Le mois de saint Joseph 11 mars

Le mois de saint Joseph
11 mars

 Les gifs animés saint Joseph page1



ONZIÈME JOUR

L'ESPÉRANCE

Le Seigneur est bon : heureux l'homme qui met en lui son espérance. (Ps. XXXIII, 9.)

Le juste vit de la foi, et l'homme vit d'espérance ; aussi l'ennemi de Dieu et l'ennemi de l'homme cherche-t-il avant tout à nous ravir ce bien suprême qui nous rattache au ciel par l'ardeur des plus saints désirs, et qui nous unit à Dieu par la foi et la charité même, car cette vertu d'espérance tient à ses deux sœurs par des liens éternels ; la foi n'étant après tout que la substance de ce que nous devons espérer et posséder dans les siècles des siècles : fides est sperandarumsubstantielrerum (Hebr. xi, 1).

Nous pouvons assurer que l'espérance a été une des vertus caractéristiques de saint Joseph, et l'on pourrait faire un beau panégyrique de ce grand saint, en développant seulement cette proposition : Dieu a mis sa confiance en Joseph, et Joseph a mis toute sa confiance en Dieu ; et parcourant les principaux mystères de la vie mortelle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et les relations de Joseph son père nourricier avec ce Dieu homme jusqu'à sa mort, on ferait admirer les prodiges que cette vertu a opérés en lui. Mais, pour ne rappeler ici qu'un seul mystère, lisez le récit de la fuite de la Sainte Famille en Égypte, et vous verrez s'il est possible à un homme de porter plus loin l'espérance... C'est la perfection même de la confiance et de l'abandon.

Nous suivrons le plan ordinaire. I. Nous dirons ce que c'est que l'espérance. II. Nous verrons si nous en avons encore.

I. L'espérance est un désir, une aspiration du cœur vers un bien qu'on croit pouvoir atteindre, et posséder un jour ; un désir plein de confiance : on pourrait même définir l'espérance en général : la foi du désir.

L'espérance chrétienne, la seule dont nous voulons parler ici, est une vertu qui nous fait désirer, demander et attendre avec confiance le ciel, et les grâces pour y arriver.

Mais ici encore, pour bien comprendre la nature de cette vertu, nous allons en méditer l'acte ou la formule telle que l'Église l'apprend à ses enfants : Mon Dieu j'espère avec une ferme confiance que vous me donnerez, etc. . où nous voyons : 1° L'objet, le terme du désir, ou ce qu'on espère ; c'est la grâce de Dieu aujourd'hui, et demain, Dieu même au ciel ; 2° le motif ou la raison, c'est encore Dieu, Dieu seul ; ses attributs de puissance et de bonté ; 3° les conditions de notre part, pour arriver à la possession de ce bien infini ; c'est la fidélité à la loi, aux commandements du Seigneur.

— Voilà donc l'espérance chrétienne, la vraie vertu d'espérance. Elle exclut, d'une part, la présomption qui anéantirait les conditions des divines promesses ; et, d'autre part, elle bannit les craintes, les défiances les découragements, les désespoirs ; sentiments plus coupables encore qui vont jusqu'à détruire les motifs de notre confiance, et outragent par conséquent les plus beaux attributs du Seigneur, sa puissance et sa bonté infinies.

Or, si les actes de cette vertu glorifient Dieu, ils sont bien nécessaires à la vie de l'homme. Le chrétien peut triompher de tout par la force et la douceur de la sainte espérance.

Dans l'ordre naturel même et le gouvernement du monde, l'espérance a une force vive à laquelle rien ne saurait résister ; et tant qu'on espère, on peut tout : le malade peut guérir, le soldat peut vaincre. C'est la lumière et la vie du cœur, c'est la fleur des ruines, l'espérance !

Mais où est-elle, si ce n'est en Dieu seul ? Tu es, Domine, spes mea (Ps. xc, 9).

— Jésus-Christ seul l'a donnée au monde ; toutes les autres religions n'en ont pas même l'ombre, et c'est pour cela que celle de Jésus-Christ seule est divine, car par cette vertu, elle prévient le mal suprême de cette vie et le malheur éternel de l'autre : le désespoir dans le mal et dans la haine. « Oui, elle est divine, ô mon fils, la religion qui a fait de l'espérance une vertu. » Cette parole, inspirée par le Génie du christianisme, a retenti dans tous les cœurs et les a consolés.

Rien, absolument rien ne saurait ébranler l'espérance chrétienne ni diminuer la confiance des enfants du ciel, parce qu'elle repose en Dieu seul, et sur ses premiers et plus essentiels attributs, comme nous le dirons tout à l'heure, dans l'examen pratique de cette vertu.

Nos faiblesses et nos péchés ne doivent pas altérer en nous le sentiment d'espérance, puisque même, dans ce cas, Dieu peut encore et veut toujours nous sauver. Tant qu'il n'aura pas été dépouillé de sa puissance et de sa miséricorde, nous pouvons, nous devons espérer en lui, et tant que nous espérerons, il ne pourra nous laisser périr ; il nous donnera le pardon, il nous donnera le ciel.

Méditez plutôt ces paroles étonnantes de la sainte vérité... La miséricorde prévient celui qui espère en Dieu : Qui sperat in Domino, miserieordia prseveniet eum... La miséricorde le suivra : subsequetur... la miséricorde l'environnera de toutes parts : circumdabit... la miséricorde enfin reposera encore sur sa tête comme une couronne ! Qui coronat te in misericordia... et elle ne s'écartera pas un instant, de peur qu'il ne puisse échapper et périr... et non recedet... (Ps. xxn, xxxi, Lvm, Lxxxv),... etc.

Peut-il donc y avoir dans la vie du chrétien un jour où il cesse d'espérer, quand il est sûr de sauver son âme et d'aller au ciel, tant qu'il espère !

Mais, hélas ! c'est précisément à cause des avantages immenses de cette vertu, que l'ennemi de notre salut s'efforce de nous la ravir, et il le fait avec tant de perfidie, qu'il y en a bien peu qui résistent et qui sachent garder l'espérance dans leur cœur.

Nous en serons convaincus si nous voulons examiner notre âme avec attention, dans la seconde partie de cet exercice.

II. Ubi est spes tua? (Tob. vi, 2) : Où en est donc votre espérance ? qu'est-elle devenue ?

— Ah ! si je pouvais sauver quelques âmes et les empêcher d'être précipitées dans l'abîme du désespoir, en leur montrant comment leur ennemi s'efforce de les entraîner ! que je serais heureux ! c'est la grâce que je demande en ce moment au bon saint Joseph pour tous ceux qui, un jour, liront cette page.

Mais imaginezvous que le démon perfide a quelquefois ravi aux enfants de Dieu ce précieux trésor de l'espérance, avant même qu'ils se soient aperçus de ses attaques.

Ce n'est presque jamais directement que ce cruel parvient à ce but horrible, mais par la ruse et le mensonge.

Il ne nous arrache pas l'espérance du cœur ; mais, si je puis me servir de cette expression, il la soutire et l'enlève ; on ne s'en aperçoit que quand on n'en a vraiment plus !... Le perfide réussit presque tou jours à jeter, même les élus, dans une sorte d'hérésie pratique sur ce point, et dans la plus fatale des erreurs. Il finit par leur faire croire qu'ils ont commis trop de péchés pour être jamais sauvés.

Or voici comme il procède ordinairement. Il commence par la tristesse, qui seule a suffi pour tuer bien des âmes : multos occidit trislitia (Eccl. xxx, 27). Puis il abat, il décourage par de vains prétextes et des craintes exagérées de la justice céleste, et, de là au désespoir même, il n'y a qu'un pas ! Il nous persuade bientôt que Dieu ne nous aime plus, parce que nous l'avons offensé. Mais c'est évidemment un mensonge de l'enfer, et, si vous vous obstinez à le croire, si vous le répétez sans cesse, je vous assure que c'est une hérésie véritable.

Ah ! si vous disiez que Dieu n'aime pas le péché, à la bonne heure ! Non, certes, il ne l'aime pas, il le hait souverainement, il doit le haïr toujours ; mais le pécheur, le pauvre pécheur, son enfant, il l'aime, il ne peut s'empêcher de l'aimer, il ne veut pas sa mort ! C'est comme une mère, elle n'aime pas la boue dans laquelle son enfant est tombé, non, mais elle aime bien son enfant qui est tombé dans la boue, et, si ce pauvre enfant crie et pleure en tombant, fût-ce même par sa faute, est-ce qu'elle viendra pour l'écraser et le tuer ? Non, mille fois non ! elle accourt tout inquiète d'amour, elle le relève, elle essuie ses larmes et le sang qui coule, elle le presse sur son cœur, elle paraît l'aimer encore plus, parce qu'il pleure et qu'il souffre ! Et je vous dis que plus un pécheur est coupable, plus le Seigneur aura pitié de lui ! Plus cet enfant est malheureux, plus il est aimé ; et s'il espère, il est sauvé.

N'est-ce pas ce qu'il a voulu nous révéler par ces belles paraboles :
— du Bon Pasteur, qui court après sa brebis, et qui, triomphant d'amour, la rapporte au bercail ?
— et de l'Enfant prodigue, à qui son père pardonne aussitôt, et qu'il presse sur son cœur ?
N'est-ce pas ce que le roi David a voulu exprimer par un des plus beaux textes de ses prières sublimes : 0 mon Dieu, vous aurez pitié de moi, vous me pardonnerez, car j'ai beaucoup péché... Propitiaberis peccato meo, multum estenim(?s. xxiv, 11) ; comme s'il disait qu'il est plus digne de la miséricorde, parce qu'il est plus coupable, et qu'il espère, parce qu'il a été plus ingrat.
Voilà pourtant la vérité, la parole de la foi. Mais le malheur, je le répète, c'est que l'enfer nous attaque avec tant de perfidie, qu'on ne s'aperçoit presque pas des ravages qu'il fait dans les âmes. Il y a peu de chrétiens qui combattent pour conserver leur espérance ; c'est à peine s'il y en a qui s'accusent de l'avoir perdue !
Et vous qui lisez ces pages, rentrez ici en vous-même, et voyez donc si vous en avez encore un peu. Croyez-vous que Dieu vous a pardonné le passé d'abord, tout le passé ? Et pourquoi donc ces retours continuels, ces défiances et ces craintes ? Vous voulez avoir plus de mémoire que Dieu, qui a oublié tout cela !
— Aujourd'hui même comptez-vous sur la grâce du ciel, grâce qui vous est nécessaire dans l'épreuve ? Et pourquoi donc ce trouble et ces vaines inquiétudes ?
— Et pour demain, espérez-vous vraiment d'aller au ciel ? avez-vous cette confiance ? et pourquoi donc alors ces tristesses de cœur et ces découragements continuels ?

Je connais des chrétiens, de bons chrétiens pourtant, mais hélas ! trop souvent abattus et trompés par le démon de la défiance, qui disent comme le malheureux Luther : Beau ciel ! je ne te verrai pas !... je ne te verrai jamais !

— Et il y a cependant une belle place pour eux au ciel ; ils iront certainement, car le bon Dieu ne permettra pas qu'ils soient trompés jusqu'à la fin par l'ennemi de sa gloire et de leur bonheur. Ils retrouveront de l'espérance un jour et leur pardon.

Mais qu'ils se hâtent de prier, qu'ils ne cessent d'implorer la miséricorde qu'ils ont indignement blessée par ces sentiments de désespoir ; qu'ils invoquent avec ferveur le secours de Marie immaculée, mère de la sainte espérance, et la protection de saint Joseph, le plus touchant modèle de cette douce vertu, et qu'ils espèrent enfin contre toute espérance : contra spem, in spem (Rom., iv, 18).

Terminons par une prière de toute confiance à Jésus, Marie, Joseph. Ego autem semper sperabo (Ps. Lxx, 14) : Oui, Seigneur, j'espérerai toujours et j'espérerai tout de votre miséricorde ; je veux espérer jusqu'à l'abandon, et je ne serai pas confondu : In te, Domine, speravi, non confundar in seternum (Ps. xxx, 2).






Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire