Le mois de saint Joseph
22 mars
Source : Livre "Mois de Saint Joseph : composé de trois neuvaines et un triduum pour tous les jours du mois de mars" par Alexis Lefebvre
VINGT-DEUXIÈME JOUR
SAINT JOSEPH PROTECTEUR SPÉCIAL DE LA FAMILLE
Il sera leur protecteur aux jours de la prospérité et aux jours de l'adversité. (Ps.IX, 10.)
Nous
allons continuer le sujet de l'exercice précédent, et parler encore de
la puissante protection de saint Joseph sur la famille chrétienne.
Le
lecteur pieux comprendra l'importance de cette méditation, et les
esprits sérieux saisiront la raison de la confiance que ce grand saint
inspire aux parents vertueux qui l'invoquent.
Chef
de la Sainte Famille, comment pourrait-il être insensible aux vœux
qu'on lui adresse ? Il a connu toutes les joies et toutes les peines de
cette vie, on peut tout confier à son cœur ; il fera éclater sa
puissance dans les jours de bonheur et dans les jours d'amertume : in
opportunitatibus, in tribulalione.
1.
Et d'abord, saint Joseph protégera la famille qui l'implore, pour les
jours de bonheur... Je dirai plus, c'est par lui que l'on obtiendra ces
jours de prospérité : in opportunitatibus.
—
Il y a pour les familles deux joies principales... c'est le jour de la
naissance d'un enfant désiré... et le jour du mariage de ce même enfant.
Eh bien, c'est à saint Joseph que les parents doivent recourir, pour
avoir du ciel cette double bénédiction.
1°
Pour la naissance d'un enfant d'abord. Sans cette grâce, le mariage
même serait comme une sorte de solitude, et la vie ressemble à un beau
et vaste désert. Entre ces deux cœurs il manquerait le doux lien d'amour
dont parle saint Augustin : vinculum amoris, un enfant dans les yeux
duquel le père et la mère se reconnaissent et s'entendent. Il y a des
pèlerins de la vie qui, n'ayant pas eu ce bonheur, n'ont pu traverser le
désert sans y goûter les eaux amères des larmes ; d'autres y ont
rencontré une foule d'ennemis contre lesquels ils ne luttaient pas sans
peine, sans dangers, et, si la manne des cieux ne les avait consolés et
fortifiés, quelques uns y seraient morts avec douleur et sans espérance.
C'est
que vraiment la naissance d'un petit enfant est pour le père et la
mère, pour toule la famille, la cause d'une grande joie ; et ce jour
n'est à proprement parler que le commencement d'une foule d'autres
bonheurs...
Ainsi,
le premier sourire d'un enfant chéri à sa mère la comble d'une joie
ineffable ; le premier mot de ce petit être bien-aimé fera tressaillir
le cœur du père et de la mère... Le premier pas qu'il aura fait, pour
aller se jeter sur sa mère, sera compté parmi les jours mémorables... Il
n'y a rien de petit dans cette existence ; tout est grand, charmant aux
yeux de la tendresse. On n'oubliera pas même un trait, ou une
circonstance, pas un mot.
Eh bien, c'est à Joseph que les jeunes époux doivent recourir, pour obtenir cette douce bénédiction du ciel.
On
en voit aussitôt la raison ; c'est parce qu'il a eu lui-même toutes ces
joies saintes et pures. Jésus, ce divin Enfant, a souri à son père, à
sa mère bien des fois, et sans doute au premier jour même de sa
naissance, dans l'étable de Bethléem, puisqu'il avait déjà toute la
plénitude de son intelligence, et qu'il aimait si tendrement la Vierge
immaculée sa Mère et Joseph son père nourricier. Joseph l'a vu avec
bonheur... il a entendu avec transport le premier mot de cet Enfant béni
; quel jour ?
Nous
n'osons pas dire aussi hardiment notre pensée, mais il ne put sans
doute faire attendre longtemps Joseph et Marie, dont il connaissait la
douce impatience... Et quel fut le premier mot de Jésus ? Ah ! je ne
craindrai pas ici de dire ce que mon cœur m'inspire de répondre, ce fut
le nom de Marie, le nom de sa mère, qu'il prononça avec amour... Et,
quant au premier pas, j'aimerais assez la pensée ingénieuse d'un poète
religieux. Il suppose que ce fut saint Joseph qui fit marcher cet Enfant
pour la première fois, en lui montrant de loin une petite croix. Jésus,
transporté d'amour, s'élança aussitôt pour la prendre et la baiser !..
.Quelles douces émotions ! quels souvenirs touchants ! quelles saintes
allégresses pour le cœur de saint Joseph et de la sainte Mère de Jésus !
Nous
n'hésiterons donc pas à le dire ; au ciel même saint Joseph ne peut pas
être indifférent, lorsque, dans leurs prières ferventes, de jeunes
époux lui rappellent ces beaux jours de Bethléem et de Nazareth, et
qu'on lui demande la grâce ou la bénédiction de la fécondité. Ayez
confiance, ô vous qui, depuis plusieurs années peut-être, adressez au
ciel des vœux ardents ; recourez à Joseph et vous serez exaucés.
Combien
d'exemples je voudrais citer ici de cette merveilleuse protection !
Mais je ne puis m'empêcher de rappeler au moins ce trait touchant arrivé
dans l'Association de la Bonne Mort établie dans notre église du Jésus,
à Paris même.
Pendant
la neuvaine préparatoire à la fête du Patronage, en 1865, le P.
Directeur s'était efforcé d'exciter la confiance dans tous les cœurs des
pieux associés, et il avait signalé en passant les grâces que l'on
pouvait surtout demander et espérer...
La bénédiction des enfants n'avait pas été oubliée...
Or,
il y avait là, dans l'auditoire, deux jeunes ménages qui sollicitaient
cette grâce, l'un depuis six ans, l'autre, depuis quatre seulement.
Tous
les deux firent en même temps leur prière, et tous les deux furent
exaucés, mais d'une manière si frappante qu'il est impossible de ne pas
reconnaître d'où venait cette grâce ; car les deux enfants naquirent le
même jour, et ce jour était le 19 mars 1866, fête de saint Joseph ;
c'étaient deux beaux petits garçons, et on leur donna à l'un et à
l'autre le nom chéri de leur saint protecteur, le nom de saint Joseph, à
qui ils devaient la vie, et à qui sans doute ils devront leur salut et
leur bonheur.
C'est
donc à lui que dans la famille on aura recours, pour obtenir du ciel
cette bénédiction des enfants, et nous avons déjà dit que, par son
intercession puissante, on devait demander et qu'on obtiendrait la grâce
de les bien élever, de les conserver purs et innocents, jusqu'au jour,
où l'on devra s'occuper de leur avenir... C'est alors surtout qu'il
faudra invoquer ce grand saint avec confiance. C'est alors qu'il fera
éclater les effets les plus touchants de sa protection sur la famille
chrétienne.
2°
Le jour du mariage d'un fils unique, d'une fille chérie, est aussi un
jour de joie, d'espérance au moins pour tous les membres d'une famille,
et cette espérance ne sera pas trompée ; ce bonheur durera dans celle où
l'on aura imploré le puissant secours du bon saint Joseph. C'est
principalement à lui que l'on devra cette grâce, si rare aujourd'hui,
d'un mariage tout à fait heureux.
Tout
le monde se plaint en effet, on répète partout qu'il est extrêmement
difficile de marier les enfants, de les bien marier. Les pères de
famille s'inquiètent longtemps d'avance, les mères se préoccupent, se
troublent et s'agitent.
Ceux
qui ont la foi, celles qui ont de la piété, ne peuvent voir grandir
leurs enfants sans crainte ; et, il faut bien le dire, ces craintes ne
sont que trop fondées.
Dans
ce siècle d'or et de luxe, à cet âge d'indifférence pour tout ce qui
tient à la vie éternelle, le bonheur de la terre et le salut même
peuvent être compromis à la fois... On a vu des parents si malheureux
d'avoir été trompés ! on sait que tant de belles fortunes se sont
évanouies ; tout a été joué, perdu, englouti !...
On
a vu tant de jeunes épouses qu'il a fallu sauver, en les séparant, par
la justice des lois, de celui qui avait surpris leur cœur, et trompé
celui de leur père et de leur mère ! Tant d'avenirs ont été brisés !
tant d'âmes ont été plongées dans le désespoir !
Quels dangers et quelles craintes ! Comment éviter ces malheurs ?... Qui pourra donc en préserver nos enfants ?
— Ah ! c'est saint Joseph, le véritable patron de la famille chrétienne...
Que
les pères et mères l'invoquent avec confiance ; que les enfants
eux-mêmes le prient avec ardeur, et le jour du mariage sera un jour de
joie pure, et ce jour sera suivi de mille jours, de toute une vie sans
nuages.
C'est lui, en un mot, qui prépare et arrange tous les beaux mariages.
Disons
d'abord la raison de ce privilége glorieux, et puis, nous constaterons,
nous prouverons le fait même de l'intervention de saint Joseph dans ces
alliances chrétiennes.
Joseph
a été si heureux dans l'union qu'il a contractée avec la vierge Marie
!... Jamais mariage béni des cieux, ne fut mieux assorti sur la terre...
Tous les deux appartenaient à une famille noble, antique, à une maison
royale ; ils étaient de la tribu de Juda, de la race de David. Ils
étaient pauvres tous les deux, mais si riches de vertus !... Ils avaient
les mêmes goûts, une sympathie parfaite : égale convenance d'âge,
surtout si l'on se rappelle que Joseph devait être le gardien fidèle de
la virginité de Marie... Les anges seuls ont connu, admiré le bonheur
céleste de cette union des cœurs de Marie et de Joseph, et le charme
ineffable de leur prière commune et de leurs entretiens les plus
intimes...
Mais
qui pourrait, même parmi les anges, exprimer ou concevoir le bonheur,
la joie de ces deux âmes, quand le ciel, par le plus grand des mystères
d'amour, leur donna l'Enfant-Dieu, ce vinculum amoris !... et que, de
son petit berceau, Jésus sortait en souriant pour reposer entre les bras
de Joseph, ou sur le sein de sa mère chérie !... Peut-il y avoir, au
ciel même des cieux, une plus grande félicité que de voir Dieu, de
l'aimer, de le posséder !... Et celui qui a été si heureux, pourrait-il
ne pas se laisser toucher à la prière de ceux qui imploreront son
secours, et lui demanderont de protéger et de bénir l'union de leurs
enfants.
Saint
Joseph ne manquera pas de répondre à ces vœux de la famille chrétienne :
il est surtout sensible aux larmes des mères qui ont recours à lui dans
ces circonstances.
Nous
le savons et nous conservons, dans les archives de l'Association de la
Bonne Mort, dont nous parlions tout à l'heure, plusieurs témoignages
touchants de cette protection singulière de saint Joseph...
Tantôt,
ce sont des mariages inespérés qui ont été obtenus, et tantôt, ce sont
des alliances qui allaient se faire et qui ont été miraculeusement
rompues, pour le bonheur d'une jeune fille et de sa mère.
Quelquefois ce sont des ménages parfaitement réconciliés.
Pour
ceux qui savent lire et comprendre, on n'a qu'à voir les ex-voto
suspendus aux autels de ce bon saint Joseph... on y verra la preuve
écrite de ce que je dis en ce moment, et, si on pouvait ouvrir les cœurs
d'or qui sont attachés aux murs sacrés de sa chapelle, on y verrait ce
même témoignage de la reconnaissance, exprimé ne termes bien plus clairs
encore et plus naïfs.
Ayez
confiance encore une fois, ô vous, pères et mères de famille, qui
sollicitez cette grâce pour vos enfants, la grâce d'un bon mariage,
c'està-dire d'un mariage heureux et chrétien, et vous l'obtiendrez de
saint Joseph.
II. C'est encore lui qui est le protecteur des familles, aux jours de peines et de douleurs : in tribulatione.
Cette
vie est pleine de misères, et souvent même ceux dont on envie le
bonheur se trouvent plongés dans les amertumes et vivent dans les
larmes.
Nous ne pouvons indiquer toutes les causes de tant de souffrances ; il suffira d'en montrer les deux sources principales...
C'est
: 1° le déréglement des coeurs, et 2° le dérangement des affaires ; et
nous disons que saint Joseph préservera de ce double malheur la famille
qui l'invoque, ou du moins, il la consolera toujours.
1° Le déréglement des cœurs.
Quand il n'est plus à sa place, comme dit l'Écriture sainte, quels tourments ! quelles angoisses !
Ce
désordre dans les mouvements du cœur, dans ses affections, ce trouble
dans le sentiment d'amour est une agonie douloureuse, c'est-à-dire une
vie mourante, une mort vivante, un supplice incessant.
Si
un mari est infidèle à ses serments, si une femme est inconstante, une
mère, sans tendresse, si un enfant s'égare et n'aime plus... tous les
cœurs souffrent de la blessure d'un seul ; tous, brisés par la douleur,
laissent couler leur sang le plus pur et s'épuisent en gémissements...
Le sang du cœur, ce sont les larmes, et alors ne tombent-elles pas jour
et nuit par la plaie ?
0
saint Joseph ! C'est vous qui prévenez ces malheurs... c'est vous qui
les réparez, et qui avez mille fois consolé ces âmes plongées dans une
tristesse mortelle.
C'est
en effet le sujet le plus ordinaire des demandes que l'on fait à votre
saint autel ; c'est le sujet des actions de grâces que l'on ne cesse de
vous adresser. Les annales de l'Église, les archives des familles, les
Mois de saint Joseph, les journaux même que l'on a fondés à la gloire de
notre saint protecteur, sont remplis de ces faveurs extraordinaires, de
ces miracles obtenus par la prière... et les familles reconnaissantes,
pour garder la mémoire de ces bienfaits, en gravent le souvenir touchant
sur le marbre ou sur la toile fidèle.
Ce sont les ex-voto qui partout ornent et couvrent les murs des sanctuaires consacrés à la gloire de saint Joseph.
Il
était si heureux ! il aimait si tendrement Jésus et Marie ! il était si
tendrement aimé de Jésus et de Marie ! voilà en deux mots, la raison
qui doit l'intéresser au bonheur des familles, et en même temps le motif
de la confiance des prières qu'on lui adresse à cette intention.
2°
Et maintenant, terminons par un mot, un mot seulement sur une autre
sorte de peines qui souvent suffit pour jeter bien du trouble dans les
âmes. C'est le dérangement des affaires, la perte de la fortune, les
embarras matériels de la vie, ou la gêne. Ah ! si du moins dans cet état
les cœurs pouvaient conserver l'affection et l'amour, la peine serait
bien adoucie ; mais il est d'expérience que rien ne contribue à
refroidir les cœurs, souvent même à les séparer, comme cette cruelle
épreuve et la série d'inquiétudes et de misères qui l'accompagnent.
Quelquefois aussi, bien des fautes et des fautes graves en sont la
triste et nécessaire conséquence.
Ah
! c'est quand on prévoit ce malheur, et que l'on se sent comme entraîné
vers cet abîme, qu'il faut surtout invoquer saint Joseph ; c'est à lui
qu'il faut recourir avec confiance, lorsque déjà on est dans la peine et
qu'on souffre... La raison en est frappante ; Joseph était le chef de
la Sainte Famille, il était pauvre artisan, tout reposait sur lui ; on
vivait de son travail à Nazareth, la Mère et l'Enfant. Il a bien
certainement connu ces inquiétudes de la vie, il a souffert cruellement
plus d'une fois, et plus particulièrement, quand il fallut partir pour
l'Egypte, et pendant son exil sur cette terre infidèle... Il s'en
souviendra donc ; il sera touché de vos peines.
Aussi
tous les ans, et principalement pendant le mois qui lui est consacré,
et pendant ses neuvaines, on voit des familles entières sauvées de la
misère comme par miracle.
Des
secours inespérés, des places avantageuses, quelquefois même des
successions sur lesquelles on ne pouvait compter, arrachaient au
désespoir une maison qui allait tomber ! Et ces fidèles serviteurs de
saint Joseph venaient à leur tour témoigner leur reconnaissance à leur
glorieux protecteur, et en perpétuer le souvenir par un ex-voto suspendu
à ses autels.
Toutefois
nous croyons devoir rappeler au pieux lecteur que, pour ces sortes de
demandes, et quand il s'agit des choses de la terre, on ne doit guère
prier que conditionnellement, et, s'il est permis de parler ainsi, sous
le bon plaisir du saint ; car il est possible que, dans la lumière de
Dieu, il voie qu'il nous est plus utile de souffrir ici-bas, comme il a
souffert lui-même ; et alors, en paraissant sourd à nos vœux, il nous
exauce encore d'une manière plus parfaite.
Tous
les ans aussi, nous avons eu des preuves de cette vérité ; mais
toujours la grâce de soumission, de résignation, de patience et d'amour
était augmentée dans ces cœurs fidèles et généreux, grâce bien plus
précieuse que toutes les richesses de la terre.
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