Le mois des âmes du purgatoire : 17 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 17 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 17 novembre

Source : Livre "Mois des âmes du purgatoire ou méditations, prières et exemples pour le mois de novembre"

XVIIe Jour
Suite du même sujet. La prière, premier moyen de soulager les âmes du purgatoire.
Demandez et vous recevrez, frappez et on vous ouvrira.

Ier Point. Saint Augustin dit que la prière du juste est la clef du ciel. Il dit la prière du juste, c'est-à-dire de celui qui possède la grâce de Dieu ; alors, ajoute-t-il, la prière monte et la miséricorde descend. 0ui, nous le répétons, les humbles supplications d'une âme en grâce avec Dieu sont toutes puissantes sur son cœur ; elles l'inclinent à la miséricorde, à la compassion, et si la prière est la clef du ciel, ne peut-on pas dire également qu'elle est aussi la clef qui peut ouvrir le purgatoire et fermer l'enfer. Servons-nous donc de cette clef mystérieuse pour adoucir les souffrances des saintes âmes du purgatoire.
Un feu terrible, sans cesse alimenté par le souffle de la justice de Dieu, dévore ces saintes âmes le juste prie, et la rosée du ciel descend et vient tempérer l'activité de ses flammes dévorantes ; la tristesse la plus profonde, la douleur la plus intense accable ces pauvres captives. Le juste prie, sa prière ouvre le ciel, l'espérance et la joie en descendent et viennent adoucir leurs tourments. Ces saintes âmes sont captives, le juste prie, le ciel s'ouvre, la liberté et la vie en descendent ; elles voient tomber leurs chaînes brûlantes et commencer pour elles la vie éternelle.

« Si vous priez pour les pauvres, pour les affligés, pour les malheureux, disait autrefois saint Ambroise, votre prière entre dans la grâce, c'est-à-dire, dans la demeure même de Dieu. » Dans son sermon sur la virginité, saint Ephrem assure que la prière de celui qui aime Dieu pénètre incessamment le ciel. Saint Bernard affirme de même que la prière de l'âme fervente monte jusqu'au ciel et qu'elle n'en redescend jamais sans être exaucée. Si elle demande l'amour de Dieu, elle en est aussitôt remplie ; si elle demande l'humilité, elle en est aussitôt ornée ; si elle demande la délivrance d'une âme du purgatoire, elle a également la puissance de l'obtenir.
Saint Denis, dans son livre des noms divins, au chapitre troisième, compare la prière à une chaîne merveilleuse qui part du ciel et descend jusqu'à terre ; quand nous prions, nous montons par les anneaux de cette chaîne comme par autant de degrés, nous arrivons jusqu'à Dieu, et alors s'accomplit un véritable miracle.
Tous les saints, tous les Pères de l'Église sont unanimes sur la puissance et l'efficacité de la prière ; avec elle nous pouvons tout obtenir de Dieu, et nous sommes en quelque sorte plus forts et plus puissants que lui, malgré notre faiblesse et notre impuissance personnelle.
Ce qui porte Dieu à châtier les hommes coupables, ce qui le porte à leur refuser la rémission des peines qu'ils ont encourues par leurs péchés, c'est sa justice ; toutes ses autres perfections l'inclinent à pardonner. Arrêtez la justice de Dieu par vos prières, vous ne rencontrerez plus que sa miséricorde. Et cette justice de Dieu, nous pouvons avec la prière en arrêter le cours, non-seulement pour nous, mais pour les autres. L'Écriture sainte nous en fournit de bien remarquables exemples.

Israël est devenu idolâtre. Il s'est fait un veau d'or et prosterné devant lui, il lui a offert un encens sacrilège. Indigné de l'ingratitude de son peuple, la colère du Seigneur s'allume et sa justice se dispose à frapper. Mais Moïse est là, et tremblant pour ce peuple que Dieu lui a confié, il vient se placer entre lui et les foudres de la justice divine. Prosterné devant le Seigneur, il monte jusqu'à lui par l'ardeur de sa prière, il le sollicite, il le presse, il le conjure d'avoir pitié des coupables, et les mains de Dieu sont comme enchaînées par les prières de son serviteur. « Moïse, lui dit-il, laisse-moi contenter ma juste colère. » Moïse continue sa prière, la justice de Dieu lutte avec la charité et la persévérance du saint homme, cette prière est comme un lien qui arrête le bras du Seigneur et le rend impuissant. « Laisse-moi, Moïse, cesse ta prière, répète le Seigneur; » mais Moïse redouble d'instances. Dieu ne peut résister, il se rend et pardonne.
Nous pouvons, comme le saint conducteur d'Israël, nous interposer entre la justice de Dieu et les âmes du purgatoire. Son bras n'est pas seulement prêt à les frapper, déjà il les frappe et sévit sur elles par les plus terribles châtiments ; mais nous pouvons le retenir et arrêter les coups qu'il leur porte. Prions, luttons s'il le faut avec Dieu, par notre charité et notre persévérance, et quand il devrait nous dire comme à son serviteur : Laissez-moi, ces âmes sont coupables ; il faut que ma justice sévisse contre elles, et qu'elles reçoivent le châtiment de leur ingratitude, loin de nous décourager, redoublons d'instances, faisons par nos supplications, par nos larmes, une sorte de violence à Dieu, et bientôt il se laissera fléchir, son cœur s'attendrira, il pardonnera à ces âmes qu'il ne châtie qu'à regret, et notre prière aura vraiment été pour elles la clef qui leur aura ouvert le ciel et les aura jetées dans les bras de notre père commun.
Qu'elle est grande la bonté de notre Dieu qui permet à de pauvres pécheurs de l'implorer, non-seulement pour eux, mais pour leurs frères, qui nous donne la consolation de pouvoir soustraire à sa justice les êtres chéris que nous pleurons, et de leur donner même au delà de la tombe des preuves de la sincérité et de la constance de notre dévouement et de notre amour.

IIe Point. Saint Jean, au huitième chapitre de l'Apocalypse, rapporte qu'il vit un ange qui portait à la main un encensoir d'or, et cet encensoir était rempli de parfums, et la fumée de ces parfums montait jusqu'au trône de Dieu ; et l'ange prit les charbons sacrés qui étaient allumés sur l'autel, et il les répandit sur le monde, et il se fit alors des tonnerres, des éclats de voix et des tremblements de terre.
Il est facile de comprendre le sens de cette vision et d'en donner l'explication. L'encensoir de l'ange est le cœur des saints et des justes de la terre ; les parfums dont il est rempli et la fumée qui s'en exhale sont les prières qu'ils adressent à Dieu et qui s'élèvent jusqu'à son trône comme un encens d'agréable odeur. Les charbons sacrés pris sur l'autel et jetés sur le monde sont les grâces et les bénédictions que la prière fait descendre, et sur ceux qui prient et sur ceux pour lesquels ils prient. Les tonnerres, les voix et les tremblements de terre sont les prodiges qu'elle opère dans le ciel en désarmant la justice de Dieu sur la terre, en convertissant les pécheurs, en changeant des vases de corruption et d'ignominie en vases d'élection, et jusqu'au fond des abîmes du purgatoire, d'où elle arrache les âmes qui y sont captives.
Ce ne serait pas seulement une indifférence qui nous rendrait coupables devant Dieu, mais une véritable cruauté que de refuser à ces saintes âmes un secours qu'il nous est si facile de leur procurer. Prions donc, montons au ciel par la prière, sollicitons, pressons, et Dieu nous accordera ce que nous lui demanderons. Descendons ensuite en purgatoire, pour porter à ces âmes souffrantes le secours et la consolation qu'elles attendent de nous. Prions le jour, prions la nuit ; que chacune de nos paroles, chacune de nos actions, chacun de nos soupirs soit une prière qui aille comme autant de gouttes de rosée tempérer l'activité des flammes qui les dévorent, nous le pensons en les offrant tous à Dieu en leur faveur, et sans quitter aucune de nos occupations, sans négliger aucun de nos devoirs, nous pouvons devenir réellement les libérateurs de ces saintes âmes, en dirigeant notre intention dans le but de les soulager. De cette manière, nos plus petites actions, nos plus légères souffrances, sont de vraies prières qui plaident sans cesse leur cause auprès de Dieu, et qui après s'être élevées jusqu'au ciel, comme la vapeur embaumée de l'encens, descendent dans les brûlants abîmes où elles gémissent comme une pluie rafraîchissante.
L'amour est la vie du cœur, et la reconnaissance est sa mémoire. Quel est celui de nous qui n'a pas vu la mort lui ravir quelques-uns des objets de ses affections ? Hélas ! combien ont arrosé successivement de leurs larmes la dépouille mortelle de tous ceux qui leur étaient chers, d'un père, d'une mère, d'un bienfaiteur, auquel les attachaient non pas seulement les liens de la nature, mais ceux aussi forts, aussi étroits, de la reconnaissance. Cet amour si tendre, si dévoué, cette reconnaissance si vive se seraient-ils donc éteints avec la vie de ceux qu'ils ont aimés ? Ah ! le supposer serait leur faire injure, un bon cœur ne cesse pas d'aimer ; une âme élevée, une âme chrétienne, surtout, ne sait pas oublier ; elle porte vivant en elle le souvenir de ceux qu'elle ne voit plus, mais qui n'ont pas cessé de lui être chers, et si elle garde en elle-même sa douleur et ses regrets, si elle parle rarement de ceux qui les lui inspirent, c'est qu'elle sait que les créatures se lassent du récit de nos peines ; que nos larmes, nos plaintes, qui d'abord excitèrent leur compassion, leur deviennent bientôt importunes ; mais il n'en est pas de même de Dieu, elle sait que lui seul ne se lasse pas du récit de nos douleurs ; c'est dans son sein qu'elle verse avec ses larmes, ses prières, ses ardentes supplications en faveur de ceux qu'il a élevés à sa tendresse, et c'est ainsi que le souvenir qu'elle leur garde leur est réellement utile.
Mais ce n'est pas seulement pour ceux que nous avons aimés d'une affection naturelle que nous devons prier ; la charité nous fait un devoir d'offrir nos suffrages pour toutes les âmes qui souffrent en purgatoire. Saint Paul nous assure que la charité est la plus grande, la plus excellente des vertus chrétienne, et on exerce cette vertu dans son plus haut degré quand on soulage les âmes souffrantes du purgatoire ; sans doute, c'est exercer la charité et faire des œuvres très agréables à Dieu que de nourrir celui qui a faim, de vêtir celui qui souffre des rigueurs du froid, de visiter l'infirme sur son lit de douleurs, le prisonnier dans son cachot ; mais l'objet de cette charité est le corps, tandis que les prières, les bonnes œuvres faites pour les morts n'ont que l'âme pour objet, et comme l'âme est infiniment plus précieuse que le corps, l'acte de charité exercé envers les saintes âmes du purgatoire est par là même plus excellent, et l'emporte sur toutes les œuvres de miséricorde temporelle qu'on peut faire en faveur des vivants.
Nous sommes loin de dire, qu'on le comprenne bien, que la charité que nous exerçons envers les morts nous dispense de l'exercer envers les vivants ; l'une ne doit pas exclure l'autre ; le but de l'âme pieuse doit être de les unir, de les pratiquer ensemble, d'essuyer d'une main les larmes du pauvre, et de l'autre celles des âmes du purgatoire. Par la pratique de cette double charité on se rend plus utile aux uns et aux autres, on acquiert une plus grande ressemblance avec notre adorable Sauveur, dont la charité embrassait à la fois toutes les misères de l'âme et du corps, et on attire sur soi des grâces et des bénédictions plus abondantes.

PRIÈRE.
0 Jésus ! notre adorable Sauveur, qui avez fait à la prière de si magnifiques, de si consolantes promesses, qui nous avez assuré que tout ce que nous demanderions à votre père, en votre nom, serait accordé, nous venons, plein de confiance en ces divines promesses et en la bonté de votre cœur sacré, vous supplier d'abaisser un regard de miséricorde sur les âmes souffrantes du purgatoire, particulièrement sur celles de nos parents, de nos amis, de nos bienfaiteurs, sur celles surtout qui ont été le plus dévouées à votre divin cœur, qui vous ont le plus ardemment aimé pendant leur séjour sur la terre, et qui ont eu elles-mêmes une plus grande charité pour les âmes dont elles partagent aujourd'hui les douleurs. Ne regardez pas, Seigneur, à l'indignité de ceux qui vous implorent pour ces âmes qui vous sont si chères, ne voyez que la foi qu'ils ont eue en vos promesses,et par votre douleur au jardin de Gethsémani, par la soif que vous avez endurée sur la croix, par l'abandon et le délaissement de votre douloureuse agonie, faites miséricorde à ces âmes pour lesquelles nous vous implorons ; étanchez la soif d'amour qui les consume en leur ouvrant les portes du ciel et en les unissant éternellement à vous. Ainsi soit-il.

EXEMPLE.
Surius raconte que le grand docteur saint Thomas, se trouvant à Paris, vit un jour l'une de ses sœurs, morte à Naples, paraître à ses regards avec les dehors de la plus profonde tristesse, et l'entendit implorer le secours de ses prières et de celles de ses frères.
Le saint docteur se hâta d'obtempérer à ses désirs, et suppliant ses frères de s'intéresser au sort de la pauvre âme, il y eut parmi eux comme une sorte d'émulation pieuse et charitable. Cependant, après quelque temps, espérant que les besoins de la défunte étaient satisfaits, il diminua ses prières pour elle. Il ne se trompait pas.
Un jour qu'il s'acheminait vers Rome, il vit de nouveau sa sœur ; mais cette fois elle était environnée de lumière et portait toutes les marques de la joie et de la gloire. « Mon frère, lui dit-elle, grâce à vos prières et à la miséricorde de Dieu, qui a bien voulu les accepter, mes tourments sont finis, et c'est parce que le Seigneur veut récompenser votre charité qu'il m'a été permis de vous annoncer qu'aujourd'hui mon bonheur commence. »
Tous les protecteurs des pauvres âmes du purgatoire ont un semblable mérite, alors même qu'ils ne recevraient pas sur la terre les mêmes témoignages de reconnaissance. (L'Écho du Purgatoire, juin 1867.)

PRATIQUE.
Prier spécialement aujourd'hui pour les âmes qui ont eu le plus de charité pour les âmes du purgatoire, et qui ont elles-mêmes le plus prié pour elles.






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