Le mois de novembre consacré
au souvenir des âmes du purgatoire
14 novembre
Source : Livre "Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire"
Quatorzième jour
Autres motifs qui doivent nous engager à secourir
les âmes du purgatoire.
L'intérêt de la majesté du Roi des rois, que nous ne pouvons glorifier avec plus d'assurance de lui plaire et de contenter son désir, qu'en peuplant le ciel de nouveaux hôtes ; l'intérêt du prochain que nous tirons de la captivité la plus pénible, pour le faire aussitôt jouir du bonheur, céleste ; notre intérêt personnel, c'est-à-dire celui de notre sûreté au milieu des innombrables ennemis du salut ; celui de notre prospérité même sur la terre ; celui d'une prompte délivrance du lieu d'exil, destiné à purifier les âmes, et de l'accélération de notre couronnement dans le royaume des cieux
; enfin la charité, la justice, la reconnaissance : tels sont les
motifs, aussi touchants que sublimes, qui ont été l'objet de nos
méditations les jours précédents.
Ils
ont dû nous prouver combien cette dévotion est propre à glorifier Dieu
et, en outre , combien elle est utile au prochain et à nous-mêmes.
Nous allons
aujourd'hui méditer deux nouveaux caractères qui la distinguent, et qui
nous feront comprendre qu'elle est fondée sur les lumières de la
raison, et qu'elle est consolante.
Nous
verrons par là que les hérétiques, en attaquant, dans leur rage contre
l'Église catholique, la prière pour les morts, n'ont pas seulement foulé
aux pieds la foi et l'enseignement de l'Église universelle, et la
tradition de tous les siècles, mais qu'ils ont même méprisé les lumières
que la raison seule fournit pour établir cette vérité.
En effet, le simple bon sens, sans science, sans érudition, suffit pour montrer combien la prière pour les morts est raisonnable.
Qu'on
demande à un chrétien ce que devient l'âme au moment de la mort ? Lui,
qui reconnnaît un Dieu juste, qui adore un Dieu miséricordieux et
néanmoins un Dieu ennemi de toute iniquité, incapable par son essence et
par sa nature de laisser entrer dans son royaume rien d'infecté par la
contagion du péché, il ne placera pas l'âme encore souillée à côté de celle qui est pure, la faiblesse avec le courage,
les œuvres de la fragile humanité avec les œuvres chrétiennes.
Cependant, il ne sera pas assez injuste pour fermer à jamais l'entrée du ciel à ces âmes, à
la vérité encore souillées, mais qui brillèrent par la pureté de la
foi, la vivacité de l'espérance et l'ardeur de la charité. Non, il
n'enveloppera pas dans un même sort la surprise et la malice, la
faiblesse et le crime, l'homme de bien souillé de quelques tâches légères et le scélérat
noyé dans son iniquité. L'un sera purifié, et l'autre sera réprouvé.
Point de chrétien, tant soit peu sensé, qui ne raisonne ainsi. De là
vient que de tous les dogmes de l'Église catholique il n'y en a guère de
plus répandu, de plus généralement reconnu, par ses adversaires mêmes,
que le dogme du purgatoire.
La connaissance d'un Dieu juste et saint a réuni les religions les plus ennemies, les plus opposées dans la croyance d'un purgatoire, c'est-à-dire d'un lieu où l'âme se purifie entièrement avant de jouir de la récompense éternelle.
Mais les prières des Fidèles
ont-elles entrée dans ce rigoureux séjour ? car c'est là une condition
essentiellement requise pour que ces prières soient raisonnables.
Laissons encore de côté les preuves de la tradition et des Pères en faveur de cette vérité, et raisonnons. Nos prières portées dans un lieu où règne la justice d'un Dieu offensé, mais en même temps ami des âmes qu'il
châtie, mais en même temps disposé à la miséricorde et à la clémence ;
nos prières, dis-je, seront-elles rejetées si elles sont faites avec
ferveur pour le soulagement et la délivrance de ces âmes captives ?
Ce
Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns les autres, de nous aider
les uns les autres, de prier les uns pour les autres : ce Dieu qui veut
que tous les chrétiens soient liés ensemble par la prière et par les
saintes œuvres, comme les membres d'un seul et même corps ; ce Dieu qui,
au témoignage de l'Écriture, exauce si efficacement les prières des vivants pour d'autres vivants, méprisera-t-il des vœux purs et ardents en faveur de nos frères morts ?
Non, le Dieu de la charité ne rejetera pas l'œuvre de la plus grande, de la plus excellente charité ; car c'est encore là un des caractères de la prière pour les morts ; les méditations faites jusqu'à ce jour le prouvent suffisamment, et nous dispensent de nous étendre sur ce point.
Développons plutôt un instant lesecond caractère de la dévotion envers les âmes du purgatoire, qui nous la montrera pleine de consolation.
En
effet, quelles sont les réflexions que peut et que doit m'inspirer la
prière pour les morts ? Elle m'apprend que je dois mourir aussi un jour,
et elle m'apprend en même temps que je suis immortel. Elle m'avertit
que mes frères ne sont plus et qu'ils sont encore ; qu'ils ne vivent
plus en ce monde, mais qu'ils vivent au-delà du monde. Comme eux, j'ai une âme immortelle, comme eux, j'ai des droits à la jouissance du ciel ; quelques jours d'une vie terrestre ne sont que le commencement de mon être. Bientôt les illusions d'un monde fugitif disparaîtront sans retour ; des biens solides et permanents doivent en prendre la place.
Cette grande vérité s'altère et s'oublie dans le tumulte des passions, dans le tourbillon des affaires
; la prière pour les morts me la rappelle : elle me montre tout à la
fois ce que je suis, ce que je serai un jour, ce que je serai toujours.
Actuellement
je prie pour mes frères, un jour ils prieront pour moi. Plus saints que
moi, plus puissants que moi, ils prieront avec plus de succès, avec
plus d'efficacité que moi ; et la faveur dont ils jouiront auprès de
Dieu, ils l'emploieront pour moi. Quelle idée consolante ! quel motif de
prier pour les morts ! Ce sont des amis, selon l'expression du Sauveur du monde, qui m'ouvriront les tabernacles éternels. Et sur la terre, ce que je vois faire à l'Église de Dieu pour ses enfants morts dans sa communion, elle le fera
un jour pour moi : je jouirai aussi de ses bienfaits, surtout si je
m'occupe avec elle de ses membres souffrants. Mes parents et mes amis
m'oublieront aussitôt que j'aurai disparu de dessus la terre ; ne
m'oubliassent-ils pas, bientôt ils disparaîtront eux-mêmes.
L'Eglise du Dieu
vivant vivra toujours et ne m'oubliera jamais. La mémoire de l'impie
périra , mais la mienne subsistera : l'Eglise ne perdra jamais de vue
une âme qu'elle a adoptée et qui lui a été
fidèle. Mon père et ma mère m'ont abandonné ; mais le Seigneur, l'épouse du Seigneur, la sainte Église, m'a recueilli (Ps. 26).
Telles
sont les réflexions que nous devons faire en priant pour les morts ; et
nous devons les considérer comme un motif bien puissant de pratiquer
cette dévotion déclarée par l'Esprit de Dieu sainte et salutaire.
INSTRUCTION.
Jusqu'à
présent peut-être nous n'avions regardé la prière pour les morts que
comme quelque chose de triste, uniquement propre à nous donner des idées lugubres ; et c'était peut-être ce qui nous la faisait négliger.
Les
réflexions précédentes nous la feront sans doute considérer sous un
autre aspect, et nous inspireront la résolution de ne plus négliger
cette œuvre de la plus éminente charité, et pour notre prochain et pour
nous-mêmes.
PRIÈRE.
0
Dieu de bonté ! je me joins à la sainte Eglise, à cette tendre mère, et
je vous implore de concert avec elle pour tous ces enfants chéris que le lieu
d'expiation achève de purifier, et auxquels personne ne s'intéresse
directement. Rendez, Seigneur, plus efficaces les prières que nous vous
adressons pour ces âmes privées de tout secours : faites-les participer abondamment aux mérites infinis du sang précieux de notre divin Sauveur, J.-C. Ainsi soit-il.
Indulgence applicable aux morts. — Voici les indulgences attachées aux chapelets bénits par un prêtre qui en a le pouvoir.
1° Cent jours d'indulgence à chaque fois pour ceux qui, possédant ce chapelet, sont dans l'usage de le réciter au moins une fois par semaine, ou de dire l'office divin, ou le petit office de la sainte Vierge, ou l'office des morts,
ou les vêpres, ou au moins un nocturne et laudes de ce dernier office,
ou d'entendre la messe, ou de dire les sept psaumes de la pénitence avec
les versets et les oraisons, ou les psaumes graduels.
2°
S'ils visitent au moins une fois par semaine les prisonniers ou les
malades dans les hôpitaux, ou assistent les pauvres, ou enseignent la
doctrine chrétienne, soit à l'église, soit à leur maison, à leurs
enfants, à leurs parents, ou à leurs domestiques, ils gagneront 200
jours d'indulgence à chaque fois.
3° Une indulgence plénière les jours de la plupart des fêtes de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge, et des Apôtres, sous la condition générale de se confesser, de communier et de prier pour les fins accoutumées.
4°
S'ils font toutes les œuvres susdites les autres jours de fêtes de
Notre-Seigneur et de la sainte Vierge, ils gagneront, chacun de ces
jours, 7 ans et 7 quarantaines ; s'ils le font le Dimanche et autres jours de fêtes, 5 ans et 5 quarantaines et si c'était un jour ordinaire de la semaine, 100 jours.
(La fin à demain.)
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire