Le mois de saint Joseph 5 mars

Le mois de saint Joseph
5 mars

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CINQUIÈME JOUR
JÉSUS PERDU ET RETROUVÉ A JÉRUSALEM
— Deuxième mystère —
Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? Voilà que nous vous cherchions tout affligés, votre père et moi. (Luc. II, 48)
Nous méditerons aujourd'hui sur un des mystères les plus étonnants de la vie de Jésus-Christ Notre-Seigneur.
Il n'est pas surprenant que des esprits superbes et ignorants se soient révoltés, scandalisés en quelque sorte, et qu'ils aient été jusqu'à blasphémer ce qu'ils ne pouvaient comprendre, puisque des âmes simples et fidèles ont eu quelquefois de la peine, en lisant dans le texte sacré la demande de Marie à Jésus : Fili, quid fecisti nobissic ? Mon fils, pourquoi en avez-vous agi ainsi avec nous ? et la réponse de Jésus-Christ à sa mère : Quid est quod me quxrebatis ? Nesciebatis quiain his, quœ Patris mei sunt, oportet me esse? Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être tout aux choses qui regardent mon Père ?
— Mais pourtant, si on voulait penser à la manière dont ces paroles ont été dites, au sourire plein de douceur et de respect, qui sans doute les accompagna, au ton de la voix même si calme et si pénétrante, au regard enfin si tendre et si caressant de la mère et du fils, non-seulement on ne trouverait plus de difficulté pour comprendre, mais on n'aurait plus même besoin d'interprétation, tant les choses sembleraient naturelles ; et les cœurs dociles trouveraient dans ce fait évangélique, une source abondante de lumières célestes et des plus sublimes enseignements.


Commençons par la traduction de quelques versets qui précèdent le récit mystérieux.
Saint Matthieu raconte en quelques mots toute l'histoire du retour de la Sainte Famille à Nazareth : mais il y en a un si simple et si beau, que je ne puis m'empècher de le faire remarquer : « Hérode étant mort, voilà que l'ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil et lui dit : Levez-vous, prenez l'Enfant et sa Mère, et allez dans la terre d'Israël, car ils sont morts ceux qui en voulaient à sa vie. Il revint donc au pays d'Israël, et se fixa dans une petite ville appelée Nazareth. »


Defundi sunt ! ils sont morts. C'est ce mot que j'aime bien. Oui, ils sont morts les ennemis de Jésus, ou ils vont mourir ; c'est là leur sort : et lui, Jésus-Christ, il vit et il vivra ! Chris tus hodie et in sxcula. Il les verra tous mourir... sur leur tombe on mettra sa croix... et si on ne l'y met pas, qu'importe ! Defundi sunt ! Parlez donc, impies, criez tant que vous voulez, écrivez, blasphémez... Le Dieu vivant attendra quelques jours, quelques années, et vous mourrez à votre tour, et on le priera pour vous... Votre mère , une pauvre servante peut-être , demanderont votre pardon à ce Dieu, et elles s'efforceront de l'obtenir par bien des larmes !
Il paraît que Joseph resta en Egypte six ou sept ans, et, pendant ce temps d'exil, sans doute que, malgré le travail continuel de son chef, la Sainte Famille eut à souffrir bien des privations.
Mais aussitôt après la mort d'Hérode, sur l'avis de l'ange, elle s'en revint à Nazareth, et y fixa pour toujours sa demeure.
Remarquez encore ici en passant que c'est toujours Joseph qui agit seul et le premier, en vertu du pouvoir qu'il a comme chef de maison : custos Domini... virum Marise. Il est le maître, il parle, les autres n'ont qu'à obéir.


Mais venons vite au sujet de la méditation. Tous les ans, la Sainte Famille allait à Jérusalem, pour la fête de Pâques.
Vers l'âge de douze ans, Jésus s'y rendit avec Joseph et Marie. Les jours de la fête passés, ils s'en revinrent, mais l'Enfant demeura à Jérusalem, sans qu'ils y prissent garde, pensant qu'il était avec ceux de leurs parents qui avaient été à la ville comme eux, et ils marchèrent toute la journée.
Arrivés à Nazareth, sans avoir pu Je trouver, ils retournèrent aussitôt le chercher.
Mais ce ne fut qu'au bout de trois jours qu'ils le virent dans le temple, au milieu des docteurs... et c'est alors que sa mère lui dit : «Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? Voilà que nous vous cherchions tout affligés, votre père et moi. » Et Jésus lui répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous ?... etc. »
Il est difficile de trouver, même dans l'Évangile, une page aussi belle. Vous commencerez votre exercice par entrer dans le cœur de Marie et de Joseph, pour comprendre leur douleur, quand ils crurent que Jésus était perdu. O Joseph ! ô Marie ! quel malheur ! et qu'avez-vous fait ?... Il est vraiment impossible de se figurer leur inquiétude et leur chagrin...


Suivez-les sur la route de Jérusalem : ils interrogent avec anxiété toutes les personnes qu'ils rencontrent, et demandent si on n'a pas vu ce divin entant, dont ils font le portrait le plus vrai, et par conséquent le plus ravissant.
— Non, il n'y a rien de plus poétique à la fois et de plus touchant que cette situation, et si on médite sur l'amour infini que devaient avoir de tels parents pour un tel enfant, on verra qu'il ne put jamais y avoir de douleur comparable à leur douleur.
Ces angoisses mortelles durèrent trois jours, après lesquels ils retrouvèrent l'enfant, dans le temple du Seigneur, où il interrogeait les Docteurs de la loi, et répondait à leurs questions avec une sagesse divine.
Dans la plainte si tendre de Marie, vous verrez quelle a été sa douleur : dans la réponse de Jésus vous reconnaîtrez sans doute le Dieu qui se révèle; mais ces paroles ont été dites avec tant de douceur, que l'Enfant n'a pas pu même contrister sa mère. Tous les trois revinrent immédiatement à Nazareth, et nous verrons dans la prochaine lecture ce qu'ils y faisaient.
Aujourd'hui nous nous bornerons à quelques réflexions sur le mystère, et nous verrons I. Comment on peut perdre Jésus. II. Comment il faut le chercher, et III. Où l'on peut espérer de le retrouver.

I. Comment pouvons-nous perdre Jésus ? — Hélas ! il n'est que trop vrai que bien des âmes ont ce malheur, et au lieu de pleurer et de le chercher à l'imitation de Marie et de Joseph, il y en a un grand nombre qui restent dans l'indifférence et s'habituent à vivre sans ce Dieu. On peut perdre Jésus de deux manières : ou bien en effet on s'éloigne de lui, on s'en sépare, ou bien c'est lui-même qui s'en va, ou du moins qui fait semblant de se retirer, de s'enfuir : et dans ce dernier cas c'est un châtiment ou une épreuve.
La plus fatale manière de perdre Dieu, c'est par le péché, qui va jusqu'à lui donner la mort dans notre âme. Il est vraiment perdu pour ces cœurs coupables et ingrats, dans lesquels il est crucifié, dit le saint apôtre. Interrogez-les....
Dieu n'est plus dans leur intelligence ; la lumière des cieux y est éteinte ; leur esprit s'est plongé dans la nuit et se nourrit de mensonge. Sondez leur cœur, Dieu n'y est plus dans l'amour, et ils n'ont plus d'autre nourriture que la boue des passions honteuses. Voilà pour les pécheurs, ils ont perdu Jésus.

Quant aux justes, ils peuvent le perdre aussi, en obligeant ce Dieu à s'en aller, à fuir, et c'est bien leur faute, car c'est la suite de leurs infidélités et d'une coupable négligence.
Il y en a souvent qui résistent au Saint-Esprit, et qui lui refusent tous les petits sacrifices d'amour qu'il demande, et cet Esprit, contristé par tant d'ingratitudes, se retire et les abandonne, parce qu'il a été abandonné le premier : Non deserit nisiprius ipse deseratur (S. Aug.).
On peut dire que pour ces âmes infidèles, Jésus est vraiment perdu ; il n'est pas mort, comme pour les pécheurs, mais il s'est en allé, on l'a mis en fuite, et c'est un malheur et un châtiment.
Il y a une autre sorte de personnes qui peuvent perdre aussi Jésus, sans qu'il y ait réellement de leur faute. Je veux parler ici des âmes ardentes et même généreuses... Quelquefois le Sauveur Jésus semble les abandonner ; il est comme perdu. On ne le voit plus, et c'est en vain qu'on le cherche ; on ne l'entend plus, il n'y a même personne qui puisse donner à cette âme des nouvelles de celui qu'elle aime, et dans cet état elle se plaint, elle gémit, elle languit et meurt d'amour...
Heureusement cette épreuve ne durera pas longtemps. Le bien-aimé n'est pas loin, il a fait semblant de s'en aller : fmxit longius ire... (Luc. xxiv, 28) pour augmenter encore l'ardeur de ses désirs et sa vive reconnaissance.
Alors même qu'on le croyait si loin et perdu pour toujours, il était à la porte du cœur ; il voyait les larmes, il comptait les soupirs, et il se disposait à revenir avec plus de lumière et de grâces.
Ces mystérieux secrets de l'amour divin ont été admirablement révélés au Cantique des cantiques, et l'épouse inconsolable nous apprend comment elle a cherché et retrouvé son céleste époux, qu'elle ne perdra plus... Terni eum, nec dimittam; dilectus meus mihi (Cant.).
Il est à moi, dit-elle avec transport, mon bien-aimé, je l'ai trouvé, je le tiens et je ne le laisserai plus partir, je le retiendrai toujours avec moi.

II. Comment faut-il chercher Jésus, quand on l'a perdu ? — L'Évangile nous l'apprend par un mot admirable : dolentes ; Marie et Joseph allaient partout, cherchant avec larmes ce cher Enfant qu'ils avaient perdu : dolentes. Il faut le chercher avec douleur, comme eux. C'est un si grand malheur de perdre un Dieu ! c'est le malheur suprême des abîmes éternels, et comme il n'y aura plus d'espérance de pouvoir jamais le retrouver dans l'enfer, ce sera un mal infini. Mais nous qui vivons, nous pourrons encore le retrouver ce grand Dieu, si nous le cherchons avec repentir.,. Tous, même les pécheurs, le retrouveront ; car il ne veut pas leur mort, il est toujours prêt à revenir et à leur rendre la vie.




Quant aux âmes tièdes et languissantes, qui ont aussi perdu Dieu par leur faute, elles ne pourront également le retrouver qu'à cette même condition : dolentes, la douleur ; et peut-être que Jésus ne reviendra pas sitôt, pour les punir d'abord, et parce qu'il a moins d'attraits pour elles. On dirait qu'il doute, et veut s'assurer de la vérité de leur conversion. Mais s'il voit une douleur sincère, un désir véritable, un commencement d'amour, il reviendra certainement ; il remplira le cœur de sa grâce sensible, signe et gage précieux de sa divine présence.
Pour les âmes ferventes, que le Seigneur a voulu seulement éprouver en se dérobant à leurs recherches, en se cachant pour ainsi dire à elles, comment doivent-elles le chercher ? toujours : dolentes, avec larmes, oui, sans doute, comme Joseph et Marie, mais sans trop d'empressement naturel, et surtout avec confiance et amour, bien sûres qu'il ne pourra pas refuser longtemps de revenir. Je l'ai dit Jésus plein de bonté se montrera toujours à ces âmes qu'il aime, et dont il veut être aimé encore plus ardemment.



III. Maintenant, où pouvons-nous espérer de retrouver notre Dieu, quand il a été perdu ? C'est dans le temple saint, comme Joseph et Marie, car tout est dans l'Évangile que nous méditons. Ils ne l'ont pas trouvé dans le chemin, dans la foule, ni dans les rues de Jérusalem : Intemplo. 

Or il y a deux temples, où Dieu se trouve et peut même parfois se cacher : ses églises d'abord, ses autels ; et puis aussi le tabernacle de notre cœur. C'est là qu'il faut aller le chercher.

Que les pécheurs, comme le juste éprouvé, aillent donc se prosterner dans le sanctuaire ; qu'ils aillent pleurer au pied des saints autels, où Jésus-Christ demeure ; qu'ils cherchent, qu'ils frappent ; Jésus-Christ répondra, il ouvrira, et ils le retrouveront bien certainement.

Que si ce bon maître paraissait vouloir encore se taire et se cacher, qu'ils rentrent en eux-mêmes, et ils le reverront soudain dans leur cœur ; il y est encore, il y est toujours. Médius vestrum sletit, quem vos nescitis (Joan. i, 26). et il dira, surtout à l'âme troublée, découragée peut-être : Modicsefidei, quare dubitasti ? (Matth. xiv, 34). Pourquoi doutiez-vous de ma miséricorde et de mon amour ? Et il la remplira de l'abondance de sa grâce et de célestes consolations.

Ames en peine, cœurs souffrants et délaissés, pauvres pécheurs, âmes tièdes et languissantes ; cœurs purs et brûlants d'amour, tous, vous cherchez Dieu... appelez Jésus à vous, il viendra, vous le trouverez... il est bien près de vous, je vous l'assure, Dominus prope est ! Son royaume est au milieu de vous... ou du moins il n'est pas loin... Apprupinquavit in vos regnum Dei. (Marc I, 15.)
0 mon cher lecteur, qui que vous soyez, ayez donc confiance ; mais cherchez Jésus comme Marie et Joseph, avec Marie et Joseph, et quand vous l'aurez retrouvé, ne le perdez plus ; dites-lui avec l'épouse fidèle : Tenui eum, nec dimittam. Non, je ne le laisserai plus partir, maintenant que je le tiens, et qu'il est à moi, et que je suis à lui. Dilectus meus miki, et ego Mi... (Cant. II, 16).








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