Le mois des âmes du purgatoire : 21 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 21 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 21 novembre

Source : Livre "Mois des âmes du purgatoire ou méditations, prières et exemples pour le mois de novembre"

XXIe JOUR
Quatrième moyen de soulager les âmes du purgatoire : La sainte Communion.
Celui qui mange ma chair a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour.

Ier Point. Pendant le cours de leur pèlerinage ici-bas, les parents, les amis qui nous ont précédés dans l'éternité se sont assis comme nous et peut-être souvent avec nous au banquet divin de l'Eucharistie. Le pain sacré que Jésus, dans son immense amour, leur a donné comme il nous le donne à nous-même, a été pour leur âme un gage de vie et d'immortalité, et à leurs derniers jours, ce viatique céleste est venu les fortifier dans le passage du temps à l'éternité, leur assurer la victoire dans le dernier combat et déposer dans ces corps, dans lesquels la vie s'éteignait sous les douloureuses étreintes de la mort, le germe de cette glorieuse immortalité, fleur divine qui a ses racines dans le corps glorifié de Jésus ressuscité, et qui, au dernier jour du monde, s'épanouira dans une magnifique floraison en chacun de ses élus.
Ce pain de vie qui a fait les délices de quelques unes de ces saintes âmes, est refusé maintenant à leurs désirs, à leur sainte avidité, Cette manne céleste ne tombe pas sur la terre de feu qu'elles habitent, et l'éternelle communion du ciel est la seule qui puisse maintenant avoir lieu pour elles. 0h ! avec quelle ardeur, quelle sainte impatience elles la désirent et elles l'attendent. Les désirs les plus vifs, les plus brûlants des saints qui ont été les plus saintement passionnés pour la sainte Eucharistie, les langueurs, les amoureuses défaillances que leur causait la privation de cet aliment divin ne peuvent nous donner qu'une imparfaite idée de la vivacité, de l'ardeur avec laquelle ces pauvres exilées du ciel soupirent après le moment où elles seront pour toujours unies à ce Dieu si bon de l'Eucharistie, qui leur a si souvent laissé entrevoir ses amabilités dans le sacrement de son amour ; et qui va bientôt leur permettre de s'abreuver au torrent de délices dont sa bonté leur a laissé parfois entrevoir les inénarrables voluptés.

Cette table eucharistique, où il n'est plus permis à ces âmes élues de venir prendre place, est encore dressée pour nous. L'amour de notre divin Sauveur nous invite à venir nous y asseoir ; il nous presse de lui ouvrir l'entrée de nos cœurs et de le laisser venir à nous pour nous communiquer sa vie, sa force, ses lumières, pour nous combler de ses grâces et de ses consolations. Puis, dans son infinie bonté, il veut encore que nous puissions faire participer les âmes des fidèles défunts aux grâces qu'il répand alors sur nous avec tant de libéralité, et que la sainte communion soit encore pour nous un moyen puissant et efficace de les soulager. Il y a, il est vrai, dans la sainte communion des grâces qui sont personnelles à celui qui la fait et auxquelles il ne peut faire participer ni les vivants ni les morts. Ainsi la communion est la nourriture de notre âme ; elle la soutient, la fortifie, la fait croître en vertu, conserve et augmente en elle la vie de la grâce. Or il est certain que la nourriture ne peut profiter qu'à celui qui la prend ; la communion ne peut donc produire tous ses effets que dans celui qui la reçoit.
La communion produit encore dans celui qui la reçoit avec les dispositions nécessaires d'autres effets non moins précieux. Elle lui donne les grâces actuelles dont il a besoin pour faire le bien et pour éviter le mal ; elle lui remet les fautes vénielles qu'il aurait omis de confesser ; elle lui remet enfin la peine, ou une partie de la peine temporelle qu'il a pu encourir par ses péchés. Or aucun de ces admirables effets ne peut être transféré à un autre ; ils sont personnels, et il est facile de le prouver.
Ainsi la grâce sanctifiante ne peut se transporter à un autre, parce que c'est un don personnel qui demeure dans l'âme de celui qui la mérite et qui la reçoit.
Il en est de même des lumières et des pieuses inspirations que nous appelons grâces actuelles, parce que Dieu nous les accorde spécialement pour nous et qu'elles viennent en certains temps, en certains lieux, en certaines circonstances, comme les suites et le fruit de la communion que nous avons eu le bonheur de faire, et comme le complément de la grâce sanctifiante que cette communion a fortifiée et augmentée en nous.
Le troisième effet, qui est la rémission des péchés véniels, ne peut pas non plus être appliqué aux âmes du purgatoire, car ces âmes sont sans péché ; elles ont seulement à subir les peines qu'elles ont encourues par leurs péchés, qui leur ont été pardonnés pendant qu'elles étaient encore sur la terre.
Pour la remise des peines temporelles accordée par la communion, elle ne peut pas davantage être concédée. Saint Thomas en donne deux raisons. La première, c'est que l'Eucharistie, en tant que sacrement, n'a point été instituée pour remettre les peines temporelles aux personnes qui ne s'en approchent pas. La seconde est que tout ce qui se donne par les sacrements, en vertu et par la force de ces sacrements, est personnel aux âmes qui les reçoivent, Nous ne pouvons céder à autrui que ce que nous sommes libres de donner.
Mais il y a une autre manière d'envisager la communion, et c'est dans ce second sens qu'elle peut être profitable aux âmes du purgatoire. 0n peut considérer la communion par rapport à la personne qui la fait, et alors elle est une œuvre véritablement satisfactoire ; rien n'est plus facile à prouver.
Il y a parmi les théologiens, sur le principe de la satisfaction en général, deux opinions. Les uns disent que la bonté de l'œuvre suffit pour la rendre satisfactoire, bien qu'elle soit facile à faire. Autrement, toutes les actions que la sainte Vierge et les saints ont faites avec tant de consolations et de douceurs n'auraient pas été satisfactoires, l'exercice de la charité, de l'aumône, qui procure à l'âme de si ravissantes jouissances, ne le serait pas non plus, ce qui n'est pas soutenable, d'où nous devons en conclure que la sainte communion, quoiqu'elle soit la plus douce de toutes les actions que nous puissions faire, est néanmoins une œuvre satisfactoire.
Les autres enseignent que la bonté de l'œuvre est le principe du mérite, et sa difficulté le principe de la satisfaction. Ainsi plus une œuvre est sainte, plus elle est méritoire ; plus elle est difficile, plus elle est satisfactoire. Mais quelque sainte et quelque élevée qu'elle soit, une œuvre est dépourvue de satisfaction si elle se fait sans difficultés. Ces deux opinions viennent à l'appui de ce que je veux prouver. Si la bonté d'une action suffit pour la rendre satisfactoire, la communion l'est essentiellement, car quelle action est meilleure, plus sainte et plus excellente ?
En suivant la seconde opinion, je dis encore que la communion est satisfactoire, car il ne faut pas la considérer seulement dans la réception du sacrement, qui n'est nullement pénible, mais dans les actes qui la précèdent, qui l'accompagnent et qui la suivent, et qui, par les difficultés qu'ils présentent, deviennent de véritables œuvres satisfactoires. Qui ne conviendra qu'il en coûte pour rentrer en soi-même et sonder les replis de sa conscience ; qu'il en coûte plus encore pour faire l'humble et sincère aveu de ses fautes ; qu'il en coûte enfin pour apporter à cette grande action toutes les dispositions qu'elle demande ?
IIe Point. Quand nous avons le bonheur de communier, nous sommes unis à Jésus-Christ d'une manière si intime, que chacun de nous peut dire après cette grande action ce que disait l'Apôtre des nations : « Non, ce n'est plus moi qui vis, c'est Jésus-Christ qui vit en moi. » 0ui, notre adorable Sauveur, qui nous transforme alors en lui, s'empare en quelque sorte de notre vie pour vivre en nous, pour donner à chacune de nos actions un mérite qu'elles ne sauraient avoir par elles-mêmes, et qu'elles tirent uniquement de leur union avec lui. Ainsi, après la sainte communion, nos prières, nos actions de grâces sont les prières, les actions de grâces de Jésus. C'est lui qui prie, qui demande en nous ; nos souffrances sont le complément, la continuation de celles de sa Passion, puisque nous sommes des membres vivants. Enfin nous aimons Dieu en quelque sorte avec le propre cœur de Jésus, avec son amour, car c'est alors surtout qu'il augmente dans nos âmes ce feu sacré qu'il est venu apporter sur la terre, et dont il désire nous voir tous embrasés.
Après la communion, le Père céleste abaisse sur nous un regard de complaisance ; il ne nous voit plus nous-mêmes, car alors nous disparaissons complétement à ses yeux, cachés sous le riche manteau des mérites de son Fils bien-aimé, et nos prières sont bien plus facilement exaucées dans ce moment que dans tout autre, car comment Dieu pourrait-il rejeter une prière qui est annoncée par la voie de ce fils, objet de ses complaisances et de son amour. 0ui Jésus est alors un même esprit, un même cœur, une même langue avec nous. Il parle en nous, nous parlons en lui, il prie par nous, nous prions par lui, enfin il est entendu de son Père par l'entremise de nos paroles, et nous sommes exaucés par l'entremise de ses mérites.
Saint Grégoire de Nysse dit de même que lorsqu'une personne a mangé d'un fruit parfumé elle en exhale une odeur douce et agréable ; de même quand nous avons mangé le pain des anges et toutes les délices du ciel, notre bouche en porte le parfum délicieux jusqu'au trône de Dieu. Nous plongeons nos langues dans les plaies adorables du Fils, dit encore saint Cyprien, comment ne toucheraient-elles pas le cœur du Père ?
Non, il n'est pas possible que le cœur de Dieu ne soit pas touché par les humbles prières que lui adresse une langue encore empourprée du sang de Jésus-Christ, et qu'il n'accorde pas aux âmes du purgatoire la miséricorde qu'elle implore pour elles. Ce sang adorable, dit le grand apôtre, parle plus éloquemment que le sang d'Abel. Le sang d'Abel demandait justice contre son frère, et il l'obtint. Celui de Jésus demande grâce pour les âmes qui lui sont chères, comment ne l'obtiendrait-il pas ? A la voix du sang d'Abel, Dieu fit une action contraire à son inclination naturelle, il châtia un coupable. A la voix du sang de son Fils bien-aimé, il refuserait une grâce qui est si conforme à l'inclination de son infinie miséricorde ! Ah ! ne le croyons pas, et soyons assurés au contraire que chaque goutte de ce sang adorable dont nous sommes couverts après la sainte communion est une voix toute-puissante qui s'élève jusqu'à Dieu et à laquelle son cœur ne résiste jamais.
Une raison qui doit encore nous engager à communier souvent pour les âmes du purgatoire, c'est que la communion, en augmentant en nous la grâce sanctifiante, nous rend plus agréables à Dieu et donne par là même plus de prix, plus de mérite à ses yeux à toutes les bonnes œuvres que nous lui offrons dans l'intention d'obtenir le soulagement des âmes du purgatoire. Ne refusons donc pas d'employer un moyen si doux et si facile de leur venir en aide, de soulager leurs souffrances et même d'y mettre un terme. Oui, quand Jésus est en nous par son Eucharistie, nous participons en quelque sorte ii sa puissance, et par nos prières nous pouvons alors ouvrir les portes du purgatoire pour en faire sortir les saintes âmes qui y gémissent, ouvrir le ciel pour leur en donner le bonheur et la gloire.
Si un suppliant veut obtenir d'un prince une faveur qu'il désire ardemment, il s'efforce de le disposer à la lui accorder en lui offrant, s'il le peut, des présents précieux, auxquels il sait qu'il attachera un grand prix. Agissons de même avec Dieu ; après la communion, nous pouvons lui offrir un don qui surpasse en valeur tout ce que nous lui demandons. Ce don est son Fils bien-aimé. Il nous appartient, puisqu'il s'est donné lui-même à nous pour être notre bien, notre propriété, pour- que nous puissions en user comme d'un trésor qui nous appartient. Usons-en donc en faveur des âmes qui nous sont chères, offrons-le à Dieu pour leur rançon, pour le prix de leur délivrance, et disons-lui sans crainte : Mon Dieu, en vous demandant de hâter le bonheur éternel de mon père, de ma mère, de mon enfant, de mon ami, je vous demande une grande grâce ; mais en vous offrant Jésus, je vous offre infiniment plus que je ne vous demande. Je ne vous dis plus, Seigneur, d'oublier les droits de votre justice, puisque Celui que je vous offre les a tous sauvegardés en se faisant lui-même victime pour nos péchés. Ses mérites, son sang, il m'a tout donné en se donnant lui-même à moi par la sainte communion, et je vous l'offre lui-même avec tous les biens que je tiens de sa libéralité pour obtenir la délivrance de ces âmes, qu'il aime plus encore que je ne peux les aimer moi-même.
Communions donc, communions souvent pour ces âmes tant aimées dont le bonheur nous est cher à l'égal de notre propre bonheur, et bientôt, croyons-le, l'éternelle communion commencera pour elles, et elles iront contempler dans sa gloire celui que nous n'entrevoyons ici-bas qu'à travers les ombres de la foi, ce Jésus qui, après avoir été dans le sacrement de son amour le consolateur des douleurs de notre exil, sera un jour, espérons-le, notre bonheur dans la patrie. Ainsi soit-il.

PRIÈRE.
Vous êtes juste, ô mon Dieu, mais votre miséricorde surpasse votre justice, non que vous ne soyez infini dans toutes vos perfections, mais parce que vous retenez toujours les effets de l'une, tandis que vous ne mettez pas de bornes à ceux de l'autre. Vous ne châtiez qu'à regret, vous laissez apercevoir votre amour à travers vos plus terribles rigueurs, et en appesantissant votre bras sur les saintes âmes du purgatoire, vous nous laissez voir que vous désirez avec ardeur que nous venions nous opposer à votre justice et arrêter les coups dont elle les frappe. Oh ! que c'est avec raison, ô mon Dieu, que le prophète Habacuc s'écriait : « Lorsque s'allumera votre colère, vous vous souviendrez de votre miséricorde. » Vous ne sauriez l'oublier celte miséricorde, Seigneur, et si vous blessez d'une main, vous guérissez de l'autre.
En effet, si votre justice a préparé dans l'autre vie un lieu d'expiation où les âmes les plus saintes doivent se purifier encore avant d'être admises dans votre royaume, vous vous laissez fléchir par nos larmes, et il ne faut souvent qu'un soupir de notre cœur pour que le vôtre leur fasse grâce. Vous retenez ces saintes captives dans un feu qui brûle comme le feu de l'enfer. Mais si nous nous rappelons que Jésus a donné pour elles les larmes de ses yeux, le sang de ses veines, l'eau qui sortit de son divin cœur entr'ouvert sur la croix, ce feu terrible perd ses ardeurs et il s'éteint bientôt. Vous retenez les âmes de nos proches dans les prisons de votre justice, mais vous voulez qu'en mangeant le pain des anges nous puissions leur en ouvrir les portes. Soyez donc béni, ô Père infiniment miséricordieux, et recevez la promesse que je vous fais aujourd'hui de communier souvent en faveur des saintes âmes du purgatoire, afin que vous ne voyiez plus en moi que votre Fils bien-aimé, et que ma voix, couverte par la sienne, parvienne jusqu'à vous et m'obtienne plus sûrement la grâce que je sollicite. Ainsi soit-il.

EXEMPLE.
Un jour, les anges apportèrent une hostie consacrée à la bienheureuse Jeanne-de-la-Croix, religieuse de l'ordre de Saint-François, afin qu'elle communiât pour la délivrance d'un âme qui avait eu une ardente dévotion envers le très-saint Sacrement. Pendant son oraison, la sainte fut ravie en esprit, et demeura quelque temps comme privée de sentiment. Une religieuse était entrée dans la cellule de la bienheureuse, la tira de cette extase par le bruit qu'elle fit en dérangeant un meuble. « Retirez-vous, lui dit vivement Jeanne, et prenez garde de toucher à l'objet qui est posé sur le linge que vous voyez là, car c'est la divine Eucharistie apportée par les anges. — Comment cela peut-il être ? demanda la sœur stupéfaite. Jeanne lui fit part, sous le sceau du secret, de ce gui venait d'arriver. Un pécheur endurci, après avoir longtemps vécu dans la disgrâce de Dieu, venait d'être condamné au feu de l'enfer. Croyant à une conversion sincère, on lui avait donné le saint viatique : et la mort avait surpris cet homme ayant encore la sainte hostie dans la bouche. Les anges, ajouta-t-elle, ne pouvant souffrir une telle profanation, avaient retiré de cette bouche impure la divine hostie et venaient de la lui apporter. De plus, continua Jeanne, ils m'ont ordonné de communier demain matin en faveur d'une âme du purgatoire ; qui avait une grande dévotion au très-saint Sacrement. Les mêmes anges m'ont avertie de votre présence pour que je vous prévinsse de ne pas toucher à cet adorable objet. Elle communia en effet avec cette hostie, et fut bientôt assurée que l'âme pour laquelle elle avait offert cette communion était montée au ciel.

PRATIQUE.
Faire une communion en faveur des âmes du purgatoire et promettre à Dieu d'employer souvent ce moyen de les secourir.






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