Le mois de saint Joseph 6 mars

Le mois de saint Joseph
6 mars

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Sixième jour
Nazareth
- Troisième mystère -
Et Jésus s'en revint avec eux à Nazareth, et il leur était soumis.
(Luc. II, 51.)
Joseph et Marie ayant retrouvé l'Enfant, comme nous l'avons vu dans la méditation précédente, s'en revinrent aussitôt chez eux, à Nazareth, et là, pendant bien des années encore Jésus demeura dans leur maison, et il y travaillait sous leurs ordres, obéissant fidèlement en toutes choses.
J'ai le dessein de faire aujourd'hui une petite contemplation. Venez, pieux lecteur, venez avec moi à Nazareth ; tenez-vous humblement à genoux à la porte de cette humble maison et regardez : ce sera le Ier point de cet exercice. Pour le IIe point, nous tâcherons d'entendre et de garder dans notre cœur quelques paroles, précieux souvenir de notre visite à la famille sainte. Voir et entendre, c'est le sujet et la division de la contemplaljon deNazareth.




I. Voir, regarder, examiner ; pesez la valeur de ces trois mots, et comprenez-en bien la différence. Ce n'est pas un coup d'œil superficiel, vague ou incertain, ce n'est pas un regard léger, rapide, distrait, mais un examen sérieux et attentif, une étude grave et prolongée ; que rien ne vous échappe, même des plus petits détails de cette vie de Nazareth. Contemplez avec soin et surtout avec amour ; profitez de tout ce que vous allez voir, et vous ne pourrez jamais vous lasser de regarder et d'examiner encore.
Ce qui frappe tout d'abord, c'est la pauvreté de cette petite maison, et puis la propreté la plus admirable. Tout est si bien rangé et à sa place ; partout un ordre parfait. Et puis tout le monde y prie ou travaille. Enfin quel silence !... Voilà, en trois mots, ce qu'on remarque au premier coup d'œil dans cet intérieur. C'est un spectacle digne de Dieu, des anges et des hommes ; et en effet le Seigneur abaissait ses yeux sur cette humble demeure, il reposait ses regards de complaisance sur son fils devenu pauvre ouvrier sur la terre ; et les anges adoraient en silence un Dieu caché, le Verbe divin anéanti et obéissant.

 Mais vous comprenez que ce n'est là qu'un premier regard, à la surface, et, pour ainsi dire une simple construction de lieu, pour fixer immédiatement votre attention et vous attacher au sujet. Approchez donc un peu, et, sans oser encore entrer dans la maison, regardez de plus près et considérez les trois personnes qui l'habitent... et quand vous aurez vu leur extérieur, leur travail, ce qu'elles font ; entrez dans leur cœur pour en étudier les plus secrètes et le plus intimes pensées.
Nazareth!... quoi ! c'est ici qu'habite le fils de David, le roi des cieux !... la fille de Juda, la Vierge immaculée, la mère d'un Dieu ?... et Joseph, le descendant des rois, le juste du Seigneur et son fidèle gardien !
—Oui c'est ici... ce pauvre artisan que vous voyez travailler à la sueur de son front, c'est le maître de la maison, le charpentier Joseph ; cette pauvre femme qui travaille aussi, soit à réparer quelques vêtements, soit à préparer le repas frugal de midi, c'est Marie, l'épouse de Joseph, la mère de l'Enfant, et ce petit apprenti qui travaille de son côté, c'est Jésus, le Fils éternel de Dieu, le roi de la gloire, et dans le temps, fils de la vierge Marie.

Contemplez-les un instant en silence, nourrissez votre âme de ce spectacle, songez que cet état a duré jusqu'à l'âge de trente ans ; que Jésus-Christ est resté tant d'années dans cette maison de Nazareth, à travailler ainsi, et qu'il savait bien pourtant qu'il ne devait en passer que trente-trois sur la terre !... Comprenez enfin quelle plaie l'orgueil avait faite au cœur de l'homme !... et apprenez à aimer le silence et le travail, l'oubli et les mépris : Amanesciri et pro nihilo repntari (Imit.).

Ici encore vous ferez une remarque bien importante pour la gloire de saint Joseph, sur la vérité de ses titres et la réalité de ses pouvoirs dans la maison de Nazareth. Joseph dirige tout ; sa volonté est la seule régle, parce qu'il est le maître, comme père nourricier de l'Enfant, et comme époux de la mère de ce Dieu.

Toutes les vertus sont dans cet intérieur ; mais il y en a cependant une qui doit principalement fixer notre attention dans cet exercice, puisque c'est la seule dont l'Évangile ait parlé ; je veux dire l'obéissance. Toute la vie de trente ans est renfermée en trois mots : Erat subditus Mis, Jésus leur obéissait.

Vous méditerez donc sur l'excellence de cette vertu, pendant la contemplation que vous ferez avec délices, suivant tous les détails des actions ordinaires de la vie commune, et pendant le cours d'une journée entière.

Ainsi cet exercice renfermera, avec le lever, les heures de la prière, du travail, des repas et des entretiens les plus intimes de cette sainte famille. Profitez bien de tout ce que vous verrez, pour élever votre âme jusqu'à cette perfection infinie.

Mais il faut suivre notre contemplation, voir ce Dieu apprenti d'abord, puis simple artisan, qui travaille avec Joseph et sous ses ordres. Eratsubditus : quis? quibus? dit saint Bernard, Deus hominibus : Disce homo obedire, pulvis obtetnperare ! Deus se humiliat, et tu te exaltas!... Deus se subdit hominibus, et tu te tuo prxponis auctori!... Il obéissait, qui ? et à qui ? un Dieu, aux hommes ! Apprends donc, ô homme, à obéir, cendre et poussière apprends à rabaisser ! Un Dieu s'humilie, et tu voudrais t'élever !... un Dieu se soumet à la volonté des hommes, et tu voudrais préférer ta volonté à celle de ton Créateur ! Méditez donc.
Quis?... C'est un Dieu qui obéit, c'est-à-dire la toute-puissance même et la sagesse éternelle... Celui qui commande au ciel et à la terre, aux anges et aux hommes, à la vie, à la mort, au néant même, qui a répondu à sa voix...



 Quibus?... Il obéit à Joseph, à Marie, et aux habitants de cette cité, aux riches fiers et dédaigneux qui lui parlaient avec hauteur... Et puis un jour, il obéira aux bourreaux qui lui ordonneront de se coucher sur la croix, qui lui demanderont sa main, pour y être clouée... Il obéira toujours et sans se plaindre, avec joie, avec amour, pour la gloire de son père céleste et pour le salut des hommes.






Un Dieu qui obéit, mais en quoi, et de quelle manière ? Et quomodo ? Ah ! c'est ici que la contemplation vous découvrira une foule de ces actes, petits en apparence, et si grands, si méritoires dans la réalité.
Vous ne pourrez vous empêcher d'admirer en silence ce divin Sauveur qui, au premier mot de Joseph, et sur un simple signe de la volonté de ce pauvre artisan, va, vient dans l'atelier, apporte un outil, en aiguise un autre, ramasse les éclats de bois et les met à l'écart, ouvre une fenêtre, ferme une porte, prépare ce qui est nécessaire pour le travail de son maître, l'aide à tracer une ligne droite sur une planche, et à la scier ensuite.
Et il fait tout avec tant de simplicité, tant de joie et d'amour, que l'on dirait un ouvrier ordinaire qui n'a jamais fait que cela, et qui sait bien que, pour apprendre quelque chose, il faut commencer par obéir.



Mais combien de temps devra durer cet apprentissage, et cette vie d'obéissance pour un Dieu ? Quandiu ? Je l'ai dit, trente ans, sur trentetrois... Ou, pour parler avec plus de vérité, jusqu'à la fin, jusqu'à la mort et la mort de la croix : factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis ; mais à Nazareth, dans cette petite maison, jusqu'à trente ans !
Qui jamais, parmi les hommes, aurait imaginé une pareille destinée pour ce grand Dieu, et ce moyen pour sauver le monde ? Obéir, toujours obéir, s'humilier et toujours s'humilier ! Et pourtant il n'est vraiment rien de plus divin que ce conseil des anéantissements de notre Sauveur, et ce plan de notre rédemption.
L'homme ayant voulu s'élever au-dessus de Dieu, ayant préféré sa propre volonté à celle de son créateur, c'est par la soumission, par l'obéissance que Jésus devait réparer l'outrage de nos révoltes, et qu'il pouvait guérir la plaie de notre orgueil : Disce homo subdi; pulvis, obtemperare ! N'apprendronsnous pas à obéira son exemple ? Cendre et poussière, ne saurons-nous pas enfin nous humilier !
Vous ferez encore ici les plus simples réflexions sur le prix et le mérite des actions, que l'on est convenu d'appeler petites et ordinaires, et qui font comme l'essence de la vie de tous les hommes.
La sainteté consiste surtout dans la perfection des œuvres communes.
Pour apprendre à les sanctifier, vous entrerez dans le cœur de Jésus, de Marie, de Joseph.
Quelles pensées, quels sentiments les animaient pendant ces heures consacrées au travail !
Ces deux mots : gloire et amour à vous, ô mon père, paix et miséricorde à la terre, résument toutes les intentions les plus sublimes de ce divin Cœur... Et vous savez, par la théologie, qu'il aurait suffi d"un seul de ces petits actes d'obéissance du Dieu-homme, pour réparer tous les péchés du monde et sauver l'univers entier.



0 fatale illusion d'une foule de chrétiens ignorants, qui négligent le travail de leur sanctification, par le mépris des petites choses, et qui prétendent bien un jour faire quelque chose de grand pour Dieu ! Mais vraiment, quand tous les hommes se réuniraient à la surface de cette petite terre, que pourraient-ils jamais faire de si grand et de si merveilleux ?... On ne se doute même pas de leur existence dans la planète qui est la plus près de nous, et dans les hauteurs des cieux, la terre est comme si elle n'était pas.



Ce que Dieu regarde, c'est le cœur ; ce qui le glorifie, ce qu'il récompensera éternellement, c'est l'amour d'une âme fidèle à ses lois, et qui, dans l'humilité et dans l'obéissance, aura sanctifié ses jours, en imitant Jésus-Chrit son fils et notre maître. Et, comme ce grand Dieu, du haut de son trône éternel, n'avait de regards de complaisance que pour Nazareth, ainsi n'abaisse-t-il encore aujourd'hui ses yeux que sur les petits et les humbles, méprisant les sages et les conquérants du monde, dédaignant les esprits orgueilleux et les pauvres superbes de la terre.

II. Entendre. Je ne puis plus qu'indiquer, en peu de mots, les réflexions que renfermerait la seconde partie de cet exercice. Vous commencerez par écouter..., c'est-à-dire admirer le silence, qui régne dans cette petite maison de Nazareth.

Vous en goûterez les charmes avec délices, toujours les yeux fixés sur la Sainte famille. Quelle paix dans cette solitude !... Quand Jésus, Marie, Joseph parlaient, avec quelle douce et quelle modeste gravité !... Si le peuple était comme ravi, en écoutant les paroles pleines de grâce qui sortaient de la bouche de Jésus : mirabantur in verbis gratise quse procedebant de ore ipsius (Luc, iv, 22), combien plus doux et gracieux devaient être ses entretiens avec sa mère, et les intimes communications de leurs âmes ! Une parole révélée pourra seule vous en donner une idée : leur conversation était dans le ciel : conversatio in cœlis.

Ici, vous ne vous contenterez pas d'entendre le son de leur voix, mais vous tâcherez de savoir quels devaient être plus ordinairement les sujets d'entretien de la Sainte famille, et vous apprendrez en un instant tout ce que vous devez vous efforcer d'éviter d'abord, et d'imiter ensuite, pour devenir semblable à Jésus-Christ ; car c'est là la fin de nos études, la régle de toute sainteté et la condition même de notre salut.

Il y a tant de chrétiens dont la parole est vaine et frivole, amère et mordante, quelquefois même légère et licencieuse. On ne parle presque jamais dans le monde, du royaume de Dieu, ni des choses du ciel. On ne traite que des intérêts matériels, de la politique des empires ; on se déchire dans des discours pleins de médisance et de calomnies. La parole la moins coupable est celle que l'Évangile condamne comme inutile, et dont on doit rendre compte un jour, au tribunal de Dieu. Allez donc à Nazareth, et vous n'entendrez pas un seul discours de cette nature, mais tout est charité : la bouche y parle de l'abondance des cœurs, et les cœurs sont pleins de l'amour de Dieu.

D'après le conseil de saint Ignace de Loyola, cet exercice doit se terminer par trois colloques à Jésus, Marie, Joseph, pour demander la grâce de comprendre ces mystérieux enseignements, et d'imiter les exemples de cet intérieur.

Que je serais ingrat si j'oubliais jamais les lumières que j'ai vues, les grâces que j'ai reçues, les paroles que j'ai entendues dans la petite maison de Nazareth !... Qu'il est doux d'habiter dans cette solitude avec Jésus, Marie, Joseph ! c'est le ciel même sur la terre. Que ne puis-je y demeurer jusqu'à la fin de la vie, caché avec Jésus, Marie, Joseph !

Je connais des prêtres, des religieux, des hommes même du monde qui, une fois introduits dans ce pieux asile, n'ont plus voulu en sortir... Depuis dix, douze, quinze ans, ils restent là, en qualité de petits serviteurs de la Sainte famille ; ils vivent de cette vie divine ! ils prient, ils travaillent toujours en compagnie de Jésus, Marie, Joseph, et comme sous leurs ordres. Demandez cette permission à Joseph, ô mon cher lecteur, et vous aussi, vous serez heureux à Nazareth !







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