Le mois des âmes du purgatoire : 23 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 23 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 23 novembre

Source : Livre "Mois des âmes du purgatoire ou méditations, prières et exemples pour le mois de novembre"

XXIIIe JOUR
Suite du même sujet.
On offrira en mon nom une victime sans tache.

Ier Point. Il s'est immolé sur l'autel de la croix pour glorifier son Père, et son Père l'a glorifié lui-même, en faisant de l'instrument de son supplice le trône de sa gloire, le sceptre avec lequel il régit le monde et le soumet à son empire, l'arme avec laquelle il terrasse ses ennemis, la clef avec laquelle il ferme l'enfer et ouvre à son gré le purgatoire et le ciel. Le Sauveur continue tous les jours sur l'autel le sacrifice offert pour la première fois sur la croix, et en le continuant, il se rend à lui-même, et il rend à son Père une gloire infinie.
Pour comprendre quelle est la gloire qui revient à Jésus-Christ de son sacrifice et de son immolation sur la croix et sur l'autel, il faut poser en principe que toute la gloire d'un être dépendant d'un autre vient de sa soumission à l'être dont il dépend. Ainsi, comme le corps dépend de l'âme, sa gloire ou sa perfection est de lui être soumis. Il en est de même de tous les êtres subordonnés, ils n'atteignent leur perfection ou leur gloire qu'en se soumettant aux êtres qui les dominent.
Jésus-Christ, par sa nature divine, est égal en tout à son Père, et son Père n'est pas au-dessus de lui. Mais il est constant qu'en s'unissant à la nature humaine, en la prenant dans l'adorable mystère de l'Incarnation, notre divin Sauveur s'est mis au-dessous de son Père. Il le proclame hautement, et en fait lui-même un article de notre foi, lorsqu'il dit dans le saint Évangile : « Mon Père est plus grand que moi. » D'où il faut conclure que la gloire de Jésus-Christ en tant qu'homme consiste dans sa parfaite soumission à son Père.

Or, quand Jésus-Christ est-il plus soumis à son Père, quand il se faît victime, se sacrifie, s'immole, s'anéantit en quelque sorte pour témoigner sa dépendance ? Sa soumission ne saurait aller plus loin, elle ne peut descendre au-dessous de l'immolation ou du néant. Et Jésus-Christ est véritablement immolé au saint sacrifice de la messe. « Quand nous sacrifions, dit saint Ambroise, Jésus-Christ est présent , il est immolé ; la voix du prêtre est comme le glaive qui divise la victime. Ces quatre paroles : Ceci est mon corps, mettent le corps adorable de Jésus d'un côté. Le sang n'est sous l'espèce du pain, d'après la théologie que par concomitance. Ces autres paroles : Ceci est mon sang, mettent le sang de Jésus-Christ d'un autre côté, et ce n'est également que que par concomitance que le corps du Sauveur se trouve sous l'espèce du vin. Les paroles de la consécration sont pratiques, elles n'opèrent directement par leur propre force que ce qu'elles signifient. Ainsi, si les apôtres eussent consacré au temps de la mort du Sauveur, ces paroles : « Ceci est mon corps, » n'eussent produit que le seul corps de Jésus-Christ, séparé de l'âme et du sang sous l'espèce du pain, et celles-ci : « Ceci est mon sang, » n'eussent également produit que le sang, séparé de l'âme et du corps sous l'espèce du vin. Mais comme Jésus-Christ ressuscité ne doit plus mourir, et comme toutes les parties qui composent son humanité sont désormais inséparables, bien que la consécration du pain ne produise que son corps, et que celle du vin ne produise que son sang, par la vertu des paroles que prononce le prêtre, Jésus-Christ, cependant, se trouve tout entier sous l'espèce du pain, et tout entier sous l'espèce du vin.
Si l'immolation est le plus haut témoignage de dépendance que l'on puisse donner, si la soumission poussée jusqu'à cette dernière limite est la perfection et la gloire de l'être dépendant, il suit de là que Jésus, par son sacrifice, est arrivé au suprême degré de la perfection, et que rien n'est plus glorieux pour le Fils de Dieu, que d'être immolé à la gloire de son Père. Mais par un retour admirable, rien n'est plus glorieux pour le Père que d'être honoré par le sacrifice de son propre Fils.
Mais quelle est la gloire qui revient à Dieu du sacrifice de son divin Fils ? Ah ! elle est au-dessus de toute gloire ; par ce sacrifice on offre à Dieu, le premier, le plus grand, le plus excellent de tous les actes religieux, un culte qui n'est dû qu'au maître souverain de la vie et de la mort, et qui ne peut être rendu ni à la sainte Vierge, ni aux anges, ni aux saints.
Ce n'est pas le sacrifice de l'encens le plus pur, d'un agneau sans tache, d'une innocente colombe, c'est le sacrifice d'un Dieu immolé. Et comment notre divin Sauveur s'immole-t-il au saint sacrifice de la messe ? De la manière la plus miraculeuse. Il se détruit lui-même autant qu'il le peut. Considérez-le sur l'autel. Il est mort, non pas, il est vrai, d'une mort naturelle, comme celle à laquelle il se soumit sur le Calvaire, son corps immortel et glorifié ne peut plus mourir, mais d'une mort apparente, mystique et sacramentelle. En effet, il est tout entier sous les saintes espèces, et il y est avec tous ses membres, avec tous ses sens, et il n'en fait nul usage, tout est caché, tout est mort, tout est en quelque sorte anéanti. 0ù sont ses pieds, ses mains, ses yeux, ses oreilles, son cœur ? Nous n'en pouvons rien découvrir, et pourtant il nous voit, il nous entend, il nous appelle, il nous bénit. Il fait plus, il se donne à nous, et qu'arrive-t-il alors ? Les saintes espèces se consument, la victime disparaît et le sacrifice est consommé.

0 amour infini d'un Dieu pour de misérables créatures, et en même temps, o gloire infinie pour le Dieu a qui est offert une semblable victime. Un Dieu immolé aux pieds d'un Dieu ! un Dieu comme anéanti pour rendre hommage à un Dieu ! Tel est le prodige qui se renouvelle des milliers de fois chaque jour par le saint sacrifice de la messe.
Ainsi, Dieu est plus glorifié par une seule messe que si nous brûlions sur les autels tout l'encens et tous les parfums du monde, plus glorifié que si nous lui offrions des millions de victimes, et par la seule oblation de l'adorable sacrifice de nos autels, sa justice est plus satisfaite qu'elle ne le serait par l'immolation de tous les êtres de l'univers. Aussi le Seigneur, en considérant dans l'avenir cet auguste sacrifice, nous dit, par l'organe de son prophète, qu'il ne peut plus agréer les offrandes de son peuple. Que pouvait, en effet, lui offrir le peuple juif, qui fut digne de son infinie majesté ? De l'encens ? il se dissipait en fumée. Des prémices ? ce n'étaient que des fruits qui se corrompaient en quelques jours. Des victimes ? mais en quoi leur sang pouvait-il le glorifier ? Ah ! pour honorer, pour glorifier dignement un Dieu, il fallait que ce fut un Dieu qui l'honorât et qui le glorifiât. Pour reconnaître son souverain arbitre, il fallait qu'une victime divine lui immolât sa propre vie.

IIe Point. Puisque le saint sacrifice de la messe est de tous les actes religieux celui qui glorifie le plus notre Dieu, qui l'honore davantage et qui lui est le plus agréable, nous devons en conclure qu'il n'en est aucun qui soit aussi capable d'attirer sur nous ses grâces et ses bénédictions, et de le disposer à nous accorder les faveurs que nous sollicitons de sa bonté. Concluons-en de même que c'est le moyen le plus sûr, le plus infaillible de soulager les âmes du purgatoire.
En effet, tous les moyens que nous avons indiques jusqu'à présent, comme la prière, l'aumône, la souffrance, la communion, demandent de ceux qui les emploient des dispositions particulières. Pour qu'ils soient efficaces, il faut être en état de grâce Ainsi priez, faites l'aumône, souffrez, jeûnez, si vous êtes privé de la grâce, tout cela est inutile et ne sert pas au soulagement des âmes du purgatoire. Mais il n'en est pas de même du saint sacrifice de la messe, il a toujours son efficacité ; quelles que soient les dispositions de celui qui y assiste, quelles que soient celles du prêtre qui l'offre, il soulage infailliblement les âmes pour lesquelles il est célébré ; car toute l'efficacité du saint sacrifice de la messe venant de ce qu'il est offert en la personne et au nom de Jésus-Christ, il ne peut manquer d'être toujours infiniment agréable à Dieu. Dieu ne regarde pas si les mains du prêtre sont souillées, si son cœur est pur, il ne voit que les mains innocentes de son Fils bien-aimé, il n'entend que la voix de son divin cœur, car lui seul est la victime et le seul véritable sacrificateur.
Nous voyons, d'après ce que nous venons de dire, que le saint sacrifice de la messe est le moyen le plus sûr de soulager les âmes du purgatoire. Ajoutons qu'il est encore le plus facile.
Voulez-vous briser les portes du purgatoire et ouvrir celles du ciel aux âmes qui vous sont chères, écoutez le conseil qui nous est donné par le vénérable Pierre, abbé de Celles : « Quand l'agneau de » Dieu, dit-il, est offert et sacrifié, trempez votre doigt » dans son sang immaculé, levez-le vers le ciel, et que le sang de Jésus-Christ vous soit une clef pour  en faire l'ouverture. Les portes du ciel ne sauraient résister à la puissance de ce sang divin. A sa vue, les anges s'empressent de les ouvrir, ils se prosternent devant lui avec tremblement, ils l'adorent, et descendant au fond de l'abîme, dans le purgatoire, ils en délivrent les âmes, car il n'y a rien de fermé qu'ils ne puissent ouvrir par la vertu du sang de Jésus-Christ. 
Lorsque vous assistez au saint sacrifice de la messe, offrez-le à Dieu pour les saintes âmes du purgatoire ; priez-le, au nom des mérites et du sang adorable de son divin Fils, d'avoir pitié de vos parents, de vos amis, des âmes pour lesquelles vous avez pu être une occasion de scandale et de péché, et qui expient peut-être par de cruels tourments les fautes que vous leur avez fait commettre, et la vertu du saint sacrifice se répandra sur elles ; le sang de l'Agneau sans tache descendra sur elles comme une douce et rafraîchissante rosée. Mais ne vous contentez pas d'offrir le saint sacrifice de la messe pour les âmes du purgatoire ; lorsque vous y assistez, faites-le célébrer à leur intention, c'est le plus sur moyen d'abréger leurs souffrances et d'y mettre fin. Ah ! que vous seriez coupable de refuser d'employer un moyen si facile de mettre un terme aux tourments de ces âmes que vous avez aimées, que vous aimez encore, et qui du fond de leur brûlante prison vos adressent des prières aussi ardentes que le feu qui les purifie, et vous demandent, par les entrailles du Sauveur crucifié pour vous et pour elles, d'avoir pitié de leurs tourments, et de leur venir en aide en faisant offrir quelquefois le saint sacrifice de la messe en leur faveur.
Ah ! que personne ne soit insensible aux souffrances des saintes âmes du purgatoire ; que chacun se souvienne que notre adorable Sauveur a versé son sang pour éteindre le feu qui les brûle ; que pour adoucir leurs douleurs il a offert son corps innocent aux fouets, aux épines, aux clous, à toutes les tortures ; il est mort sur un gibet d'une mort ignominieuse et cruelle pour les faire jouir d'une immortalité bienheureuse, et quelque coupable que nous soyons, fussions-nous le plus grand pécheur de l'univers, nous pouvons faire jouir ces saintes âmes de tous ces bienfaits en leur appliquant, par le saint sacrifice de la messe offert en leur faveur, les mérites infinis du Rédempteur. Faisons donc pour elles ce que demain, peut-être, nous serons bien aises qu'on fasse également pour nous, et souvenons-nous que Dieu, dans son infinie justice, permettra que la mesure de notre charité envers les morts soit la mesure de celle que les vivants auront un jour pour nous.

PRIÈRE.
0 Jésus, adorable victime, qui vous êtes immolé pour le salut du monde, vous dont le sang a payé notre rançon, dont les souffrances ont pleinement satisfait à la justice de votre Père, souffrez que, prosterné au pied de cet autel où vous renouvelez encore le sacrifice de la croix, je vous offre à votre Père, ô Agneau sans tache, non-seulement pour mon salut, mais encore pour celui de mes frères ; souffrez surtout que je lui offre toutes vos souffrances, tous vos mérites pour les saintes âmes du purgatoire qui n'ont pas encore entièrement acquitté tout ce qu'elles doivent à sa justice, parlez vous-même en leur faveur, élevez pour elles, vers votre Père, vos mains percées de clous, montrez-lui votre cœur ouvert pour leur amour, votre tête couronnée d'épines, votre corps couvert de meurtrissures et de plaies, offrez-lui pour leur délivrance une seule goutte du sang que vous avez prodigué pour elles, et aussitôt sa justice, pleinement satisfaite, laissera un libre cours à sa miséricorde ; les chaînes de fer qui retiennent loin de vous ces âmes qui vous sont si chères se briseront, et libres, pures de tontes souillures, elles s'envoleront vers le ciel en chantant un cantique d'actions de grâces, de reconnaissance et d'amour envers leur divin libérateur. Ainsi soit-il.

EXEMPLE
Parmi les étudiants des cours supérieurs de l'université de Cologne, on distinguait deux religieux dominicains liés d'un même attrait pour la sainteté ; l'un était le bienheureux Suzo. Quand ils eurent terminé leurs études, étant à la veille de se séparer, ils se promirent mutuellement que le premier des deux qui mourrait aurait droit chaque semaine, de la part de l'autre, le lundi, à une messe de Requiem, et le vendredi à une messe de la passion, autant que le permettraient les rubriques. Après que tous deux eurent servi Dieu avec la plus édifiante ferveur, pendant plusieurs années, Suzo reçut la nouvelle de la mort de son ami. Il pria beaucoup pour lui, s'imposa de grandes mortifications, mais oublia totalement d'acquitter les messes convenues. Un matin qu'il méditait à l'écart, son ami lui apparaît, et le regardant affectueusement, lui reproche néanmoins d'avoir été infidèle à une parole donnée. Le bienheureux surpris cherche à s'excuser de son involontaire oubli, sur les oraisons et les mortifications qu'il faisait pour une âme dont le salut lui était aussi cher que le sien. « 0h ! non, mon frère, cela ne suffit pas, reprit l'âme souffrante, c'est le sang de Jésus-Christ qu'il faut pour éteindre les flammes dont je suis consumé ; c'est l'auguste sacrifice qui me rachètera de mes épouvantables tourments ; je vous conjure de tenir votre parole. » Pour réparer sa faute involontaire, Suzo s'empressa de lui promettre un nombre plus considérable de messes qu'il ne s'était primitivement engagé à dire.
Dès le lendemain, plusieurs prêtres avertis par le bienheureux, s'unirent à lui au saint autel, et continuèrent plusieurs jours de suite cet acte de charité. Au bout de ce temps, le défunt revint ; une vive et pure lumière l'environnait, la joie brillait sur ses traits : « Je vous rends grâce, mon fidèle ami, du soulagement que je vous dois, dit-il ; me voici, grâce au sang du Seigneur Jésus, délivré de l'expiation, et je monte au ciel où je pourrai contempler Celui que nous avons si souvent adoré ensemble sous les voiles eucharistiques. » Suzo se prosterna à son tour pour remercier Dieu, et comprit mieux que jamais le prix inestimable du très-saint sacrifice de l'autel. [Histoire de saint Dominique, Ferd. de Castille, IIe partie, l. H, ch. 1.)

PRATIQUE.
Faire offrir souvent le saint sacrifice de la messe en faveur de nos parents et de nos amis décédés.








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