Le mois de saint Joseph
2 mars
Source : Livre "Mois de Saint Joseph : composé de trois neuvaines et un triduum pour tous les jours du mois de mars" par Alexis Lefebvre
DEUXIÈME JOUR
JOSEPH ÉPOUX DE LA VIERGE MARIE
— DEUXIÈME TITRE —
Joseph époux de Marie mère Jésus. (Matth., I, 16.)
Après
le titre incomparable de gardien et père nourricier de Jésus
: custos Domini, il ne pouvait y en avoir de plus glorieux que celui-ci
: virum Marise, époux de la vierge Marie et protecteur de la Mère de
Jésus. Le premier titre nous prouve que Joseph était l'homme le plus
saint, le plus juste du monde ; le second, qu'il était l'homme le plus
pur, le plus parfait de la terre. Un Dieu n'a pu être déterminé à ce
choix que par les vertus mêmes de Joseph ; un Dieu a dû combler de
grâces celui qu'il prédestinait à cette divine mission.
Qu'il
est doux à l'âme fidèle de contempler ce tableau ravissant de la Sainle
famille ! A toute heure du jour, quelles que soient les occupations qui
les fixent et les attachent, les trois personnes qui composent la
petite maison de Nazareth ne peuvent être séparées ; vous les verrez
toujours ensemble, unies de cœur et d'âme dans la prière, comme dans le
travail. C'est Joseph qui préside et commande, il a seul toute
l'autorité. Non-seulement il est parfaitement à sa place entre Jésus et
Marie, mais encore il est le chef de cette sainte famille, en qualité
d'époux de la Mère de l'Enfant-Dieu.
I.
Nous méditerons d'abord sur la vérité de ce titre : virum Mariae. II.
Puis, à cette occasion, nous ferons quelques réflexions sur les mariages
d'aujourd'hui, et dans les familles même qui se disent chrétiennes.
I.
Il est certain et de foi divine que Joseph a été l'époux de la vierge
Marie. L'Évangile et toute la tradition constante de l'Église ne peuvent
laisser le moindre doute à ce sujet. Ce n'était pas un vain titre,
comme le prouvent les textes sacrés de saint Luc et de saint Matthieu
: Missusest AngelusGabriel a Deo... advirginem riesponsatam viro cuinomen erat Joseph. L'ange
Gabriel fut envoyé par le Seigneur à une jeune vierge mariée à un homme
appelé Joseph. Si la généalogie de l'un et de l'autre se trouve également dans ces deux auteurs sacrés, c'est pour donner une raison légale de leur sainte union.
Le
ciel aussi reconnaît à Joseph la qualité d'époux légitime et de chef de
famille : c'est à lui seul que les anges portent les ordres du Seigneur
; après la naissance du Sauveur, et même avant l'accomplissement de ce
mystère, un autre envoyé céleste lui avait dit
: Noli timere accipere Mariantconjugem tuam : Ne craignez pas, Joseph,
de garder Marie votre
épouse, quod enim in ea natum est, de Spiritu Sancto est. (Matth. t,
20.)
Enfin
la sainte Vierge elle-même le reconnait encore d'une manière plus
éclatante, non-seulement en suivant Joseph, comme une femme fidèle et
soumise, mais en lui donnant le nom de père auprès de son divin Fils
: ego et pater tuus dolentes quxrebamus te (Luc, n, 48): Votre père et
moi nous vous cherchions, bien tristes et dans les larmes.
La
tradition la plus respectable et la plus antique atteste également le
mariage de Joseph avec la vierge Marie. Non-seulement la tradition
écrite, comme nous la trouvons dans les saints Docteurs et Pères, nos
maîtres dans la foi, et qui ont interprété dans leurs touchantes homélies
les paroles sacrées des textes cités plus haut, mais encore la
tradition monumentale, l'histoire écrite sur la pierre des temples et
sur les murs sacrés des catacombes...
Vous
y lirez avec admiration le récit même du miracle des fleurs, par lequel
le ciel déclara que, parmi tous les jeunes prétendants de la tribu de
Juda à la main de Marie, Joseph seul était digne de ce bonheur...
Tout
le monde sait que le souvenir de ce miracle célèbre a donné ù Raphaël
le sujet d'un de ses plus magnifiques chefs-d'œuvre. On voit, dans cette
page sublime de l'art chrétien, Marie et Joseph en présence du prêtre
qui les unit devant Dieu.... Joseph tient à la main le rameau fleuri
miraculeusement dans l'arche sainte, tandis que la foule des autres
jeunes, gens de sa tribu envie sa gloire et son bonheur, et que l'un
d'eux, dans son désespoir, brise sur ses genoux la tige aride qui vient
de lui être rendue.
Les
fleurs mystérieuses que saint Joseph porte à la main, dans toutes ces
images antiques et vénérées des premiers siècles de l'Église, ne
rappellent pas seulement ce prodige, elles révèlent aussi la pensée
universelle de ces temps de foi, où l'on a toujours cru que Joseph avait
épousé vierge, la vierge Marie, et qu'il avait, comme elle, toujours
conservé la belle fleur de cette vertu angélique .
Joseph
et Marie, au pied des autels du Seigneur, se prêtèrent donc un serment
mutuel d'amour ; les liens de cetle alliance sacrée et indissoluble
furent bénis par Jéhovah, dont les conseils, éternellement médités dans
les cieux, allaient enfin s'accomplir sur la terre, et demeurer quelque
temps cachés sous le voile de ce mariage. Le pontife saint qui présidait
à la cérémonie de cette union en ignora lui-même tout le mystère. Les
anges seuls eurent la révélation du secret de ces deux cœurs les plus
purs, et contemplèrent avec ravissement ce glorieux sacrifice.
Dès ce jour, et jusqu'à son dernier soupir,
1 Pourquoi
faut-il que de nos jours on semble ignorer ce privilège glorieux du
céleste époux de la Vierge immaculée ?... Sur la parole au moins
téméraire de quelques auteurs sans croyances religieuses, on a osé
répéter que Joseph n'a épousé Marie qu'en secondes noces, et après avoir
eu plusieurs enfants d'un premier mariage. De pareilles assertions
étonnent, scandalisent la piété des enfants de Marie et des fidèles
serviteurs de saint Joseph ; elles sont contraires à Renseignement
universel de l'Église. Il est triste surtout de les voir reproduites
dans des livres qui sembleraient destinés à être mis dans les mains de
tout le monde, et jusque dans des recueils de cantiques, heureusement
fort peu connus.
Joseph
ne quitta plus la sainte Vierge. Ils vécurent ensemble dans la plus
douce et la plus parfaite union. Comme deux lis dont les tiges
éclatantes de blancheur s'élèvent, et, mêlant leurs parfums embaument
les airs ; comme deux astres dont les rayons venant à se rencontrer dans
les cieux, répandraient une plus douce clarté, ainsi Joseph et la
Vierge très-pure dans l'ardeur de la prière, unissaient leurs vœux et
leurs plus saints désirs pour la rédemption d'Israël. Ils appelaient la
rosée des cieux ; ils conjuraient la terre d'enfanter son Sauveur... ils
priaient, et le Seigneur touché de leurs soupirs, y répondit après
quelques mois seulement de ce mariage céleste.
Dieu
envoya l'ange Gabriel à la jeune Vierge qui avait épousé ce saint
patriarche : Missus est angelus Gabriel a Deo*.. et l'ange la salua
pleine de grâce, et elle conçut du Saint-Esprit, et le Verbe s'est fait
chair, et il habita parnii nous
: Et Verbum caro factum est, et habi-. tavit in nobis (Joan. i, 14).
Gloire à la Mère de Dieu, gloire à Joseph époux de cette Vierge féconde,
et père nourricier de Jésus ! — C'est à lui que le Seigneur a confié la
Mère et l'Enfant ; il était digne de ce choix ; il a rempli sa mission
avec fidélité.
Mais
nous ne pouvons douter qu'il n'ait gardé, même dans le ciel, une partie
de l'autorité qu'il avait ici-bas sur Jésus et Marie. Jésus et Marie ne
peuvent rien refuser dans le ciel à celui dont ils ont toujours
respecté les ordres sur la terre.
II.
Il y aurait une foule de réflexions à faire sur ce titre sacré d'époux
de la Vierge : virum Marix ; et nous pourrions insister sur la gloire et
la puissance qui découlent nécessairement de cette élection divine.
Mais il nous parait plus utile encore de nous arrêter quelques instants à
méditer, avec le pieux lecteur, sur la manière dont on devrait se
préparer dans les familles chrétiennes, à la réception de ce grand
sacrement du mariage.
Nous
disons avec vérité, dans un langage éminemment chrétien, que les beaux
mariages, c'est-à-dire les mariages saints et heureux sont écrits
là-haut, au ciel... Mais qu'il est rare dans le monde que l'on cherche à
y lire, et qu'il y a peu de parents et d'enfants qui pensent à
consulter les anges !... Aussi voit-on bien peu de ces unions saintes et
vraiment heureuses ! Il n'y a presque plus rien de sacré dans les
conseils dont on s'environne, avant de fixer son
choix : à peine si l'on prie même le jour où l'avenir de la vie se
décide ! Le mariage est devenu pour beaucoup d'hommes une affaire, une
spéculation, et on y trompe, on y est trompé, comme dans les autres
industries.
Où
se traitent en effet ces affaires-là, où se décident ces grandes
questions ?... la plupart du temps, c'est dans le monde, c'est-à-dire
dans les bals. Et qui en régle les bases définitives ? les notaires,
comme pour l'achat ou la location d'une maison, et la mise à prix d'une
ferme. Voilà pour les préludes ; et tous les articles préliminaires se
réduisent, le plus souvent, à l'âge, la fortune, la santé. Puis on
s'occupera du caractère, et des principes religieux ensuite. Je sais
qu'il y a des exceptions, et des familles pour lesquelles ce dernier
point paraît capital ; aussi ces familles peuvent-elles espérer d'être
visitées et bénies par les anges de Dieu.
Pour
le jour même de la célébration du mariage, quelle différence encore !
Ces familles s'y préparent avec ferveur par la prière, par la
fréquentation des sacrements : on voit les jeunes fiancés communier, la
veille, à l'autel de Notre-Dame des Victoires ou dans quelque autre
sanctuaire privilégié. Les parents, les amis invités les accompagnent
avec bonheur et espérance. Tandis
que le plus grand nombre des autres mariages se font dans les vaines
préoccupations de la toilette, la dissipation des spectacles profanes,
et quelquefois l'intempérance même des banquets prolongés bien avant
dans la nuit.
Enfin,
à l'heure même du sacrifice, au moment solennel du sacrement qui va
unir pour toujours ces deux âmes, fixer pour elles l'avenir de cette
vie, et décider probablement le sort de leur éternité ; d'un côté il y
aura des prières et des larmes d'espérance et d'amour, et de l'autre,
c'est le sentiment qui dominait au contrat de la veille, et la pensée
fixe d'une affaire conclue.
Mais,
après cette belle cérémonie, il y aura bien sans doute aussi quelque
différence. Oui, certainement, les déceptions, les désespoirs ne
tarderont pas à venir pour les uns ; et, si pour les autres il y a
quelques peines réelles, car la vie de tout le monde est semée d'épines,
au moins on ne manquera jamais de force, de résignation, de patience,
et d'espérance surtout. En un mot, la religion peut seule rendre plus
douces les joies du mariage, en les sanctifiant ; seule, elle peut ôter
l'amertume des peines de cet étal, en donnant la grâce et en gardant
l'espérance dans les cœurs. Voilà ce que l'expérience de tous les jours
devrait apprendre aux hommes, mais ils ne veulent pas comprendre, ils
vivent dans l'illusion d'abord, et meurent dans le désespoir.
Nous
conclurons ces réflexions, en invitant le pieux lecteur à prier toutes
les fois que, pour lui ou pour ceux qu'il aime, il serait question de
vocation, ou de mariage. Oui, priez la Sainte Famille, mais surtout
saint Joseph, qui est le protecteur des chrétiens dans ces graves
circonstances de la vie. Nous en parlerons nécessairement plus tard,
lorsque nous serons dans la neuvaine des patronages, mais nous ne
pouvons manquer de saisir aussi cette occasion ; nous ne pouvons jamais
trop répéter ce conseil d'où dépend le bonheur et le salut même de
beaucoup d'âmes.
Par
l'intercession de ce grand saint, on évitera les dangers auxquels sont
exposées de nos jours les familles même les plus chrétiennes, dangers
d'être cruellement trompées, et sur les points les plus essentiels.
Souvent saint Joseph a préparé et béni les plus saintes et les plus
heureuses alliances ; plus souvent encore il a brisé des unions
désirées, et qui allaient être contractées pour le malheur d'un enfant
chéri, comme on l'a bientôt reconnu ; et la reconnaissance était bien
plus grande que n'avait été la peine d'un premier désenchantement.
Priez
donc, priez avec ferveur, priez pour vous et vos enfants ; vous
surtout, mères chrétiennes, priez pour tout ce que vous aimez ; priez
saint Joseph, le glorieux époux de la Vierge Marie, priez-le avec encore
plus de ferveur, quand vous assistez à une messe de mariage.
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