Le mois des âmes du purgatoire : 22 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 22 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 22 novembre

Source : Livre "Mois des âmes du purgatoire ou méditations, prières et exemples pour le mois de novembre"

XXIIe JOUR
Le saint sacrifice de la Messe, cinquième moyen de soulager les âmes du purgatoire.
Le sang des boucs et des taureaux, ne vous était plus agréable, et j'ai dit : Me voici, pour accomplir votre volonté.

Ier Point. « Il y a, dit un pieux auteur, entre le sépulcre et le purgatoire plus d'un rapport mystérieux. Le sépulcre est comme le purgatoire du corps, et le purgatoire est comme le sépulcre de l'âme. Dans le sépulcre, le corps se dissout et se transforme ; dans le purgatoire, l'âme se purifie et se transfigure. Le sépulcre tire vengeance des excès commis par le corps, le purgatoire fait justice des fautes commises par l'âme. Dans le sépulcre le corps attend le signal de la résurrection donné par la trompette des anges, car la trompette sonnera, a dit le grand apôtre, et les morts sortiront de leurs tombeaux. Dans le purgatoire les âmes attendent la résurrection de la bouche des hommes (l). »
Mais comment pouvons-nous ressusciter ces âmes ? Par la vertu de celui qui a dit : « Je suis la résurrection et la vie. Jésus-Christ est devant un tombeau ; le mort qu'il renferme exhale déjà l'odeur de la putréfaction. Jésus jette un cri, Lazare sort du tombeau, et Lazare est ressuscité. Le sang de Jésus-Christ a plus de puissance encore que sa parole ; il ressuscite les âmes ; servons-nous de ce sang adorable par le saint sacrifice de la messe ; et si nous ne ressuscitons pas les saintes âmes du purgatoire à la vie, puisqu'elles la possèdent par la grâce dans laquelle elles sont confirmées, nous les mettrons en possession de la vie bienheureuse, dont celle de la grâce est pour elles le gage certain. »
De tous les moyens que nous avons indiqués jusqu'ici pour le soulagement des âmes du purgatoire, aucun n'est aussi puissant, aussi efficace que le saint sacrifice de la messe, dont nous allons nous occuper aujourd'hui. C'est un article de notre foi, et pour comprendre la vertu de cet adorable sacrifice, rappelons-nous ce qu'étaient ceux de l'ancienne alliance.
Il y avait autrefois trois sortes de sacrifices, l'holocauste, le pacifique et le propitiatoire. L'holocauste, dans lequel la victime était entièrement détruite et consumée par le feu, s'offrait pour rendre à Dieu le culte et les adorations qui lui sont dues, et pour reconnaître son souverain domaine sur toutes les créatures. Le pacifique s'offrait, ou en actions de grâces des bienfaits reçus, et il se nommait eucharistique, ou pour demander de nouvelles faveurs, et alors il prenait le nom d'impétratoire. Le sacrifice propitiatoire s'offrait pour apaiser la justice de Dieu et pour obtenir le pardon des péchés commis, en même temps que la rémission des peines qui en sont les suites.
Le saint sacrifice de la messe est l'unique sacrifice de la loi de grâce, mais il renferme en lui seul la vertu de tous les anciens sacrifices. Non seulement il renferme toutes leurs vertus, mais il les surpasse tous en valeur et en excellence. Qu'étaient, en effet, toutes les victimes offertes à Dieu sous la loi de crainte, en comparaison de l'adorable victime que nous lui offrons aujourd'hui ; quelle valeur pouvait avoir le sang des animaux qui rougissait ces autels, si on le compare au sang divin de la rédemption qui, tous les jours et à chaque instant du jour, coule pour sa gloire et pour notre salut, sur tous les autels du monde catholique. Ah ! tous les anciens sacrifices n'étaient agréés du Seigneur que parce qu'ils étaient la figure du grand sacrifice offert pour la première fois sur le Calvaire, et que l'Église continuera à lui offrir jusqu'à la consommation des siècles. Toutes ces victimes égorgées sur ces autels ne pouvaient lui être agréables que parce qu'elles étaient l'image de l'Agneau divin immolé sur l'autel de la croix ; ce n'était qu'en vue de ses mérites que Dieu agréait les adorations des hommes, qu'il abaissait un regard de miséricorde sur la terre, qu'il pardonnait aux coupables, et répandait ses grâces et ses bienfaits sur le genre humain.
Le saint sacrifice de la messe, qui est le même que celui de la croix, rend à Dieu une gloire infinie, et nous avons raison de dire qu'il renferme en lui seul la vertu de tous les anciens sacrifices. Il procure à Dieu un honneur que les autres ne pouvaient pas lui procurer. Il est, par lui-même, le sacrifice d'actions de grâces par excellence ; seul il a le pouvoir d'attendrir son cœur, de le toucher en notre faveur, de nous obtenir le pardon de nos fautes, et la remise des peines qu'elles nous ont fait encourir. Si le sang des boucs et des taureaux, dit saint Paul, si l'aspersion de l'eau mêlée à la cendre d'une génisse, répandue sur le peuple hébreu, suffisait pour le purifier, à combien plus forte raison le sang de Jésus-Christ, immolé sur nos autels , et présenté à Dieu par celui qui est à la fois prêtre et victime, ne doit-il pas purifier nos âmes. »
0ui, quelque grandes, quelque nombreuses que soient nos fautes, il ne faut qu'une goutte de ce sang adorable pour les effacer toutes. « Voulez-vous savoir, dit saint Augustin, ce que Dieu peut vous pardonner, voyez ce que Jésus-Christ a donné pour mériter votre pardon. Il a donné tout son sang, et rien dans le ciel, rien sur la terre ne saurait égaler la valeur de ce sang divin. Dieu peut en appeler à sa justice contre nous, il peut réclamer tous ses droits, nous n'avons rien à craindre : le sang de Jésus-Christ est suffisant pour satisfaire à tout et pour acquitter toutes nos dettes.
Mais notre dette est infinie, nos offenses ont été sans nombre, elles méritent des peines éternelles. Ne craignons rien encore et mettons toute notre confiance dans le sang de l'adorable victime que nous offrons à Dieu pour notre rançon. La vertu de ce sang est toute-puissante, elle est infinie ; une seule goutte suffit pour effacer une multitude de fautes, pour remettre une éternité de peines, et Jésus-Christ nous a prodigué cette divine liqueur, il nous l'a donnée jusqu'à la dernière goutte. Par cette oblation, dit le grand Apôtre, il a consommé la sanctification des âmes pour l'éternité.

IIe Point. Le saint sacrifice de la messe n'est pas seulement utile aux vivants, il l'est également aux morts, et la voix toute-puissante du sang adorable de la victime sans tache que nous offrons à Dieu, ne s'élève pas seulement vers lui pour lui demander grâce et miséricorde pour les fidèles qui militent encore sur la terre, mais aussi pour les âmes des fidèles trépassés. Ce sang divin se répand sur les uns pour les soutenir et les fortifier dans les combats de la vie présente, pour les laver de leurs souillures, et les préserver d'en contracter de nouvelles. Il descend sur les autres comme une douce rosée qui les rafraîchit en tempérant l'activité des flammes qui les dévorent. Il dépend en quelque sorte de nous de l'y faire descendre non par gouttes , mais par torrents, et alors il ne tempérera pas seulement l'activité du feu qui tourmente ces saintes âmes, il l'éteindra entièrement si nos prières sont assez ferventes pour leur obtenir cette grâce. Le sang de Jésus-Christ, dit saint Bernard, est la vraie clef du paradis.
Il faut distinguer dans le saint sacrifice de la messe une triple puissance, et d'abord une puissance d'action, c'est-à-dire que cet adorable sacrifice nous communique une grâce spéciale ; cette grâce nous est donnée en proportion des dispositions que nous apportons à la recevoir.
Les théologiens nous le font entendre, quand ils nous enseignent que la grâce qui vient des sacrements correspond à la dévotion avec laquelle on s'en approche. Ainsi, un homme communie avec un degré de ferveur, il reçoit par la vertu du sacrement un degré de grâce ; il communie avec plusieurs degrés de ferveur, il reçoit plusieurs degrés de grâce ; il communie avec toute la ferveur dont il est capable, il reçoit une grâce qui est en rapport avec les dispositions de son âme.
La seconde puissance de cet adorable sacrifice est une puissance d'extension, c'est-à-dire que le fruit de la sainte Messe se multiplie selon le nombre des personnes qui y participent. Augmentez ce nombre à l'infini, il se multipliera à l'infini. Ainsi, bien que nous assistions au saint sacrifice avec une multitude de fidèles, nous recevrons la grâce avec autant d'abondance que si nous étions seul à y assister ; les trésors des mérites et du sang de Jésus-Christ sont inépuisables, tous peuvent y puiser non seulement sans en tarir la source, mais sans même les diminuer. Autrefois les victimes propitiatoires étaient offertes pour tout le peuple, et elles avaient la puissance d'opérer en même temps une multitude d'expiations ; la puissance du saint sacrifice de la Messe n'est pas moindre dans son extension ; elle ne s'étend pas seulement sur ceux qui ont le bonheur d'y assister, mais encore sur ceux qui s'y unissent, et jusqu'aux âmes des fidèles qui ont emporté la grâce de Dieu dans l'éternité, mais auxquelles il reste encore une expiation à subir.
Enfin, le saint sacrifice de la Messe a une puissance de médiation, il peut tout obtenir de Dieu. Et comment, en effet, Dieu pourrait-il refuser quelque chose à son Fils unique et bien-aimé ? à ce Fils qui s'est rendu obéissant à sa volonté, jusqu'à la mort de la croix ? à ce fils qui s'est anéanti pour le glorifier, et qui, semblable à un agneau, s'est immolé pour son amour.
« Dans les jours de sa chair, dit le grand apôtre, J.-C. offrant ses supplications et ses prières à son Père, avec des cris et des larmes, a été exaucé à cause de la grandeur de son hommage. Et, en effet, quelle éloquence ne dut pas avoir auprès de Dieu la voix de ce suppliant, couronné d'épines, déchiré de coups, couvert de blessures, et teint de son propre sang, quand dans ce suppliant il reconnaissait son Fils, ce Fils qui lui est égal en toutes choses, fit qu'il engendra de toute éternité, dans la splendeur de sa gloire.
Le suppliant qui implorait sur l'arbre de la croix, le pardon des hommes coupables, est le même qui l'implore encore chaque jour sur tous les autels où il s'immole par le ministère des prêtres, et sa voix n'est pas moins puissante aujourd'hui sur le cœur de son Père qu'elle ne l'était alors. Ah ! comment pourraient-elles ne pas toucher son cœur les prières qui lui sont adressées par cette bouche qui a été abreuvée de fiel et de vinaigre, et brûlée par les ardeurs de la soif, et qui maintenant lui fait encore amende honorable pour les outrages commis envers sa divine majesté ?
- Ces mains que Jésus élève pour nous à son Père, sont les mêmes qui ont été percées de clous, et qui ont laissé échapper les ruisseaux de sang qui ont payé notre dette à la justice divine et effacé la cédule de notre condamnation. Ce cœur qui demande notre grâce a été ouvert par une large blessure, afin que chacun de nous puisse y trouver un sûr asile, et quand il fait entendre en faveur des pécheurs la voix de son amour, leur cause est gagnée et Dieu fait descendre sur eux les flots de sa miséricorde. Oui, à la voix de ce cœur adorable, Dieu s'apaise, Satan abandonne sa proie et fuit épouvanté, les flammes du purgatoire s'éteignent, et le ciel ouvre ses portes aux saintes captives qui, libérées de toutes leurs dettes, viennent pour y bénir, pour y aimer éternellement leur divin libérateur.
L'Église sait bien quelle est la puissance, l'efficacité du saint sacrifice de la Messe ; aussi ce sacrifice adorable qui fait descendre sur elle toutes les grâces, toutes les bénédictions du ciel, n'est-il jamais interrompu. Ses ministres l'offrent à toutes les heures, à tous les instants du jour, et quand le soleil se retire de notre hémisphère, il se lève sur un autre pour éclairer l'immolation de la victime sans tache. Sous tous les cieux, sous tous les climats, du nord au midi, de l'orient à l'occident, elle est offerte à Dieu pour les vivants et pour les morts, et si Dieu, en abaissant ses regards vers la terre, la voit partout couverte de nos crimes, il la voit aussi couverte du sang de Jésus-Christ, et si les uns provoquent sa justice et appellent ses justes vengeances, l'autre appelle sa miséricorde, et les foudres de la colère de Dieu viennent se briser et s'éteindre sur les autels où s'immole son Fils.

PRIÈRE.
Comment pourrions-nous ne pas tout attendre de votre miséricorde, ô mon Dieu, puisque nous avons auprès de vous un si puissant médiateur ? Nous sommes coupables et souverainement indignes de votre clémence ; par nous-mêmes nous ne méritons que votre colère et vos châtiments. Mais celui qui sollicite notre pardon est digne de tout votre amour, puisque pour l'obtenir il s'est immolé et s'immole encore pour nous. N'a-t-il pas offert à votre justice toutes les réparations qu'elle avait le droit d'exiger. Une seule goutte de son sang eût suffi pour effacer toutes les iniquités du monde, et il l'a répandu à flots, il vous l'a offert jusqu'à la dernière goutte. Écoutez donc, Seigneur, la voix de ce sang adorable, qui ne crie pas pour demander vengeance, mais grâce et miséricorde. Jour et nuit la voix de notre divin médiateur s'élève vers le trône de votre infinie Majesté, pour vous faire encore entendre ces paroles d'une inénarrable charité, qui pour la première fois s'échappèrent de ses lèvres mourantes, alors qu'il agonisait sur l'arbre de la croix. « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. » La victime que nous vous offrons sur cet autel est la même, ô mon Dieu, qui s'immola sur le Calvaire. Voyez ses larmes, écoutez ses soupirs, souvenez-vous de ses douleurs, des plaies dont elle a été couverte, et au nom de son sang, de ses mérites, de sa mort, ouvrez en notre faveur les trésors de votre miséricorde, qu'elle se répande sur tous les rachetés du Calvaire, sur les justes pour les maintenir dans la justice, sur les pécheurs pour les convertir et les arracher à l'enfer ; qu'elle se répande surtout sur les saintes âmes du purgatoire, pour adoucir leurs peines, tempérer l'ardeur des flammes qui les dévorent, les éteindre et les laisser libres de s'envoler au ciel. Ainsi soit-il.

EXEMPLE.
Dans le monastère de Clairvaux, alors gouverné par saint Bernard, vivait un religieux peu observateur de la règle, peu attaché à la solitude, et ne craignent pas d'en sortir facilement. Ce religieux mourut. Pendant la cérémonie des obsèques, la communauté réunie autour de la bière chantait les prières accoutumées, lorsqu'un des moines, vieillard d'une éminente sainteté, crut voir une troupe de démons pleins de joie s'écrier : Nous n'avons encore pu tirer qu'une seule âme de cette indigne vallée (allusion au nom de Clairvaux), mais celle-là nous l'aurons.
La nuit suivante, le saint vieillard vit en songe le défunt, le visage abattu, poussant de profonds soupirs, qui lui dit : « Hier vous avez eu connaissance de mon supplice et de la joie des esprits infernaux ; voyez maintenant les tortures auxquelles m'a livré la justice divine pour les fautes que je n'ai pas suffisamment expiées sur la terre. Il le conduisit en esprit à un puits profond « où, dit-il, les démons me précipitent, et me retirent pour me précipiter de nouveau sans me laisser un instant de repos. » A cette révélation, le moine, saisi de tristesse, courut de grand matin en informer saint Bernard, qui, de son côté, avait eu la même apparition. Le saint abbé convoqua le chapitre et raconta à ses religieux comment Dieu pour les instruire avait permis au frère défunt de révéler son état présent. Il leur rappela l'importance de la fidélité aux petites choses dont la négligence est une tentation fréquente parmi les religieux. Il termina en demandant pour fléchir la colère céleste en faveur de cette âme infortunée, des prières ferventes avec des jeûnes, des macérations, et surtout l'oblation du divin sacrifice. Dès le jour même plusieurs messes furent dites.
Peu de jours après, le vieillard fut encore visité par le défunt. Mais cette fois il apparut resplendissant de lumière. Interrogé sur l'état où il se trouvait : « Grâce à la bonté divine et à la charité de mes confrères, je suis très-heureux, répondit-il. » Interrogé sur l'œuvre expiatoire qui lui avait été le plus salutaire, au lieu de répondre, il prit par la main le vieux moine et le conduisit à l'église, où l'on célébrait la sainte messe : « Voici, dit-il, les armes qui ont opéré ma délivrance. Voici le prix de ma rançon, c'est la salutaire hostie qui efface les péchés du monde. A de telles armes, à un tel trésor, à une telle vertu, rien ne résiste, sinon le cœur endurci qui s'est enfoncé dans l'abîme de sa perversion. » L'apparition fut annoncée aux religieux, qu'elle confirma dans la dévotion au saint sacrifice. (V. Henri Grandgermain, Mag. Spec. Exemp., dist. m.)

PRATIQUE.
Lorsqu'on a le bonheur d'assister au saint sacrifice de la messe, l'offrir à Dieu pour le soulagement des âmes du purgatoire.






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