ce pays le rosaire perpétuel ;
je vous promets, Seigneur, de m'y faire inscrire ;
dès maintenant, je me propose de consacrer chaque année, une heure à la récitation des quinze dizaines du rosaire, faite avec attention et ferveur. Ainsi soit-il.
10ème jour
De l'excellence de la dévolion da Rosaire.
La dévotion du rosaire se justifie par elle-même ; il suffit d'en connaître l'objet et la fin, l'esprit et les pratiques.
Son objet est de faire connaître Dieu et Jésus-Christ, son fils ; d'honorer Marie et de rendre des actions de grâces à la très sainte Trinité ; ses pratiques sont la méditation des saints mystères de la religion, et la récitation des trois plus belles prières de l'Église, le Pater, l'Ave Maria et le Gloria Patri, on y joint d'ordinaire le Credo pour commencer.
Or, une dévotion appuyée sur ces fondements, ne peut être qu'une dévotion solide et excellente ; aussi est-elle justifiée par la raison, consacrée par l'autorité, confirmée par le suffrage de la tradition, autorisée par des miracles, favorisée par le concours unanime des fidèles, enrichie enfin des plus précieuses indulgences du Saint-Siége.
1° La dévotion du rosaire est justifiée par la raison.
Pour connaître l'excellence de la dévotion du rosaire, il suffirait de parcourir les méditalions des quinze mystères du rosaire et de paraphraser les prières qu'on récite ; on verrait que le rosaire est tout à la fois un livre de méditation, de prières et d'actions de grâces. C'est un livre de méditation sur la vie, la passion et la gloire du Fils de Dieu, Jésus-Christ Notre Seigneur ; c'est la substance de tout l'Evangile, le précis de sa doctrine et l'abrégé des grandeurs de Marie.
En effet, dans les mystères joyeux, le fidèle découvre combien Dieu nous a aimés, jusqu'à nous donner son propre Fils ; quel a été le zèle de Jésus-Christ pour notre salut ; par quelles voies il a marché le premier pour nous tracer la route que nous devons suivre ; il y apprend encore quels sont les obstacles au salut qu'il faut vaincre ; les honneurs, les richesses et les plaisirs qu'il faut mépriser ; les vertus d'humilité, de pauvreté et d'obéissance qu'il faut pratiquer; en un mot, il voit dans la vie du divin Sauveur tout ce que son amour infini a fait pour nous, et tout ce que nous devons faire pour lui.
Dans les mystères douloureux, le chrétien comprend quelle est la malice du péché ; l'horreur qu'il doit nous inspirer ; les châtiments qu'il nous prépare et quelle vengeance Dieu tirera des pécheurs impénitents, puisqu'il n'a pas épargné son propre Fils. Il voit ce que c'est que le péché, puisqu'il a fallu offrir une si grande victime à Dieu pour le réparer ; ce que c'est que l'enfer, puisqu'il a fallu tant de douleurs pour nous en arracher ; ce que c'est que le paradis, puisqu'il a fallu la mort du Fils de Dieu pour nous le mériter ; ce que vaut notre âme et ce qu'elle a coûté, puisqu'elle a été achetée à un si haut prix, au prix du sang d'un Dieu. Eh ! qui pourrait, à la vue des tourments de Notre Seigneur, refuser dsouffrir et de porter ses croix avec patience ?
Combien elles doivent nous paraître de légers châtiments, en comparaison de nos offenses, et avec quelle reconnaissance nous devons les recevoir de la main de Dieu.
Daus les mystères glorieux, le fidèle entrevoit les biens et la gloire que Jésus-Christ prépare dans le ciel à ceux qui l'auront imité sur la terre ; le bonheur d'une âme ressuscitée à la grâce par l'Esprit Saint, et l'inébranlable fondement de notre espérance, Jésus, au plus haut des cieux, où il est notre pontife, notre avocat et notre intercesseur ; enfin, il découvre dans l'élévation de Marie et dans son couronnement, les grandeurs de la mère de Dieu, et le motif de notre confiance en la puissance et en la bonté de celle qui a été établie la reine du ciel et de la terre, la dispensatrice des grâces, la mère et la médiatrice de tous les chrétiens, la protectrice de tous les peuples et de tous les empires.
Le rosaire est aussi un livre de prières ; il se compose des prières les plus usitées dans l'Église, et les plus parfaites. Quoi de plus parlait que la prière du Pater, l'Oraison dominicale, c'est a-dire, l'oraison que le Seigneur a daigné nous apprendre lui-même ?
Pouvons-nous réciter une prière plus sublime que cette prière divine descendue des cieux, qui renferme tout ce que nous pouvons demander pour la gloire de Dieu, pour nous-mêmes et pour le prochain ?
Nous demandons d'abord la gloire de Dieu, l'accomplissement de sa volonté sur la terre, comme les Anges l'accomplissent dans le ciel ; pour nous et le prochain, les biens spirituels du salut, les biens temporels de la vie présente, et les biens éternels du royaume de Dieu ; enfin, la grâce d'être délivrés des maux passés, par le pardon de nos fautes, et des maux présents, par la préservation du péché ; et des maux futurs, par le triomphe sur nos passions, afin de jouir de la paix de cette vie et du bonheur de l'autre.
Quoi de plus touchant que la prière de l'Ave Maria que nous avons expliquée et paraphrasée longuement les premiers jours de ce mois ?
Cette prière est composée des paroles de la sainte Ecriture et de celles de l'Eglise qui nous rappelle les grandeurs et les priviléges de Marie et y joint les louanges de la mère de Dieu, pour augmenter les motifs de notre confiance et la ferveur de notre prière.
Quoi de plus noble que cette doxologie du Gloria Patri, qui termine chaque dizaine ?
Profession de foi si précise à l'égard du mystère ineffable d'un seul Dieu en trois personnes, que nous ne saurions trop louer et bénir ; hymne de reconnaissance sublime, que les fidèles à l'exemple des chœurs célestes, répètent souvent avec l'Eglise dans l'office divin, en l'honneur de la très sainte Trinité.
Enfin, quoi de plus propre à nourrir et à entretenir la foi que la récitation du Credo, du symbole des Apôtres, qui contient l'abrégé des principales vérités que nous devons croire ?
Voilà tout le plan du rosaire développé ; voilà son esprit mis à la portée de tous : eh bien ! je le demande à toute personne sensée, y a-t-il la moindre chose que la raison puisse désavouer ?
Ce serait donc faire trop d'honneur à l'irréligion, que de vouloir traiter sérieusement les questions oiseuses que son ignorance a mises quelquefois en avant sur la simplicité, sur l'uniformité des prières du rosaire sur l'ordre et la division des mystères qui le composent ; si, d'un autre côté, il n'est rien de plus simple, de plus naturel, de plus populaire de l'autre, est-il rien de plus beau, de plus profond et de plus élevé ? Est-il rien de plus agréable à Jésus-Christ et à Marie, de plus utile aux hommes et, par conséquent, de plus digne de Dieu ?
Que pouvez-vous désirer à Dieu de plus grand que la sanctification de son saint nom, l'avénement de son règne et l'accomplissement de sa volonté ?
Que pouvez-vous demander à Dieu dplus nécessaire pour vous que votre pain quotidien, le pardon de vos offenses, le secours contre les tentations, la délivrance des vrais maux ?
Que pouvez-vous dire à Marie de plus agréable que les paroles de l'Archange, en lui annonçant le mystère du Verbe incarné ?
Et pouvez-vous employer plus utilement la protection de Marie, qu'en la priant d'être votre médiatrice pendant la vie et à la mort ?
Admirez la divine Providence ; elle n'a pas voulu confier à l'éloquence humaine le modèle de nos prières, ni l'éloge des vertus de Marie ; le Fils de Dieu est venu nous apprendre lui-même à bien prier, et il a envoyé un Archange pour nous apprendre à louer sa mère.
L'Oraison dominicale est l'abrégé de toute la religion, la règle de nos devoirs, le symbole de la foi le plus sublime, le code de morale le plus parfait, et la leçon de charité la plus touchante : le Père qui nous promet tout ; le Fils qui pardonne tout ; le Saint-Esprit qui accorde tout : rien n'est oublié ; et dans la Salutation Angélique le mystère ineffable d'un Dieu fait homme, d'une Vierge mère de Dieu : quels objets divins à contempler ! Peut-on se lasser de les admirer, et peut-on ne pas répéter souvent et avec transport les paroles qui sont consacrées pour nous les rappeler ?
Quel plaisir de les dire et de les redire cent fois !
N'est-il pas infiniment doux de se rappeler ce qu'on aime ?
Il n'y a qu'un cœur indifférent qui puisse en trouver la répétition ennuyante.
Quant à l'ordre et à la division de ces mystères, rien n'est plus adapté à l'économie de notre sainte religion.
Les mystères du premier ordre sont les objets de la joie de Marie, parce qu'ils sont le principe de notre salut ; les mystères du second ordre sont les motifs de ses douleurs, parce qu'ils accusent notre ingratitude ; les mystères du troisième ordre sont les sujets de sa gloire, parce qu'ils nous ouvrent le paradis ; or, quelles leçons instructives dans tous ces détails et dans tous ces objets, dans ces motifs, dans ces exemples ?
Quoi de plus propre à éclairer notre esprit, à toucher notre cœur et à diriger nos actions ? 
Le rosaire nous apprend à bien prier, à bien vivre et à bien mourir ; que les fidèles étudient donc tous le rosaire avec soin : les ignorants, pour s'instruire ; les pécheurs, pour se convertir; les justes, pour se sanctifier ; les parfaits, pour persévérer dans la perfection des voies divines : la raison seule nous en ferait un devoir, si la foi n'en avait déjà révélé les avantages

Résolution.
Ne négligeons pas de réfléchir aux motifs que la raison et le simple bon sens nous donnent pour prouver l'excellence de la dévotion du rosaire.
 Saint Paul exige des fidèles de ne rendre à Dieu qu'un culte raisonnable, c'est-à-dire, fondé en raison.
Sans doute, il suffit à tout fidèle de savoir une pratique de dévotion reçue dans l'Eglise, pour être sûr qu'elle est raisonnable ; mais il n'en doit pas être moins consolant pour nous d'avoir acquis aujourd'hui la conviction qu'en ne consultant que la raison seule, le rosaire est une dévotion très appropriée aux besoins spirituels de l'homme ; par conséquent, que nous ferons chose agréable à Dieu en la pratiquant.
PRIÈRE.
Nous vous rendons mille actions de grâces, Seigneur, d'avoir daigné faire connaître aux fidèles une pratique de dévotion si à la portée de tous, si aisée et si propre à leur inspirer les sentiments qui seuls peuvent vous être agréables.
Ne permettez pas, Seigneur, que nous la négligions, ni que nous l'accomplissions sans cette ferveur et sans cet esprit de foi, d'espérance et de confiance filiale qui doivent distinguer vos vrais serviteurs.
Nous vous demandons ces grâces par l'intercession de Marie, notre bonne mère. Ainsi soit-il.

11ème jour
Excellence de la dévotion du Rosaire. (Suite).
Nous avons vu hier que la dévotion du rosaire est justifiée par la raison ; nous allons voir aujourd'hui qu'elle a été consacrée par l'autorité de l'Eglise et confirmée par la tradition.
Les souverains Pontifes sont les organes de l'Eglise ; leur autorité doit nous servir de règle et leurs jugements faire loi, surtout lorsqu'ils attestent des faits de tradition ou qu'ils préconisent une dévotion pour la proposer à la piété des fidèles.
Leur suffrage doit donc être à nos yeux d'un grand poids ; il y a 24 Papes au moins qui ont donné des bulles pour en relever l'excellence et pour en propager la dévotion ou la justifier, depuis Urbain IV contemporain de Saint Dominique et le premier promoteur du rosaire jusqu'à Pie IX.
Nous ne pouvons citer que quelques-unes de ces bulles.
Léon X, le Octobre 1520, reconnaît d'abord que la dévotion du rosaire est très utile pour obtenir de Dieu des secours miraculeux dans les nécessités les plus pressantes ; il atteste les grands fruits de cette dévotion et les miracles éclatants qu'elle a produits dans beaucoup de contrées ; il confirme et renouvelle les indulgences accordées à la confrérie du rosaire érigée à Cologne, etc...
Adrien VI, après avoir attesté que le rosaire est très utile aux moribonds, et qu'il leur offre de puissants secours contre les artifices et les illusions du démon, à l'heure de la mort, accorde des indulgences aux membres de la confrérie, pourvu qu'ils aient récité une fois le rosaire pendant le cours de leur vie.
Clément VII, le 8 Mai 1524, considérant tous les avantages de la confrérie du rosaire, soit pour l'âme, soit pour le corps ; les grands biens qui en ont résulté pour les intérêts de la religion, dans l'Eglise ; la ferveur qu'elle a ranimée dans les âmes, les grâces extraordinaires qu'elle leur a obtenues, et les miracles mêmes que Dieu a opérés en faveur de ceux qui en ont rempli les devoirs, s'exprime ainsi : « Suivant les traces de nos prédécesseurs qui ont confirmé ou augmenté les indulgences et les priviléges de cette confrérie, y étant porté de notre propre mouvement, et par une dévotion particulière pour cette confrérie du rosaire, nous approuvons, etc.
S. Pie V, le 18 Juin 1569, après avoir dit que la dévotion du rosaire est une source de paix, de consolation et de ferveur, ajoute que c'est dans cette vue et pour cette fin, qu'il confirme et augmente les indulgences accordées aux confréries du rosaire, afin que tous les associés, appuyés sur la miséricorde de Dieu et sur l'autorité des bienheureux apôtres S. Pierre et S. Paul, reçoivent un nouvel accroissement de grâces et de bénédictions.
Sixte-Quint, après avoir proclamé que la confrérie du rosaire a procuré toutes sortes de biens à l'Eglise et aux fidèles, s'exprime ainsi :  Ayant considéré mûrement l'utilité du rosaire de la glorieuse Vierge Marie, institué par Saint Dominique et qui lui a été inspire du ciel, selon une pieuse croyance, et y étant excité par la même dévotion envers la sainte Vierge, confirmons, etc ».
Il résulte de toute cette série de 24 Papes qui, selon les circonstances, se sont empressés d'honorer de leur suffrage le rosaire, de préconiser son auteur et de combler de faveurs spirituelles et de privilèges les membres de la confrérie, que l'Eglise a toujours proposé aux fidèles cette dévotion comme appuyée sur de solides fondements, et digne de leur juste appréciation et de leur piété.
Une dévotion déjà si autorisée par l'Eglise dans la personne de ses chefs depuis Urbain IV jusqu'au Pontife actuellement régnant, ne pouvait manquer d'être adoptée, encouragée, préconisée et propagée par l'épiscopat et par tous les Saints personnages qui ont illustré l'Église depuis Saint Dominique.
Il n'est pour ainsi dire pas d'évêque qui n'ait établi ou conservé, dans les différentes églises de son diocèse, la dévotion du rosaire.
De plus, Saint François de Sales avait fait le vœu de dire tous les jours cinq dizaines du rosaire, c'est-à-dire le chapelet.
Saint Charles Borromée, archevêque de Milan, non content d'être fidèle à cette dévotion par la pratique journalière du Rosaire, en établit la Confrérie dans son église métropolitaine.
Saint Alphonse de Liguori, si éminemment dévot à la Sainte Vierge, portait un Rosaire au cou et un autre à sa ceinture ; il avait fait le vœu de le réciter tous les jours et il ne cessait de le recommander dans toutes ses prédications.
Les membres de la congrégation qu'il a établie, montrent partout le même zèle à propager cette dévotion.
En France, les évêques s'efforcent de ranimer dans leurs diocèses cette pratique de dévotion en érigeant des confréries.
Il en est de même en Belgique et ailleurs. A Berlin même, capitale de la Prusse, la dévotion du Rosaire s'est établie et organisée sous la direction de l'autorité ecclésiastique.
Les membres de cette pieuse association, partagés en petites séries de quinze personnes chacune, se réunissent tous les soirs à l'église pour réciter le rosaire en commun.
Chaque associé s'oblige de plus à payer une petite cotisation, environ 20 centimes, par semaine.
Oh ! si les Catholiques allemands imploraient partout avec ferveur la Mère de miséricorde par la récitation du Rosaire, nul doute que cette Reine puissante n'obtint des grâces signalées, et pour eux, et pour leurs concitoyen ? éloignés encore du giron de l'Eglise, qu'ils ont déserté il y a trois siècles, Comme du temps de Saint Dominique, qu'ils disent en se servant des paroles de Moïse : « Si quelqu'un de vous est au Seigneur, qu'il se joigne à moi pour adresser à Dieu une prière qu'il a prouvé si souvent lui être agréable ».
Cette pratique de dévotion ranimera peut-être ce feu de la Charité et de la dévotion chez nos frères qui sont séparés de l'Église de Jésus-Christ.
Les hommes apostoliques ont toujours prêché dans tous les pays, avec zèle et avec succès, cette dévotion ; dans tous les temps, ils ont fait retentir les chaires chrétiennes des louanges de Marie et de l'excellence du Rosaire.
Tous les auteurs qui ont traité des pratiques de piété envers Marie, ont proposé aux fidèles cette dévotion, en la présentant comme l'une des plus solides que l'on puisse établir en l'honneur de la Très Sainte Vierge, soit que l'on considère son institution qui n'a point eu d'autre objet nue d'honorer le Fils dans les grands privilèges dont il a comblé Sa Très Sainte Mère, et d'honorer la Mère qui, par Son humilité, s'est montrée si digne des faveurs singulières qu'Elle a reçues de Son Fils ; soit que l'on considère les fruits de l'institution du Rosaire, c'est-à-dire la conversion des hérétiques albigeois.
De là il n'est pas étonnant que cette pratique de dévotion, cette prière, que le Bienheureux Alain appelle la plus noble et, pour ainsi dire, la Reine de toutes les prières, soit universelle et étendue dans tous les endroits où Jésus-Christ est adoré ; et que, comme elle est propre à tous les âges, à toutes les conditions, à tous les lieux, il n'y ait point de ville, de village, de famille catholique qui ne soit sous la protection de la Très Sainte Vierge par le Rosaire.

Résolution
Comme nous avons le bonheur d'être des enfants non-seulement soumis et obéissants à notre Mère la Sainte Église, mais déplus, désireux de mettre en pratique tout ce que nous savons être l'objet de ses désirs et de ses conseils ; la lecture de ce jour doit nous faire prendre la résolution de nous faire une habitude de réciter chaque jour au moins une partie du rosaire et de nous faire inscrire dans une Confrérie du Rosaire, puisque cette dévotion a été, à tant de reprises différentes, signalée par les souverains Pontifes comme très utile et pratiquée par les plus illustres serviteurs de Jésus-Christ qui ont brillé dans l'Eglise depuis Saint Dominique.

Prière
O Seigneur, Dieu de bonté, qui m'avez accordé la grâce ineffable d'être membre de Votre Eglise et de l'aimer comme ma Mère,
donnez-moi toujours à son égard les sentiments de l'amour filial le plus pur et le plus vif, afin que non seulement j'obéisse en tout à ses lois, mais que j'aille toujours au-devant de ses désirs. C'est ce que je Vous demande en particulier relativement à la dévotion du Rosaire ;
que je la pratique avec Foi, ferveur et confiance, et qu'elle me procure le secret de bien prier, le moyen de bien vivre et l'avantage de bien mourir.
Ainsi soit-il.
12ème jour
La dévotion du rosaire a été autorisée par des miracles.
Tous les prodiges qui semblent de vrais miracles ne sont pas néanmoins toujours suffisants pour autoriser une dévotion ; ils peuvent édifier, encourager la piété des fidèles, leur inspirer de la confiance, quand ils sont revêtus de caractères qui paraissent certains ; mais les miracles authentiques par leur publicité historique ou monumentale, et confirmés par le suffrage éclairé de l'Eglise, sont les seuls qui puissent autoriser une dévotion ; et, lorsque l'Eglise ou son chef visible établit des fêtes pour en constater la mémoire ou pour rendre grâces à Dieu de quelque bienfait signalé, elle autorise, par cela même, la dévotion qui est l'objet de la fête ; or, c'est ce qui est arrivé pour le Rosaire. Il y a des miracles de protection publique et des miracles de protection particulière : nous ne parlerons aujourd'hui que des premiers. 
La bataille de Muret, livrée le 3 Septembre 1213, et couronnée du plus heureux succès, est le premier triomphe du au Saint Rosaire : en voici les détails. Vers la fin du douzième siècle s'étaient montrés de nouveaux hérétiques, les Albigeois, Leur parti était puissant et ils arboraient partout l'étendard de la révolte. Il y avait déjà plusieurs provinces infectées de ce poison fatal qui se répandait dans toutes les parties de l'Europe. Albi et les principales villes du Languedoc furent le principal théâtre d'une guerre sanglante. Saint Dominique, brûlant de zèle pour la gloire de Dieu, suppliait sans cesse avec larmes le Seigneur d'avoir pitié de son Eglise. Un jour, la sainte Vierge lui apparut pendant qu'il priait, et le consola en l'assurant que la prédication du Rosaire terrasserait l'hérésie. En effet, à peine eut-il arboré l'étendard du Rosaire et prêché l'excellence et les avantages de cette dévotion, qu'il dessilla les yeux des hérétiques et des schismatiques : on les vit en foule accourir de toutes parts, et les églises retentissaient de leurs gémissements et de leurs sanglots. Les Albigeois, effrayés de la multiplicité et de l'éclat de tant de conversions, résolurent de réparer leurs pertes par un combat décisif : ils rassemblèrent une armée formidable. Le comte de Montfort, le chef des croisés catholiques, ce prodige de piété et de valeur, l'admiration du monde et la terreur des ennemis ; en un mot, le Macchabée des catholiques ne voulut engager le combat que sous les auspices de Saint Dominique. Celui-ci paraît avec un grand crucifix au milieu des croisés comme un prophète ; il leur promet la victoire, par le crédit de Marie auprès du Dieu des années, s'ils récitent avec dévotion le Saint Rosaire. Le comte de Montfort n'avait que 1800 hommes au plus, et l'armée des hérétiques en comptait 100 000, Plein de confiance dans l'assistance de Marie et dans les prodiges de la prière, il l'attaque, la met en déroute, tue le général en chef, fait un carnage affreux des ennemis et remporte, par la puissante protection de Notre-Dame du rosaire, une des plus signalées victoires des annales du monde.

Le 7e jour nous avons parlé longuement de la mémorable victoire de Lépante, à l'occasion de laquelle fut établie la fête de Notre Dame du Rosaire.
La victoire remportée le 18 Septembre 1683 par Sobieski, Jean III, roi de Pologne, est encore un trophée de la protection de Marie. Il n'avait que 75 000 hommes et les Turcs en comptaient 800 000 ; mais il invoqua le Dieu de la victoire par l'entremise de Marie ; et à peine les ennemis qui assiégeaient la ville de Vienne l'ont ils reconnu, qu'ils s'écrient : « Voilà Sobieski », et prennent la fuite laissant un butin immense. Sobieski entre en triomphe comme un libérateur dans Vienne, se transporte à la Métropole, et y entonne lui-même le Te Deum, l'hymne d'action de grâces, pour rendre hommage au Dieu des armées et à la sainte Vierge, dont la protection puissante lui avait obtenu un si mémorable succès. La fête du Nom de Marie fut établie dans l'octave de la Nativité, à l'occasion de cette victoire.
Le prince Eugène remporta en 1716 plusieurs victoires contre les Turcs bien supérieurs en nombre, et il les attribua toutes à la protection de Marie. Mais ce fut surtout à la bataille de Belgrade, le 16 Août 1717, qu'on reconnut devoir attribuer à l'intercession de Notre-Dame du rosaire l'intrépidité, la valeur, la sagesse et les succès du prince Eugène. En conséquence, le Pape Clément XI fit présent aux Dominicains de Rome, d'un des cinq étendards enlevés à l'ennemi, et ordonna qu'il serait suspendu dans la Chapelle du Rosaire.
L'histoire de France nous fournit encore un trait singulièrement remarquable par ses circonstances. Louis XIII ayant pris la résolution de réduire sous son obéissance l'importante ville de La Rochelle, l'asile et le fort de l'hérésie, mit son armée sous la protection de la Sainte Vierge et écrivit à la reine-mère de faire faire des prières publiques en son honneur pour la prospérité de ses armes. La reine-mère choisit à cet effet l'église des Dominicains pour y faire réciter le rosaire publiquement. A sa demande, l'archevêque de Paris annonça qu'on commencerait cette récitation le 22 Mai 1628 pour la continuer tous les samedis, et lui-même voulut lire à haute voix les sujets et les élévations de chaque mystère. Cette dévotion fut suivie avec beaucoup d'empressement et de ferveur par un concours immense de fidèles. Le roi en ayant été informé, fit pratiquer la même dévotion dans son armée. Le camp résonnait à certaines heures du jour et de la nuit, des louanges de Marie et des prières du rosaire qui furent continuées jusqu'à la réduction de la place : aussi les troupes du roi, « semblables aux Macchabées, combattant de la main et priant du fond du cœur, remportèrent-elles une victoire éclatante, pleines de joie de l'assistance de Dieu ». (2e. Livre des Macchabées 15). Le roi attribua cet heureux succès à la protection de Notre Dame du Rosaire, et voulut que les pères Dominicains qui se trouvaient dans le camp, entrassent les premiers dans la ville. En effet, ils devancèrent l'armée en chantant les Litanies de la Sainte Vierge, ayant en tête leur bannière qui représentait d'un côté l'image de Jésus Crucifié, de l'autre, celle de Notre Dame du Rosaire, avec cette inscription en latin : « Réjouissez-vous, ô Marie toujours vierge, vous seule avez détruit les hérésies dans tout l'univers ». Ce triomphe fut si éclatant que l'université de Paris, par l'organe de la faculté de théologie de la Sorbonne, ne craignit pas de regarder comme un miracle de Notre Dame du Rosaire, la défaite des Calvinistes, si ouvertement soutenus par l'Angleterre et dont la ville de La Rochelle était le plus redoutable boulevard.
Ces quelques faits joints à la victoire de Lépante, nous montrent tous des succès signalés obtenus par l'intercession de Marie invoquée par la pratique du Rosaire ; ils suffisent sans doute pour autoriser cette dévotion et la faire pratiquer avec plus de ferveur que jamais dans des temps de guerre ou de calamités publiques. Ils nous prouvent aussi que c'est à juste titre que Marie est surnommée Notre Dame des Victoires et que ce n'est pas en vain qu'on l'appelle Secours des chrétiens.
Résolution
Invoquons souvent Marie comme protectrice des empires et des royaumes, et en particulier comme Patronne de la France et Reine du Ciel et de la terre. Si ce pays n'a pas de guerre à soutenir contre des ennemis extérieurs, il en a une contre des ennemis intérieurs d'autant plus dangereux qu'ils ont les moyens de tromper les esprits et d'avoir la multitude de leur côté. Ils ne réussiront pas dans leurs projets, si nous avons soin d'implorer avec ferveur. Notre Dame du Rosaire qui saura obtenir du Ciel les grâces nécessaires pour que la France demeure fidèle à la foi de ses pères, et se distingue toujours par son attachement à notre Mère la Sainte Eglise.

Prière
Seigneur, Dieu des armées, qui tenez en mains le sort des empires,
nous avons recours à la puissante Patronne de ce pays,
à votre auguste et sainte Mère pour obtenir, par son intercession, que votre Nom soit sanctifié en France,
que votre règne s'établisse dans tons les cœurs, et que les ennemis de l'Eglise et de la religion n'y dominent jamais.
Nous allons vous demander cette grâce en invoquant Notre-Dame du rosaire par la récitation d'une dizaine du chapelet. Ainsi soit-il.
1 Notre Père, 10 je Vous salue Marie, 1 Gloire au Père
13ème jour
La dévotion du Rosaire a été autorisée par des miracles. (Suite)
Les miracles de protection particulière de Notre Dame du Rosaire sont très nombreux ; il faudrait des volumes entiers pour en rapporter seulement les principaux.
Nous nous bornerons aux plus connus, et nous citerons des miracles de préservation ou de délivrance, de guérison et de conversion.
Monsieur Gaultier, docteur en médecine, inscrit dans la Confrérie du Rosaire, partit en 1805 pour l'armée, en qualité de chirurgien, bien résolu de remplir eu toute occasion ses devoirs de chrétien et d'associé du Rosaire.
Fidèle à cet engagement, au milieu des périls de mille séductions, il en fut récompensé par une assistance de la Sainte Vierge, qu'on peut appeler miraculeuse.
En 1808, il se trouvait à Madrid, lorsque éclata cette fameuse insurrection du 2 Mai, où le peuple espagnol massacra sans pitié, durant plusieurs heures, tous les français qu'il put rencontrer.
La veille, premier dimanche du mois, suivant l'usage des fervents associés, M. Gaultier, avait fait la communion en l'honneur de la sainte Vierge.
Le jour de l'insurrection, ignorant le mouvement qui se préparait, il sort de chez lui pour se rendre à son poste, et bientôt il est au milieu d'une bande furieuse, armée de poignards ; elle s'empare de lui et s'apprête à le massacrer.
Dans ce danger imminent, son premier soin est de se recommander à Dieu et d'implorer la protection de Marie.
Entendant les Espagnols traiter les Français d'impies : « Eh ! Non, leur dit-il, je ne suis pas un impie, en voulez-vous la preuve ? »
Et aussitôt il tire de sa poche le rosaire qu'il portait toujours sur lui. A la vue de ce rosaire, le meurtriers s'arrêtent comme par enchantement : instruits de la piété de Monsieur Gaultier par un homme qui le connaissait et que le ciel lui envoyait pour rendre témoignage, au lieu de le massacrer, ils le comblent de caresses, lui enlèvent son rosaire, le baisent avec respect, le font baiser à tous les assistants et à lui-même, et le conduisent dans une maison sûre pour le mettre à l'abri de tout danger.
« Plus je réfléchis, dit Monsieur Gaultier, aux circonstances de cet événement, plus je reconnais devoir la vie à la protection de la Sainte Vierge du rosaire ». Si ce n'est pas un miracle proprement dit, c'est tout au moins une assistance spéciale et manifeste.
L'an 1578, la peste désolait la Lombardie et la plus grande partie des habitants de Pavie avaient déjà été enlevés par ce fléau, lorsque cette ville fit vœu de bâtir une chapelle magnifique à Notre Dame du Rosaire, si elle daignait écarter cette fatale calamité : la peste cessa ce jour-là même.
En reconnaissance de ce bienfait signalé, les habitants de Pavie firent bâtir une des plus riches chapelles de la contrée.
Plusieurs autres villes d'Italie éprouvèrent la même protection.
Ce miracle se renouvela à Cologne. La peste faisait un affreux ravage dans cette ville, lorsqu'elle se consacra par un vœu public, à Notre Dame du Rosaire. Elle fut délivrée presque aussitôt. C'est en vertu de ce vœu qu'une procession solennelle y a lieu chaque année.
La dévotion du rosaire a été comme une source d'abondance dans les temps de disette et un remède à une infinité de causes de famine, en beaucoup de pays.
On se rappelle encore le succès merveilleux qu'elle eut dans la principauté de Bénévent, enclavée dans le royaume de Naples.
La ville de Bénévent était couverte et dévastée par des milliers de petites sauterelles qui dévoraient les grains dans la campagne et qui semblaient être les précurseurs d'une longue famine ; les habitants firent une procession générale en l'honneur de Notre Dame du Rosaire : aussitôt le fléau cessa. Les sauterelles se retirèrent le long des murs de la ville, et furent desséchés par les ardeurs du soleil.
Saint Dominique ayant été pris par des pirates en fut très maltraité.
Dieu voulut venger son serviteur en soulevant une furieuse tempête qui fit échouer leur vaisseau sur un banc de sable.
Dans ce danger imminent où chacun attendait la mort comme certaine, Saint Dominique leur promet au nom de la Sainte Vierge, qu'ils échapperont au naufrage, s'ils veulent se convertir et implorer l'assistance de cette Reine des cieux.
Ces pirates suivent ses conseils et commencent à pleurer leurs péchés et à réciter le rosaire, avec respect. Aussitôt le vaisseau se dégage miraculeusement.
Ce fut à la pratique de la dévotion du rosaire que la Reine Blanche de Castille dut de devenir mère de Saint Louis, roi de France et le modèle des rois.
Ce fut à la même dévotion pratiquée par sa mère que Louis XIV dut sa naissance, le 8 Septembre 1688, au moment où l'on faisait la procession du Rosaire pour obtenir l'heureuse naissance d'un prince.
En mémoire de ce grand événement, la reine, pleine de reconnaissance envers Notre Dame du Rosaire, fit recevoir le roi son fils au nombre des membres de la confrérie.
Les guérisons obtenues par la dévotion du rosaire sont innombrables. Chaque ville, chaque village en conserve le souvenir.
Tous les exemples que nous pourrions citer à l'appui n'ajouteraient rien à la persuasion des fidèles ; comme notre silence à cet égard ne pourra diminuer, en aucune manière, leur confiance envers Notre Dame du Rosaire.
Qu'il nous suffise de faire remarquer que partout, dans les chapelles du Rosaire, on voit clairement par les ex-voto qui y sont attachés, que des aveugles ont recouvré la vue, des sourds l'ouïe, des muets la parole, des boiteux et des paralytiques l'usage des membres, et toute sorte de malades une santé qu'ils ne pouvaient attendre des secours ordinaires de la médecine.
Marie est la Protectrice des chrétiens ; Elle s'intéresse à leur bien tant spirituel que temporel.
Si Elle veille sur nos corps pour les préserver de tous les maux temporels, Elle veille avec plus de sollicitude encore sur nos âmes pour les préserver ou les retirer de l'abîme du péché.
Mère des justes, clic est encore plus la Mère des pécheurs, l'asile, le refuge et l'Avocate de ceux qui veulent se convertir véritablement.
Elle s'interpose entre la justice de Dieu et les hommes criminels, pour lui présenter les larmes qu'une arrière contrition fait verser à ceux qui réclament le secours de la grâce d'en haut.
Aussi Marie a-t-elle toujours été la consolation des vrais pénitents, parce que sa tendresse a, pour ainsi dire, forcé la Divine Bonté pour en obtenir leur conversion.
Le nombre des conversions opérées par la vertu du Rosaire est incalculable.
Combien de pécheurs endurcis, dont le salut était presque désespéré, se sont convertis à l'issue des prières et des méditations du Rosaire !
Combien d'hérétiques opiniâtres dans l'attachement à leur secte ont été éclairés !
Que de villes, de royaumes, de provinces ont été heureusement changés !
Combien ont réformé leurs mœurs ou abjuré leurs erreurs, du vivant même de saint Dominique.
On raconte entre autres le trait suivant. Une femme, remplie de piété et de vertu, avait épousé un homme fort riche, mais malheureusement déréglé dans ses mœurs.
Inconsolable d'avoir rencontré un si grand obstacle à son salut, en la personne de son mari, elle consulta Saint Dominique sur le moyen de pouvoir remédier à ce malheur.
Ce Saint et illustre dévot de Marie lui conseilla de réciter le Rosaire pendant quinze jours consécutifs, le plus dévotement possible.
Cette pieuse femme le récita avec tant de ferveur et avec une si grande abondance de larmes, qu'elle fut exaucée le jour même.
Dans la nuit qui suivit ce premier jour de la quinzaine, Dieu représenta si vivement, en songe, à son mari les supplices réservés dans l'enfer aux impudiques, qu'il s'éveilla en sursaut avec un grand frissonnement dans tous ses membres ; et, après avoir versé un torrent de larmes sur ses égarements, pénétré de reconnaissance envers Marie, à la vue du danger auquel il s'était exposé, il alla trouver promptement Saint Dominique, se fit recevoir dans la Confrérie du Rosaire, et vécut saintement le reste de ses jours.
Résolution
Pensons souvent aux diverses grâces que la Sainte Vierge nous a obtenues dans le cours de notre vie ; et, puisque la lecture d'aujourd'hui et celle d'hier nous prouvent que la pratique du rosaire est, pour ainsi dire, un moyen sujet efficace d'en obtenir les secours nécessaires dans les dangers tant du corps que de l'âme, ayons-y recours chaque jour, puisque chaque jour nous sommes en danger de nous perdre. « Veillez, nous dit saint Pierre, car votre ennemi le démon, semblable à un lion rugissant, tournant de tous côtés et cherchant qui dévorer ».
Prière
O Vierge sainte, on n'a jamais entendu dire que quelqu'un ait eu recours à Vous sans avoir été exaucé ;
je proclame surtout cette vérité à l'égard de vos fidèles serviteurs qui ont réclamé Votre puissante intercession par la pratique de la dévotion du Rosaire.
Plein de confiance en ce moyen que Vous avez prouvé si fréquemment Vous être agréable,
je veux, tendre Mère, y avoir sans cesse recours, afin d'éprouver Votre protection maintenant et à l'heure de ma mort. Ainsi soit-il.
14ème jour
La dévotion du Rosaire a été accueillie par le concours unanime des Fidèles.
A l'époque de l'institution du Rosaire, il y eut un redoublement de ferveur pour le culte de Marie.
Une preuve évidente c'est que, dans le treizième siècle, les temples et les chapelles en l'honneur de la Sainte Vierge se multipliaient partout.
On assure qu'à Constantinople on comptait cinquante-neuf églises ou chapelles érigées en l'honneur de Marie ; et à Rome on en comptait cent soixante-sept, tant l'empressement des fidèles à honorer la mère de Dieu était prodigieux.
Ce redoublement de ferveur produit par l'institution du rosaire, explique comment il se fait que cette dévotion est si répandue dans tous les pays, non-seulement parmi les membres de la confrérie, mais parmi toutes les personnes dévouées à Marie, que l'on voit dans toutes les conditions comme dans tous les états, dans les villes, comme dans les bourgs, la plupart des chrétiens fidèles à ses pratiques.
Eh! comment n'attacheraient-ils pas du prix à une dévotion pour la propagation de laquelle ils voient partout d'augustes exemples ?
D'abord parmi les souverains Pontifes, depuis l'origine du Rosaire, les uns ont enrichi d'indulgences cette dévotion ; les autres ont fait inscrire leurs noms dans les registres de la confrérie ; tous récitent avec confiance le Rosaire et le distribuent même à ceux qu'ils honorent de leur affection ou de leur estime.
Boniface VIII, ayant fait représenter sur le satin les Mystères du Rosaire, ordonna qu'on les mit, après sa mort, dans son cercueil, comme une marque de l'estime qu'il faisait de cette dévotion.
Les évêques s'honorent partout, non-seulement de réciter le Rosaire, mais d'en propager la pratique dans leur propre maison, ainsi que parmi le Clergé et les fidèles, appuyés sur l'usage transmis par leurs prédécesseurs et par les plus illustres évêques de la catholicité : Saint Charles Borromée, Saint François de Sales, etc.
Tous les fondateurs d'Ordres ou de Congrégations des derniers siècles, ont adopté cette dévotion et l'ont prescrite à leurs disciples qui se font un devoir d'allier cette dévotion avec celles de leur institut, et de la propager parmi les fidèles.
Tous les missionnaires apostoliques l'ont préconisée dans leurs prédications.
D'ordinaire ils faisaient réciter dans leurs missions, comme on le fait encore de nos jours, une partie du Rosaire, attribuant à cette dévotion toutes les bénédictions que Dieu répandait sur leurs travaux.
Tous les princes chrétiens, les chefs augustes des Etats de l'Europe, ont donné l'exemple à leurs peuples en adoptant et en pratiquant cette dévotion.
En Allemagne, l'empereur Charles-Quint regardait le Rosaire comme une excellente pratique pour obtenir la protection de Dieu.
Il était si fidèle à réciter le rosaire, que, lorsqu'il l'avait commencé, il ne l'interrompait jamais pour les affaires les plus importantes de son empire ; et quand on venait pour l'interrompre, il répondait : « Après avoir achevé le Rosaire, je m'occuperai des affaires de la guerre ».
En Portugal, le roi Alphonse V, disait à ses ministres : « Prions la sainte Vierge, afin que Son Rosaire soit le guide du gouvernement de mon empire ».
En Espagne, Philippe II, dans les avis qu'il donnait à son fils pour bien gouverner sou royaume, lui disait : « Mon fils, si vous voulez mettre vos royaumes à l'abri de tous dangers, portez toujours avec vous le Rosaire ».
Dans le duché de Parme et de Plaisance, le duc don Ferdinand, modèle de piété parmi les confrères du Rosaire, fit un opuscule sur cette dévotion pour en faciliter la pratique à ses sujets.
En Bohême, le roi Jean disait, en parlant du Rosaire : « J'ai mis dans cette dévotion toute confiance pour mon salut ».
Marie-Thérèse, d'Autriche, épouse de Louis XIV, fut héritière de la dévotion de la reine régente ; elle suivait comme elle la procession du rosaire, les premiers dimanches du mois et les fêtes de la Sainte Vierge, dans tous les lieux où elle se trouvait ; et elle s'acquittait exactement de tons les autres devoirs de la confrérie.
Louis XIV, reçu dès son berceau dans la confrérie, fut toute sa vie fidèle à celle dévotion, le Père De La Rue rapporte qu'ayant trouvé un jour ce monarque récitant son Chapelet, composé de fort gros grains, il lui en témoigna une surprise accompagnée de sentiments d'édification, à cause de ses nombreuses et importantes occupations : « Ne soyez pas surpris, lui dit le roi, je me fais gloire de dire mon chapelet ; c'est une pratique que je tiens de la reine, ma mère ; et je serais fâché de manquer un seul jour à m'en acquitter ».
En Angleterre, le roi Jacques II faisait réciter tous les jours, publiquement et en présence de toute sa cour, une partie du Rosaire, avec l'explication des mystères.
Nous pourrions citer encore d'illustres exemples, mais nous devons nous borner ; on les trouvera dans les recueils volumineux où ils sont consignés.
En France, les progrès du Rosaire ont été si rapides de siècle en siècle, que les églises du Rosaire ne pouvaient contenir les fidèles, tant l'affluence était considérable.
A Toulouse, surtout, il y eut une époque où le concours immense des fidèles fut si tumultueux, à cause de la foule, que deux ordres religieux de cette ville, pour satisfaire la dévotion des peuples, voulurent introduire un nouveau genre de Rosaire ; mais le Saint Siège refusa de l'approuver.
L'Europe s'empressa de se ranger sous l'étendard du rosaire ; on forma des associations dans les villes et les campagnes.
Mais cette dévotion n'a pas été resserrée en Europe ; elle s'est propagée partout, en Afrique, en Amérique et en Asie, avec une étonnante rapidité, avec un zèle et une édification qui croissent chaque jour et qui produisent des fruits infinis de grâce et de sanctification dans tous les lieux où la confrérie est établie.
Il est plusieurs paroisses où il est d'usage d'inscrire dans la Confrérie du Rosaire les enfants le jour de leur première communion, tellement l'on considère cette association comme étant à la portée de tous, et l'on juge naturel pour tout chrétien d'en faire partie, flous ne pouvons qu'approuver cet usage, pourvu qu'on ait soin d'expliquer aux enfants et au peuple quel est l'esprit de cette confrérie, quelles en sont les obligations et les faveurs ; points que nous aurons lieu de développer les jours suivants ; mais auparavant nous verrons demain ce qu'on entend par confrérie en général, et par Confrérie du Rosaire en particulier.
Résolution
Plus une dévotion est générale et populaire, et plus elle doit nous paraître sainte et divine : ce principe d'un docteur de l'Eglise s'applique sans nul doute à la dévotion du rosaire que nous apprenons mieux à connaître chaque jour comme étant populaire et universelle.
Prenons donc aujourd'hui la résolution de la pratiquer, ou, si nous la pratiquons déjà, celle de ne jamais la négliger, mais de nous en acquitter avec un vif désir d'imiter tous les fidèles enfants de l'Eglise qui se sont toujours fait un devoir de payer ce tribut d'hommages et d'invocation à la Mère de Miséricorde.
Prière
Il est passé en proverbe, Seigneur, que la voix du peuple est Votre propre voix ;
j'en reconnais la vérité relativement à la belle, à la Sainte dévotion du Rosaire.
Faites donc, Dieu de bonté, que je m'unisse chaque jour aux nombreux fidèles qui, en méditant les principaux Mystères de la Religion, implorent l'assistance toute-puissante de Marie ;
je Vous demande la grâce de ne faire avec eux qu'un cœur et qu'une âme pour Vous louer, Vous bénir, Vous remercier et Vous glorifier par Marie, que Votre Divin Fils nous a donnée pour Mère du haut de Sa Croix où Il mourait pour notre rédemption. Ainsi soit-il.
15ème jour
Les Confréries en général et de la Confrérie du Rosaire en particulier.
Le mot de confrérie signifie la réunion de plusieurs personnes qui s'engagent à vivre ensemble ou à s'entr'aider dans des intérêts temporels ou spirituels, comme des frères et des sœurs ; aussi ces personnes sont-elles appelées, dans le langage ordinaire, confrères et consœurs.
On fait remonter l'origine des confréries, prises en général, jusqu'au roi de Rome, Numa Pompilius qui, dit-on, établit de ces sortes d'associations pour les arts et les métiers, et voulut que chacun fit des sacrifices aux dieux tutélaires qu'il leur avait assignés.
A l'origine du christianisme, tous les fidèles vivaient dans une si grande Charité réciproque, qu'ils n'avaient qu'un cœur et qu'une âme, et ne faisaient, pour ainsi dire, qu'une grande confrérie spirituelle.
De là, nous ne voyons pas dans l'histoire des premiers siècles, qu'il ait été question alors d'établir des Confréries spéciales, comme il y en a eu depuis.
La première dont il soit fait mention après l'établissement des confréries du rosaire, est celle dite du Confalon, établie sous le pontificat de Clément IV, en 1267.
Son but était de racheter les chrétiens faits captifs par les Sarrasins ; elle portait un étendard appelé Confalone, qui lui donna son nom ; sur cet étendard était l'image de la Sainte Vierge, sous la protection de laquelle elle s'était mise.
Bientôt il se forma d'autres associations de personnes pieuses qui se proposaient, les unes, de s'aider réciproquement à faire pénitence et à pratiquer la vertu ; d'autres, de soulager les âmes du purgatoire par des indulgences, des prières, des aumônes et d'autres bonnes œuvres ; celles-ci de secourir les pauvres, de consoler les affligés, d'assister les malades, d'ensevelir les morts, etc.; celles-là, d'honorer tel ou tel mystère de la religion, d'exciter ou d'entretenir la dévotion envers la Très Sainte Vierge, les Anges et les Saints.
L'Église a toujours encouragé ces pieuses réunions, en leur accordant des grâces spéciales, des privilèges et surtout beaucoup d'indulgences.
Le nombre des Confréries qui ont existé ou qui existent encore maintenant dans les différentes parties de l'Église est très considérable ; nous ne parlerons que de la Confrérie du Rosaire, après avoir examiné la question de savoir s'il est utile aux fidèles de se faire inscrire dans ces pieuses associations.
D'après les paroles de Jésus-Christ : « Où deux ou trois sont assemblés en Mon Nom, Je me trouve au milieu d'eux », nous ne devons pas craindre d'assurer que c'est Lui-même, en quelque sorte, qui est le premier auteur de ces pieuses associations.
L'union fait la force : telle est la devise des armoiries belges ; or, notre force spirituelle ne consiste-t-elle pas aussi dans l'union, dans la communion des Saints ? Et cette union, ne sera-t-elle pas plus forte, si elle a lieu avec des personnes ferventes et décidées à bien vivre et à bien mourir ?
Le profit spirituel que nous ferons en unissant nos bonnes œuvres et nos prières avec ces fidèles serviteurs, ne sera-t-il pas plus considérable, que si nous les faisions isolément et sans pouvoir jouir des faveurs accordées à ces associations ? L'Eglise primitive était une grande Confrérie dont tous les membres se distinguaient par leur charité et leur ferveur ; aujourd'hui ses membres sont confondus dans la foule et ce n'est, en général, que dans ces pieuses associations qu'on les retrouve. Quel avantage n'y a-t-il donc pas de s'unir a eux, afin que nos prières si peu agréables d'elles-mêmes au Seigneur, et si peu propres à nous en obtenir des grâces, reçoivent quelque valeur, aient quelque mérite par celles de plus fervents associés ? Et puis, l'exemple qu'ils nous donnent, les vertus qu'ils pratiquent, la charité dont leur cœur est embrasé pour Dieu : ne sont-ce pas là des moi ifs suffisants pour nous faire mettre en pratique le conseil suivant de Saint François de Sales.
« Entrez volontiers dans les Confréries du lieu où vous demeurez, et principalement en celles dont les exercices vous feront espérer plus d'utilité et d'édification : ce sera une manière d'obéissance fort agréable à Dieu ; car, bien que l'on ne vous ordonne rien sur ce point, il est toutefois aisé de voir que l'Eglise vous le recommande ; et ses intentions se font assez connaître, par les indulgences et les autres privilèges qu'elle accorde à ces pieuses sociétés.
D'ailleurs, c'est un vrai exercice de la charité chrétienne, que d'entrer dans les saintes inspirations des autres, et de contribuer à leurs bons desseins ; et quand vous feriez en votre particulier et avec plus de goût quelque chose d'aussi bon que ce qui se fait dans les confréries, Dieu, cependant, y est plus glorifié par l'union que la piété y fait des esprits et des oblations.
Je dis la même chose de toutes les prières et des dévotions publiques auxquelles nous devons contribuer autant que nous pouvons, de notre bon exemple, pour la gloire de Dieu, pour l'édification du prochain, et pour la fin commune qu'on s'y propose ».
Enfin, un motif qui doit engager à entrer dans ces pieuses associations, c'est l'espèce d'obligation d'engagement, libre toutefois et non strict, qu'on contracte de pratiquer telle dévotion, de fréquenter les sacrements, etc.; cet engagement d'honneur, pour ainsi dire, fait qu'on s'habitue à réciter telle prière ou à faire telle bonne œuvre, habitude qu'on n'aurait pas prise si l'on n'était pas membre de telle confrérie, parce qu'en général l'homme a besoin d'être astreint par quelque lien, à faire quelque chose, pour s'en bien acquitter.
C'est ainsi qu'en se faisant inscrire dans la confrérie du rosaire, on a l'intention et l'on contracte l'habitude de réciter, une fois par semaine, le rosaire, en méditant les quinze mystères.
De plus, cette pratique de dévotion engage à communier le 1er dimanche du mois et aux fêtes de la Sainte Vierge, pour gagner les indulgences accordées ces jours-là.
Ce fut peu de temps après l'institution du rosaire qu'on établit des confréries sous le titre du saint rosaire et qu'on dressa des statuts.
La ferveur toujours croissante leur mérita bientôt la sanction du Saint Siège.
On croit que ce fut sous le pontificat d'Urbain IV, vers l'année 1261.
On vit alors s'élever de toutes parts des chapelles et des autels en l'honneur de Notre Dame du Rosaire, afin d'y ériger la confrérie que tant de papes ont depuis enrichie d'un grand nombre d'indulgences, comme nous le verrons demain.

Résolution
Les engagements contractés en s'associant à une confrérie, n'obligeant nullement sous peine de péché, qu'est-ce qui pourrait nous empêcher de nous faire inscrire dans celle du Rosaire, établie entre autres à Liège, dans les églises de Saint Jean et de Saint Denis ?
La plupart des fidèles récitent moralement tous les jours un Chapelet.
Eh bien ! Pour gagner plusieurs indulgences accordées aux confrères du Rosaire, il suffit qu'ils récitent trois Chapelets par semaine, avec méditation des quinze Mystères ; car c'est cette méditation qui produit tant de fruit, et qui distingue la récitation du Rosaire de celle du Chapelet ordinaire.

Prière
Nous Vous rendons mille actions de grâces, Seigneur, d'avoir établi dans votre Eglise ces saintes associations enrichies de faveurs spirituelles.
Rendez-nous dignes d'en faire partie, afin qu'en prenant part aux mérites, aux prières et aux bonnes œuvres des associés, nous devenions de jour en jour plus attachés à vos Saintes Lois, et que par la protection de Marie que nous voulons honorer en nous faisant inscrire dans une Confrérie du Saint Rosaire, nous obtenions la grâce de sanctifier Votre Nom, de Vous glorifier et de régner avec Vous éternellement dans le ciel.
Ainsi soit-il.
16ème jour
La dévotion du Rosaire a été enrichie de nombreuses indulgences et de précieux privilèges
Si l'excellence d'une dévotion doit être appréciée d'après les faveurs que l'Eglise lui a prodiguées, pour la propager et en encourager la pratique, il faut avouer que la dévotion du Rosaire doit être d'un grand prix à ses yeux, puisqu'elle a été enrichie de tant d'indulgences et de si précieux privilèges, qu'elle ne le cède en ce point à aucune autre dévotion.
Cette multiplicité de faveurs a été si extraordinaire, que ceux qui ne connaissent ni l'esprit de l'Eglise, ni le but ou le motif des indulgences, en ont pris occasion de taxer les papes de prodigalité.
Les fidèles éclairés n'en jugent pas de même : ils savent que l'Eglise a étendu ou augmenté les indulgences du Rosaire, selon les lieux et les circonstances, selon les besoins et les différents genres de bonnes œuvres, mais surtout pour propager l'instruction et la connaissance des mystères de la religion, accroître la piété dans le cœur des fidèles, et maintenir la pureté des mœurs.
Voici d'abord les Indulgences du Rosaire communes à tous les fidèles qui le récitent en méditant les 15 Mystères du Rosaire ; bien entendu que le Chapelet ou le rosaire doit avoir été indulgencié par un prêtre qui en avait le pouvoir, en outre, la méditation des Mystères est essentielle pour gagner l'indulgence ; le pape Benoît XIII n'en dispense que les personnes qui, par défaut d'intelligence seraient tout à fait incapables de faire cette méditation ; pour celles-là, il suffit qu'elles récitent le rosaire avec dévotion.
Il y a une indulgence de cent jours pour chaque Pater et pour chaque Ave, soit qu'on récite le rosaire entier, c'est-à-dire 15 dizaines, soit qu'on n'en récite que le tiers, c'est-à-dire 5 dizaines.
Il est accordé une indulgence plénière à tous les fidèles qui réciteront chaque jour le chapelet, le jour de l'année à leur choix, où s'étant confessés et ayant communié, ils prieront pour les besoins de l'Eglise.
Il y en a d'autres encore que nous mentionnerons dans la liste ci-après.
Voici maintenant les indulgences accordées aux confrères du Rosaire ; pour plus de facilité nous les classons en plusieurs divisions.
Elles sont toutes perpétuelles et applicables aux morts.
1° Pour le jour de l'admission dans la confrérie. 
a) Une indulgence plénière, pourvu que les nouveaux inscrits soient contrits, se soient confessés et aient communié.
b) Une indulgence plénière aux mêmes, si, ayant communié dans l'église ou chapelle du rosaire, au jour où ils seront inscrits pour la première fois, ils récitent cinq dizaines du rosaire et les prières accoutumées selon les intentions du souverain Pontife.

2° Pour le premier dimanche de chaque mois. Une indulgence plénière aux confrères contrits et confessés qui communieront dans l'église de la confrérie et prieront selon les fins ordinaires.
La même indulgence est accordée à ceux qui, sans avoir communié dans l'église de la confrérie, la visitent ce dimanche et prient selon l'usage.

3° Pour les processions du premier dimanche du mois. Une indulgence plénière aux confrères qui, contrits, s'étant confessés et ayant communié, assisteront à la procession et plieront selon les fins ordinaires.

4° pour les fêtes de la sainte Vierge.
a) Une indulgence plénière aux confrères qui, contrits, s'étant confessés ou résolus de se confesser au temps prescrit par l'Eglise, visiteront dévotement la chapelle du rosaire depuis les premières vêpres la veille jusqu'après le coucher du soleil du jour des fêtes de la sainte Vierge, savoir : de la Purification, de l'Annonciation, de la Visitation, de l'Assomption, de la Nativité, de la Conception et de la Présentation.
b) Une indulgence plénière aux mêmes confrères, s'ils y joignent la communion et font les prières d'usage.
c) Une indulgence plénière au jour de la fête de l'Assomption, si, contrits, s'étant confessés et ayant communié, ils visitent dévotement l'église de la confrérie, et y récitent les prières d'usage, autant de fois qu'ils le feront.
d) Une indulgence plénière au jour de la fête de l'Annonciation, si, contrits, s'étant confessés et ayant communié, ils récitent le rosaire en entier.
e) Enfin des indulgences partielles de 10 ans et 10 quarantaines aux confrères qui réciteront une partie du rosaire dans ces jours de fête ; et d'autres indulgences partielles de 7 autres années et autant de quarantaines à ceux qui diront le rosaire en entier et visiteront l'église du rosaire.

5° Pour les processions des fûtes de la sainte Vierge. Une indulgence plénière aux confrères qui, contrits et s'étant confesses ou résolus de se confesser au temps prescrit, accompagneront la procession aux fêtes de la sainte Vierge.

6° Pour la fête du rosaire, premier dimanche d'octobre.
a) Toutes les indulgences plénières des 1ers dimanches du mois.
b) Une indulgence plénière aux confrères qui, contrits et s'étant confesses à un religieux dominicain, communieront dans une église de la confrérie, le jour de la fête.
c) Une indulgence plénière aux confrères qui, contrits, s'étant confessés et ayant communié, visiteront la chapelle du rosaire la veille ou le jour de la fête. Cette indulgence est commune à tous les fidèles.
d) Une indulgence plénière aux mêmes confrères au jour qu'ils auront visité la chapelle du rosaire dans un des jours de l'octave.

7° Pour les fêles des mystères du rosaire.
a) Une indulgence plénière aux confrères qui, contrits, s'étant confessés et ayant communié, visiteront la chapelle du rosaire.
b) Des indulgences partielles 1° de 7 ans et autant de quarantaines à ceux qui réciteront 5 dizaines du rosaire, aux fêtes des Mystères du Rosaire; 2° de 7 ans de plus et de 7 quarantaines, à ceux qui visiteront l'autel du rosaire, aux grandes fêtes, Noël, Pâques, la Pentecôte, l'Assomption et la Toussaint.

8° Pour les visites de la chapelle ou de l'autel du rosaire.
a) Une indulgence plénière aux confrères qui, contrits, s'étant confessés et ayant communié, visiteront la chapelle du Rosaire 1° au 1er dimanche de chaque mois et aux l'êtes de la sainte Vierge ; 2° aux fêtes des Mystères du Rosaire de la Sainte Vierge; 3° au 1er dimanche d'octobre; 4° au 8° dimanche d'avril; 5° au jour de la fête de l'Assomption.
b) Une indulgence plénière aux fidèles vraiment contrits et s'étant confesses ou résolus de se confesser au temps prescrit, qui visiteront la chapelle du rosaire, aux fêtes de la sainte Vierge.
c) Beaucoup d'indulgences partielles.

9° Pour la récitation du rosaire. 1° Aux confrères qui le récitent en entier dans un même jour,
a) Une indulgence plénière.
b) Toutes les indulgences dont jouissent les fidèles Espagnols pour la récitation de la couronne ou chapelet de la sainte Vierge. 2° Aux confrères qui le réciteront en entier dans le courant de la semaine, a) Une 1ere ind. plénière une fois dans la vie, au jour qu'ils voudront. b) Une 2e ind. plénière à l'article de la mort.
c) Des indulgences partielle 1° de 2 années pour chaque tiers du rosaire; 2° de 7 ans et 7 quarantaines; 3° de 10 ans et 10 quarantaines, s'ils sont contrits, se sont confessés ou sont résolus de se confesser. 3° Aux confrères qui réciteront le tiers du rosaire, s'ils sont contrits et si ; sont confessés, outre beaucoup d'autres indulgences partielles, une de 50 ans, chaque fois qu'ils le réciteront dans une église ou chapelle de la confrérie. Il y a même une indulgence de 5 ans et 5 quarantaines lorsqu'on prononce le saint nom de Jésus en terminant chaque Ave.

Enfin, pour nous arrêter aujourd'hui dans cette nomenclature, Benoît XIII a accordé au Rosaire le même privilège spécial que Clément XI avait accordé aux Chapelets de Sainte Brigide, c'est-à-dire une indulgence plénière au jour de l'année, à leur choix, à tous les fidèles qui réciteront, tous les jours de l'année, au moins la 3e partie du rosaire, c'est-à-dire 5 dizaines et qui, s'étant confessés, communieront le même jour.
De plus, il a accordé au Rosaire le privilège accordé aux Chapelets de sainte Brigide, consistant en cent jours d'indulgence pour chaque Pater et pour chaque Ave, soit qu'on le récite en entier soit seulement en partie, c'est-à-dire 6 dizaines.

Résolution
Après avoir lu ces nombreuses indulgences accordées au Rosaire, ne devons-nous pas prendre la résolution d'aimer et de pratiquer de plus en plus cette dévotion, mais surtout d'y mettre toute l'attention, toute la ferveur nécessaires pour que ces indulgences nous soient appliquées.
Ne nous attachons pas à vouloir retenir la quotité de toutes les indulgences partielles, ce n'est pas nécessaire, il suffit que nous ayons l'intention de les gagner en récitant le rosaire avec la méditation des mystères.

Prière
O Dieu de bonté, qui avez donné à Votre Église le pouvoir de remettre les peines dues au péché,
nous Vous rendons d'humbles actions de grâces pour ce bienfait, et en particulier pour avoir permis qu'elle accordât de si nombreuses et si importantes indulgences à la récitation du Rosaire et aux Confréries formées en l'honneur de Notre-Dame du Rosaire.
Puissions-nous en profiter, afin qu'au sortir de ce monde nous n'ayons plus rien à satisfaire pour nos péchés.
Nous Vous demandons cette grâce au Nom de Jésus, le Christ, notre Seigneur. Ainsi soit-il.
17ème jour
La dévotion du Rosaire a été enrichie de nombreuses indulgences et de précieux privilèges. (Suite)
Après avoir achevé aujourd'hui la nomenclature des faveurs spirituelles accordées aux Confréries du Rosaire, nous nous instruirons sur la doctrine des indulgences, afin qu'en en comprenant mieux l'importance et l'utilité, nous nous décidions à pratiquer la dévotion du rosaire dans l'esprit qui doit animer les associés.
10° Pour les jours de stations à Rome et autres jours de l'année.
a) Toutes les indulgences plénières ou partielles attachées aux stations de Rome, à ceux qui visiteront 5 autels de l'église du rosaire, ou 5 fois un seul autel, au défaut de 5 autels, aux jours de chaque station.
b) Une indulgence plénière à ceux qui visiteront l'autel du rosaire;
1° le 3e dimanche d'Avril ;
2° aux fêtes de Pâques, de la Pentecôte, de la Trinité, de la Fête-Dieu et du saint patron titulaire de l'Eglise ;
3° le dimanche dans l'octave de la Nativité de la sainte Vierge.

11° Pour différentes œuvres de piété. Des indulgences partielles.
1° De cent jours aux confrères qui assistent au Salve Regina des complies dans l'église du rosaire.
2° De 3 ans et 8 quarantaines de plus aux fêtes de la sainte Vierge, des apôtres et des saints de l'ordre de Saint Dominique.
3° De 40 jours de plus, tous les samedis et fêtes de l'année.
4° D'un an de plus encore les samedis de carême, à ceux qui assisteront à la messe, au sermon ou au Salve Regina.
5° De 300 jours, 5 ans et S quarantaines à ceux qui visiteront les infirmes, et à ceux qui accompagneront les morts à la sépulture.
6° De 8 ans à ceux qui assistent aux services hebdomadaires pour les défunts.
7° De 100 jours chaque jour où ils visiteront la chapelle du Rosaire.
8° De 140 jours chaque fois, à ceux qui feront dire le rosaire aux autres.
9° De 100 ans et 100 quarantaines, à ceux qui . vraiment contrits, porteront le rosaire par un respectueux et tendre dévotion envers la sainte Vierge.
10° Enfin de 60 jours généralement pour toutes sortes d'œuvres de piété.
11° Pour les moribonds ou agonisants.
a) L'indulgence plénière, qui est propre et applicable aux confrères du rosaire moribonds ou agonisants, pour tous ceux qui récitent le rosaire dans le courant de la semaine.
b) Une indulgence plénière aux confrères qui auront reçu les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie dans le cours de leur maladie.
c) Une indulgence plénière aux confrères qui, contrits, s'étant confessés ou résolus de se confesser, mourront tenant a la main le cierge béni du rosaire, pourvu qu'ils aient récité le rosaire au moins une fois avant leur mort.
d) Une indulgence plénière aux confrères qui, confessés et communié, invoqueront, à l'article de la mort, le saint Nom de Jésus, au moins de cœur, s'ils ne peinent le faire de bouche, et donneront quelque signe de contrition.
e) Une indulgence plénière aux confrères qui, à l'article de la mort, ayant reçu les sacrements de l'Eglise, et fait leur profession de foi, réciteront le Salve Regina pour se recommander à la sainte Vierge.

Il résulte de cette multiplicité d'indulgences extraites du « Manuel du Chapelet et du Rosaire » par Monsieur l'abbé Sambucy, qu'il faudrait des volumes entiers pour en donner un détail complet, et que les fidèles, afin de pouvoir les gagner toutes ou n'en perdre que le moins possible doivent :
1° Etre reçus dans une Confrérie du Rosaire établie canoniquement.
2° Réciter le Rosaire une fois par semaine en un ou plusieurs jours, ayant soin de méditer les quinze Mystères que nous ferons connaître.
3° Visiter la Chapelle du Rosaire, lorsque cette visite est exigée. Les malades en sont dispensés.
4° S'être confessés et avoir communié et prier selon les fins ordinaires, du moins pour la plupart des indulgences plénières. Nous le répétons, le plus simple est d'avoir l'intention en pratiquant la dévotion du Rosaire, de gagner toutes les indulgences possibles, connues ou inconnues. Il est aussi à conseiller d'en faire l'application aux âmes du purgatoire : rien de plus louable ni de plus digne de la charité chrétienne.
Nous pouvons sans doute maintenant conclure que la dévotion du Rosaire est très excellente, puisqu'elle jouit de tant de faveurs et d'indulgences de l'Eglise ; qu'elle réunit tous les autres titres et caractères d'une solide dévotion ; et que tout concourt pour la faire apprécier dans l'univers entier.
Nous espérons que cette dévotion sera pratiquée chaque jour avec plus de ferveur, parce que, malgré l'affaiblissement de la Foi, on remarque parmi les fidèles une sainte avidité pour gagner des indulgences, et que ces faveurs spirituelles contribuent singulièrement à nourrir la piété.
C'est que les fidèles n'ignorent pas qu'il est infiniment important pour nous de faire pénitence de nos péchés dans cette vie et par suite de gagner des indulgences, parce que les peines du purgatoire où l'on ne peut plus mériter, sont bien autres que celles qu'on peut endurer sur la terre même en étant accablé des plus cruelles douleurs.
Le trésor de l'Eglise se compose des mérites et des satisfactions surabondantes de Jésus-Christ, de la Sainte Vierge et des Saints, satisfactions qui, n'ayant pas eu d'application, sont comme en dépôt dans le sein de la Miséricorde et de la Justice de Dieu, pour purifier, sanctifier et enrichir ceux qui ont le bonheur d'en connaître le prix et de se les approprier, en remplissant les conditions qui nous sont imposées. 
Or, c'est en puisant dans ce précieux trésor que l'Église remet les péchés quant à la coulpe et quant à la peine; quant à la coulpe, par l'absolution qui les efface et justifie le pécheur devant Dieu ; quant à la peine, en imposant des pénitences satisfactoires, et en faisant l'application des satisfactions surabondantes de Jésus-Christ et des Saints par les indulgences.
Chaque fidèle peut sans doute puiser dans le trésor de l'Eglise et se faire l'application des mérites et des satisfactions de Jésus-Christ par des prières particulières, des jeûnes, des aumônes et d'autres bonnes œuvres.
C'est ce que Saint Paul appelait accomplir dans sa chair ce qui manque aux souffrances de Jésus-Christ.
Nous pouvons, nous devons même, à l'exemple de l'Apôtre, nous faire sans relâche cette application en demeurant unis à Jésus-Christ, en imitant ses vertus, en vivant de Son Esprit ; mais cette application sera toujours plus sûre, plus parfaite, plus efficace quand elle nous sera faite au nom de l'Eglise et en employant les paroles, les pratiques auxquelles elle a attache une application privilégiée des mérites de notre Divin Sauveur.
Mais, dira-t-on peut-être, comment se persuader qu'une courte prière, une petite pratique de piété puisse compenser une pénitence de plusieurs années, par le moyen d'une indulgence ?
Il Faut répondre que les grâces les plus précieuses et les plus abondantes sont attachées, dans la religion, à des prières et à des pratiques en apparence fort légères.
Nous en trouvons la preuve dans les effets du baptême, de la confirmation, de la pénitence, des paroles de la consécration, etc.
Nous sommes trop petits pour être capables de faire de grandes choses, et c'est pour cela, sans doute, que notre divin Maître a voulu ennoblir et diviniser même les plus petites choses, pourvu qu'elles soient faites en son nom et pour l'amour de lui, afin de les rendre dignes de la récompense éternelle qu'il nous prépare.
« Celui qui donne un verre d'eau en Mon Nom, dit Jésus-Christ, ne sera pas sans récompense ». (S. Marc, 9, 40).
Résolution
Si d'un côté les indulgences accordées à la récitation du Rosaire, surtout aux membres des Confréries de Notre Dame du Rosaire, sont multipliées et faciles à gagner, nous devons craindre de l'autre de ne pas les gagner, du moins en entier, à cause du peu de disposition intérieure et d'esprit de pénitence que nous apportons en pratiquant cette dévotion.
Prenons donc la résolution de faire en sorte que ces indulgences contribuent à nourrir en nous la piété et l'esprit de pénitence, but que l'Eglise se propose en les accordant, et qui a été celui de Saint Dominique eu établissant cette pratique après y avoir été porté par la Sainte Vierge.
Prière
Plus nous apprenons à connaître l'intention de l'Eglise dans la concession des indulgences, plus nous apprécions, Seigneur, l'ineffable faveur que Vous avez faite à vos serviteurs par l'institution du Rosaire et des privilèges que Vous avez inspiré à Votre Eglise d'attacher à cette belle et sainte pratique de dévotion.
Trop longtemps, Seigneur, nous l'avons négligée ;
ou nous l'avons du moins remplie sans en connaître l'excellence ;
il n'en sera plus ainsi désormais; nous l'espérons de Votre Divine grâce et par l'intercession de Marie. Ainsi soit-il.
18ème jour
Avantages de la Dévotion et de la Confrérie du Rosaire
1° Secours spirituels que procure la dévotion du rosaire
Avant de considérer les avantages de la dévotion du Rosaire, nous devons prémunir les fidèles contre quelques illusions ou fausses interprétations qu'on ne peut admettre.
Quand on parle des dévots du Rosaire, on n'entend point parler de ceux qui se contentent de le réciter sans pratiquer les vertus qu'il prescrit, mais de ceux qui, en le récitant, conforment leur conduite aux vérités saintes qu'il enseigne.
Il n'est pas convenable ni permis de dire qu'une dévotion est au-dessus de toutes les autres ; qu'elle est une marque infaillible de prédestination, le signe le plus certain du salut, etc. Mais nous répétons aujourd'hui avec confiance et conformément à l'esprit de l'Eglise, ce que nous disions déjà le premier jour, à savoir : que la dévotion éclairée et pratique du rosaire est un grand moyen de salut, une marque non équivoque de prédestination, une voie sûre pour se procurer la protection de la Mère et les faveurs du Fils ; et que ces avantages sont promis aux vrais dévots et confrères du rosaire, qui, prosternes au pied de l'autel de Marie, « ne s'en approchent pas de bouche, mais de cœur; et ne l'honorent pas seulement des lèvres, mais du fond de leurs entrailles ». (Isaïe, ch. 29).
La dévotion du Rosaire est aussi utile dans ses effets que solide dans ses fondements. L'expérience nous apprend qu'elle éclaire les ignorants et instruit les savants eux-mêmes ; qu'elle convertit les pécheurs, perfectionne les justes, et prévient ou soulage tous les maux.
L'histoire nous la montre de tout temps comme une source abondante de toute sorte de biens, le fléau de l'hérésie, la terreur des infidèles, le rempart de la foi et des bonnes mœurs.
Elle est maintenant si accréditée partout qu'elle est regardée avec raison comme la dévotion des prédestinés, par les secours qu'elle procure aux confrères du Rosaire et par les droits qu'elle leur donne.
Parmi les secours multipliés que procure la dévotion du Rosaire, nous ne parlerons que de ceux qui sont propres à la confrérie, savoir : l'union qui en lie saintement tous les membres ; les indulgences que l'Eglise y a attachées, et la méditation des principaux mystères.
L'union et l'assistance des confrères du Rosaire, cimentées par le bon exemple et la ferveur qui lient tons les membres dans un esprit de Charité, furent de tout temps de précieux avantages de la dévotion du rosaire.
Dès son berceau, cette dévotion jeta partout un si vif éclat, que l'exemple des confrères semblait faire revivre les plus beaux jours de la primitive Eglise.
Le Bienheureux Alain de la Roche, ce grand prédicateur du Rosaire et beaucoup d'autres orateurs sacrés nous en ont tracé un tableau fidèle, bien propre à ranimer parmi les chrétiens cette union des premiers temps et cette antique ferveur.
En effet, dès l'origine de cette dévotion, le Rosaire, récité dans des sentiments de religion et de Foi, attira sur les peuples tant de grâces et de bénédictions du ciel, qu'on ne voyait partout que changement de vie, conversion de mœurs, pénitence si sincère et si fervente, qu'on aurait pris ceux qui s'engageaient dans cette pieuse association plutôt pour des Anges que pour des hommes.
A l'exemple de Marie, ils entraient par leurs sentiments dans l'esprit des quinze Mystères : tantôt on les voyait remplis de consolations divines, dans la méditation des mystères joyeux, renoncer avec courage à toutes les joies d'un monde profane ; tantôt on les voyait baignés de larmes et l'âme pénétrée de componction, dans la méditation des mystères de douleur, souffrir avec résignation toutes les peines et les afflictions d'ici-bas ; tantôt enfin on les voyait dans la méditation des mystères glorieux, avec un visage si serein et un esprit si calme, qu'ils semblaient ne plus tenir à la terre, et jouir déjà, par anticipation, de la félicité et de la gloire des bienheureux.
Ces effets étaient si visibles, même dans le commerce de la vie, qu'on distinguait les confrères du rosaire de tous les autres fidèles, comme autrefois les premiers Chrétiens, par leur union, leur ferveur, leur Charité et leur persévérance dans la prière et les bonnes œuvres.
Tout semblait commun entre eux ; ils ne faisaient qu'un cœur et qu'une âme; la tâche habituelle qu'ils s'imposaient était remplie avec la plus tendre sollicitude : assister la veuve et l'orphelin, revêtir l'indigent, doter le pauvre, consoler les affligés, visiter les malades, conforter les agonisants : tels étaient les fruits de leur zèle à l'égard de leurs confrères : tels étaient les doux engagements de leur pieuse confraternité. O beaux jours ! qui nous donnera de les revoir ? Heureuse la confrérie qui les verra revivre ! Heureux les confrères qui trouveront dans cette communication mutuelle, les ressources de la charité et les secours précieux du salut !
Un des plus solides et des plus précieux avantages de la dévotion du Rosaire est la multitude des indulgences que l'Église y a attachées pour engager les fidèles à embrasser cette dévotion.
Les souverains Pontifes, comme nous en avons déjà vu le détail, ont ouvert tous les trésors de l'Église, avec une sorte de profusion, en faveur des confrères du Rosaire, non pour encourager la tiédeur ou la négligence des faux dévots, mais pour nourrir la piété, entretenir la ferveur des vrais chrétiens, multiplier les conversions, inspirer la pénitence, augmenter l'amour de Dieu et conduire à la plus haute perfection.
Ces indulgences sont en si grande quantité, que nous ne craignons pas de dire qu'il n'est point de Confrérie dans l'Eglise que les souverains Pontifes aient comblée d'un plus grand nombre d'indulgences et de privilèges.
Quelle ressource donc pour les fidèles associes à cette dévotion! quelle perte immense, s'ils ne mettaient pas à profit un secours aussi facile et aussi efficace ! Combien ne seraient-ils pas ennemis d'eux-mêmes et négligents pour leurs propres intérêts, s'ils refusaient de recueillir un si précieux héritage ; et quel compte n'auraient-ils pas à rendre à Dieu d'avoir négligé des sources aussi abondantes de salut ?
Enfin, un des avantages les plus signalés de la dévotion du rosaire, c'est l'habitude qu'elle fait contracter de la méditation.
Ce point est si important que nous le considérerons spécialement un jour. Il est évident que le dessein de l'Eglise en comblant de faveurs la dévotion du rosaire a été de donner lieu à ses enfants de méditer de la manière la plus facile et le plus à la portée de tous, les principaux mystères de la religion.
En récitant le rosaire, ils suivent Jésus-Christ pas à pas dans toutes les démarches qu'il a faites pour leur salut, et reconnaissant que par eux-mêmes ils ne méritent pas d'être exaucés dans leurs prières, ils ont recours à l'intercession de sa Très Sainte Mère, pour rendre leur dévotion plus agréable à son cher Fils.
Un vrai enfant de l'Eglise en récitant le rosaire, après avoir contemplé Jésus-Christ dans son état glorieux et lui avoir rendu tous les hommages qu'une foi vive exige d'un cœur reconnaissant, doit s'unir au divin Sauveur, par l'amour, par des dispositions toutes conformes aux siennes ; avoir les mêmes pensées, entrer dans les mêmes sentiments. 
Sa naissance temporelle sur la terre devient le modèle de sa naissance spirituelle; sa naissance, son incarnation, son enfance et les humiliations qui en ont été l'apanage sont pour le chrétien un pressant motif de renoncer a la vaine estime du monde, à la fausse gloire et aux pompes du siècle profane ; l'a retraite de Jésus-Christ, ses travaux, sa prière continuelle et surtout l'excès de ses anéantissements dans sa passion, le convainquent aussi de la nécessité qu'il y a de mener sur la terre une vie pénitente, crucifiée, mortifiée, pour se rendre conforme à son chef ; enfin, portant les yeux jusque sur le trône de gloire où Jésus-Christ est assis à la droite de Son Père qui a récompensé ses humiliations, il ne vit plus sur la terra que comme un étranger, qui désire sans cesse de se réunir à Jésus-Christ, dans la Céleste Patrie ; les bonnes œuvres qu'il pratique sans relâche sont les fruits de ses pieuses réflexions en récitant le rosaire, les effets des fervents désirs de son cœur rempli d'amour par la méditation des mystères de ta Vie, de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.
Quels immenses avantages ne découlent donc pas pour le chrétien de la pratique de cette dévotion !
Résolution
Convaincus comme nous le sommes que nous ne pouvons rien sans le secours continuel de la grâce de Jésus-Christ, implorons-la fréquemment par la récitation du rosaire qui est comme un baume qui fera pénétrer dans notre âme la bonne odeur de Jésus-Christ, en nous rendant semblables à ses plus fervents disciples par notre humilité, notre charité, notre patience ; en on mot, par toutes les vertus dont il a été un parfait modèle.
Oh ! qu'il est avantageux et qu'il est doux, s'écrie le roi-prophète, que les frères vivent dans l'union de prières, comme cela a lieu dans la dévotion du rosaire.
« Si deux d'entre vous, dit Jésus-Christ, s'unissent ensemble sur la terre pour prier, quelque chose qu'ils demandent, elle leur sera accordée par mon Père ».
Prière
Nous Vous remercions, Seigneur, de nous avoir fait comprendre les avantages du Rosaire ;
Vous avez promis formellement d'exaucer les prières et les vœux de ceux qui sont unis ensemble ;
or cette dévotion nous apprend à unir la méditation à la prière et ainsi à prier plus du cœur que des lèvres ;
elle est donc pour nous un fond inépuisable de richesses, et Marie nous y apprend à vivre de la véritable vie qui peut seule nous rendre heureux en cette vie et en l'autre.
Ainsi soit-il.
19ème jour 

Avantages de la Dévotion et de la Confrérie du Rosaire

2° Droits spirituels que donne la dévotion du Rosaire

La dévotion du Rosaire donne à tous les membres de la confrérie des droits infiniment précieux dans toutes les situations de la vie, en santé comme en maladie.

D'abord elle les fait participer aux mérites de l'Ordre de Saint Dominique, aux prières et aux bonnes œuvres des confrères ; elle leur donne en outre des droits incontestables à la protection de Marie.

En vertu de la communion des Saints, tout est commun dans l'Église ; mérites, bonnes œuvres, prières, grâces, etc.

La charité qui unit tous les membres, opère cette communication réciproque parmi les fidèles qui sont en état de grâce.

De même, dans la société du Rosaire, il y a une communication particulière de biens spirituels ; et comme, de toutes les confréries particulières qui existent dans la grande société de l'Église, elle est la plus étendue, par conséquent le trésor ou le fond de ces biens spirituels est plus considérable et se communique à tous les membres avec plus d'abondance.

Le Saint Sacrifice, les communions, les mortifications, les prières de l'Ordre de Saint Dominique ; les vertus, la vie intérieure et crucifiée des Religieux et des Religieuses et du Tiers-Ordre ; les bonnes œuvres de tous les dévots de la confrérie du Rosaire ; tout cela est appliqué à chacun des membres de cette pieuse association.

Tous les âges et tous les sexes, toutes les conditions et tous les états: le prêtre et le laïc, le pauvre et le riche, le prince et le sujet, tous de concert portent à la masse commune le tribut de leur offrande spirituelle ; en sorte que, si vous êtes de la confrérie, vous retirer à chaque instant de ce trésor de mérites, de nouveaux avantages pour opérer votre salut ou vous avancer dans la vertu.

Vous participez encore à toutes les bonnes œuvres de chacun des Confrères; et sans énumérer ici les œuvres de Charité de tous les membres de la Confrérie dans tontes les parties du monde, bornons-nous seulement aux œuvres de Charité des Ordres religieux.

Le Rosaire est si répandu qu'il est adopté maintenant dans la plupart des communautés religieuses, même dans celles qui étaient peu portées à adopter de nouvelles pratiques de piété, et qui se sont depuis imposé la loi de porter le rosaire ou de le dire : partout on en récite chaque jour une partie.

Eh bien ! tout confrère du Rosaire a une part dans tous les actes de Charité que fait chaque Religieux dans tous les Ordres ; et combien ces actes ne sont-ils pas multipliés !

Si Dieu vous découvrait les trésors immenses de mérites de tant d'âmes privilégiées sur lesquels vous avez des droits acquis, votre vie toute entière ne suffirait pas pour les contempler, et remercier Marie de ce bienfait ; l'éternité seule pourra vous les révéler.

Mais un avantage encore plus précieux sur lequel tout vrai dévot du Rosaire, tout confrère fervent peut compter, c'est d'être assuré de la protection de la sainte Vierge.

Marie est la Mère de tous les Chrétiens, mais Elle est particulièrement la Reine, la Maîtresse, l'Avocate et la Protectrice des Confréries qui la reconnaissent pour leur Patronne. C'est à ce titre qu'Elle est la Protectrice spéciale des Confrères du Rosaire.

Le jour où nous nous sommes consacrés à Son service, Elle nous a adoptés pour ses enfants de prédilection ; et Son Cœur tendre et maternel, depuis ce jour, n'a cessé de veiller sur nous, de nous aider dans nos besoins et de nous secourir dans les dangers.

Et quels sont les confrères ou mêmes les fidèles attachés à la dévotion du Rosaire, qui n'ont pas éprouvé les effets de cette protection dans les tentations, les peines et les périls sans nombre qui environnent ici-bas notre faiblesse ? La protection de Marie n'est-elle pas pour eux une source de bénédictions pendant la vie ?

Toute la terre est pleine de ses miséricordes. Il n'est point de nation, de royaume, de ville, de bourg, qui n'éprouve sa protection ; point de condition, de sexe, d'âge, qui ne participe à ses largesses. Elle les prodigue à tous les fidèles qui se consacrent à Elle pour l'honorer et faire honorer Son Fils par leurs exemples et par leurs vertus. Aussi quel empire n'a-t-Elle pas sur le Cœur de Son Divin Fils !

Le Saint Cardinal Pierre Damien nous assure que Marie s'approche du Trône de la Divine Réconciliation, non comme une servante, mais comme une dame souveraine des confrères, d'où lui vient le titre de Notre-Dame ; elle s'avance vers l'autel d'or, moins pour prier que pour y prendre et y puiser tous les biens qui découlent sur nous.

Saint Bernardin ne craint pas de dire que si toutes les créatures, même la sainte Vierge, rendent un hommage de soumission à la toute-puissance divine, tout, même son Fils, obéit aussi à la voix de Marie, Mère de Dieu.

La Sainte Vierge serait-elle donc plus puissante que Dieu ? dit Saint Anselme. Non, sans doute ; mais Dieu a arrêté, dans Son Divin conseil, d'honorer ainsi Marie, afin que les hommes sachent qu'ils peuvent tout obtenir par Elle.

Mais c'est surtout à la mort que Marie, puissante dispensatrice des grâces, nous les obtient avec plus d'abondance et d'efficacité.

Le Ciel et l'enfer même nous ont attesté cette vérité, comme on le voit dans un ouvrage imprimé à Rome en 1683.

Un hérétique qui avait osé blasphémer contre les quinze Mystères du Rosaire en fut puni de Dieu et livré à quinze démons.

Saint Dominique, ayant été appelé pour l'exorciser et le délivrer de cette possession, força les démons a faire publiquement amende honorable en faveur du Rosaire.

Alors on les entendit s'écrier par la bouche du possédé : « Nous vous disons que quiconque persévérera dans le pieux exercice du rosaire se préservera des feux éternels, par la protection de la sainte Vierge, qui lui obtiendra la grâce de la contrition ».

Le Bienheureux Alain de la Roche, ce grand serviteur de Marie, reçut aussi de la bouche de la Sainte Vierge, cette promesse : « Quiconque persévérera dans la récitation de mon psautier du rosaire, je lui obtiendrai la remise de la peine de ses péchés et lui ménagerai la contrition de ses fautes ».

Résolution

Puisque notre désir est de pouvoir mériter le beau et consolant titre d'enfants de Marie pour en être protégés, et dans le cours de notre vie, et à l'heure de la mort, pratiquons avec ferveur et confiance la dévotion du Rosaire si agréable à cette bonne Mère et si propre à nous faire obtenir de sa part une protection spéciale. Cette dévotion n'eût-elle que cet avantage, il suffirait pour nous y attacher de cœur et d'âme.

Prière
Jamais, Vierge Sainte, il n'a été dit que Vous ayez abandonné un de vos vrais serviteurs; aucun ne périra, dit Saint Bernard ;
obtenez-nous la grâce d'être au nombre de vos vrais serviteurs en pratiquant avec ceux qui Vous aiment, Vous honorent et Vous imitent, la belle et salutaire dévotion du Rosaire.
C'est une couronne de prières, d'actes de vertus et de bonnes œuvres qu'en union avec tous les confrères nous voulons Vous offrir sans cesse avec une tendresse filiale ; ô la plus douce, la plus puissante, la plus Miséricordieuse des mères. Ainsi soit-il.
20ème jour
Devoirs des confrères du Rosaire
Si nous avons, dit Saint Bernard, quelque espérance de salut, si nous pouvons nous flatter d'être du nombre des prédestinés, toute notre confiance est en Marie, toute notre ressource est dans ses mérites et dans sa tendresse pour nous, qui surpasse celle de tous les Saints.
Mais, pour mériter sa protection spéciale, les confrères du Rosaire doivent avoir une dévotion éclairée, une dévotion pleine de bonnes œuvres ; ils doivent remplir tous les devoirs de leur état et être fidèles aux devoirs ou prescriptions de la Confrérie ; en un mot, honorer Marie par le soin continuel d'augmenter toujours le trésor de leurs vertus pour lui en faire hommage : c'est à ce seul titre que Marie, ainsi honorée, viendra, comme nous l'avons vu hier, au jour de leur agonie et de leur mort, calmer leurs inquiétudes, écarter les embûches du démon, leur prodiguer tous les soins d'une tendre mère, et leur ouvrir les cieux.
Dans toutes les Confréries, les membres qui en font partie ont des devoirs à remplir, et il leur importe de les connaître, afin de s'y conformer.
Ces devoirs sont ou généraux, ou particuliers ; nous allons développer les uns et les autres.
Pour entrer dans le véritable esprit des confréries et par conséquent de celle du rosaire, il ne faut jamais oublier qu'il y a des devoirs essentiels, communs à tous les chrétiens et qui doivent, en tout temps, l'emporter toujours sur les devoirs de surérogation.
L'Eglise, aussi sage et prudente qu'elle est magnifique dans la dispensation de ses bienfaits, ouvre des trésors aux serviteurs de Marie; mais elle veut que, pour pouvoir y puiser, ils soient d'abord les serviteurs de Dieu, les enfants de son Eglise et les imitateurs de Marie, comme elle est elle-même l'imitatrice de Jésus-Christ.
Marie nous dit à tous : « Soyez mes imitateurs, comme je l'ai été de Jésus-Christ ».
Il faut donc remplir tous les devoirs du christianisme, c'est-à-dire :
1° Etre fidèle à la Loi de Dieu et aux commandements de son Eglise.
2° Etre exact à remplir tous les devoirs de sa condition, de son état ou de sa profession.
3° S'adonner à la pratique des vertus et des bonnes œuvres.
Quelle fausse dévotion ne serait-ce pas, si l'on prétendait pouvoir se prévaloir de son affiliation à la confrérie du rosaire, pour former dans son cœur la monstrueuse alliance de J.-C. et de Bélial, en laissant régner le péché dans les membres de Jésus-Christ, qui sont devenus le temple du Saint-Esprit !
Ce serait imiter cet empereur romain qui était assez insensé pour honorer tour à tour ses idoles et l'image de Jésus-Christ qu'il conservait dans son palais.
Combien néanmoins ne voyons-nous pas de ces faux dévots ?
Les uns sont superstitieux et ignorants : ils se croiraient perdus s'ils passaient un seul jour sans dire, selon l'usage de la confrérie, une partie du rosaire, et ils ne se font aucun scrupule de passer des mois entiers dans le dérèglement, dans les fêtes mondaines, etc.
Les autres, superficiels et aveugles, sont rigides observateurs des usages et des règles de la confrérie, et ils négligent les devoirs essentiels du christianisme.
N'est-ce pas se faire illusion ? et les paroles suivantes de l'apôtre Saint Jacques ne s'appliquent elles point à ces faux dévots : « Si quelqu'un d'entre vous croit être vraiment chrétien et religieux, en s'abusant ainsi lui-même ; il se trompe étrangement, et sa religion est vaine et chimérique ».
Quant aux devoirs particuliers des confrères, les uns sont d'obligation, les autres de conseil seulement ; mais ni les uns ni les autres n'obligent sous peine de péché mortel ou véniel : ceux qui remplissent ces devoirs, sont participants des grâces, faveurs et indulgences y relatives, et des mérites des bonnes œuvres de l'ordre ou de la confrérie; ceux qui sont négligents à les remplir, se privent seulement des avantages particuliers attachés aux devoirs qu'ils ont omis.
Les devoirs particuliers d'obligation pour les confrères du Rosaire, sont ceux qu'il faut remplir nécessairement pour être membre de la confrérie et pour jouir de ses privilèges, c'est-à-dire :
1° être inscrit dans le registre de la confrérie ;  
2° avoir un rosaire ou chapelet bénit et indulgencié ;
3° réciter le rosaire en entier une fois dans la semaine ;
4° méditer sur chaque dizaine le mystère correspondant ;
5° s'approcher des Sacrements, aux jours des indulgences plénières de la confrérie si on veut les gagner.
Quiconque veut devenir membre d'une confrérie du Rosaire, doit se faire inscrire dans le registre de la Confrérie établie dans sa paroisse, ou dans celte qu'il préfère ou affectionne le plus, quelque part qu'elle soit; la plupart des confrères préfèrent celle qui se trouve dans le lieu de leur résidence, et quelques-uns se font quelquefois inscrire dans plusieurs confréries, pour l'édification commune des personnes qui en font partie.
Aucun des confrères ne doit omettre la récitation hebdomadaire du Rosaire.
Dans le temps de la primitive institution de la Confrérie du Rosaire, on était obligé de réciter le Rosaire en entier, tous les jours ; on a ensuite substitué en 1584, à la récitation quotidienne la récitation hebdomadaire : il en résulte qu'il suffit aujourd'hui de réciter le rosaire en entier, une seule fois dans la semaine, et qu'on peut le partager en plusieurs parties, au gré et selon le loisir de chacun.
En France l'usage a prévalu parmi les confrères qui ne récitent pas le chapelet tous les jours, de dire deux dizaines par jour et trois dizaines le dimanche, afin de dire ainsi le rosaire en entier, dans l'espace d'une semaine.
On peut réciter le Rosaire en tout temps et en tout lieu, à genoux ou debout, assis ou en marchant, en travaillant même si on se porte bien, et en se reposant si on est malade ou fatigué.
Il faut non-seulement réciter le Rosaire de bouche, mais le dire de cœur, et par conséquent méditer et considérer tour à tour et par ordre, les quinze Mystères du Rosaire, non, d'une manière approfondie, mais de sorte qu'on puisse les avoir présents à son esprit, les goûter même et en retirer du fruit.
On peut s'en pénétrer par une suite de réflexions, ou mieux encore par une série d'élévations à Jésus et à Marie, sorte de méditations ou de raisonnement qui se confond avec la prière, tandis que l'onction divine s'insinue avec le sentiment au fond du cœur.
Nous donnerons une sorte de modèle de ce genre d'élévations après avoir traité de la nécessité de la méditation ou oraison mentale, afin d'en faciliter la méthode et la pratique ; chacun est libre de s'y conformer, ou d'en adopter d'autres ; mais il faut nécessairement méditer sur chaque mystère, d'une manière quelconque, pour s'acquitter de cette obligation et gagner les indulgences.
Les malades et autres personnes, pareillement incapables d'application ou de réflexions suivies, en sont seuls dispensés.
Quant à la fréquentation des Sacrements, c'est le directeur de sa conscience que chaque confrère doit consulter afin de suivre ses conseils ; mais aucun ne peut gagner les indulgences plénières s'il ne s'approche pas du Tribunal de la Pénitence et de la Sainte Table.
Résolution
Si nous sommes inscrits dans une Confrérie du Rosaire ou si nous sommes décidés à nous y faire inscrire, soyons bien résolus d'en remplir les devoirs ; car, bien qu'on n'y soit nullement obligé sous peine de péché, on conçoit que ce n'est guère raisonnable d'être ou d'entrer dans une association sans vouloir remplir aucune des prescriptions de ses statuts.
Agir ainsi c'est ressembler à un pauvre, et ne sommes-nous pas des pauvres spirituels, qui se rendrait de son propre mouvement dans un lien plein de richesses, dont il pourrait jouir moyennant quelques petites conditions très faciles à remplir, et qui, négligeant de remplir ces conditions, n'en jouirait pas et demeurerait pauvre.
Prière
Vierge sainte et puissante, obtenez à tous les confrères du Rosaire et à tous les fidèles qui pratiquent cette dévotion, la grâce d'être exacts à remplir les devoirs que l'Eglise a prescrits pour pouvoir avoir part aux faveurs spirituelles dont elle a comblé cette salutaire institution.
Ne permettez pas qu'ils soient négligents à s'en acquitter ni qu'ils s'en acquittent mal ;
faites au contraire, par Votre puissante intercession, qu'ils se distinguent par leur ferveur et par leur exactitude à réciter le Rosaire et à s'approcher des Saints Sacrements les jours d'indulgence plénière.
Ainsi soit-il.
21ème jour

Devoirs des confrères du Rosaire
Les devoirs particuliers dits de conseil pour les confrères du rosaire, quoique de pure dévotion, réunissent de si grands avantages et produisent tant de fruits de grâce et d'édification, que les confrères s'empressent de les remplir avec autant de zèle que de fidélité.
Chacun choisit, parmi ces devoirs de conseil, ceux qui lui sont plus faciles, ou plus adaptés à sa position et à ses loisirs.
Ces devoirs peuvent se réduire à trois : la pratique de quelques bonnes œuvres, l'assistance aux réunions de la confrérie, et l'assiduité aux dévotions de l'Ordre.
Les bonnes œuvres qui sont propres aux confrères du rosaire, sont des œuvres de charité ou d'édification.
Chacun doit pratiquer les bonnes œuvres du christianisme ; et la confrérie du rosaire, loin de les négliger, les encourage ; mais il n'est ici question que des bonnes œuvres propres à la confrérie, qu'elle conseille, soutient et dirige, dans le but d'unir plus étroitement les confrères et de les secourir dans les moments les plus pressants et les plus critiques de leur vie.
Les œuvres de charité, propres à l'association, sont la visite ou le soin des malades et des agonisants, et la piété envers les défunts de la Confrérie.
La visite ou le soin des malades, surtout des agonisants, est une de ces œuvres précieuses que la confrérie s'est toujours fait gloire de pratiquer.
Quelle douce consolation ne fait-elle pas éprouver, quand on la remplit avec un esprit de foi et de charité !
Assis au chevet du lit d'un pauvre moribond, le confrère lui parle de Marie, lui montre le rosaire, et en lui parlant avec effusion de Notre Dame du Rosaire, il calme ses inquiétudes, l'entretient de la félicité des élus et de la couronne réservée aux cœurs purs qui espèrent en la bonté de Dieu et se confient en son amour.
Et, si Dieu appelle l'âme à lui, il n'abandonne pas le corps du défunt; il joint ses gémissements et ses pleurs à la prière du prêtre et au Saint Sacrifice qui abrège le temps de l'expiation et délivre des flammes du Purgatoire : car la mort même ne fait pas oublier l'heureuse union et les liens sacrés de la Confrérie.
Les confrères hâtent la délivrance des défunts en faisant dire des Messes pour leur repos et leur bonheur, afin que, délivrés par leurs suffrages et leur Charité, ils puissent s'intéresser un jour, à leur tour, pour leur délivrance et leur ouvrir les tabernacles éternels.
Un autre devoir des confrères, c'est l'assis-tance à la récitation publique du Posaire.
On puise en effet dans la prière commune un grand secours, et dans la ferveur des confrères ira puissant motif d'émulation.
L'exemple des confrères produit une salutaire impression ; et la vraie dévotion du Rosaire nous en découvre la facilité dans la pratique, la beauté dans sa simplicité, une variété réelle dans son uniformité apparente et une onction pleine de charmes dans la répétition des divines paroles qui le composent.
Malheur à celui qui n'en sentirait pas le prix, et qui, en faisant couler les grains du rosaire ou du chapelet entre ses doigts, ne s'unirait pas du fond du cœur à la prière commune ! Quel fruit pourrait-il en retirer ? et quelle perte immense pour son salut, s'il ne profitait pas d'un moyen si efficace !
Et puis, l'assistance aux offices et aux processions des fêtes de la Sainte Vierge et des premiers dimanches du mois, au service annuel pour les défunts et aux autres messes ou offices de la Confrérie ; on comprend aisément que la charité mutuelle et l'édification commune font un devoir aux associés de se rendre fidèles à ces différentes pratiques de piété.
En outre, pour gagner les indulgences attachées aux dévotions de l'Ordre, et pour obtenir de Dieu des grâces particulières par la médiation de Marie et par l'intercession de Saint Dominique et de Saint Vincent Ferrier, il faut :
1° l'assiduité à la visite de la chapelle de Notre Dame du Rosaire, aux jours de fête de la confrérie et tous les autres jours auxquels sont attachées des indulgences.
2° L'assiduité à l'heure annuelle du rosaire perpétuel.
3° L'assiduité aux quinze communions des vendredis, en l'honneur de Saint Vincent Ferrier, ce grand panégyriste de Marie et un des plus zélés missionnaires du rosaire. Il y a pour cette dernière dévotion une indulgence plénière, un de ces quinze vendredis, et de plus une indulgence partielle de 7 ans et 7 quarantaines, chacun de ces quinze vendredis.
4° L'assiduité aux communions des quinze mardis, en l'honneur de Saint Dominique auteur du Rosaire. La dévotion des quinze mardis de communion, approuvée et enrichie d'une indulgence plénière et d'une indulgence partielle de cent jours chaque mardi par les souverains Pontifes Innocent XI et Pie VII, avait lieu tous les mardis dans les églises de l'Ordre de Saint Dominique, parce que les Dominicains faisaient ce jour-là, s'il n'y avait pas empêchement, l'office solennel de leur patriarche et fondateur; c'est pour favoriser le concours des fidèles que les papes y avaient attaché des indulgences. Depuis la disparition de cet Ordre en France, des personnes pleines de zèle, mais peu éclairées à cet égard, se sont persuadé que l'on s'était trompé de jour et qu'il fallait substituer les samedis aux mardis ; elles sont dans l'erreur; les brefs d'Innocent XI et de Pie VII sont positifs fur ce point; et les indulgences ne sont attachées qu'aux quinze mardis.
Cette dévotion qui a été le siècle dernier fort en vogue, surtout à Toulouse où l'on a compté jusqu'à quatorze cents communions dans la chapelle du Rosaire, consiste à s'engager à communier quinze mardis de suite, en mémoire des quinze Mystères du Rosaire et en l'honneur de la Sainte Vierge, afin d'obtenir de Dieu quelque grâce particulière.
On conçoit aisément ce que cette dévotion a de beau, de conforme à l'esprit de l'Eglise, et combien elle est propre à attirer les regards de bonté et de miséricorde de Dieu en faveur dé ceux qui la pratiquent.  
Si elles n'est pas toujours efficace pour obtenir la grâce qu'on demande, elle l'est toujours pour faire faire de grands progrès dans la vertu et pour faire acquérir beaucoup de mérites.
Le Rosaire a pour but de nous faire imiter Jésus-Christ et les vertus comprises dans les quinze Mystères.
La sainte Vierge a inspiré d'y joindre la fréquentation du saint sacrement de l'autel pendant quinze mardis de suite, afin de nous rendre semblables à Jésus-Christ. Si le Rosaire est une source de grâces et si ceux qui le récitent convenablement sont si favorisés de Jésus et de Marie, que ne doit-il pas en être de ceux qui font les quinze communions en l'honneur des quinze mystères, puisqu'ils reçoivent la source de la grâce, Dieu Lui-même avec tous ses dons ?
Ils doivent espérer toutes sortes de bénédictions et de faveurs par le moyen de cette dévotion qui rappelle ces heureux temps où les chrétiens communiaient tous les jours.
Désirant qu'un des fruits de la lecture de ce mois soit le rétablissement de cette dévotion des quinze communions, nous donnerons demain un aperçu de la manière de la pratiquer.
Résolution
Nous avons besoin d'une grâce spéciale pour bien vivre au milieu des dangers du monde, et pour bien mourir ; prenons la résolution de pratiquer cette dévotion des quinze communions en l'honneur des quinze mystères du rosaire pour l'obtenir : et en vue de faire une chose bien agréable à la Sainte Vierge, engageons les âmes pieuses à pratiquer cette dévotion afin qu'elles deviennent de plus en plus semblables à Jésus, dont la connaissance et l'amour ne peuvent qu'augmenter par la méditation des 15 Mystères faite en communiant.
Prière
C'est Vous, tendre Mère du Sauveur, qui, par amour pour nous, avez inspire à vos fidèles serviteurs cette belle et salutaire dévotion si propre à nous faire obtenir de Votre Divin Fils les grâces nécessaires pour nous sauver; nous n'avons qu'un moyen sur de Vous en exprimer notre reconnaissance d'une manière qui Vous soit agréable en même temps qu'elle est profitable pour nous, c'est de la pratiquer et de persuader aux autres de la pratiquer.
Intercédez pour nous, Vierge sainte, afin que nous eu retirions tout le fruit que des cœurs bien disposés ne peuvent manquer d'y trouver.  
Ainsi soit-il.
22ème jour
Pratique des quinze communions en l'honneur des quinze mystères du Rosaire
Ces quinze communions doivent être faites quinze mardis de suite, comme nous l'avons vu hier, pour pouvoir gagner les indulgences, et, autant que possible, dans la chapelle ou dans l'église où est établie la Confrérie du Rosaire.
On engage les personnes qui pratiquent cette dévotion, à réciter le rosaire en entier le jour de communion en demandant l'assistance de la Sainte Vierge pour en bien méditer les mystères et pour pratiquer avec persévérance le reste de la vie les vertus qu'ils enseignent.
Du reste il va sans dire qu'il faut avoir une intention pure et droite, et ne demander que des choses propres à nous procurer le salut et la perfection chrétienne ; et pour obtenir plus sûrement la grâce qu'on désire, il faut éviter tout péché, toute imperfection, et être exact aux plus petites choses pour l'amour de Jésus-Christ et de la Sainte Vierge. 
Enfin, il est bon de faire quelques aumônes extraordinaires, quelques actes de mortifications ou antres bonnes œuvres agréables au Seigneur, taisant le tout en l'honneur du mystère qu'on a médité en communiant.
La préparation à chacune des quinze communions doit consister dans la méditation sur le Mystère en l'honneur duquel on se propose de communier ; et dans l'action de grâces on demande avec ferveur la faveur qu'on désire obtenir de Dieu par les mérites de ce Mystère et par l'intercession de la Très Sainte Vierge. On peut le faire par les prières suivantes :
O mon doux Sauveur, je Vous conjure pour l'Amour que Vous m'avez toujours témoigné dans ce Mystère, en l'honneur duquel j'ai fait la présente communion, de m'accorder telle faveur, telle grâce, si elle m'est nécessaire ou utile pour mon salut et mon avancement dans le chemin de la vertu.
O glorieuse Vierge, Reine du Saint Rosaire, très digne Mère de Dieu, je Vous conjure par toutes les grâces que Vous avez reçues du Père, du Fils et du Saint Esprit, comme Fille du Père, comme Mère du Verbe incarné et comme Epouse du Saint-Esprit, et par les mérites de ce Mystère, en l'honneur duquel je viens de communier, de m'obtenir par Votre intercession et crédit tout-puissant auprès de la divine majesté, telle grâce... Ainsi soit-il.
Telles sont les prières qu'on peut répéter après chaque Communion. Quant aux sentiments qu'on doit exciter dans son cœur, aux considérations qu'on doit faire et aux résolutions pratiques qu'on doit prendre, nous en donnerons un exemple pour une des trois classes de Mystères ; ce sera suffisant pour en avoir la clef.
Du reste si on manifeste le désir d'avoir un ouvrage spécial pour communier ainsi en l'honneur des quinze Mystères, nous prenons bien volontiers l'engagement d'en publier un adapté à cette dévotion.
Communion en l'honneur du 1er mystère joyeux, l'annonciation. Représentez-vous l'Ange vous invitant à vous approcher de la sainte table, et vous adressant les mêmes paroles qu'à la Sainte Vierge : « Ne craignez pas, vous avez trouvé grâce devant Dieu ; le sacrement de Pénitence vous a rendu agréable aux yeux de Dieu ». Et répondez avec la Sainte Vierge : « Voici la servante (le géniteur) du Seigneur ; voici la plus indigne et la plus chétive de toutes les créatures qui va s'unir à vous, ô mon adorable Sauveur ! qu'il me soit fait selon votre parole ; que je n'aie d'autre volonté que la vôtre, que je sois unie à vous pour le temps et pour l'éternité ». Considérez ensuite l'humilité de Jésus et de Marie, du Fils et de la Mère ; du Fils, de prendre un corps et une âme comme nous pour nous racheter en souffrant et en mourant sur la Croix : de la Mère, de s'appeler Servante du Seigneur au moment que le Très-Haut la choisit pour être la Mère du Verbe incarné. Quant aux résolutions pratiques, comme l'imitation de Jésus et de Marie est le culte et l'honneur le plus excellent que Tous puissiez leur rendre, à leur imitation, humiliez-vous intérieurement et extérieurement ; tâchez d'occuper la dernière place soit à l'église, soit ailleurs, afin que les hommes ne vous considèrent pas ; aimez qu'on vous dise vos défauts; honorez les Saints et les Saintes qui se sont distingués par la pratique de la vertu d'humilité.
Communion en l'honneur du 1er mystère douloureux, Jésus au Jardin des Oliviers. Réfléchissez sur la différence qu'il y a entre le calice qui fut offert à Jésus au Jardin des Oliviers et celui qu'Il vous offre à la Sainte Table ; celui-là était le calice de douleur qui contenait pour Jésus l'amertume des péchés de tous les hommes dont la vue Lui occasionna une sueur de Sang, tellement elle était horrible ; tandis que le calice Eucharistique contient Son Sang Précieux qu'Il vous donne en breuvage ; c'est le Pain des Anges, le froment, le vin qui engendre les vierges. Rappelez-vous quel honneur ce fut pour les frères de Joseph de manger à sa table et de boire à sa coupe; l'honneur que vous allez avoir d'être admis à la table du Roi des rois, de manger le pain des Anges et de boire le Sang de l'Agneau Divin, n'est-il pas infiniment plus grand ? Considérez la résignation de Jésus à boire le calice de Sa Douloureuse Passion, pour l'amour de nous : Il fait une oraison de trois heures, prosterné contre terre, suant du Sang et étant triste jusqu'à la mort, mais toujours soumis et résigné à la Volonté Divine. Imitez Jésus, faites oraison, et si vous avez des peines, si Dieu parait vous accabler et vous délaisser, résignez-vous à tout ce que Dieu veut, par Amour pour Jésus agonisant au Jardin des Oliviers.
Communion en l'honneur du 1er Mystère Glorieux, la Résurrection de Jésus. Représentez-vous Jésus triomphant et victorieux de la mort, du démon. de l'enfer et du péché ; la joie des Anges et des Saints et surtout de Sa Sainte Mère. Rappelez-vous qu'une âme ressuscitée du péché à la grâce, n'est plus ce qu'elle était auparavant. Ce n'est plus cette âme qui ne se nourrissait que des oignons d'Egypte, je veux dire du péché ; ses délices sont de recevoir le Pain des Anges. Partagez la joie de Marie de voir Son Divin Fils ressuscité et savourez votre bonheur de recevoir au milieu de votre cœur votre Sauveur triomphant et glorieux, et demandez-Lui cette paix ineffable qu'il souhaitait à Ses Apôtres. Considérez que pour ressusciter un jour à la gloire et être réuni à Jésus, il faut triompher du péché : prenons donc la résolution de ne plus le commettre, d'éviter même toute imperfection volontaire de propos délibéré, et de travailler tous les jours à dompter notre passion dominante.
Résolution
La lecture de ce jour doit nous faire comprendre l'avantage que les âmes pieuses peuvent retirer de la pratique de cette dévotion de 15 Communions en l'honneur des Mystères du Rosaire.
Elle doit tout au moins nous faire prendre la résolution de méditer l'un ou l'autre de ces mystères lorsque nous communions : ce sera sans nul doute un moyen de nous préparer dont nous retirerons un grand profit pour la vie intérieure, puisqu'il nous fera de plus en plus connaître, aimer et imiter Jésus et Marie, ce en quoi consiste la perfection chrétienne.
Prière
Seigneur, mon Dieu, mon unique désir est de m'approcher de la Sainte Table avec les dispositions que Vous avez droit d'attendre de moi ; et je suis prêt à employer les moyens les plus propres à me donner ces dispositions.
Je méditerai donc les mystères du Rosaire d'une manière pratique, lorsque j'aurai le bonheur de communier, afin de le faire bien et d'une manière profitable pour mon avancement spirituel.
Je Vous demande cette grâce, Seigneur, par l'intercession de Notre-Dame du Rosaire.
Ainsi soit-il.
23ème jour
Heure annuelle du rosaire perpétuel, Horloge du Rosaire
Nous avons déjà fait connaître le rosaire perpétuel ; l'heure annuelle en est la pratique.
Elle a pris son origine dans le couvent des Dominicains de Bologne, en 1625, et elle a eu l'approbation des Souverains Pontifes.
Cet usage précieux s'est répandu ensuite partout et à toujours été la source de mille bénédictions.
Chacun est libre de l'adopter, mais comme le rosaire perpétuel est un privilège inhérent à la Confrérie du Rosaire, hors de laquelle on ne peut participer aux indulgences qui y sont attachées, les confrères seuls peuvent s'y faire inscrire.
Puisqu'il y a une indulgence plénière il faut que le jour fixé pour l'heure annuelle, on s'approche des saints sacrements.
Pendant cette heure on récite le Rosaire en entier pour tous les confrères, et en particulier pour les agonisants, car c'est surtout pour obtenir de Dieu les secours nécessaires dans les derniers moments de la vie qu'on a établi cette pratique de dévotion.
Nous implorons tous les jours la Sainte Vierge de prier pour nous à l'heure de notre mort ; par la pratique du Rosaire perpétuel, nous Lui consacrons une heure tout spécialement pour qu'elle protège nos confrères agonisants.
Faisons aux autres ce que nous voudrions qu'ils nous fissent ; or, puisque nous considérerions comme un bonheur insigne qu'on implorât pour nous cette Mère toute-puissante de Miséricorde lorsque les angoisses de la mort nous accableront, faisons-nous un plaisir de rendre ce service à nos confrères : c'est une œuvre de Charité qui ne peut qu'être très agréable à Jésus et à Marie.
L'association du Rosaire Perpétuel est organisée en peu d'endroits ; dans ceux où elle se trouve régularisée, on donne à celui qui s'y fait inscrire un imprime qui contient la formule et les prières suivantes que nous transcrivons comme étant propres à donner une idée exacte de cette association.
O Jésus, mon Sauveur, qui nous avez tant recommandé la Charité par vos leçons et votre exemple, moi soussigné, je Vous prie de vouloir bien agréer l'offrande que je Vous fais du Saint Rosaire pour le soulagement de nos confrères agonisants.
Plein de confiance en mes saints Patrons N. N., aujourd'hui du mois de à heure du soir (ou du matin),  je me propose de réciter le Rosaire, avec le plus de ferveur possible ; et j'ose Vous supplier humblement, ô aimable Sauveur, par la médiation puissante de Marie Votre Mère, de protéger et de défendre les moribonds contre les embûches du démon, de les fortifier et assister dans leur agonie, afin que leur mort soit un heureux passage dans le sein de votre gloire.
Après chaque dizaine de ce rosaire, on dit le credo ; et à la fin la prière suivante : O aimable Jésus, par cette douleur amère que vous avez éprouvée dans l'agonie du jardin des Oliviers, et surtout sur la croix, lorsque vous avez remis votre âme entre les mains de votre Père, secourez l'âme de tous nos frères agonisants, au moment de leur mort. Ainsi soit-il.
O Divin Sauveur, si plein de Charité pour les hommes, vous nous avez dit : « Je ne veux point la perte de l'impie, mais la conversion du pécheur, et le salut de tous ceux qui se jetteront avec confiance dans le sein de Mon infinie Miséricorde », et vous nous avez promis de ne jamais refuser ce que l'on demanderait en Votre Nom.
Je Vous prie donc, par Votre Saint Nom, de daigner accorder à tous nos confrères qui sont à l'article de la mort, un sentiment profond de leur misère, une vive douleur de leurs offenses, une foi éclairée, une espérance ferme et une Charité parfaite, afin que chacun puisse dire du fond d'un cœur pur : « Seigneur, je remets mon âme entre vos mains ».
Ratifiez ce vœu, ô Dieu de bonté, et exaucez ma prière. Ainsi soit-il.
Comme il n'y a point d'heures ni de moments dans la vie, dit saint Augustin, où l'on ne jouisse des bienfaits du Seigneur, on n'en doit point laisser passer sans se souvenir de Lui pour lui rendre des actions de grâces.
Entre les moyens conseillés pour se recueillir en la présence de Dieu à toutes les heures de la journée, sans cesser ni son travail ni ses occupations ordinaires, il en est un très facile et dont le Saint Rosaire a donné l'idée : il consiste à consacrer chaque heure du jour à la mémoire et à l'honneur d'un Mystère du Saint Rosaire, en disant un Ave Maria lorsque l'heure sonne, et en faisant une élévation d'esprit et de cœur vers Jésus-Christ et la sainte Vierge.
Le cœur de l'homme est comme une horloge dont les poids sont ses affections qui tendent toujours en bas, aux choses de la terre et à l'amour-propre, et se dérangent si on ne les relève souvent vers le Ciel par des oraisons jaculatoires.
Si vous voulez faire usage de ce moyen facile et salutaire de se tenir en la sainte présence de Dieu, et qu'on appelle à juste titre l'Horloge du Rosaire, à cinq heures du matin, pensez au mystère de l'incarnation, adorez le Fils de Dieu fait homme dans le sein de la plus pure des Vierges, et pratiquez l'humilité.
A six heures, considérez la Visitation, admirez la Charité de Jésus, sanctifiant saint Jean, et celle de Marie visitant sainte Elisabeth ; secourez votre prochain.
A sept heures, rappelez-vous la Nativité de Jésus-Christ, remerciez-Le d'avoir voulu naître et reposer sur la paille dans une crèche ; fuyez toute sensualité.
A huit heures, pensez à la Purification, bénissez avec le saint vieillard Siméon, Jésus présenté au temple; aimez et conservez la pureté.
A neuf heures, voyez Jésus recouvré dans le Temple ; soupirez et cherchez avec la sainte Vierge, Jésus que vous avez tant de fois perdu par le péché.
A dix heures, écoutez l'oraison de Jésus au Jardin des Oliviers ; compatissez à sa tristesse et à Son Agonie où Il sua du Sang ; résignez-vous à souffrir pour Son Amour.
A onze heures, assistez à la Flagellation, détestez vos péchés qui ont fait souffrir Jésus-Christ ; et faites pénitence.
A midi, contemplez le Sauveur couronné d'épines ; honorez le Roi des rois Jésus outragé, injurié et ayant la Face couverte de crachats ; aimez les mépris.
A une heure, suivez avec Marie, Jésus chargé de Sa Croix gravissant la montagne du Calvaire sans se plaindre ni murmurer ; supportez de même les croix que Dieu vous envoie.
A deux heures, voyez Jésus Crucifié et expirant sur la Croix pour votre Salut ; pardonnez à vos ennemis pour son amour.
A trois heures, réjouissez-vous de la résurrection de Jésus-Christ et de la victoire qu'Il a remportée sur la mort et le démon ; ressuscitez promptement du péché à la grâce.
A quatre heures, accompagnez avec les Anges et les âmes des justes détenus dans les limbes, Jésus montant au ciel en triomphe ; dédaignez la terre et vivez spirituellement dans le Ciel.
A cinq heures, adorez le Saint-Esprit descendant sur les Apôtres, demandez Sa grâce par Jésus-Christ, et travaillez à la gloire de Dieu.
A six heures, contemplez l'Assomption de la Sainte Vierge, louez-La élevée par les Anges au ciel, et conservez-vous en état de grâce pour y monter aussi un jour.
Enfin à sept heures, assistez au couronnement de la sainte Vierge ; invoquez-La comme Reine du Ciel et de la terre, et persévérez dans Sa dévotion.
Oh ! combien ne serait pas fécond en mérites et en bénédictions un jour consacré ainsi au Saint Rosaire sans négliger en rien ses devoirs d'état ! combien ne serait pas sainte cette manière de passer toutes les heures d'une journée !
Résolution
Pour les enfants du siècle tout moyen est bon pour arriver à leurs fins, et ils sont ardents pour adopter tout ce qu'ils croient propre à leur procurer quelque plaisir, quelque bien temporel : les enfants de lumière seront-ils moins ardents à mettre en pratique des moyens tout à la fois faciles, simples et efficaces pour marcher en la sainte présence de Dieu et sanctifier le temps qui ne leur est donné que pour procurer la gloire de Dieu en sauvant leur âme.
Qu'il n'en soit pas ainsi de notre part ; essayons de cette horloge pour Lien passer une journée, et nul doute que nous n'en fassions usage de nouveau, tellement nous nous en trouverons bien.
Prière
Vous avez dit, Dieu de vérité, que quiconque marcherait en Votre Présence serait parfait ;
or, puisque Vous m'avez fait connaître aujourd'hui le moyen de marcher en Votre Sainte Présence en méditant dans le cours de la journée les Mystères du Rosaire, accordez-moi la grâce de passer ainsi souvent mon temps en les méditant, afin de vous être uni d'esprit et de cœur et de sanctifier Votre Saint Nom dans toutes mes actions.
Ainsi soit-il.
24ème jour
Le Rosaire vivant
Le Rosaire Vivant est absolument le même que celui de Saint Dominique, il n'en diffère que par la manière de le pratiquer.
Pour la récitation simple et privée du Rosaire, chacun dit, chaque jour, au moins une des trois parties du rosaire, c'est-à-dire cinq dizaines. Selon les statuts des Confréries du Rosaire, chaque membre dit dans le cours de la semaine le Rosaire tout entier, c'est-à-dire quinze dizaines.
Enfin, pour le Rosaire Vivant, quinze personnes associées ensemble se partagent, pour un mois, les quinze Mystères du Rosaire ; et chacune d'elles récite tous les jours une dizaine de son Chapelet en l'honneur de celui de ces Mystères qui lui est échu pendant le mois.
Par ce moyen si simple et si facile, le Rosaire est récité chaque jour tout entier entre ces quinze personnes, et autant de fois en entier qu'il y a de quinzaines, sans que chaque personne y mette beaucoup temps ; qu'en faut-il en effet pour dire une dizaine de Chapelet ?
De cette manière la récitation du Rosaire devient véritablement perpétuelle : et quelle gloire n'en revient-il pas à la Très Sainte Vierge ! 
Quinze personnes associées ensemble forment un Rosaire Vivant, et la réunion des diverses quinzaines compose la confrérie du Rosaire Vivant, dont tous les membres sont unis par les liens d'une tendre Charité, par une émulation mutuelle pour la gloire de Marie, par une sainte ardeur à implorer sa protection.
On sent aisément tous les avantages que présente cette méthode par l'union des cœurs et des prières.
C'est un moyen de resserrer et d'entretenir les liens de la charité entre les fidèles, qui trop souvent sont indifférents les uns pour les autres ; on forme une nouvelle communauté de biens spirituels, que l'on partage avec ses frères.
Si l'on peut se réunir quelquefois pour réciter la dizaine ensemble, on perfectionne cette pratique et on la rend plus efficace.
En méditant pendant un mois sur le même Mystère, on l'étudie mieux, on s'en pénètre et l'on s'attache à pratiquer la vertu qui en est le fruit : enfin, les personnes les plus occupées peuvent ainsi pratiquer le Rosaire et en recueillir les biens spirituels.
Cette nouvelle méthode de pratiquer le Rosaire, qui sans détruire ou altérer l'ancienne, ne doit que la seconder, a été inspirée de Dieu pour ranimer la confiance en Marie, réveiller la ferveur qui se refroidissait et parer aux besoins présents et à venir.
Entrons donc de tout notre cœur dans les vues de la Providence : dévoués au culte de Marie, ranimons, faisons revivre la dévotion du Rosaire, répondons à la voix du Père commun des fidèles en nous faisant inscrire dans l'association du Rosaire Vivant.
Cette dénomination a été donnée à cette manière de réciter le rosaire parce que, d'après le mode de son organisation, chaque quinzaine réunissant autant de personnes qu'il y a de Mystères à honorer, chaque division se composant d'autant d'associés qu'il y a de grains dans un Rosaire, ces associés forment comme autant de grains vivants, dévoués par un culte journalier au service de la Mère de Dieu ; et, en second lien parce qu'il est mis comme en action par la récitation perpétuelle des prières.
Quant à son origine, on la doit à la piété d'une fidèle Servante du Seigneur, Pauline Jaricot, à qui Dieu avait déjà inspiré l'œuvre admirable et si utile de la Propagation de la Foi.
C'est à Lyon que cette forme nouvelle de réciter le Rosaire a commencé à être pratiquée : c'était en 1826.
Elle y est d'abord demeurée cachée, pour ainsi dire, dans les plaies de Jésus humilié, mais bientôt, comme le grain de sénevé de l'Évangile, elle s'est répandue dans un grand nombre de diocèses.
Le souverain Pontife Grégoire XVI l'a solennellement instituée et approuvée par un bref du 27 Janvier 1882.
Le père commun des fidèles y exprime avec une sainte effusion de cœur la joie que lui fait éprouver l'établissement de cette pieuse pratique et les espérances qu'il en conçoit.
Il y l'ait paraître un vif désir de voir le rosaire vivant se propager et il engage à le répandre.
Dans cette vue, il accorde au rosaire vivant de nouvelles et nombreuses indulgences, auxquelles il joint, en outre, celles qui ont été attachées par ses prédécesseurs à la récitation du rosaire.
A dater de celle approbation par le Saint Siège, le Rosaire Vivant a fait de nouveaux et rapides progrès ; il s'est étendu et s'étend encore dans tous les pays.
Répondant à la voix du Souverain Pontife, les évêques le favorisent d'une manière spéciale ; plusieurs ont publié des lettres pastorales pour l'établir dans leurs diocèses, le recommandant vivement à leurs ouailles.
Un des buts du Rosaire Vivant, que le souverain Pontife exprime lui-même dans son bref de 1832, c'est de faire revivre et de rendre plus fréquente la pratique du Saint Rosaire, dévotion si belle, mais trop oubliée, en la mettant à la portée de tous, par une méthode plus simple et plus facile ; c'est de tendre à réaliser le désir d'un pieux missionnaire, qui eût souhaité de voir le monde entier couvert des grains bénits du Rosaire.
Mais des grains muets n'auraient pas rendu à la Mère de Dieu la gloire qu'Elle mérite ; il fallait que des grains vivants, que des Rosaires de cœurs, fissent retentir toute la terre de Ses louanges.
Cette association nouvelle, loin de préjudicier aux Confréries du Rosaire déjà canoniquement érigées, doit au contraire les favoriser, en disposant ceux qui ne connaîtraient qu'imparfaitement cette dévotion à la goûter davantage et à la pratiquer avec plus d'étendue, selon les règles de ces confréries, car il ne faut pas confondre l'ancienne Confrérie avec l'association du Rosaire Vivant ; chacune demeure distincte, et conserve toujours son organisation, ses règles, les indulgences qui lui sont propres.
Un autre but du Rosaire Vivant, et qui est le principal, c'est de fléchir la colère de Dieu, de faire une sainte violence au Ciel, d'implorer avec des instances réitérées la Divine Miséricorde, par l'entremise de Notre Dame du Rosaire, afin d'obtenir la conservation de la Foi pour nous et pour nos frères, l'avancement et la perfection des justes, la conversion des pécheurs, l'exaltation de la sainte Eglise de Jésus-Christ. Prions sans cesse pour une si noble fin.
Si saint Dominique, le Rosaire à la main, put triompher des Albigeois, et réformer des provinces entières, qui sait si, malgré notre indignité, nous n'obtiendrons pas du Cœur de Marie qu'elle confonde l'impiété, non pas en perdant les impies, mais en obtenant leur conversion !
Puisque Jésus-Christ nous promet d'exaucer les prières de deux ou trois personnes assemblées en son nom, ne peut-on pas espérer que tant de milliers d'âmes associées au Rosaire Vivant seront exaucées ?
Résolution
Faisons comme beaucoup d'âmes pieuses qui pratiquent les deux manières de réciter le Rosaire, c'est-à-dire, qui le récitent en entier chaque semaine selon les règles de l'ancienne Confrérie et de plus récitent chaque jour une dizaine pour le rosaire vivant.
Cette pratique n'a rien que de très-facile. Travaillons donc à propager ces deux manières de dire le Rosaire, à l'exemple du souverain Pontife qui désire si ardemment de rendre plus fréquente la récitation d'une prière si propre à honorer saintement la Mère de Dieu en tout temps et en tout lieu.
Prière
Vierge sainte, c'est Vous qui avez inspiré à l'une de vos fidèles servantes, de former de pieuses associations pour s'unir dans la récitation quotidienne du Rosaire ;
obtenez de Dieu à tous les associés du Rosaire Vivant, qu'en Vous rendant ce tribut d'hommages, ils remplissent tous leurs autres devoirs de religion et de Charité, et règlent leur conduite sur les préceptes de la vie chrétienne, afin que, Vous devenant de jour en jour plus agréables, Vous les conduisiez à la vie éternelle et qu'ainsi cette dévotion soit pour le peuple fidèle une source abondante de bénédiction et de salut.
Ainsi soit-il.
25ème jour
Le Rosaire Vivant
Les moyens autres que la prière que l'association du Rosaire Vivant emploie pour atteindre le but que nous avons exposé hier, sont, l'aumône, les bons livres, les assemblées.
On engage les associés à ajouter à la dizaine qu'ils récitent, l'aspiration suivante : « Seigneur, couvrez de la protection de votre divin cœur notre saint père le Pape, afin de s'attacher de plus en plus au souverain Pontife, qui est le centre de la foi et de l'unité catholique.
Les associés sont invités à faire une aumône en entrant dans l'association et à la renouveler tous les ans sous le titre d'annate ou annuel.
Cette aumône est destinée à payer les dépenses inévitables de l'association, et le surplus, à répandre de bons livres, des chapelets, des médailles et d'autres objets capables de favoriser la piété ou de procurer des ornements aux églises pauvres et aux autels de la sainte Vierge : cependant il n'est nullement nécessaire de faire cette aumône pour gagner les indulgences.
Elle est entièrement libre; mais elle devient plus ou moins nécessaire pour atteindre le but qu'on se propose ; et quand on voit l'impiété employer des sommes énormes pour répandre le mal, les fidèles craindraient-ils de dépenser quelques centimes pour propager le bien ?
Non, sans doute ; et, ce qui est admirable, c'est qu'en général les pauvres ne sont pas les moins exacts à présenter leur offrande.
Qu'il est beau de voir des personnes qui gagnent péniblement leur vie, prendre encore sur la modicité de leur gain ce denier béni qui va multiplier partout des objets propres à ranimer la foi et à toucher les cœurs !
Cependant, si l'on craignait que quelqu'un pût être éloigné du Rosaire Vivant à cause de cette aumône annuelle, il vaudrait mieux se garder de la demander, et même d'en parler à certaines personnes et dans certaines localités.
L'œuvre des bons livres doit être fort à cœur aux associés du rosaire vivant.
Il est urgent d'opposer une digue à ce torrent d'ouvrages pernicieux répandus dans toutes les classes de la société.
Les bons livres leur servent de contre-poison.
Il est donc important de les multiplier autant que possible.
C'est aussi ce qu'on se propose dans l'association du Rosaire Vivant qui a pour but de conserver, de propager la foi et les bonnes mœurs ; et les bons livres y contribuent pour beaucoup.
Aussi est-ce à cette fin qu'on a voulu, et très-sagement, consacrer une partie des aumônes annuelles.
Quant aux assemblées, il y en a de trois sortes : celles des personnes qui ont des charges dans l'association ; celles des associés d'une même quinzaine ; celles plus générales, des associés d'une même paroisse ou localité.
On conçoit aisément les avantages de ces réunions qui fournissent d'heureuses occasions de s'entretenir dans la ferveur et dans un esprit de charité, et de tendre tous ensemble au même but.
Chaque directeur d'une association du rosaire vivant doit régler sur ce point ce qui convient le mieux pour les personnes et les localités.
Tels sont les différents moyens qui tendent tous plus ou moins directement, mais toujours d'une manière très utile, au but principal du Rosaire Vivant.
Le devoir de ce Rosaire, c'est-à-dire la pratique obligée comme condition pour gagner les indulgences, c'est d'être inscrit et associé dans une quinzaine et de dire dévotement, tous les jours, en union avec les autres associés, une dizaine de Chapelet, avec l'intention d'honorer le mystère qui est échu pour le mois.
Voilà le devoir essentiel et celui qui suffit.
Mais il est bien entendu que, pour mieux profiter du Mystère qui est échu, il faut le méditer, tâcher de s'en pénétrer et de pratiquer la vertu qui en est le fruit.
La récitation d'une dizaine du Rosaire jointe à la méditation du Mystère est donc le seul devoir nécessaire ; le reste, chacun en prend ce qui lui convient et en ce qui le concerne.
Voici un aperçu des indulgences accordées par Sa Sainteté Grégoire XVI aux associés du Rosaire Vivant :
1° Une indulgence plénière pour chaque associé, le premier jour de fête après son admission.
2° Les indulgences accordées par les souverains Pontifes aux fidèles qui récitent le Rosaire, et que nous avons mentionnées le 16° jour.
3° Une indulgence partielle de cent jours toutes les fois que, les jours ouvrables, on récitera la dizaine assignée.
4° Une indulgence partielle de 7 années et 7 quarantaines, quand on récitera la dizaine assignée, les jours de dimanches et de fêtes, y compris celles où il n'y a plus d'obligation d'entendre la messe, et pendant les octaves de Noël, de Pâques, de la Pentecôte, de la Fête Dieu ; de l'Assomption, de la Nativité et de la Conception de la sainte Vierge.
5° Une indulgence plénière aux associés qui auront récite leur dizaine avec exactitude et dévotion, tous les jours, au moins pendant un mois savoir :
a) Le 3e dimanche de chaque mois.
b) Aux fêtes solennelles de Noël, de l'Epiphanie, de la Circoncision, de Pâques, de l'Ascension, de la Pentecôte, de la Fête-Dieu, de la Très Sainte Trinité, des Apôtres Saint Pierre et Saint Paul et de la Toussaint.
c) A toutes les fêtes de la sainte Vierge du bréviaire romain, solennelles ou non solennelles.
Nous allons donner la liste de ces fêtes pour augmenter la confiance en Marie, en montrant combien l'Eglise aime à honorer cette tendre et puissante Mère.
Il nous semble que les vrais enfants de l'Eglise doivent être animés des sentiments de dévotion et d'amour les plus vifs envers cette Vierge mère de Dieu , en voyant sous combien de titres différents l'Esprit-Saint a inspiré de la vénérer et de l'implorer.
Les épousailles de la sainte Vierge, le 22 Janvier. La Purification de la sainte Vierge, le 2 Février. L'Annonciation de la sainte Vierge, le 25 Mars. La compassion de la sainte Vierge, le vendredi après le dimanche de la passion. Notre-Dame de bon secours, le 26 Avril. Notre-Dame des martyrs, le 13 Mai. Notre-Dame Auxiliatrice, le 24 Mai. L'intérieur de la sainte Vierge, le 1er Juin. Notre-Dame de la paix, le 20 Juin. La Visitation de la Sainte Vierge, le 2 Juillet. Notre-Dame du Mont-Carmel, le 16 Juillet. Notre-Dame des Anges, le 2 Août. Notre-Dame des neiges, le 5 Août. L'Assomption, le 15 Août. Le saint cœur de Marie, le dimanche dans l'octave de l'Assomption. La Nativité, le 8 Septembre. Le saint Nom de Marie, le dimanche dans l'octave de la Nativité. Notre-Dame des sept douleurs, le 8" dimanche de Septembre. Notre-Dame de la merci, le 24 Septembre. Notre-Dame du rosaire, le 1er dimanche d'Octobre. La présentation de la sainte Vierge, le 21 Novembre. Le patronage de la sainte Vierge, le 24 Novembre. L'immaculée conception, le 8 Décembre. Notre-Dame de Lorctte, le 10 Décembre. Notre-Dame de délivrance, le 16 Décembre. L'expectation de la sainte Vierge, le 18 Décembre. Les indulgences plênières sont applicables aux défunts; elles exigent la confession et la communion, et les prières d'usage dans une église.
Résolution
Efforçons-nous d'être animés de l'esprit de la belle dévotion du rosaire, c'est-à-dire de l'esprit de piété et de charité, de ferveur et d'union d'esprit et de cœur avec tous les fidèles. Dieu est Charité, a dit Saint Jean; c'est aussi le trait caractéristique de l'esprit du christianisme : que ce soit donc aussi ce qui nous distingue, et nous serons de vrais enfants de Marie ; nous consolerons l'Église qui voit partout tant d'indifférence, tant d'éloignement pour l'esprit de son divin époux.
Pratiquons de cœur la dévotion du Rosaire ; elle nous rendra des hommes de bonnes œuvres, et nos jours seront des jours pleins et agréables au Seigneur.
Prière
O Dieu de bonté, nous Vous demandons instamment d'exaucer le chef visible de l'Eglise, qui s'exprime ainsi dans son Bref :
« Nous en avons la ferme confiance, avec le secours du Seigneur, un des heureux effets de cet exercice, le Rosaire Vivant, ne sera pas seulement de contribuer par sa facilité même à rendre plus fréquente la récitation d'une prière si propre à honorer saintement la Mère de Dieu en tout lieu et en tout temps, mais l'union et le concert de tant d'âmes qui la récitent, lui communiquant, pour ainsi dire, une nouvelle force, elle s'élèvera plus agréable vers ce Dieu qui, pressé par les vœux unanimes de ses serviteurs, se laisse fléchir et incliner vers la clémence. Qu'il en soit ainsi par l'intercession de Marie. Ainsi soit-il.
26ème jour
Le Rosaire, prière vocale
Le Rosaire étant tout à la fois un livre de méditation, de prières et d'actions de grâces, il est important pour les fidèles qui veulent pratiquer cette dévotion, de connaître l'excellence de la méditation et la manière du la faire en ce qui concerne particulièrement les Mystères du Rosaire.
Toute l'étude du chrétien doit être de méditer les Mystères de Jésus-Christ et de régler sa conduite sur les vertus dont il nous offre le modèle.
Il n'y a de bonheur, de perfection et de salut ici-bas que dans la connaissance, l'amour et l'imitation de notre Divin Sauveur ; c'est aussi la fin que Saint Dominique s'est proposée dans l'institution du Rosaire.
Ce fut aussi l'intention formelle des souverains Pontifes qui l'ont approuvé et enrichi d'indulgences ; ils ont voulu donner lieu aux fidèles d'étudier et d'accompagner Jésus-Christ dans ses principaux mystères. 
« Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem, l'Esprit de grâce et de prière », dit Dieu au prophète Zacharie.
Dieu envoya de nouveau cet Esprit en instituant dans l'Eglise le Rosaire qui unit d'une manière si admirable et si salutaire la prière et la méditation.
La prière est comme le flambeau dont la méditation reçoit la lumière et l'ardeur. De là le Rosaire, comme nous l'avons vu, est appelé la reine de toutes les prières.
Prier, c'est élever son âme à Dieu pour l'adorer, le remercier et lui demander tout ce qui nous est nécessaire.
II y a deux sortes de prières : la prière vocale et la prière mentale ; elles sont unies dans la pratique du Rosaire, puisqu'en même temps qu'on prononce des paroles, l'esprit doit être occupé de la méditation d'un Mystère.
Nous traiterons aujourd'hui de la prière vocale, et les jours suivants de la prière mentale ou méditation.
Il n'est point d'acte de religion plus commun ni plus ordinaire que la prière ; mais combien souvent n'est-il pas mal rempli ?
Tout retentit des louanges du Seigneur et des vœux qu'on lui adresse, soit en récitant le rosaire, soit autrement ; mais le cœur et l'esprit prient-ils de concert avec les lèvres ? et ne peut-on pas dire qu'on récite à la vérité beaucoup de prières, mais cependant qu'on en fait peu qui puissent être agréables au Seigneur ? En ne consultant que le seul bon sens et l'idée qu'il donne de ce saint exercice, pourrait-on voir de sang-froid avec quelle inapplication d'esprit, avec quelle tiédeur, avec quelle indécence même on s'en acquitte d'ordinaire ? et n'aurait-on pas droit de demander si ce n'est pas plutôt pour irriter le Seigneur, que pour l'honorer que nous le prions ?
En effet, la prière doit être un entretien avec Dieu, où l'âme admise, pour ainsi dire, et introduite dans le sanctuaire, expose au Seigneur ses besoins, lui représente ses misères, lui découvre ses tentations et ses faiblesses, et, pénétrée des plus vifs sentiments de respect, d'amour et de reconnaissance, elle tâche de l'honorer autant par sa profonde soumission à ses ordres, que par sa confiance et ses vœux.
Un acte de religion si parfait, doit-il n'être qu'une pratique purement extérieure, et si, au moment qu'on traite avec Dieu, l'esprit s'égare jusqu'à perdre volontairement l'attention et la dévotion intérieure, prie-t-on Dieu ?
Le vrai culte dépend pour ainsi dire, de notre disposition ; Dieu peut être adoré et prié partout pourvu que ce soit partout en esprit et en vérité qu'on l'adore et qu'on le prie.
Toujours prêt à pourvoir à tous nos besoins, il demande seulement qu'on les lui expose par la prière : est-il donc concevable que notre manque de foi, et notre inattention rendent inutile un moyen si nécessaire et si aisé, si efficace !
Pourquoi, en effet, la prière nous étant si familière, et Dieu étant si disposé à écouter et à exaucer nos vœux, obtenons-nous si rarement ce que nous demandons par la récitation du rosaire ? c'est que nous prions mal, c'est que nous ne pensons pas sérieusement que c'est à Dieu que nous parlons ; autrement lui parlerions-nous avec si peu de respect, si peu d'attention ?
La prière n'est pas seulement la preuve de notre confiance, elle est encore la preuve de notre foi. Quel acte de religion doit donc nous intéresser davantage ?
La prière est, parmi tant d'orages qui nous assaillent, l'abri le plus sûr et le plus proche ; l'ennemi ne saurait nous forcer dans ce retranchement. Il n'est pas possible de bien prier et de ne pas vaincre.
Quel malheur pour ceux à qui ce puissant secours devient inutile !
Mais réellement la prière faite comme on la fait souvent, peut-elle être d'un grand secours ? Combien de gens récitent, par exemple, tous les jours le rosaire sans qu'on puisse cependant dire en vérité qu'elles prient ? Dieu n'écoute et n'entend que les prières du cœur. Un Rosaire récité sans attention, sans affection, peut-il être agréable aux yeux de Dieu, qui ne compte pour rien tout culte purement extérieur ? Lisez l'Evangile, vous y verrez que notre divin Sauveur ne fait attention qu'à la foi et à la dévotion intérieures de cette pauvre femme infirme qui touche le bord de sa robe. Vous voyez la foule qui Vous presse, lui disent ses disciples, et Vous demandez qui Vous a touché ?
Cette foule tumultueuse fait peu d'impression sur Lui : il faut que le cœur parle et que la Foi agisse, si l'on veut que Dieu exauce.
Les seules clameurs de l'aveugle de Jéricho sont peu efficaces ; il faut qu'il dise lui-même à Jésus-Christ ce qu'il souhaite.
L'attention de l'esprit et l'affection du cœur sont comme l'âme de la prière.
Ne nous étonnons pas si nous sommes si peu exauces.
Une prière morte n'opère rien. Chose étrange ! à force de prier, on s'accoutume à ne savoir plus ce qu'on fait quand on prie : l'inattention avilit et profane un si saint exercice.
Oh ! quelle différence, si nous pensions que c'est à Dieu que nous parlons quand nous faisons quelque prière !
La multiplicité des prières n'en augmente pas toujours le prix ; mais la précipitation avec laquelle on les dit, en relève-t-elle beaucoup le mérite ?
Bien des personnes se font une loi de n'en point omettre ; mais combien ne s'en font pas une de n'en point profaner ?
Deux choses doivent toujours concourir pour bien prier : la dévotion intérieure et le respect extérieur.
Toute prière doit être animée d'une foi vive, d'une confiance entière, d'une attention véritable et d'une affectueuse dévotion.
Or, une prière ne peut être telle qu'en élevant son cœur à Dieu, en dressant son intention, en unissant sa prière à celles que Jésus-Christ adressait à Son Père sur la terre, et surtout en évitant cette précipitation irréligieuse qui rend si souvent inutile la prière vocale.
Résolution
Concevons aujourd'hui un véritable regret d'avoir fait si souvent nos prières vocales et en particulier d'avoir récité le rosaire d'une manière inconvenante, pour ne pas dire irréligieuse, et prenons la résolution de ne pratiquer dorénavant cet acte de religion qu'avec un véritable respect et une tendre dévotion.
N'oublions jamais que la prière, par conséquent la récitation du Rosaire ou du Chapelet est un acte de religion ; que c'est un culte que nous rendons à Dieu, une supplique que nous lui présentons ; qu'elle doit donc être toujours humble, respectueuse, religieuse et dévote.
Prière
Apprenez-nous Vous-même, Seigneur, à prier.
Nous reconnaissons et avouons que souvent nous n'avons pas mérité d'être exaucés dans nos prières, parce que nous les avons faites avec très peu de dévotion, d'attention et de respect.
Nous espérons, Seigneur, que, par l'intercession de Notre Dame du Rosaire, Vous exaucerez du moins celle que nous Vous adressons en ce moment, à savoir : de nous pardonner nos irrévérences et de nous apprendre à bien prier. Ainsi soit-il.
27ème jour
Le Rosaire, Oraison mentale
Le Rosaire étant, pour ainsi dire, un livre de méditation, on peut appliquer à la pratique de cette dévotion ce que Saint François de Sales dit, en général, de l'oraison mentale ou méditation.
Je vous conseille principalement, dit-il, l'oraison de l'esprit et du cœur, et surtout celle qui est occupée de la vie et de la passion de Notre Seigneur (ce qui a lieu dans la méditai ion des quinze mystères du rosaire) ; car, à force de le considérer dans l'exercice de la méditation, toute votre âme se remplira de lui, et vous formerez votre conduite intérieure et extérieure sur la sienne.
Il est la lumière du monde, c'est donc en lui, par lui et pour lui que nous devons être éclairés. Vous le savez ; les petits enfants entendant continuellement parler leurs mères, et s'efforçant de bégayer avec elles, apprennent à parler la même langue : c'est de cette sorte que nous attachant au Sauveur dans la méditation des mystères du rosaire, y observant ses paroles, ses actions, ses sentiments et ses inclinations, nous apprendrons avec sa grâce, à parler comme lui, à agir comme lui, à juger comme lui et à aimer ce qu'il a aimé.
C'est là l'oraison mentale propre à la récitation du Rosaire et qui, d'après l'intention de l'Eglise, doit lui être inhérente ; et de quel avantage ne doit pas être pour nous cette méditation, puisque nous ne saurions aller à Dieu le Père que par cette porte qui est Jésus-Christ, ainsi qu'il nous l'a dit lui-même.
La glace d'un miroir ne peut arrêter notre vue, à moins qu'elle ne soit enduite d'un côté d'une couche de plomb ou d'étain, de même nous n'aurions jamais pu bien contempler la divinité en celle vie mortelle, si elle ne se fut unie à notre humanité dans Jésus-Christ, dont la Vie, la Passion et la Mort sont pour nos méditations l'objet le plus proportionné à la faiblesse de nos lumières, le plus doux à notre cœur et le plus utile au règlement de nos mœurs.
Le Sauveur s'est appelé le Pain descendu du ciel, pour plusieurs raisons, mais entre autres pour celle-ci : Comme l'on mange le pain avec toutes sortes de viandes, nous devons si bien goûter l'esprit de Jésus-Christ dans la méditation des Mystères du Rosaire, que nous en étant nourris, nous le fassions entrer dans toutes nos actions.
Mais, pour s'en nourrir réellement, il faut mettre en pratique ce que Saint Ignace appelle l'exercice des trois puissances de l'âme ; c'est-à-dire que, pour méditer chaque Mystère du Rosaire, nous devons exercer la mémoire, l'entendement et la volonté : la mémoire, en nous remettant devant les yeux le mystère que nous avons à méditer ; l'entendement, en recherchant les motifs qui peuvent le plus contribuer à échauffer notre volonté ; et enfin la volonté, en lui faisant produire les actes de la vertu qui est le fruit de la méditation du Mystère.
C'est ce dernier point qui est le principal de tous et celui auquel nous devons nous arrêter, parce qu'il est la fin de la méditation, et en outre parce que le fruit qui doit provenir de toutes les réflexions de l'entendement, doit être d'émouvoir la volonté à la recherche du bien et à la fuite du mal.
Cette manière de méditer est très simple et très à la portée de tout le monde. Par le moyen de cet exercice des trois puissances de l'âme, nous nous représentons le sujet du Mystère que nous avons à méditer ; nous nous figurons les circonstances du fait comme s'il se passait sons nos yeux ; nous réfléchissons sur les particularités qui nous fourniront des motifs propres à exciter les sentiments analogues au fait rappelé dans ce Mystère, et nous nous livrons à ces sentiments, résolus à pratiquer la vertu qui en découle naturellement et dont nous faisons des actes.
Mais il est évident que la volonté étant une puissance aveugle qui ne peut se porter à rien d'elle-même si l'entendement ne la guide, il faut qu'elle soit éclairée par celui-ci pour découvrir ce qu'elle doit ou aimer ou haïr, car nous n'aimons une chose que parce que nous la concevons bonne et digne d'être aimée.
Il est donc clair que l'opération de l'entendement est le fondement des autres actes que nous faisons dans l'oraison, et c'est pour cela qu'on l'appelle souvent simplement méditation.
Ce que l'Ecriture dit de la méditation de la Loi du Seigneur, peut s'appliquer très-naturellement à la méditation des mystères du rosaire.
« Heureux, dit le Prophète royal, heureux l'homme qui médite jour et nuit sur la Loi du Seigneur ! Il sera comme un arbre qui est planté le long des eaux et qui portera son fruit dans sa saison ».
« Heureux, dit-il ailleurs, ceux qui réfléchissent sur ses promesses ; c'est une marque qu'ils le recherchent de fout leur cœur ».
Donnez-moi l'entendement, dans la méditation dos Mystères du Rosaire, et je ferai de profondes réflexions sur Votre Loi, et je l'observerai de tout mon cœur.
« Que si, dit-il dans un autre endroit, Votre Loi n'eût été le sujet ordinaire de ma méditation, peut-être que je serais demeuré dans mon anéantissement, et que j'y aurais péri » ; c'est-à-dire, comme l'interprète saint Jérôme, je serais demeuré dans les peines et dans les misères qui m'environnent.
Ce qui doit nous donner encore une haute estime de la méditation, en général, et en particulier de la méditation des Mystères du Rosaire, c'est que les Saints disent qu'elle sert à toutes les vertus et à toutes les bonnes œuvres.
Mais afin que par l'opposition de son contraire, on vienne à la mieux connaître, il faut savoir que le manque de réflexion est une des principales causes de tous les maux qui arrivent dans le monde, suivant ces paroles de Jérémie : « Toute la terre est désolée d'une désolation universelle, parce qu'il n'y a personne qui fasse aucune réflexion dans son cœur ».
Savez-vous pourquoi la terre est si désolée, quant au spirituel ? c'est qu'il parce n'y a presque personne qui rentre en soi-même et qui repasse en son esprit les Mystères ineffables de la religion et les bontés infinies de Dieu.
Or, n'est-ce pas ce désordre que ferait cesser la récitation du Rosaire faite dans l'esprit de l'Eglise, c'est-à dire en méditant affectueusement les quinze Mystères qui le constituent et qui sont la base de la religion et de la morale chrétienne ?
Qui, en effet, oserait pécher, s'il considérait intérieurement et en esprit de Foi et d'amour que Dieu est mort à cause du péché, et que le péché est un si grand mal, qu'il a fallu que Dieu se fit homme, afin que, par sa mort, il satisfait entièrement pour le péché, à la justice rigoureuse du Père éternel ?
Il n'y a point de doute que si nous faisions les réflexions convenables en méditant les mystères du Rosaire, cela nous servirait d'un frein puissant pour nous faire éviter le péché ; aussi est-ce pour cette raison que le démon, qui connaît l'utilité de cette méditation bien faite, essaie continuellement de nous en détourner par tous les moyens possibles : il fait en sorte que nous ne nous servions pas des yeux de fa Foi et que nous croyions comme si nous ne croyions pas, c'est-à-dire sans croire de cœur et d'âme, d'une foi vivante et pratique, afin qu'en voyant, nous ne voyions pas, et qu'en écoutant, nous n'écoutions et ne comprenions pas, faute de réflexions sur ce que nous croyons.
Résolution
Prenons la résolution de nous recueillir et de méditer de notre mieux les Mystères du Rosaire, lorsque nous le récitons : nous pouvons aisément nous convaincre, par notre propre expérience, que la seule manière de le réciter avec fruit, pour la gloire de Dieu et le salut de notre âme, c'est de bien méditer les Mystères afin d'en pénétrer notre esprit et notre cœur.
Disons avec l'Apôtre : « Je prierai en esprit; je prierai au-dedans de mon cœur: je chanterai les louanges de Dieu en esprit; je les chanterai au-dedans de mon cœur ».
Prière
Vierge Sainte, parfait modèle des chrétiens ! l'Evangile dit de Vous que vous conserviez dans Votre Cœur et méditiez lus paroles de Votre Divin Fils ;
nous sommes des enfants qui ne savent rien relativement à la méditation, ô bonne Mère ! apprenez-nous Vous-même à méditer les Mystères du Rosaire, afin que la pratique de cette dévotion nous rende agréables aux yeux de Dieu en nous rendant des hommes d'oraison.
Ainsi soit-il.
28ème jour
Méthode qu'il faut observer dans la méditation des Mystères du Rosaire et les fruit que nous devons en tirer
Mon cœur s'est échauffé au-dedans de moi, dit le Prophète royal, et le feu s'y allumera dans ma méditation.
La méthode générale que nous, devons suivre dans la méditation des mystères du Rosaire, nous est prescrite dans ces paroles, en expliquant ce passage du feu de la charité et de l'Amour de Dieu et du prochain qui s'allumait dans les entrailles du Saint Prophète par la méditation des choses célestes.
De manière que, dit Saint Cyrille, méditer, c'est comme frapper avec du fer sur un caillou pour en faire jaillir du feu : c'est donc au moyen de la méditation des mystères et réflexions de l'entendement, qu'il faut que vous frappiez sans cesse sur le caillou de votre cœur endurci, jusqu'à ce que vous en tiriez du feu et que vous l'embrasiez enfin lui-même de l'amour de Dieu, de la Charité du prochain, et d'un ardent désir de l'humilité, de la mortification et de toutes les vertus chrétiennes.
La méditation ne doit être qu'un moyen pour exciter dans notre cœur le désir de la vertu : car la perfection de la vie chrétienne ne consiste point dans les bonnes pensées ni dans l'intelligence des choses saintes ; mais elle consiste dans les solides et véritables vertus, et particulièrement dans les actes que l'on en produit et qui sont l'accomplissement de toute la perfection ; par conséquent c'est là-dessus que nous devons le plus insister, et c'est à quoi nous devons principalement nous occuper dans la méditation des mystères du rosaire.
Le premier exercice consiste à se représenter le lieu où le fait qu'on veut méditer s'est passé, comme si réellement on s'y trouvait.
Par exemple, si nous avons à méditer le Crucifiement de Notre Seigneur sur le Calvaire, nous nous formerons une idée de toutes les circonstances, telles que les évangélistes nous les ont décrites, par rapport au lieu, aux personnes, aux actions et aux paroles.
Or, l'utilité de cet exercice consiste en ce que nous renfermons notre esprit dans l'étendue du sujet que nous méditons, de peur qu'étant aussi volage qu'il l'est, il ne se répande sur d'autres sujets.
Cet exercice de l'imagination doit être suivi de celui de l'entendement que nous appelons méditation, et qui n'est autre chose que l'application aux considérations capables d'élever notre volonté vers Dieu et de nous affectionner aux Saints Mystères que nous méditons.
C'est en cela que la méditation est fort différente de l'étude ; car la fin de l'étude est la science, tandis que la fin de la méditation est l'amour de Dieu et la pratique de la vertu.
Après avoir donc circonscrit, comme nous venons de le dire, notre esprit dans l'étendue du sujet que nous voulons méditer, appliquons notre entendement aux considérations qui en sont la substance et l'exposé ; et si notre esprit trouve assez de lumières et d'utilité dans une seule de ces considérations, il faut l'y arrêter, imitant les abeilles qui ne quittent point la fleur à laquelle elles se sont attachées, tant qu'elles y trouvent du miel à sucer.
Mais, si notre esprit a de la peine à tirer des réflexions de telle considération et que notre cœur n'y sente pas d'attrait, passons à une autre considération, sans curiosité toutefois et sans précipitation.
De-là dans certains livres de prières, les mystères sont simplement indiqués avec une considération et une prière ; dans d'autres il y a dix considérations (autant que d'Ave Maria) destinées à donner matière à la méditation des fidèles.
Chacun peut choisir la manière de méditer les mystères qui lui convient le mieux d'après ses dispositions, sa facilité à méditer.
Il en est de même pour les quelques mots qu'on ajoute à l'Ave Maria pour se rappeler le mystère qu'on médite ; ce rappel peut donner lieu chaque fois à de nouvelles considérations et à de nouvelles affections.
C'est, en effet, par cette vive attention de l'esprit que la méditation excite en notre volonté tant de bons et saints mouvements, tels que les suivants : l'amour de Dieu et du prochain, le désir de la gloire céleste, le zèle du salut des âmes, l'ardeur à imiter la vie de Jésus-Christ, la compassion, l'admiration, la joie, la confusion de nos péchés, la confiance en la miséricorde de Dieu et les autres affections auxquelles l'âme doit s'exercer et dans lesquelles elle doit s'épancher le plus qu'elle pourra.
Il ne faut pourtant pas s'arrêter tellement à ces affections générales qu'elles fassent négliger de prendre des résolutions spéciales pour la pratique.
De là aussi, la nécessité d'avoir en vue, dans la méditation de chaque mystère, une vertu comme suite et fruit de ce Mystère.
Ainsi la première parole de Notre-Seigneur sur la Croix, produira dans notre âme le désir de l'imiter dans la pratique du pardon et de l'amour des ennemis ; mais cela est peu de chose, si nous ne formons notre résolution de cette manière : « Eh bien ! je ne m'offenserai plus de telles et telles paroles fâcheuses de la part d'un tel, ni de tel et tel mépris que celui-ci ou celui là fait de moi ; au contraire, je dirai et ferai telle ou telle chose pour adoucir l'esprit de l'un et pour gagner le cœur de l'autre ».
Voilà véritablement le moyen sûr et infaillible de tirer un grand profit spirituel de la méditation bien faite des Mystères du Rosaire.
De même qu'on a dû se préparer à la récitation et à la méditation du Rosaire, en se mettant en la présence de Dieu et en lui demandant le secours de ses lumières et de ses inspirations, on doit de même terminer cette récitation et cette méditation par trois actes qui demandent beaucoup d'humilité.
Le premier est de rendre grâces à Dieu de la connaissance qu'il nous a donnée de sa Miséricorde, ou d'une autre de ses perfections, et de le remercier de toutes les saintes affections et résolutions que sa grâce a excitées et opérées en nous.
Le second est d'offrir à Sa Divine Majesté toute la gloire qui peut lui revenir de Sa Miséricorde, ou d'une autre de ses perfections, lui présentant encore toutes nos affections et nos résolutions, en union des vertus de Jésus-Christ Son Fils et des mérites de Sa Mort.
Le troisième doit être une humble prière par laquelle nous demandons à Dieu la grâce de participer aux mérites de Son Fils, l'esprit de Ses Vertus et principalement la fidélité à nos résolutions, en reconnaissant que l'exécution dépend de Sa Sainte Bénédiction.
Enfin, il est à conseiller de prier pour l'Église, nos pasteurs, nos parents, amis et autres personnes, par l'intercession de Notre-Dame du Rosaire, des Anges et des Saints et de finir par un Pater et un Ave.
Les personnes qui ont l'habitude de méditer, nous comprendront aisément, et pourront sans la moindre difficulté mettre en usage cette méthode de réciter et de méditer le Rosaire ; les autres ne doivent pas s'imaginer qu'elle soit difficile et qu'elle exige beaucoup de temps ; en s'y exerçant, elles apprendront par leur propre expérience, qu'elle est très facile.
Du reste chacun peut suivre celle qui lui plaît, pourvu qu'elle soit propre à lui faire réciter et méditer le Rosaire avec fruit.
Résolution
Conservez ce qui est bon, dit Saint Paul. Si nous avons une bonne manière de réciter le Rosaire, tenons-nous-y en tâchant seulement de le réciter toujours avec plus de ferveur ; si nous reconnaissons que nous ne méditons pas les Mystères d'une manière convenable et fructueuse, tâchons de nous pénétrer de l'esprit d'oraison qui est l'esprit de Dieu et de l'Eglise, afin que nous devenions de fidèles disciples et de parfaits imitateurs de Jésus et de Marie.
Prière
Tout don parfait vient de Vous, Seigneur ! nous venons donc Vous demander instamment la grâce de réciter et de méditer selon l'esprit de l'Eglise le Saint Rosaire, afin qu'en nous pénétrant des Mystères qui le composent, nous pratiquions à Votre plus grande Gloire et pour le Salut de notre âme, les vertus qui en découlent et que Votre grâce seule peut nous faire pratiquer.
Nous l'implorons de Vous, Seigneur, par l'intercession de Marie, notre Bonne et puissante Mère.
Ainsi soit-il.
29ème jour
Les cinq Mystères Joyeux
Quoiqu'on trouve dans la plupart des livres de prières, et dans de petits traités spéciaux, un aperçu des considérations et des affections propres à chaque mystère, ainsi que le fruit ou la vertu qui en découle, nous croyons faire plaisir aux lecteurs de ce Mois en leur faisant connaître une manière de faire cette méditation en forme d'élévation.
Premier Mystère Joyeux : l'Annonciation de la sainte Vierge
Ajoutez après le mot « Jésus », dans chaque Ave : « Qui s'est fait homme pour nous ».
Dans ce premier mystère joyeux, représentez-vous l'envoyé de Dieu, l'archange Gabriel qui annonce à Marie le choix que le Seigneur a fait d'elle pour être la Mère de Dieu, et qui lui révèle comment va s'accomplir ce sublime mystère. Paroles de la sainte Vierge : Voici la servante du Seigneur qu'il me soit fait selon votre parole.
Fruit : La vertu d'humilité.
Élévation au Verbe Incarné : O Verbe si élevé au-dessus des Cieux, et qui Vous abaissez jusqu'à descendre dans le sein d'une Vierge, quels sentiments de joie et de reconnaissance ne Vous dois-je pas, puisque Vos abaissements sont la cause de ma grandeur ? Vous avez donc voulu Vous faire homme, pour me faire devenir enfant de Dieu. Donnez-moi de connaître et d'apprécier la dignité sublime à laquelle Vous m'avez élevé; et faites-moi la grâce de conserver toujours dans mon cœur, une tendre et vive reconnaissance pour le mystère ineffable de Votre Incarnation.
Élévation à Marie : O Vierge Sainte, choisie de Dieu pour être le premier Temple de notre Divin Rédempteur, Vous confondez mon orgueil par Votre humilité, comme Votre Divin Fils par Son anéantissement; obtenez-moi, avec un profond sentiment de mon néant, une participation de votre foi vive qui a sauvé le monde. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Deuxième Mystère Joyeux : la Visitation de Marie
Ajoutez après le mot « Jésus » : "Que Vous avez porté en visitant Sainte Elisabeth"
Représentez-vous Marie, qui, dès qu'elle a conçu Jésus-Christ, part et marche avec promptitude vers les montagnes pour aller visiter à Hébron sa cousine Elisabeth. La présence de Jésus en Marie fait tressaillir et sanctifie Jean-Baptiste. Elisabeth prophétise, et Marie prononce le sublime cantique de l'humilité, de la reconnaissance et de l'amour.
Fruit: La charité et le zèle.
Élévation à Jésus : O Jésus vivant en Marie, qui l'avez portée, par un secret instinct, à faire humblement la première visite à Elisabeth, afin de répandre Vos grâces dans la maison de Zacharie; faites éprouver à mon âme Vos saintes opérations, afin que je ressente l'humble étonnement de Votre présence, les saints transports de Vos divins attraits et la douce paix de Votre ineffable possession.
Élévation à Marie : O Vierge Sainte, bénie entre toutes les femmes, obtenez-moi de Votre Divin Fils la grâce de correspondre promptement à Ses divines inspirations, et d'y être toujours fidèle; afin que mon esprit ravi de sa présence, tressaille de joie, et ne cesse d'exalter les magnificences de Sa toute puissance et de Ses Divines Miséricordes. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Troisième Mystère Joyeux : la Naissance de Jésus-Christ
Ajoutez après « Jésus » : « Que Vous avez enfanté demeurant Vierge ».
Représentez-vous Jésus, naissant dans l'étable de Bethléem, au milieu de la nuit, couché dans une crèche, exposé aux rigueurs de l'hiver et aux injures de l'air; les Anges qui l'annoncent, les bergers qui l'adorent avec Marie et Joseph.
Fruit : La pauvreté et le détachement.
Élévation à Jésus : O adorable Sauveur! qui venez nous apporter tous les biens du ciel, laites dès ce moment régner dans mon cœur l'aimable innocence, l'admirable simplicité et la foi vive des bergers; je vous adore avec eux, uni à Joseph et à Marie votre mère; et je veux conserver précieusement le souvenir de ce mystère et les prémices de votre amour.
Élévation à Marie : O très pure Mère de Dieu, faites, par Votre intercession auprès de Votre Divin Fils, que ce Mystère, toujours présent à mon esprit, soit les délices et la consolation de ma vie, et que j'offre sans cesse à ce Dieu Sauveur la Charité d'un cœur pur, d'une conscience droite et d'une foi sincère, comme le tribut de ma reconnaissance. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Quatrième Mystère Joyeux : la Présentation de Jésus au Temple
Ajoutez après « Jésus » : « Que vous avez offert en sacrifice dans le Temple ».
Représentez-vous Marie qui présente Son Fils au Temple et l'offre à Dieu, par les mains du grand-prêtre, comme un Précieux Holocauste et les prémices du Sacrifice sublime qui doit désarmer la Justice Divine.
Fruit : L'obéissance et le bon exemple.
Élévations à Jésus : O mon Sauveur, Roi du Ciel et de la terre, Vous Vous soumettez à uneLoi qui n'est faite que pour les pécheurs, afin de me donner une leçon sublime d'humilité, de soumission et d'obéissance. Combien je serais ingrat, si je ne sacrifiais pas à Votre Divine Volonté toutes mes affections personnelles, et si je ne m'attachais pas à suivre Vos exemples par une fidélité constante et invariable aux préceptes de Votre Eglise. O Dieu de bonté ! Ne permettez pas que je sois infidèle à mes devoirs.
Élévation à Marie : O Mère de Jésus, fidèle et parfaite image du Sacrifice de Votre Fils, offrez-moi avec Lui; et obtenez-moi de consacrer à Dieu mes passions les plus chères, par un sacrifice entier de tout moi-même, afin que Jésus-Christ soit l'unique objet de mes vœux les plus ardents et de mes plus tendres affections. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Cinquième Mystère Joyeux : le recouvrement de Jésus dans le Temple
Ajoutez après « Jésus » : « Que Vous avez retrouvé dans le Temple ».
Représentez-vous Marie et Joseph qui ayant été, selon la loi, célébrer la fête de Pâques à Jérusalem, perdirent l'enfant Jésus, et ne le retrouvèrent qu'après trois jours de pénibles recherches , dans le temple , au milieu des Docteurs qu'il écoutait, interrogeait, et étonnait par la sagesse de ses questions et de ses réponses.
Fruit : Le zèle pour le salut.
Élévation à Jésus : O Divin Enfant qui avez voulu nous apprendre qu'il faut tout quitter pour nous instruire, et accomplir l'œuvre de Dieu quand Il nous appelle; imprimez dans mon cœur la crainte de Vous perdre, la douleur de Vous avoir perdu si souvent, et le désir de Vous retrouver au plus tôt, si j'avais encore le malheur de Vous éloigner de moi par mes offenses.
Élévation à Marie : O Mère affligée par l'absence du meilleur des fils, et consolée ensuite par le bonheur de l'avoir retrouvé, obtenez-moi la grâce de ne le perdre jamais par le péché; de sentir vivement Son absence, si mes infidélités l'obligent à s'éloigner; et de n'avoir aucun repos jusqu'à ce que je l'aie retrouvé. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
30ème jour
Les cinq Mystères douloureux
C'est encore un des grands avantages de la dévotion du rosaire de donner occasion aux fidèles de méditer fréquemment la passion de notre divin Sauveur ; l'introduction du mois d'Avril montre l'utilité de cette méditation journalière, en prouvant qu'elle est un moyen très efficace pour nous retirer du péché, pour nous empêcher d'y retomber, et pour nous faire faire de grands progrès dans la vertu ; que c'est, en outre, un exercice extrêmement agréable à Jésus-Christ, et une pratique très consolante pour nous.
Lorsqu'on veut méditer les mystères douloureux, il est bon de se rappeler les vérités suivantes :
1° Qui est Celui qui endure ces tourments ? C'est le Fils de Dieu, c'est celui qui est l'innocence même.
2° Les tourments qu'il a à supporter sont-ils grands ? Ils sont incompréhensibles.
3° Qui l'a fait souffrir ? Ceux pour qui il s'est fait homme, son propre peuple qu'il a comblé de biens.
4° Pour qui et pour quelle cause souffre-t-il ? Pour tous les hommes en général et pour chacun en particulier ; et pour une seule cause, à savoir : le péché.
5° Quel est l'amour de celui qui souffre ? Il est infini.
6° Quelles sont les vertus principales qu'il pratique en souffrant ? La douceur, l'humilité, la patience, la force et le zèle. Il faut s'abandonner aux saintes affections dont il plaira à Dieu de toucher notre cœur, et suivre fidèlement les bonnes résolutions qu'il nous fera la grâce de prendre.
Premier Mystère Douloureux : l'agonie de Notre Seigneur au Jardin des Oliviers 
Ajoutez après le mot « Jésus », dans chaque Ave : « Qui a sué du Sang pour nous ».
Représentez-vous Notre-Seigneur dans le jardin des Oliviers, pâle, défait, méconnaissable, le front prosterné contre terre, le Cœur abîmé dans la prière, et le Corps couvert d'une sueur de Sang.
Fruit : La piété et la contrition.
Élévation à Jésus : O Jésus, par quel prodige qui étonne toute la nature humaine, Votre infinie Charité, pressée de l'ardeur immense de sauver mon âme, laisse-t-elle échapper cette sueur de Sang, qui perce Vos vêtements, ruisselle de Votre Corps et humecte la terre ! Ah ! Ce ne sont pas les supplices qui Vous font succomber au Jardin des Oliviers, c'est Votre Amour; ce sont mes péchés qui Vous donnent la mort. Je m'accuse de ce déicide ; je pleure, je gémis, je frappe ma poitrine, je tremble jusqu'au fond de ma conscience, où je trouve la cause de Votre Mort. O Dieu de bonté, venez à mon secours; détruisez en moi et arrachez le péché.
Élévation à Marie : O Mère de Dieu dont la Foi sublime ressentit si vivement la cruelle Agonie de Votre Fils, demandez-Lui pour moi une douleur extrême, une contrition parfaite d'avoir été, par mes péchés, une cause trop réelle de Sa tristesse mortelle ; et obtenez-moi de Son Amour immense, que cette sueur de Sang pénètre profondément dans mon cœur, pour l'amollir et le sanctifier. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Deuxième Mystère Douloureux : la Flagellation de Jésus-Christ
Ajoutez après « Jésus » : « Qui a été flagellé pour nous ».
Représentez-vous le Fils de Dieu, traîné de tribunal en tribunal, condamné à l'infâme supplice des esclaves ; dépouillé indignement de Ses vêtements, et déchiré à coups de fouet, par des mains impitoyables qui ne font de tout Son Corps qu'une seule plaie toute vive et ensanglantée.
Fruit : La patience et le courage.
Élévation à Jésus : O Divin Jésus, Vous Vous êtes livré, volontairement et sans réserve, au roi Hérode qui Vous traite comme un insensé ; au juge inique qui reconnaît et néanmoins condamne Votre innocence; aux bourreaux qui Vous accablent de coups. Je Vous suis, en tremblant, au milieu de tant de souffrances et d'humiliations endurées pour le Salut de mon âme. O Divin Captif attaché à un infâme poteau, brisé de coups, couvert d'ignominie, quelle douleur assez vive pourrait racheter tant d'outrages ? Couvrez-moi de Votre Sang, cachez-moi dans Vos Plaies, pour me dérober ainsi aux vengeances divines.
Élévation à Marie : O Marie dont le Cœur a si vivement ressenti les coups qui déchiraient la Chair innocente de Votre Divin Fils, obtenez-moi, je Vous en conjure, que ce Sang, destiné à être mon Salut, ne devienne pas ma condamnation; et faites que, loin d'imiter la fausse et lâche politique de Pilate, je ne sacrifie jamais ma conscience à des bienséances ou à des sollicitations contraires à mes devoirs. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Troisième Mystère Douloureux : Le Couronnement d'épines
Ajoutez après « Jésus » : « Qui a été couronné d'épines pour nous ».
Représentez-vous l'Homme de Douleur, un-vil manteau de pourpre sur les épaules, un faible roseau à la main, et sur sa tête une couronne d'épines, servant, dans ce pitoyable état, de jouet à une soldatesque brutale et impie, et livré à toute sorte de railleries, de blasphèmes, d'insultes, d'affronts et d'hommages dérisoires et sacrilèges.
Fruit : La mortification et la fuite des plaisirs.
Élévation à Jésus : O Jésus, Victime humblement dévouée à tous les excès, objet des outrages les plus sanglants, de la dérision la plus insolente et des traitements les plus ignomineux, Votre vêtement est donc un vil lambeau de pourpre, Votre sceptre un frêle roseau, Votre diadème une couronne d'épines entrelacées, dont une soldatesque sacrilège émousse dans Votre Tête Sacrée toutes les pointes, en l'y enfonçant avec un raffinement de cruauté inouïe. O Roi de Gloire ! dans quel état je vois ce Visage autrefois si majestueux, qui ravissait le Ciel et la terre ! Comment oserais-je le contempler sans frémir dans tous mes membres ? Ah ! Pénétrez ma chair d'une douleur si vive, mon cœur, de regrets si amers, que je ne cesse de verser des torrents de larmes, au récit de Vos tourments, pour y compatir et expier la part que j'y ai prise par mes offenses réitérées.
Élévation à Marie : O Mère de Douleur, dans quelle tristesse et quelle affliction a dû Vous plonger le spectacle déchirant de Votre Fils couronné d'épines. Quelle angoisse mortelle Vous avez dû ressentir de Ses douleurs inconcevables ? O abîme d'un Amour immense ! donnez-moi de sentir vivement l'amertume de Votre Douleur, afin que je mêle mes pleurs avec les Vôtres, et que mon amour pour Votre Fils égale désormais l'horreur de mes péchés. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Quatrième Mystère Douloureux : le portement de la Croix
Ajouter après « Jésus » : « Qui a porté la Croix pour nous ».
Représentez-vous Notre-Seigneur portant sur Ses épaules l'infâme instrument de Son Supplice, ramassant toutes Ses forces pour traîner la Croix jusqu'au Calvaire, et laissant partout des traces de Son passage, par le Sang qui coule de Ses plaies dans les rues de Jérusalem et sur toute la voie où Il passe.
Fruit  : La compassion.
Elévation à Jésus : O Divin Sauveur, ce n'était donc pas assez pour Vous d'être contraint de marcher, comme un vil criminel, entre deux scélérats; Vous devez porter porter Vous-même l'infâme instrument de Votre Supplice, au milieu des outrages et des imprécations de la multitude, comme pour faire amende honorable des crimes dont vous vous êtes chargé. Accordez-moi la grâce de porter, comme le Cyrénéen, la Croix avec Vous. O Jésus, j'accepterai désormais, avec joie, des mains de Dieu, les croix qu'il plaira à Sa Providence de m'envoyer. Combien elles seront douces et légères, en les comparant à la pesanteur de la Vôtre, Divin Jésus !
Élévation à Marie : O généreuse Mère, qui avec les Saintes Femmes, suiviez Votre Divin Fils, à la trace de Son Sang, je dois, pour suivre Son conseil, pleurer sur moi. sur mes égarements, et sur les maux qui sont la peine du péché. Mais, pour me préserver des châtiments de la Justice Divine, faites que je sois pénétré, devant Dieu, des plus vifs et des plus sincères sentiments de compassion, de pénitence, de douleur, de reconnaissance et d'amour. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Cinquième Mystère Douloureux : le Crucifiement de Jésus-Christ
Ajoutez après « Jésus » : « Qui est mort sur la croix pour nous ».
Représentez-vous le grand spectacle de la Croix : Jésus Crucifié, ayant les mains et les pieds percés de gros clous, insulté par des bourreaux qui ajoutent aux souffrances les plus atroces, la plus inhumaine ironie. Ecoutez les paroles de Jésus en croix, et voyez-Le rendre le dernier soupir.
Fruit : La persévérance.
Élévation à Jésus : O Divin Sauveur crucifié, à la vue de Vos Plaies et de Vos souffrances inouïes, je suis saisi d'horreur, et je ne puis qu'admirer Votre ineffable Charité. Doux et Aimable Jésus, faites que les clous qui Vous ont attaché à la Croix, me tiennent inséparablement attaché à Vous; que le fiel qu'on Vous a présenté me dégoûte du monde; que la lance qui a ouvert Votre Cœur, m'y prépare aussi une place. Croix Sainte, je me jette à vos pieds; laissez tomber sur mon cœur une goutte du Sang Adorable de mon Sauveur pour le purifier et le changer entièrement.
Élévation à Marie : O Divine Mère, de toutes les femmes la plus désolée, qui pourrait exprimer Votre profonde Douleur ? Et quel cœur serait assez dur, assez insensible pour ne pas compatir à Votre affliction ? Ah ! n'oubliez pas que Votre Divin Fils, dans son dernier adieu, nous a tous donnés à Vous en la personne de Saint Jean pour être Vos enfants adoptifs. O Marie, ma mère, ne permettez pas que j'oublie jamais tout ce que je dois à Jésus, mon aimable Sauveur. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
31ème jour
Les cinq Mystères Glorieux
Premier Mystère Glorieux : la Résurrection de Jésus-Christ
Ajoutez après « Jésus »: « Qui est ressuscité pour nous ».
Représentez-vous Jésus ressuscitant par sa propre vertu, le troisième jour après sa mort, et sortant du tombeau tout rayonnant de gloire, pour nous associer à Son triomphe.
Fruit : Le changement de vie, c'est-à-dire, la résurrection spirituelle.
Élévation à Jésus : O Divin Rédempteur, dans un Mystère où Vous triomphez de tout, triomphez aussi de mon cœur, et ne permettez pas que je demeure dans le tombeau du péché. Sauveur adorable, faites un dernier effort de Bonté et de Miséricorde ; fendez le rocher de mon cœur; les pierres mêmes ne Vous résistent pas. Parlez, Seigneur, et votre voix pénétrera au fond du tombeau, et m'élèvera, avec Vous, au-dessus de la corruption de mes vices, pour être un nouveau trophée de Votre Victoire.
Élévation à Marie : O Marie, la plus heureuse des mères, à la vue de Votre Divin Fils ressuscité, l'amertume de Votre Douleur a été changée en un sentiment de joie ineffable. A Dieu ne plaise que je veuille changer Votre joie en deuil et en tristesse ! Mais j'ai besoin de Votre secours, pour m'affermir dans les plus saintes résolutions; daignez donc m'obtenir la grâce de manifester en moi la vie glorieuse de Jésus-Christ, afin que ma conduite soit, aux yeux de tous, une image vivante et un témoignage solennel de Sa Résurrection. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.

Deuxième Mystère Glorieux : L'Ascension de Jésus-Christ
Ajoutez après « Jésus » : « Qui est monté au Ciel ».
Représentez-vous Jésus-Christ accompagné de Ses disciples sur le Mont des Oliviers, les bénissant et s'élevant au Ciel en leur présence, porté sur une nuée qui le dérobe à leurs yeux, et après leur avoir dit : « Voici que Je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles ».
Fruit : Le désir du ciel et le mépris dit monde.
Élévation à Jésus : O Divin Jésus qui êtes monté au ciel pour m'y préparer les grâces que Vous me réservez ; accordez-les-moi et répandez sur moi avec profusion toute sorte de bénédictions spirituelles, afin qu'après avoir été ici-bas pur et saint en Votre présence, je puisse entrer aussi un jour dans les demeures éternelles et m'y asseoir sur un trône de gloire.
Élévation à Marie : O Marie, je suis voire enfant adoptif, et, en vertu de cette adoption, Votre Divin Fils est monté au Ciel pour m'y préparer une place; obtenez-moi la grâce de la mériter par l'ardeur de mes désirs, par la ferveur de mes prières et par l'innocence de ma vie, afin que je puisse un jour entrer en possession de ce céleste héritage. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.

Troisième Mystère Glorieux : La Descente du Saint-Esprit sur les Apôtres
Ajoutez après « Jésus » : « Qui a envoyé le Saint-Esprit ».
Représentez-vous Jésus-Christ assis à la droite de son Père et envoyant, selon sa promesse, son Esprit-Saint qui descend et s'arrête sur chacun de ses Apôtres sous la forme de langue de feu. Rappelez-vous les effets que cette descente du Saint-Esprit produisit.
Fruit : Le recueillement et la pureté.
Élévation à Jésus : O Divin Sauveur, aimable Jésus, qui, pour mettre le dernier sceau à l'œuvre de notre rédemption, avez envoyé Votre Esprit-Saint pour éclairer, purifier et embraser nos âmes ; faites-Le descendre au fond de mon cœur, avec toute la plénitude de ses dons et l'abondance de Ses grâces. O Esprit consolateur, Don du Très-Haut, Doigt de Dieu, Source de Lumière, renouvelez en moi les effets que Vous produisîtes dans les Apôtres.
Élévation à Marie : O Marie qui avez été remplie du Saint-Esprit avec les Apôtres et qui avez été digne de devenir Son plus beau sanctuaire, obtenez de Votre Divin Fils que je sois toujours docile aux inspirations de la grâce, afin de conserver toujours, comme un dépôt précieux, les dons et les fruits du Divin Esprit. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.
Quatrième Mystère Glorieux : L'Assomption de la sainte Vierge
Ajoutez après « Jésus » : « Qui Vous a élevée au Ciel ».
Représentez-vous la Sainte Vierge dans la maison du Disciple bien-aimé où Elle termina une vie céleste dans un transport du plus tendre amour divin, et fut retirée du tombeau par les Anges qui la portèrent dans les cieux.
Fruit : L'union avec Dieu.
Élévation à Jésus : O Jésus qui avez comblé de gloire Votre Sainte Mère lors de Son Assomption, préservez-moi de la corruption des vices, afin que mon âme épurée par votre grâce, s'élève dans le Ciel après ma mort et Vous glorifie éternellement.
Élévation à Marie : O Mère de Dieu, Chef-d'œuvre de la grâce, ornée des plus sublimes vertus pour être le Temple vivant de la divinité, le terme de Votre exil est arrivé. Votre Amour, comprimé par une si longue attente, a brisé, par un dernier effort, les liens du corps ; et Votre âme affranchie s'est envolée dans les joies éternelles pour s'y reposer délicieusement au sein de la Divinité ; obtenez-moi la grâce de me détacher de toutes les choses de la terre, et de n'avoir plus d'autre désir ici-bas que d'être réuni, dans le ciel, avec Vous, pendant toute l'éternité. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.

Cinquième Mystère Glorieux : Le Couronnement de Marie
Ajoutez après « Jésus » : « Qui Vous a couronnée dans le Ciel ».
Contemplez Marie élevée au-dessus de tous les Anges et de tous les Saints, sur un trône de gloire, et couronnée par Son Divin Fils comme Reine du Ciel et de la terre.
Fruit : La confiance en la sainte Vierge.
Élévation à Jésus : O Jésus, je Vous adore dans cette gloire ineffable à laquelle Vous avez associé Marie, et dont Vous avez mesuré la communication et l'étendue sur Votre puissance et Votre tendresse. La gloire dont Vous l'avez couronnée, comme Reine du Ciel et de la terre, était tout à la fois la récompense de Ses mérites, et le glorieux apanage de Sa Maternité Divine. O mon aimable Sauveur, rendez-moi digne d'entrer aussi en participation de la béatitude des cieux. Vous voulez des âmes de foi, livrées entièrement aux opérations de Votre grâce, et fidèles à correspondre à Ses Divines impulsions. Je m'abandonne donc à Vous sans réserve, afin que mon cœur détaché de tout, devienne l'image du Vôtre.
Élévation à Marie : O Reine des Anges et des hommes, Vous êtes dans les cieux, au-dessus des Archanges et des Séraphins; Vous êtes supérieure en gloire à tous les Saints, comme Vous l'êtes en vertus et en mérites ; Votre pouvoir auprès de Votre Fils égale Votre Amour pour Lui et Votre tendresse pour nous. O Marie, Médiatrice des Chrétiens, canal de toutes les grâces, refuge des pécheurs, consolation des affligés et protectrice de tous les peuples et de tous les empires, nous nous jetons avec confiance dans le sein de Votre Miséricorde; montrez que Vous êtes notre Mère. Réciter ensuite la dizaine terminée par le Gloire au Père.

Consécration à la Très Sainte Vierge
O Auguste Reine du Ciel, je me prosterne devant Vous pour vous adresser les profonds hommages que je Vous dois, comme à la Mère de mon Dieu.
Pénétré d'une reconnaissance toute filiale, je Vous rends de solennelles actions de grâces pour tous les bienfaits que Vous m'avez obtenus du Ciel, et me consacre, ô Vierge Sainte, à votre service.
A cet effet, je prends la résolution de dire tous les jours, en Votre honneur, au moins une dizaine du Saint rosaire qui nous rappelle les Mystères de Votre Divin Fils, Vos grandeurs et Vos vertus.
Par combien de faveurs signalées n'avez-Vous pas en tout temps récompensé Vos serviteurs fidèles à réciter le rosaire !
Je me propose de Vous honorer par mon zèle pour Votre gloire, par mes prières, mon assiduité aux offices, et par la sainte et fréquente réception des Sacrements, avec le secours de Votre Sainte protection, que je réclame.
O Marie ! Je veux imiter Vos vertus, Votre amour pour le recueillement; je ne m'écarterai jamais des règles saintes de la modestie et de cette vertu qui Vous est si agréable ;
c'est par la pratique de cette belle vertu, qui nous rend semblables aux Anges, que je Vous montrerai que je suis Votre enfant, comme j'éprouverai, ô Marie, par les effets sensibles de Votre généreuse tendresse, que Vous êtes ma Mère.
Ainsi soit-il.
Source : Livre "Le mois d'octobre consacré à N.D. du Rosaire ou manuel du chapelet & du rosaire à l'usage des fidèles"

















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