Le mois de novembre consacré
au souvenir des âmes du purgatoire
16 novembre
Source : Livre "Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire"
Seizième jour
Défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts.
Notre
charité doit être sans doute maintenant instruite et éclairée par les
méditations faites jusqu'à ce jour, sur la nécessité de soulager les
membres de l'église souffrante, et nous sommes déterminés à remplir ce
devoir que nous n'avons peut-être que trop négligé : occupons-nous donc
aujourd'hui des moyens convenables et efficaces de le remplir : car l'on peut avancer avec un grand évêque, qui fut autrefois une des lumières de l'Église de France, saint Sidoine Apollinaire, que dans le monde
même chrétien, il y a peu de personnes qui, selon les principes et les
règles de la religion, aient pour les morts une solide et vraie charité.
Et, en effet, on en voit peu qui contribuent réellement à soulager leurs peines ; peu qui se servant des moyens que nous fournit le christianisme,
leur procurent les secours dont ils ont besoin et dont ils pourraient
profiter. On ne laisse pas cependant, à en juger par les apparences,
d'avoir pour les morts de la piété ; mais il arrive que ce qu'on appelle
piété pour les morts, est une piété stérile et infructueuse ; ou une
piété d'ostentation ; ou une piété mondaine et païenne, qui n'agit point
par les vues de la foi ; ou, enfin, une piété qui, toute chrétienne
qu'elle est, ne produit que des œuvres mortes, c'est-à-dire des œuvres sans mérite, parce qu'elles ne sont pas faites en état de grâce.
L'on
peut appeler piété stérile et infructueuse pour les morts, celle qui ne
consiste qu'en de vains regrets, qu'en d'inutiles lamentations, qu'en des cris lugubres. « Nous voyons, dit saint Bernard, des morts pleurer d'autres morts ; nous voyons des hommes
vivants, mais tout mondains et par là morts devant Dieu, pleurer
sincèrement et amèrement la mort de ceux qui leur ont été chers pendant
la vie : mais que nous paraît-il de tout cela ? beaucoup de pleurs et
peu de prières, peu de charité, peu de de bonnes œuvres ; des gémissements, niais de nul effet ; des excès
de désolation sans aucun fruit. Ceux qui pleurent de la sorte, méritent
bien eux-mêmes d'être pleures : verè plorandi qui ità plorant. »
Et, en effet, de quel secours peut être à une âme l'excès de votre douleur ?
Tous
ces témoignages d'une affection outrée et sans mesure seront-ils
capables d'adoucir sa peine ; et pensez-vous que ce feu purifiant, dont
elle ressent les vives atteintes, puisse s'éteindre par les larmes qui
coulent de vos yeux ?
« Ah ! mon frère, écrivait saint Ambroise à un seigneur distingué, pour le consoler
sur la perte qu'il avait faite d'une sœur qu'il aimait uniquement,
réglez-vous jusque dans votre douleur. Toute violente qu'elle est, soyez
équitable et chrétien. Dieu vous a ôté une sœur, qui vous était plus
chère que vous-même : priez pour elle et pleurez sur vous. Pleurez sur
vous, parce que vous êtes un pécheur encore exposé aux tentations et aux
dangers de cette vie ; et priez pour elle afin de la délivrer des souffrances de l'autre. Voilà le zèle que vous devez avoir : car voilà ce qui peut lui servir, et de quoi elle vous sera éternellement redevable. »
Appliquons-nous à nous-mêmes ces paroles de saint Ambroise : nous éviterons par là le danger de n'avoir pour les morts qu'une piété stérile et infructueuse.
Rien de plus commun aussi qu'une piété d'ostentation pour les morts, c'est-à-dire une piété qui se borne à l'extérieur des devoirs funèbres, aux cérémonies d'un deuil, à l'appareil d'un convoi, à tout ce qui peut briller aux yeux des hommes
; aimant ce faux éclat jusque dans les choses les plus saintes, tels
que sont les services de l'Eglise, où souvent il y a plus de pompe que
de religion. Non pas toutefois qu'on veuille condamner tout ce ce qui se
pratique extérieurement dans les funérailles car l'abus qu'on en fait
n'empêche pas que ce ne soient de saints devoirs dans leur origine et
dans l'intention de l'Église, qui les a institués ; mais l'on veut
seulement dire que ce n'est pas à cela que doit se borner toute notre
piété envers les morts ; que, si nous en demeurons là, nous ne faisons
rien pour eux ; que, comme l'a très-bien remarqué saint Augustin, tout
ce soin d'une honorable sépulture est plutôt une consolation pour les
vivants qu'un soulagement pour les morts
; solatia vivorum, non subsidia mortuorum ; qu'une âme dans le purgatoire nous est incomparablement plus obligée des bonnes œuvres et des aumônes, dont nous lui appliquons le fruit,
que de toute la dépense et de toute la magnificence de ses obsèques ;
qu'une communion faite pour elle lui marque bien mieux notre
reconnaissance, que les plus riches et les plus superbes monuments ; et
qu'il y a, au reste, une espèce d'iniquité, ou même d'infidélité, à
n'épargner rien quand il s'agit de l'inhumation d'un corps, qui n'est
dans le tombeau que pourriture, tandis qu'on néglige de secourir une âme qui est l'épouse de Jésus-Christ et l'héritière du ciel.
Parlerons-nous
encore d'une autre espèce de piété pour les morts, de cette piété toute
mondaine et toute païenne, qui, n'ayant pour objet que la chair et le sang, n'agit pas dans les vues de la foi ? Elle n'inspire pour les morts que des sentiments naturels, que des sentiments peu soumis à Dieu, que des sentiments
qui montrent bien qu'au lieu d'aimer la créature pour Dieu, l'on n'aime
Dieu, ou plutôt l'on n'a recours à Dieu que pour la créature. Ah !
mes frères, disait saint Paul aux Thessaloniciens,
à Dieu ne plaise que je vous laisse ignorer ce qui concerne les morts , et la conduite que vous
devez tenir à leur égard. Je veux que vous te sachiez, afin que vous ne vous attristiez pas, comme tes nations infidèles, qui n'ont nulle espérance
dans l'avenir. Prenez garde, dit saint Jean Chrisostôme en expliquant
ce passage : il ne leur défendait pas de pleurer la mort de ceux qu'ils
avaient aimés et dû aimer pendant la vie ; mais il leur défendait de
pleurer comme les païens qui, n'étant pas éclairés des lumières de la vraie religion, confondent là-dessus la piété avec la sensibilité, le devoir avec la tendresse, ce qui doit être de Dieu avec ce qui est purement de l'homme. La foi seule nous apprend à en faire le discernement ; et réglant en nous l'un par l'autre, elle nous fait concevoir pour les morts des sentiments
chrétiens et raisonnables. Ce sera aussi la foi qui, les jours
suivants, nous apprendra quels sont les seuls moyens convenables et
efficaces, propres à apporter du soulagement aux âmes du purgatoire ; la prière, le saint
sacrifice, les bonnes œuvres : en un mot, tout ce que la vraie piété
pratique pour plaire à Dieu, et obtenir ses faveurs pour les vivants et
pour les morts.
RÉSOLUTION.
Retranchons
de notre piété pour les morts tout ce qu'il y a d'humain, tout ce qui
peut la rendre infructueuse : que la foi seule nous anime et soit le mobile de tout ce que nous faisons pour leur soulagement.
Quel désagrément, et pour nous et pour les morts auxquels nous nous intéressons, si des sentiments peu chrétiens nous faisaient perdre le fruit des soins que nous nous donnons pour marquer notre amour envers ceux que nous avons chéris sur la terre !
PRIÈRE.
Seigneur, mon Dieu ! je vous demande instamment la grâce d'être guidé par une foi vive dans tout ce que je ferai pour le soulagement des âmes du purgatoire : ne permettez pas que des motifs indignes d'un chrétien fassent de ces œuvres des œuvres mortes, sans mérite pour moi et sans aucun effet pour mes frères souffrants. Par les mérites de N.S. J.C. Ainsi soit-il.
Indulgence applicable aux morts. —
Indulgences accordées à perpétuité à tous les Fidèles qui réciteront
avec dévotion et un cœur contrit, la prière suivante en l'honneur de
l'Ange gardien :
-1° Indulgence de cent jours pour chaque fois.
2° Indulgence plénière une fois par mois pour tous ceux qui l'auront récitée chaque jour : il faut, le jour choisi, se confesser, communier et prier selon les intentions de l'Église, dans une église publique.
3" Indulgence plénière le 2 Octobre, fête des saints Anges gardiens, pour ceux qui l'auront récitée toute l'année, matin et soir, sous les mêmes conditions que la précédente.
4° Indulgence plénière à l'article de la mort, pour ceux qui l'auront récitée fréquemment.
Prière. —
Ange de Dieu , qui êtes mon gardien , et aux soins duquel j'ai été
confié par la bonté suprême, daignez m'éclairer, me garder, me conduire
et me gouverner. Ainsi soit-il.
(Brefs du 2 Octobre 1795 et du 20 Septembre 1786. — Décret du 13 Mai 1821.)
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