Le mois des âmes du purgatoire : 18 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 18 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 18 novembre

Source : Livre "Mois des âmes du purgatoire ou méditations, prières et exemples pour le mois de novembre"

XVIIIe JOUR
L'aumône second moyen pour soulager les âmes du purgatoire.
L'aumône délivre du péché et de la mort ( Tobie, I. *, c. t1. )

Ier Point. Si la prière est toute-puissante sur le cœur de Dieu, nous pouvons assurer que l'aumône ne l'est pas moins, qu'elle double la force de nos prières, qu'elle en assure le succès en attendrissant le Seigneur sur les misères de celui qui, pour obtenir la miséricorde qu'il implore, l'exerce lui-même en faveur de ses frères. Le Saint-Esprit lui-même nous a révélé la puissance de l'aumône, en disant dans l'Ecclésiastique que comme l'eau a la force d'éteindre le feu le plus ardent, de même l'aumône a la vertu d'effacer le péché. Au livre de Tobie, il dit également que l'aumône a la puissance de délivrer de tout péché et même de la mort.
Aussi, d'après ces paroles, les saints Pères n'ont pas cru aller trop loin en comparant la puissance de l'aumône à la puissance même du baptême. Saint Ambroise, dans son sermon sur l'aumône, interprète ainsi l'oracle de l'Esprit saint. «L'eau ;qui éteint le feu, dit-il, c'est l'eau du baptême ; elle éteint le feu de l'enfer, de même l'aumône éteint le feu du péché. »
Si nous considérons les effets du saint baptême et ceux produits par l'aumône nous y découvrirons de bien grands rapprochements. Le principal effet du baptême est de purifier du péché et d'en remettre la peine. L'aumône produit un effet pareil, non pas, il est vrai, de la même manière, ni avec la même efficacité que le baptême, car le baptême agit efficacement, et par une vertu qui lui est propre ; il suffit qu'un homme le reçoive pour que tous ses péchés soient effacés et que toutes les peines qui leur sont dues lui soient remises, tandis que l'aumône agit moins directement et ne justifie pas par elle-même ; elle dispose seulement celui qui la fait, s'il n'a pas la grâce, à la recouvrer.
Nous savons tous que quand un homme est en état de péché mortel il est souillé d'une tache qui le rend ennemi de Dieu, et en même temps il est redevable à sa justice d'une peine éternelle. Pour être purifié de la tache du péché, il faut qu'il recouvre la grâce sanctifiante, et pour être délivré de la peine qu'il a encourue, il faut qu'il fasse des œuvres satisfactoires. 0r, l'aumône peut servir à ces deux fins, car un pécheur en faisant l'aumône attire sur lui la miséricorde de Dieu et le dispose à lui accorder une grâce de conversion, s'il correspond à cette grâce, il recouvre l'amitié de Dieu, il est purifié de la tache dont son âme était souillée, la peine éternelle qu'il avait encourue lui est remise, et s'il fait alors de nouvelles aumônes, il acquitte la dette qu'il a contractée envers la justice divine, et satisfait ainsi en tout ou en partie pour la peine temporelle qui lui restait à subir soit dans cette vie, soit dans l'autre.
Ainsi, par l'entremise de l'aumône, l'homme reçoit en quelque sorte les mêmes privilèges que lui avait conférés le saint baptême ; ce qui justifie cet autre mot de saint Ambroise : « L'aumône est un second baptême. » Mais le même docteur va plus loin, et il ne craint pas d'avancer que l'aumône est sous quelques rapports plus avantageuse que le baptême, et il en donne plusieurs raisons.
La première est que le baptême ne se donne qu'une fois, qu'il n'efface qu'une seule fois les péchés qu'on a commis, tandis que l'aumône peut se réitérer autant de fois que l'on veut, et que si elle est faite pour l'amour de Dieu, on mérite la rémission de ses péchés autant de fois qu'on la fait.
Un second avantage de l'aumône sur le baptême, vient de ce que le baptême ne profite qu'à celui qui le reçoit, tandis que l'aumône est utile à celui qui la fait et à ceux qui la reçoivent, et même à ceux en faveur de qui on la fait, elle profite à la fois aux vivants et aux morts, et tous en recueillent les douceurs et les bénéfices.
Le troisième privilège de l'aumône est de pouvoir se donner de différentes façons. Le baptême ne peut se donner qu'avec de l'eau ; l'aumône se donne avec de l'or, avec de l'argent, avec un morceau de pain, avec un verre d'eau, avec un vêtement.
Quelle que soit la manière dont vous fassiez l'aumône, qu'elle soit considérable ou qu'elle ne le soit pas, si vous la faites dans la grâce de Dieu et en faveur des saintes âmes du purgatoire, vous leur donnez une sorte de baptême, car Dieu ne regarde pas à la valeur de votre don, mais aux dispositions avec lesquelles vous le faites.

Les âmes du purgatoire, nous le savons, sont purifiées de leurs péchés, mais il leur reste une peine à subir. Or, les aumônes que l'on fait en leur faveur peuvent non-seulement adoucir et abréger cette peine, elles peuvent encore y mettre fin. Alors ces âmes bienheureuses se trouvent dans l'état où elles étaient au jour de leur baptême, et ainsi, il est vrai de dire qu'à la faveur et par la vertu de l'aumône elles sont comme une seconde fois baptisées.

IIe Point. Mais pourquoi l'aumône est-elle si puissante sur le cœur de Dieu et pourquoi se montre-t-il sensible à la miséricorde que l'homme exerce envers son semblable ? Devant une aumône, Dieu apaise sa colère, il retient sa justice, il oublie et il pardonne ; d'où vient cela ? Ah ! c'est que Dieu est la miséricorde même, et que celui qui l'exerce se rend en quelque sorte semblable à lui. Saint Léon nous l'apprend, quand il nous dit qu'il n'y a rien de plus auguste que de voir un homme imiter son auteur, et selon la mesure de ses forces exécuter des œuvres divines. Or, quand il donne à manger à celui qui a faim, à boire à celui qui a soif, quand il habille ceux qui sont nus, qu'il vient au secours de ceux qui souffrent, il imite la bonté du Créateur, dont la main libérale s'étend sur toutes ses créatures pour les nourrir et les combler de bienfaits.
Celui qui fait l'aumône n'imite pas seulement le Seigneur, il devient son ministre, l'instrument dont sa Providence se sert pour secourir le pauvre, et en accomplissant une œuvre de miséricorde, il fait réellement l'œuvre de Dieu. Si donc l'homme qui fait l'aumône est semblable à Dieu, si sa main est la main de Dieu, si l'acte de charité qu'il accomplit en faveur d'un de ses frères souffrants, est l'œuvre et la gloire de Dieu, il ne faut plus s'étonner que l'aumône soit si puissante auprès du Seigneur.

Ce qui nous montre combien la miséricorde est agréable au Seigneur, c'est la promesse expresse et mille fois réitérée qu'il fait dans les livres saints de la récompenser avec magnificence. « Ce que vous ferez au moindre de mes frères, qui sont pauvres, nous dit notre adorable Sauveur, vous me le ferez à moi-même, et je vous le rendrai au centuple. » Nous lisons au livre des Proverbes ces autres paroles : « Celui qui a pitié du pauvre prête au Seigneur, et il lui prête à intérêt. Le Seigneur lui rendra avec usure ce qu'il lui aura prêté (1). » (I) Proy. 19, 17.
« Esprit divin, père des lumières, s'écrie saint Chrysostome, faites-nous comprendre comment celui qui est tout-puissant, qui a revêtu les cieux de clarté et les astres de lumière, peut se trouver lui-même dans la personne du pauvre. Faites-nous comprendre comment celui qui nourrit et sustente toutes les créatures, qui ne laisse pas mourir de besoin le plus petit des oiseaux, le plus imperceptible des moucherons, souffre la faim dans celui qui n'a rien à manger. Faites-nous comprendre comment celui qui est la source vive de toutes les eaux, qui a fait l'Océan, et qui dirige les pluies, est altéré et brûlant de soif, dans celui que la fièvre dévore.
Faites-nous comprendre comment Celui pour qui les cieux sont trop étroits, qui remplit l'univers de son immensité, se couvre et se cache sous l'habit d'un mendiant.

Faites-nous comprendre comment Celui qui possède les mondes, se dépouille de tout et se fait nécessiteux avec les nécessiteux ? comment Celui qui donne aux riches leurs richesses demande un verre d'eau, un morceau de pain, une obole ? comment Celui qui est Dieu et qui, par conséquent, se suffit à lui-même, s'abaisse ainsi pour les pauvres, qu'il n'est pas seulement comme eux, mais qu'il est en eux, pauvre lui-même et dénué de tout ?
Dites-le nous vous-même, ô Pauvre mystérieux, Fils de Dieu et Fils de l'homme ; oui, dites-nous comment vous vous êtes ainsi transformé ; comment vous avez ainsi confondu et comme incarné les pauvres en vous. Écoutez comme parle le divin Sauveur, ajoute le même saint. Il ne dit pas : le pauvre a eu faim, et vous m'avez donné du pain ; mais, j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger ; le pauvre a eu soif, et vous m'avez donné de l'eau ; mais, j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire.
Quel prodige ! un Dieu proclame qu'il a reçu lui-même ce qui a été donné aux pauvres ; qu'il a mangé ce que le pauvre a mangé ; qu'il a bu de sa propre bouche ce que le pauvre a bu de la sienne. C'est trop, ajoute le même saint, oui c'est trop que le pain grossier que nous donnons aux pauvres devienne le pain d'un Homme-Dieu ; c'est trop qu'un verre d'eau ordinaire que nous donnons à un malheureux puisse désaltérer le Fils unique de Dieu. »

Il y a quelque chose de plus surprenant encore, c'est qu'au dernier jour du monde, le souverain Juge des vivants et des morts avouera ses dettes en présence des anges et de toutes les générations humaines rassemblées à ses pieds, et reconnaîtra solennellement qu'il nous est redevable de tout ce que nous avons fait pour les pauvres. Il oubliera, pour ainsi dire, toutes les autres vertus des justes, pour ne se souvenir que de leur charité.
Puisque la parole de notre adorable Sauveur est infaillible, et qu'il s'est engagé formellement vis-à-vis de celui qui fait l'aumône, nous pouvons être assurés qu'il ne manquera pas à sa parole et qu'il tiendra ses engagements. Faisons donc des œuvres de miséricorde en faveur des âmes du purgatoire, et réclamons ensuite avec confiance ce que Jésus a promis de nous donner, ce qu'il nous doit en quelque sorte. Disons avec une respectueuse liberté à notre divin Sauveur : « Seigneur, j'ai exercé en votre nom la miséricorde envers le pauvre qui implorait ma pitié ; accomplissez votre promesse, faites aujourd'hui vous-même miséricorde à cet autre pauvre, à un pauvre du purgatoire en faveur duquel j'implore la vôtre. J'ai partagé mon pain avec celui qui avait faim ; j'ai donné à boire à celui qui avait soif, et puisque vous avez dit : Ce que vous avez fait aux miens, vous l'avez fait à moi-même, acquittez votre dette en admettant à votre table éternelle les âmes qui me sont chères et que la soif de vous posséder dévore. Nous verrons dans le chapitre suivant comment nous devons faire l'aumône pour qu'elle soit utile aux âmes du purgatoire.

PRIÈRE.
Vous êtes ma miséricorde, ô mon Dieu, s'écriait le Roi-Prophète transporté de reconnaissance au souvenir de vos bontés. Souffrez, ô mon Sauveur, que j'emprunte ce cri de son cœur, et qu'en souvenir de tout ce que vous avez fait pour moi, je répète après lui : Vous êtes ma miséricorde, ô Dieu sauveur. Oui vous êtes ma miséricorde dans l'étable de Bethléem où vous naissez pour me sauver ; vous êtes ma miséricorde dans votre vie cachée, dans votre vie publique, où vous m'instruisez et par vos exemples et par vos leçons ; vous êtes ma miséricorde sur la croix, où vous mourez pour me racheter ; vous êtes enfin ma miséricorde, dans votre Eucharistie, où vous me faites la magnifique aumône de vous-même, où vous nourrissez mon âme de votre chair adorable, où vous la lavez de votre sang et couvrez sa misère du riche manteau de vos mérites. Mais si vous êtes ma miséricorde, ô mon Jésus, vous voulez qu'à mon tour je sois miséricordieux envers mes frères, et que je rende dans la personne des pauvres, qui sont vos membres souffrants, ce que vous faites pour moi. Plein de foi en vos paroles, désormais, ô mon Sauveur, je ne verrai plus que votre personne adorable cachée sous celle de l'indigent qui implorera ma pitié. Je déposerai avec respect mon aumône dans la main qu'il me tendra, pensant que c'est à vous que je donne ; je m'estimerai heureux d'apaiser votre faim, d'étancher votre soif dans la sienne et d'essuyer vos larmes en essuyant celles que je lui verrai répandre. Mais, ô mon Dieu, ma charité ne se bornera pas aux vivants ; je veux qu'elle s'étende jusqu'aux morts, et que ce que je ferai pour les pauvres de la terre soit fait en faveur des pauvres de l'éternité, et porte aux saintes âmes du purgatoire le soulagement et la consolation, en attirant sur elles l'effusion de votre miséricorde. Ainsi soit-il.

EXEMPLE.
Un ouvrier napolitain qui avait grand mal à subvenir aux nécessités de sa famille fut emprisonné pour dettes, laissant la charge de ses petits enfants à sa malheureuse femme, qui n'avait d'autres ressources que le travail de ses mains et sa confiance en Dieu. Elle conjurait avec foi la divine Providence de lui venir en aide et surtout de délivrer son mari. Ayant appris qu'il y avait dans la ville un seigneur de grande charité, elle se hasarda de lui envoyer une supplique ; mais elle n'en reçut qu'une légère aumône, un carlin, pièce du pays qui vaut un peu moins de 50 centimes. Désolée, elle entre dans une église pour supplier le Dieu des indigents de la protéger dans sa détresse ; tout à coup il lui vient à la pensée d'intéresser à sa situation les âmes du purgatoire. Presque consolée, elle entre à la sacristie, offre sa petite pièce et demande une messe des morts. Un bon prêtre qui était là s'empresse de la satisfaire, et monte à l'autel en son nom pendant qu'elle prie prosternée sur le pavé.
Elle sort presque sûre qu'elle sera exaucée, et elle se voit abordée par un bon vieillard qui lui demande la cause de sa tristesse. Elle dit tout ; le vieillard se montre touché, lui adresse quelques paroles d'encouragement et lui remet un billet avec ordre de le porter de sa part à une personne qu'il lui désigne. La pauvre femme s'y rend sans tarder, trouve le cavalier et lui fait sa commission Celui-ci ouvrant le papier semble sur le point de se trouver mal ; il a reconnu l'écriture de son père, mort depuis quelque temps déjà... D'où vous vient cette lettre, s'écrie-t-il hors de lui. Monsieur, répond la brave femme, c'est un charitable vieillard qui m'a abordée dans la rue et m'a dit de venir vous voir de sa part. Il avait tels et tels traits, à peu près comme ceux que je vois dans le cadre que vous avez là.
De plus en plus interdit, le cavalier reprend le billet et lit tout haut : Mon fils, votre père vient de quitter le purgatoire grâce à une messe que la pauvre femme qui vous portera ces lignes a fait célébrer ce matin. Elle est dans une grande nécessité, et je vous la recommande moi-même. Surmontant alors son émotion et s'adressant à la messagère qui attendait craintive : Pauvre mère, lui dit-il, vous avez assuré la félicité de celui qui m'a donné la vie, je veux à mon tour assurer la vôtre. Je me charge de vous et de votre famille : il ne vous manquera rien, j'en fais le serment.
Comprenons par cet exemple qu'il n'y a pas de petite charité pour les membres de l'Église souffrante, et tout ce qu'on fait pour eux attire des miracles de miséricorde.
(Les Merveilles divines dans les âmes du purgatoire, par le P. G. Rossignoli.)

PRATIQUE.
Faire aujourd'hui une aumône en faveur des âmes du purgatoire, qui sont pour nous les pauvres spirituels.






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