Neuvaine à Notre-Dame de Laghet
Qu'est ce que la neuvaine à Notre-Dame de Laghet ?
On
se souvient à Laghet du deuxième "prodige" enregistré en 1652. Un jeune
pêcheur, fils d'une veuve de Monaco, Anne Giongons, avait été enlevé
par des pirates.
Désespérée,
la mère s'engagea, sur les conseils d'une femme de La Turbie, à venir 9
jours de suite à la petite chapelle du vallon de Laghet.
Au
second jour, Anne, épuisée, s'assoupit dans la chapelle, elle entendit
trois coups et vit en songe son fils délivré. Or, avant même la fin de
la neuvaine, il était de retour : la libération avait eu lieu au moment
même où Anne faisait ce rêve.
Parce
qu'il n'était pas possible à tous de venir 9 jours d'affilée, on en
vint à la pratique des 9 tours du sanctuaire en méditant à chaque fois
sur un des "voyages" de la Vierge Marie rapportés par la tradition
biblique et liturgiques. Mettant leurs pas dans ceux de la Vierge Marie,
les fidèles apprennent aujourd'hui encore la confiance en son Fils
Jésus, Seigneur et Sauveur.
Comment accomplir les neufs voyages de la Vierge Marie ?
Commencer
par se recueillir dans la chapelle. Demander en silence à l'Esprit
Saint d'imprimer en nous les sentiments qui furent ceux de la Vierge
Marie dans chacun de ses voyages.
Puis
se rendre devant Notre-Dame des grâces (tableau représentant Notre-Dame
de Laghet, devant lequel sont allumées les veilleuses).
Là, on lit la présentation du 1er voyage.
On prie avec la prière qui est proposée et on avance dans le cloître en commençant le "Notre Père"... puis une dizaine de "Je vous salue Marie".
Revenu, après un tour de cloître, au point de départ on dit le "Gloire au Père".
1er voyage : La présentation de Marie au Temple
Les
premiers chrétiens racontaient l'enfance de Marie entre Joachim et Anne
à Jérusalem, partageant son temps entre les tâches manuelles et la
contemplation au Temple, faisant d'elle un modèle de vie consacrée.
Par-delà
ces traditions, il est historiquement sûr que la dédicace, en 543,
d'une basilique Sainte-Marie-La-Neuve, à côté du Temple à Jérusalem, est
à l'origine de la fête de la Présentation, le 21 novembre.
Marie
enfant n'avait pas loin de la maison familiale jusqu'au Temple.
Accomplir ce premier voyage avec elle, ce n'est pas nous éloigner de la
vie normale, faire de grands actes, des "sacrifices" héroïques mais tout
simplement consacrer notre vie ordinaire en plaçant toutes nos
activités sous la lumière de la Parole de Dieu et dans le souffle de
l'Esprit.
Seigneur, comme Marie au Temple,
je me consacre à toi,
je te donne tout ce que je suis
Que cette offrande transforme
tous mes gestes quotidiens en gestes d'amour,
contribue à ta gloire et m'associe au salut du monde.
Intention :
pour que chacun réponde à l'appel du Seigneur.
2ème voyage : La visite de Marie à sa cousine Elisabeth (Luc 1, 39-56)
Marie
s'empresse auprès d'Elisabeth sa parente, enceinte après une longue
stérilité. L'enfant d'Elisabeth, le futur Jean-Baptiste, bondit dans le
sein de sa mère : déjà précurseur, il se réjouit de la venue du
Seigneur, Elisabeth s'écrie :
"Bienheureuse,
celle qui a cru aux paroles qui lui furent dites de la part du
Seigneur". Dans le Magnificat, Marie chante alors sa joie : l'humilité
est féconde et forte, plus que la jouissance. Nous prions ce cantique de
Marie :
Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur,
Il s'est penché sur son humble servante
Désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles
Saint est son Nom !
Son amour s'étend d'âge en âge
que ceux qui le craignent
Déployant la force de son bras,
il disperse les superbes,
il renverse les puissants de leur trône,
il élève les humbles. Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères,
en faveur d'Abraham et de sa race à jamais.
Intention :
pour que l'Esprit Saint ouvre nos cœurs à l'humilité.
3ème voyage : Marie se rend à Bethléem où elle met Jésus au monde (Luc 2, 1-7)
L'empereur
Auguste impose à chacun de se faire recenser en son lieu d'origine.
Joseph, avec son épouse enceinte, monte de Nazareth à Bethléem, ville de
son ancêtre David ; et là, loin de chez elle, Marie met au monde Jésus.
En Marie, bousculée par les puissants, humble et docile à sa parole,
Dieu réalise le salut dans l'humanité. Pour que Dieu naisse dans notre
vie et dans le monde aujourd'hui, avec les "Béatitudes", demandons-lui
l'humilité d'être bousculés par les hommes.
Heureux les pauvres de cœur :
le royaume des Cieux est à eux !
Heureux les doux :
ils obtiendront miséricorde !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice :
ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux :
ils obtiendront miséricorde !
Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix :
ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice :
le Royaume des cieux est à eux !
Intention :
pour que les humbles de cœur éprouvent le bonheur que Jésus promet.
4ème voyage : Marie et Joseph vont à Jérusalem présenter Jésus au Temple (Luc 2, 22-40)
Marie
et Joseph, selon ce qui est écrit dans la Loi, se rendent à Jérusalem
pour présenter Jésus à Dieu. Ils auraient pu dire que Jésus venait déjà
de Dieu pour faire exception : non, ils obéissent tout simplement à la
loi. La vraie liberté, c'est d'accomplir la volonté de Dieu. C'est de
cette liberté que témoigne le vieillard Syméon qui les accueille au
Temple tout en annonçant combien Marie devra souffrir : "Vois, ton Fils
qui est là sera un signe de division et toi-même, ton cœur sera
transpercé par une épée. Cette liberté intérieure qui nous fait accepter
la volonté de Dieu, nous la demandons en reprenant la cantique de
Syméon :
Maintenant, ô Maître,
tu peux laisser ton serviteur
s'en aller en paix,
selon ta parole,
car mes yeux ont vu le salut,
que tu préparais à la face des peuples :
lumière qui se révèle aux nations,
et donne gloire à ton peuple Israël.
Intention :
pour que l'Esprit Saint nous donne la force de faire la volonté du Seigneur.
5ème voyage : Marie et Joseph fuient avec Jésus en Égypte (Matthieu 2, 13-15)
Joseph,
averti qu'Hérode cherche à faire périr l'enfant, part précipitamment
avec Marie en Égypte pour le protéger du massacre. Ainsi la sainte
Famille va-t-elle revivre la destinée du peuple hébreu. Nouveau mystère
pascal, préfigurant la vraie Pâque, le véritable passage : mystère du
mal dont on ne sort ni par la violence, ni par la force mais par la
pauvreté.
Pour prier je peux dire :
Seigneur, au cœur des épreuves de ce monde
dans le drame que Marie et Joseph vivent
avec Jésus,
tu me fais découvrir
que ni la puissance, ni la richesse,
ni encore moins la force et la violence
ne pourront libérer les hommes de l'épreuve.
Par ton Esprit Saint fais-moi sentir ta douce présence
et apprends-moi qu'il n'est pas d'autre salut
que de donner sa vie pour ceux qu'on aime.
A l'exemple de Marie et de Joseph,
ouvre mon cœur à la confiance :
jamais tu ne m'abandonneras
et moi aussi tu me "rappelleras d'Égypte"
pour me conduire en Terre Promise.
Intention :
pour toutes les victimes de la violence et des guerres.
6ème voyage : Marie et Joseph rentrent à Nazareth où va grandir Jésus
Retourner
à Nazareth, c'est retourner dans une localité quelconque : "De
Nazareth, que peut-il sortir de bon ?" dira Nathanaël (Jean 1, 46).
Temps de l'Incarnation, de l'enracinement du Fils de Dieu dans la
création et dans l'humble histoire des hommes. Ainsi, "l'enfant
grandissait et se fortifiait, il progressait en sagesse et la grâce de
Dieu était sur lui". (Luc 2, 40). Demandons au Seigneur de faire
confiance, de savoir nous aussi prendre le temps de laisser grandir ses
dons en nous, dans l'Église et dans le monde.
Reprenons la prière eucharistique IV :
Père très saint...
tu as fait l'homme à ton image
et tu lui as confié l'univers
Tu as tellement aimé le monde
que tu as envoyé ton propre Fils
lorsque les temps furent accomplis
pour qu'il soit notre Sauveur.
Conçu de l'Esprit Saint,
né de la Vierge Marie,
il a vécu notre condition d'homme en toute chose,
excepté le péché.
Intention :
pour que tous les humains grandissent en humanité.
7ème voyage : Marie et Joseph retrouvent Jésus au Temple au milieu des Docteurs de la Loi (Luc 2, 41-51)
Quand
il monte à Jérusalem "pour la fête de la Pâque" (annonçant les "trois
jours" de la Pâque finale). Jésus a 12 ans, âge auquel un jeune juif
n'est plus un enfant, mais reste "soumis" à ses parents. De façon
abrupte, il manifeste à "ses parents" qui est son "Père". Cette
révélation de Dieu les laisse "stupéfaits".
Comme Marie, pensant avoir perdu Jésus, nous lui disons : "Vois comme nous avons souffert en te cherchant".
Comme Marie qui "garde ces évènements dans son cœur", acceptons sans bien comprendre qu'il nous parle du Père et prions-le :
Comme Marie et Joseph,
dans nos angoisses et dans nos épreuves
nous te cherchons, Seigneur Jésus.
Où es-tu ? Serais-tu loin : pourquoi cette absence ?
Alors que nous suivons ta mère,
laisse-nous te retrouver,
Ouvre-nous à l'amour mystérieux,
déroutant du Père
Lui seul nous fera dépasser
les épreuves de ce monde.
Intention :
pour tous ceux que l'épreuve, la souffrance ou la maladie désespère.
8ème voyage : Marie accompagne Jésus jusqu'au Calvaire (Jean 19, 25-27)
Ils
sont bien peu à avoir suivi Jésus jusqu'au Calvaire : sa mère, la sœur
de sa mère, Marie Madeleine et le "disciple que Jésus aimait". Jésus
confie sa mère à l'ami le plus proche : geste bien naturel car Marie n'a
pas d'autre fils et, comme le croit la tradition, Joseph est déjà
décédé. Pourtant, ce geste a un sens plus profond : en disant oui à
Nazareth, Marie devenait Mère du Fils de Dieu dans sa chair humaine ; au
pied de la croix, elle devient Mère des disciples qu'il aime, Mère du
Corps du Christ qui est l'Église. En elle, nouvelle Ève, nait l'humanité
rachetée qui dit oui à Dieu. Nous prions :
Même quand éclate l'épreuve
et que se déchaîne la haine,
même quand il faut pardonner,
garde-moi, Seigneur,
dans l'amitié que tu as scellée avec moi
lors de mon baptême ;
Que Marie, ta Mère que tu nous as donnée
au pied de la croix comme notre Mère,
m'apprenne à aimer comme toi, jusqu'au bout.
Intention :
pour que les chrétiens soient totalement fidèles à l'Évangile.
9ème voyage : L'Assomption de Marie aux cieux
Marie
ne meurt pas, elle est "prise", (c'est le sens en latin du mot
"assomption") dans la gloire. Pour l'affirmer, la foi s'appuie non sur
l'Écriture mais sur le fait que Marie, "comblée de grâce", a adhéré
parfaitement à la mission de Jésus ; comme il est glorifié dans toute
son humanité, ainsi sa Mère, au "ciel". Étape ultime et logique de
l'aventure de Marie, l'Assomption n'est pas comme les autres voyages,
déplacement spatial, matériel, mais changement spirituel : comme le
Christ ressuscité, par l'Esprit, elle est transformée dans la gloire du
Père.
Privilège
de Marie, l'Assomption anticipe aussi notre propre transformation en
Celui qui s'est uni à nous lors de notre baptême. Faire ce voyage avec
Marie, c'est entrer dans l'espérance que notre unité avec le Christ
aujourd'hui, nous conduit à la Vie définitive avec lui.
Nous chantons cette espérance avec le psaume 26 :
J'en suis sûr, je verrai
les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
Espère le Seigneur,
sois fort et prends courage ;
Espère le Seigneur.
Intention :
pour tous les défunts et ceux qui s'approchent de la mort.
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