Le mois des âmes du purgatoire : 10 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 10 novembre

Le mois des âmes du purgatoire : 10 novembre

Source : Livre "Mois des âmes du purgatoire ou méditations, prières et exemples pour le mois de novembre"

Xe JOUR
Communion entre l'église triomphante du ciel, l'église militante de la terre et l'église souffrante du purgatoire.
Je crois à la communion des Saints. (Symb. des Ap. )

Ier Point. L'Église chrétienne est un corps moral dont Jésus-Christ est le chef ; elle se divise en trois Églises particulières, dont l'une composée des élus triomphe déjà dans le ciel ; l'autre qui comprend toutes les âmes que la mort a surprises dans la grâce, mais auxquelles toute la peine due au péché n'avait pas été remise et qui sont dans le purgatoire, et la troisième, qui se compose de tous les fidèles qui militent encore sur la terre. Membres d'un même corps, enfants d'une même famille, il existe entre tous ceux qui font partie de ces trois Églises un lien de charité que la mort même ne peut rompre et qu'on nomme la communion des saints. Ce lien mystérieux et divin formé par Jésus-Christ lui-même, unit d'abord chacun de ses membres à son cœur adorable, puis par lui, par la charité dont ce cœur sacré est la source, elle les unit entre eux par l'amour le plus tendre, le plus fort et le plus constant, en sorte que le bonheur et la gloire de ceux qui triomphent dans le ciel, deviennent en quelque sorte la gloire et le bonheur et de ceux qui, assurés de les partager un jour, souffrent encore dans le purgatoire, et de ceux qui sur la terre combattent encore les combats du Seigneur, parce que les uns et les autres se réjouissent et applaudissent au triomphe de leurs frères. De même les peines de l'Église souffrante deviennent communes par une tendre compassion aux bienheureux pour lesquels toutes douleurs ont cessé, et aux fidèles qui, dans cette vallée de larmes, portent encore le poids du jour et de la chaleur. De même encore l'Église triomphante et l'Église souffrante ne sauraient rester indifférentes aux luttes, aux combats, aux épreuves et aux dangers de tous genres qui environnent les frères qu'ils ont laissés dans la lice, et ils s'y associent par leurs vœux et par leurs prières.

Dieu, qui aime tendrement les saintes âmes du purgatoire, qui les aime d'autant plus qu'il les voit confirmées dans sa grâce et dans son amour, s'est cependant, par un décret de sa Providence, imposé la loi de ne pas les secourir ordinairement par lui-même ; mais ce qu'il ne veut pas faire, il laisse à l'Église triomphante et à l'Église militante le pouvoir de le faire, et en cela nous devons admirer la magnifique économie de sa Providence, qui, tandis qu'elle se réserve les droits d'une rigoureuse justice, confère à d'autres les droits de la miséricorde et de la compassion. Semblable à un tendre père qui, forcé par devoir d'imposer un châtiment à des enfants coupables, ne veut pas revenir de lui-même sur l'arrêt qu'il a prononcé contre eux, mais se laisse aisément fléchir par les larmes, par les prières que leurs frères lui adressent en leur faveur, et s'estime pour ainsi dire heureux, et se regarde comme leur obligé lorsqu'ils le désarment et lui rendent le droit d'exercer la miséricorde sans blesser la justice.
Tous les membres de l'Église triomphante usent dans le ciel du pouvoir que Dieu leur a donné, de venir au secours de l'Église souffrante du purgatoire. Nulle, parmi ces âmes bienheureuses, n'oublie ces saintes âmes qu'elles ont hâte de voir associées à leur éternel bonheur. Il n'en est pas une qui ne prie pour elles, et qui ne s'efforce par d'ardentes supplications de hâter, le moment de leur délivrance. Elles ne peuvent plus, il est vrai, mériter pour ces sœurs chéries, mais elles peuvent puiser dans la surabondance de leurs mérites, unis aux mérites de Jésus-Christ, de quoi acquitter leurs dettes. Connaissant presque toutes par leur propre expérience la rigueur des peines du purgatoire, les âmes des élus au souvenir des souffrances qu'elles y ont endurées, de ce désir du Ciel, de cette soif de Dieu qui les consumait, éprouvent pour ces saintes captives, une compassion bien plus vive que celle que nous éprouvons nous-mêmes pour des douleurs que nous ne connaissons que d'une manière bien imparfaite. Connaissant également par leur propre expérience le bonheur du Ciel, ces délices, ces joies inébranlables, les âmes des bienheureux remplis du double amour de Dieu et de leurs frères, le désirent pour eux avec une sainte impatience. Le zèle qui les dévore leur fait souhaiter avec ardeur le moment où ces pauvres exilées du ciel viendront y prendre place, pour y glorifier Dieu avec elles, par leurs louanges et d'éternelles actions de grâces.
Les saints sont donc non-seulement remplis de zèle et d'un zèle ardent pour les âmes du purgatoire, mais ce zèle est efficace ; ils sont pour elles des protecteurs, des amis dévoués, de puissants médiateurs ; sans cesse ils prient, ils intercèdent en leur faveur, ils intéressent Marie à leur cause, et Dieu se laisse souvent fléchir par les ardentes supplications de ces enfants chéris ; par amour pour eux, il se relâche des droits de sa justice, il abrège, il adoucit leurs souffrances, et souvent encore il y met un terme et leur ouvre les portes du Ciel. Quelle joie ne cause pas alors à leurs saints protecteurs, l'entrée de ces sœurs bien-aimées dans la céleste patrie, avec quels transports d'allégresse ne les accusent-ils pas et n'applaudissent-ils pas à leur triomphe. L'arrivée de chacune d'elles occasionne dans le ciel comme une fête de famille. Ces nouvelles venues sont fêtées, congratulées par leurs frères qui, tous à l'envie, se montrent jaloux d'essuyer de leurs yeux jusqu'aux dernières des larmes qu'elles ont versées.
Les saints anges aussi s'intéressent aux âmes du purgatoire, ils les visitent, les consolent, ils prient pour elles, et inspirent aux fidèles la compassion pour leurs souffrances et le zèle pour leur délivrance ; mais ce sont surtout les anges gardiens de ces pauvres captives qui se montrent vraiment alors leurs amis les plus vrais, les plus compatissants et les plus dévoués. Loin de les abandonner au jour de leur détresse, ils descendent souvent dans leur prison brûlante, ils les consolent, raniment leur espérance en leur montrant dans un avenir prochain le terme de leurs peines, puis ils les rappellent au souvenir de ceux qui les oublient sur la terre ; par leurs inspirations ils obtiennent des suffrages, ils font en sorte que le saint sacrifice de la Messe soit offert en leur faveur, que des indulgences leur soient appliquées, et lorsque la justice de Dieu est satisfaite, et que ces saintes âmes entièrement purifiées, ont fini leur douloureuse expiation, ces célestes amis se hâtent de leur en apporter l'heureuse nouvelle, et pleins de joie ils s'envolent avec elles vers les parvis éternels, heureux de les y introduire et de les présenter eux-mêmes au Dieu qui les attend pour les couronner.

IIe Point. L'Église militante est également en communion avec l'Église souffrante du purgatoire, et comme l'Église triomphante du ciel, elle a reçu de Dieu le pouvoir de lui venir en aide et de la soulager. Plus encore que l'Église du ciel, l'Église de la terre peut le faire d'une manière efficace, puisqu'à la prière elle peut joindre des œuvres satisfactoires, qu'elle peut faire couler en leur faveur le sang adorable de son divin Époux, et leur appliquer ses mérites en leur ouvrant le trésor des indulgences.
Mère tendre et dévouée, l'Épouse immaculée du Christ enveloppe de sa maternelle sollicitude et d'un égal regard d'amour tous les enfants qu'elle a enfantés à son divin Époux ; mais si elle se réjouit de la gloire et du bonheur de ceux qui sont arrivés à la bienheureuse patrie, si déjà elle triomphe avec eux et en eux, tranquille désormais sur leur sort, elle reporte toute sa sollicitude et sur ceux qui militent et combattent encore avec elle sous le glorieux étendard de la croix, et sur ceux qui, entrés sous le domaine de la justice de Dieu, languissent loin du ciel et l'implorent dans leur détresse.
Comme une mère qui semble préférer à tous les autres celui de ses enfants qu'elle voit souffrant et affligé, l'Église, elle aussi, loin d'oublier les saintes âmes du purgatoire, semble avoir pour elles une tendresse plus vive, un dévouement plus actif que pour ses autres enfants. Chaque jour, elle exige que sur tous les autels du monde catholique, il soit fait mémoire d'elle au saint Sacrifice de la Messe, afin que le sang adorable de son divin Époux plaide leur cause auprès de son Père, et vienne comme une rosée rafraîchissante tomber au milieu des flammes qui les dévorent pour en amortir l'ardeur. Dans les prières de son admirable liturgie elle fait également mémoire d'elles : il en est encore de même dans l'office que récitent chaque jour ses ministres. Enfin, elle a institué une fête spéciale en faveur des fidèles défunts, et aussitôt après avoir excité notre émulation en nous montrant la gloire dont Dieu couronne les vertus de nos frères dans le ciel, elle veut également exciter notre charité et notre compassion pour ces autres frères qui, assurés du même bonheur, le voient différé jusqu'à ce que les moindres souillures du péché soient effacées dans leur âme. Et pour cela, elle ouvre en quelque sorte à nos regards les tristes prisons où gémissent ces saintes âmes, elle se hâte de faire monter vers Dieu la voix de ses soupirs, de ses gémissements et de ses prières, nous engageant à y unir les nôtres pour fléchir sa justice et faire déborder les trésors de sa miséricorde sur ses enfants affligés.
Enfin, tous les Souverains Pontifes qui viennent successivement s'asseoir sur le trône de saint Pierre, les montrent animés de la même charité pour les saintes âmes du purgatoire, tous semblent comprendre la grandeur de leurs souffrances, et se montrent empressés de les abréger et d'y mettre un terme en étant saintement prodigues pour elles des mérites de Jésus-Christ. Remarquons que presque toutes les indulgences que les Souverains Pontifes accordent aux fidèles, sont applicables aux âmes du purgatoire. Ne semble-t-il pas par là les inviter à se montrer généreux envers leurs frères défunts, à s'oublier pour leur venir en aide et à user pour eux de la charité dont ils auront bientôt besoin qu'on use envers eux.
Enfants de l'Église, laissons nos cœurs se pénétrer de la charité de notre mère commune ; soyons à son exemple compatissants et miséricordieux envers les âmes du purgatoire. Souvenons-nous que nous sommes unis à ces saintes âmes par des liens d'une fraternité spirituelle et toute divine ; comme nous elles ont été régénérées par les eaux du saint baptême, et nous pouvons dire avec vérité que le même sein nous a portés, que nous avons été nourris du lait de la même doctrine, puisque nous sommes enfants de la même mère. Ces saintes âmes n'ont pas seulement été, comme les nôtres, marquées du sceau de l'adoption divine, mais comme nous aussi et peut-être à côté de nous, elles ont pris place à la table des anges, et le pain divin de l'Eucharistie leur a été rompu comme à nous ; comme nous elles ont reçu ce gage sacré de la vie éternelle et de la résurrection glorieuse marquées du sang adorable de l'Agneau divin ; elles ont emporté dans l'éternité les mêmes espérances qui adoucissent maintenant les labeurs de notre triste pèlerinage. Ne sont-ce pas là des droits incontestables à notre compassion, et des titres sacrés à notre amour ? Ah ! si les enfants d'une même famille, quand ils sont bien unis, s'aiment tendrement entre eux, si les peines de l'un deviennent les peines de tous, ne doit-il pas en être de même des enfants de l'Église ? Ces liens spirituels qui unissent ceux qui ont la même foi, la même espérance, qui attendent le même héritage seraient-ils donc moins forts et moins tendres que les liens du sang et de la nature ?
Non, il n'en est pas ainsi, et nous voyons toutes les âmes véritablement pieuses animées d'une tendre et compatissante charité pour les âmes souffrantes du purgatoire ; non-contentes de prier pour elles, de leur appliquer toutes les indulgences qu'elles peuvent gagner, elles s'efforcent encore de payer une partie de leurs dettes en leur cédant généreusement leurs œuvres satisfactoires. Imitons-les et soyons convaincus que notre charité loin de nous appauvrir nous enrichira devant Dieu, et que parmi les œuvres de miséricorde celle qui a pour objet le soulagement de ces saintes âmes n'est pas la moins agréable au Seigneur et la moins méritoire à ses yeux.

PRIÈRE.
0 Dieu infiniment bon, infiniment miséricordieux, qui avez voulu que la charité la plus tendre unisse entre eux tous les membres de la grande famille chrétienne, montrez-vous donc favorable aux prières et aux supplications que l'Église triomphante du ciel ne cesse de vous adresser en faveur de l'Église souffrante du purgatoire. Soyez aussi touché des larmes et des gémissements que l'Épouse de votre divin Fils fait sans cesse monter vers le trône de votre miséricorde. C'est une mère, ô mon Dieu, qui vous conjure d'avoir pitié de ses enfants, de vous relâcher des droits de votre justice et de mettre fin à leurs peines. Ne soyez pas insensible, Seigneur, à la douleur et aux ardentes supplications de cette mère affligée. Elle ne se présente pas devant vous les mains vides, mais elle vous offre pour la rançon de ses enfants, le sang adorable qui a coulé pour eux sur le Calvaire, et dont la voix puissante s'élève encore à toutes les heures du jour, de tous les autels du monde chrétien, pour vous demander leur grâce. Laissez-vous donc fléchir, ô mon Dieu, oubliez votre justice pour ne vous souvenir que de votre miséricorde. Remettez à ces saintes âmes les peines qui leur restent encore à subir, et admettez-les enfin dans ce lieu de rafraîchissement, de lumière et de paix après lequel elles soupirent, et que l'Église du ciel et celle de la terre vous demandent également pour elles. Ainsi soit-il.


EXEMPLE.
Dans le monastère de sainte Catherine, à Naples, on avait la louable coutume de terminer toutes les œuvres de la journée en récitant au dortoir les vêpres des morts, afin d'obtenir du Seigneur la paix et le repos pour les âmes des trépassés avant de se livrer au sommeil. Cette pieuse pratique était chère au purgatoire autant qu'au ciel ; mais un soir que des occupations extraordinaires s'étaient prolongées dans le couvent jusqu'à une heure avancée de la nuit, les religieuses allèrent prendre leur repos sans offrir pour les morts leur suffrage accoutumé. Mais pendant qu'elles donnaient il descendit du ciel une cohorte d'anges qui, se rangeant avec ordre dans le lieu où les religieuses avaient l'habitude de prier, chantèrent avec une mélodie toute céleste l'office qui avait été omis. Une sœur veillait alors en prières, c'était la vénérable sœur Paule de Sainte-Thérèse, qui, surprise à ces accents inattendus, sortit en toute hâte de sa cellule pour s'unir à ses sœurs qu'elle croyait entendre chanter ; mais quel ne fut pas son étonnement, quand elle vit les anges en nombre égal à celui des religieuses du monastère, les suppléer dans leur œuvre de charité, afin que les morts ne restassent pas privés d'un suffrage si utile ! Le cœur de la vénérable servante du Seigneur devint alors encore plus compatissant pour les âmes du purgatoire, que les habitants du ciel, aussi bien que ceux de la terre se font un bonheur de secourir ; et ayant raconté le fait à ses compagnes, il fut décidé que désormais aucune circonstance, quelque importante qu'elle fût, n'empêcherait plus la récitation des vêpres à l'intention des âmes des trépassés. (Vie de la V. Paule de Sainte-Thérèse.)

PRATIQUE.
Admirer la bonté de Dieu, qui permet que par la communion des saints, les liens qui nous unissent à ceux que nous aimons sur la terre ne soient pas rompus, et lui rendre grâces de nous avoir donné un moyen si facile et si doux de leur prouver encore notre dévouement et notre amour.






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