Le mois de saint Joseph
17 mars
Source : Livre "Mois de Saint Joseph : composé de trois neuvaines et un triduum pour tous les jours du mois de mars" par Alexis Lefebvre
LA PURETÉ
Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.
(Matth. T, 8.)
La
pureté... Quel nom donner à cette vertu ? Souvent on l'appelle
simplement la belle ou l'aimable vertu, ou bien encore la vertu des
anges, parce qu'elle nous rend sembables à ces esprits célestes ; et
puis, parce que comme les anges voient sans cesse la face de Dieu, ainsi
les âmes pures le contemplent avec bonheur dans la lumière de la foi
vive : Deutn videbunt !
Après
la sainte vierge Marie, mère de Jésus, Reine des anges et la plus pure
des créatures de Dieu, le plus chaste des hommes, c'est saint Joseph, et
c'est par cette pureté incomparable qu'il a mérité la gloire d'être
choisi pour devenir l'époux de la Vierge immaculée. Nul doute qu'il
n'ait voué à Dieu une perpétuelle virginité, comme Marie elle-même, quoi
qu'aient pu dire certains livres apocryphes et les écrits des rabbins,
auxquels, de nos jours, on a eu le malheur de donner quelque attention,
et dont on n'a pas craint de répéter les erreurs et les impostures, même
dans des livres de piété, heureusement devenus très-suspects.
I. Nous méditerons sur l'excellence de la pureté. II. Nous apprendrons à aimer et à imiter cette vertu des anges.
I.
Définir la vertu de pureté, c'est en dire la gloire et le bonheur.
Saint Thomas d'Aquin nous a donné cette définition générale : Libéra
abdicatio omnium delectationum, voluptatis prsecipue ; c'est le
renoncement libre et volontaire à tout plaisir, de la chair surtout, ou à
la volupté. La perfection de cette vertu est la virginité, qui renonce
même aux plaisirs permis ou légitimes. Il y a une pureté de corps, une
pureté de cœur et une pureté d'esprit ; les trois réunies constituent la
pureté absolue, la parfaite chasteté.
D'après
saint Thomas, cette vertu ne peut exister dans une âme, sans la
modestie, la pudeur, la retenue, qui en sont comme les parties
intégrales, et qui, la gardant comme de fidèles compagnes, révèlent
toujours sa présence en nous.
Cette
vertu est d'autant plus glorieuse, qu'elle est plus difficile aux
hommes ; car les hommes, qui sont nés de la terre et qui touchent à la
terre, sont bien différents des anges, purs esprits, qui sont du ciel et
dans le ciel.
C'est
aussi pour cela que Dieu l'a toujours tant aimée, et qu'il la comble de
ses plus grands bienfaits. Ceux qui sont purs vivent dans sa lumière,
dans sa paix et dans la joie de son divin Esprit. Mais tous ne sont pas
appelés à cette haute perfection de la virginité : non omîtes capiunt
verbum istud (Matth. xix, 11). Aussi faut-il bien distinguer entre le
précepte et le conseil.
Le
précepte : On doit éviter tout ce qui peut blesser la vertu de pureté
et de chasteté : les pensées, les sentiments, les désirs, les regards,
les paroles, les actions. Hélas ! et c'est pour manquer à ce précepte
saint, que la plupart des hommes se perdent, a dit le grand pontife de
Reims, saint Remi : propter vitium camis pauci salvantur.
Le
conseil porte celui qui l'a entendu et compris, à se priver pour
toujours de tous les plaisirs même permis. Alors on vit dans l'état de
virginité parfaite, à l'imitation de Joseph et de Marie, et c'est une
gloire et un bonheur incomparables, même sur la terre.
Remarquez
bien qu'il est de foi définie au Concile de Trente, que cet état de
virginité est non-seulement plus saint, tout le monde le croit
facilement, Sanctius, mais aussi plus heureux que l'état de mariage, et
Beatius ; et c'est ce que peu de personnes savent et peuvent comprendre :
sed quibus datum est .... Oh ! oui, elle est belle cette génération
pure : oh ! quam pulchra est ! belle même ici-bas ; on la voit s'élever
comme le lis au milieu des épines, au sein de la boue, mais qu'elle est
belle surtout dans les cieux, où sa gloire sera immortelle devant Dieu
et devant les hommes ! Oh ! quam pulchra est casta generatio cum
claritate, immortatis est enim... (Sap. iv, 1). On ne peut s'empêcher
d'admirer cette grâce de la pudeur sur le front d'un jeune homme ou
d'une jeune fille ; la pureté, dit saint Bernard, est comme l'éclat
d'une pierre précieuse, comme le feu d'un diamant superbe, qui brille
dans les traits de ces anges de la terre : Quam pulchra et splendida
gemma verecundia in vultu adolescentis !
Mais
hélas ! cette vertu sainte n'est-elle pas précieuse aussi parce qu'elle
est extrêmement rare ? Comment pourrait-il en être autrement, pour ceux
qui sont condamnés à vivre au milieu des dangers de ce monde pervers !
Comment y garder et sauver ce trésor de l'innocence, quand tout cherche à
nous le ravir ? quand tout ce que l'on voit, tout ce que l'on entend,
quand l'air même que l'on respire est comme rempli et imprégné de ce
poison du mal, et souillé par le vice impur ?
Nous allons pourtant essayer de défendre et de protéger les âmes contre cet ennemi, le plus redoutable de tous.
II.
Pour arriver à la perfection de cette vertu de pureté, commencez par
vous persuader d'une chose, c'est qu'il n'y a pas de combat plus
difficile dans la vie chrétienne, et que sans cesse il vous faudra
lutter : contendite, resistite, efforcez-vous, résistez de toutes vos
forces, dit le saint Apôtre.
Mais
avec quelles armes ? Jésus-Christ même l'a révélé en deux mots :
vigilate et orale, veillez et priez ; cette parole nous apprend tout ce
qu'il faut pour être purs, ce qu'il faut faire : la vigilance, quid
vitandum; et la prière, quid agendum.
1°
Quid vitandum : Il faut éviter le monde, fuir les occasions du péché
qu'on y trouve partout, dans ses fêtes et ses plaisirs les plus vantés.
Oui, malheur au monde : Vse mundo ! Malheur, parce qu'il séduit et
trompe, parce qu'il entraine et perd une foule d'âmes !... Ah ! mon
frère, que je vous plains d'être obligé de vivre au milieu de tous ces
dangers, et comme dans le feu ! mais aussi pourquoi vous exposer ?
Pourquoi aller chercher la mort dans ces soirées brillantes, dans ces
bals et ces spectacles ! ne savez-vous donc pas qu'il n'y a rien de plus
inflammable que le cœur de l'homme ? On en a vu brûler même au désert
et loin de toutes ces vanités. On se souvient encore de ce qu'on a vu,
et quelquefois on désire, on souffre, on lutte avec peine, on regrette
ce que l'on a aimé, malgré les larmes et le sang de la pénitence...
Jérôme s'en plaignait amèrement ; les plus grands saints en ont gémi, et
vous, comment pourrez-vous faire ? comment espérer de ne pas brûler,
quand vous vous jetez au milieu des flammes ! Elles vont vous dévorer
certainement, si vous n'avez pitié de votre âme.
Quid
vitandum. Vigilate, veillez sur votre cœur, mais aussi gardez vos yeux.
Ne touchez pas à ces livres, à ces romans où déjà vous avez trouvé la
mort ; craignez ces entretiens dangereux et ces danses voluptueuses ;
évitez, fuyez le péril, ou vous allez mourir. Vous goûterez comme tant
d'autres ce fruit amer, ce fruit cruel de la volupté, oui, plus amer que
le fiel, dit saint Jérôme, et plus cruel qu'un glaive acéré : Quam
acerbus est fructus luxurise, elle amarior, crudelior ferro !...
N'a-t-elle pas fait plus de victimes dans le peuple que toutes les
pestes, plus de victimes dans nos armées que toutes les guerres et les
batailles les plus sanglantes.
2°
Quid ayendum. Je l'ai dit : priez, pour vaincre le mal : Orate, Deus
adjuvat utvincas, dit saint Augustin, et Dieu vous donnera la victoire.
Recourez, comme ce saint docteur, aux plaies de Jésus, cachez-vous dans
son Cœur : Ad vulnera Christi confugio. Je vous recommande surtout la
prière à Marie : Trois Are Maria en l'honneur de sa Conception
immaculée, le Souvenez-vous ; la petite prière : Per sanctissimam
virginitatem, etc. Par voire sainte virginité, etc., ou l'invocation si
contre -.O Marie conçue sans péché, etc. Toutes ces prières font des
miracles chaque jour et suffisent pour éteindre le feu impur...
Faites-en donc l'essai au premier choc de l'ennemi, et vous verrez !
Je
ne puis m'empêcher de dire aussi un mot des sacrements. La confession
prévient ou guérit ces tristes blessures. La communion, pain des anges,
pain des forts, purifie le cœur, y fait germer la virginité même ; vous
serez étonné de la facilité de la victoire ; essayez.
Un
autre moyen encore, c'est le travail ; le démon n'a pas de prise sur
une âme occupée, il ne peut entrer dans une place ainsi défendue et
fermée. Quand on est sur ses gardes, il a peur, et n'ose même pas
s'approcher : setnper te occupatum diabolus inveniat, dit saint Jérôme.
Courage donc ; travaillez avec ardeur, et vous serez pur.
Enfin,
un peu de mortification : Jésus-Christ même a dit : Ce n'est que par la
prière et le jeûne que l'on peut chasser ce genre de démons : Hoc autem
genus (dsmoniorum) non ejicitur, nisi per orationem et jejunium (Matth.
xvii, 20). Il faut donc mater le corps, mortifier cette chair rebelle,
et vous serez chaste. Dieu alors vous aimera à cause de l'innocence de
votre cœur : Qui diligit cordis munditiam..., habebit amicum regem
(Prov. xxu, 11).
Terminez cet exercice par un colloque fervent à Jésus, Marie, Joseph, pour obtenir cette belle vertu.
— A Jésus, agneau de Dieu que les vierges suivront partout dans la gloire,
— à Marie immaculée, reine des anges et reine des vierges,
—
à Joseph, lis de la terre et chaste époux de la Vierge sainte. La seule
invocation de ces trois noms bénis : Jésus, Marie, Joseph, suffit
souvent pour ramener la paix dans un cœur, et assurer la victoire sur
l'enfer. Dites-les avec confiance, à l'heure de la tentation.
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