Le mois de novembre consacré
au souvenir des âmes du purgatoire
29 novembre
Source : Livre "Le mois de novembre consacré au souvenir des âmes du purgatoire"
29ème jour
Le Purgatoire considéré comme motif de patience
dans les maladies.
Le premier fruit, que les malades doivent tirer de la pensée du purgatoire est la haine et la détestation du péché.
Car,
si l'on peut juger de l'horreur que nous devons avoir de la plus petite
faute, par la grandeur de la peine que Dieu nous impose pour la punir,
qui ne sait que les peines du purgatoire sont
en cela semblables à celles de l'enfer ; qu'elles surpassent, non
seulement tout ce que nous pouvons souffrir en cette vie ; mais encore
tout ce que nous pouvons penser ? Rappelons-nous tout ce que nous avons
médité sur ce sujet les premiers jours de ce mois, pendant l'octave des morts. Mais surtout pensons à la privation de Dieu : c'est sans doute le comble de leurs maux, tant à cause de l'amour que ces âmes lui
portent, que parce que la possession de Dieu doit être leur béatitude ;
c'est la où tendent leurs plus ardents souhaits, et néanmoins elles
s'en voient éloignées par leur faute, avec la perte de tant de degrés de
gloire qu'elles pouvaient acquérir si facilement, et dont elles se sont
rendues indignes pour de si basses et si légères occasions. 0 péché !
que tu es un cruel poison et une funeste source de maux ! ô sainteté
divine ! que vous haïssez l'iniquité, puisque vous punissez si
rigoureusement les moindres fautes dans vos amis !
Le second fruit, que les malades doivent tirer de la pensée du purgatoire, est la patience dans leurs peines, et le désir de faire leur purgatoire en ce monde plutôt qu'en l'autre.
C'est un acte de prudence d'écouter les gémissements des fidèles trépassés, et d'apprendre d'eux à ne point tomber en de semblables tourments. Comme ils ont plus de charité que le mauvais riche, ils enverraient volontiers des messagers
aux malades pour les avertir charitablement, et pour les exciter à
souffrir les incommodités de leur maladie avec tant de résignation et de
vertu, qu'il ne leur reste rien à payer en l'autre monde. Un jour de
fièvre, une tristesse d'une heure, une douleur, un ennui passager qu'ils
endureront volontiers pour l'amour de Dieu, abrégera leur séjour
dans le purgatoire, parce que le temps de
l'autre vie est un temps de justice, où Dieu fait payer en rigueur tout
ce qu'on lui doit, au lieu que cette vie est un temps de grâce et de
miséricorde, où il se contente de peu pour le payement d'une grande dette ; en sorte qu'on peut dire qu'il a mis le purgatoire de
sa douceur et de son amour dans la maladie, mais qu'il réserve celui de
sa sévérité après la mort ; et, ce qui est très-important, les peines
qu'il fait souffrir après la mort sont pures peines sans mérite, et sans
aucun accroissement de grâce, tandis que, dans la maladie, un acte de
patience pratiqué comme il faut, n'est pas seulement un payement ou un
acquit, mais encore un profit et une acquisition qui nous apporte un
trésor inestimable de grâce et de gloire. C'est pourquoi saint Augustin
avait raison de faire cette prière, que le malade doit souvent répéter : « Seigneur, purifiez-moi en cette vie, et me rendez tel que je ne sois point obligé de passer par le feu
d'expiation, que je désire éviter, non tant pour m'exempter de la
peine, que pour être plus tôt uni à mon souverain bien et à ma dernière
fin. »
Le troisième fruit, que les malades doivent tirer de la pensée du purgatoire, est la charité qui les porte à offrir à Dieu leurs souffrances, pour délivrer quelqu'une de ces âmes saintes
qui sont détenues dans les flammes. On ne peut douter que cette œuvre
de miséricorde spirituelle ne soit fort agréable au Fils de Dieu. Le cardinal
de Vitry rapporte, dans la vie de sainte Christine, que cette admirable
fille étant morte dans la fleur de son âge, se releva du cercueil, lorsqu'on disait la messe sur son corps, et qu'elle tint ce discours : L'Ange du Seigneur m'a menée dans le purgatoire, où
j'ai vu de si horribles tourments que je croyais certainement que ce
fût l'enfer. De là, il m'a conduite au trône de Jésus-Christ qui m'a
donné le choix de demeurer au ciel, ou de retourner au monde pour soulager les âmes du purgatoire
par mes prières et par mes souffrances ; ajoutant que, si je faisais ce
dernier choix, je lui ferais plaisir. On sait les tourments incroyables
qu'elle endura depuis pour plaire à son époux céleste, qui mérite bien
sans doute que nous suivions son inclination, en renonçant à nos propres
intérêts pour le contenter. C'est aussi
ce qu'ont fait plusieurs Saints, qui ont pris sur eux de satisfaire pour
les membres de réalise souffrante : il serait facile de citer des traits des plus authentiques et des plus merveilleux. Mais nous aimons mieux rappeler au souvenir des lecteurs
une contemporaine, dont plusieurs d'entre eux connaissent sans doute
les méditations sur la passion de J.C, Anne-Catherine Emmerich,
religieuse Augustine, en Westphalie morte en 1824. L'ouvrage intitulé
: La douloureuse passion de N.S. J.C., d'après les méditations de cette
religieuse, contient l'abrégé de sa vie : on y lit page XX : " une
grande partie de ses maladies et de ses douleurs (elle fut 20 ans
continuellement souffrante) provenait de ce qu'elle prenait sur elle les
souffrances des autres. Elle avait donc à supporter des maladies qui lui étaient propres, des maux qu'elle prenait à autrui, certaines douleurs pour expier les fautes des autres, et très-fréquemment des souffrances de satisfactions fort diverses pour les âmes du purgatoire. »
RÉSOLUTION.
Lorsque la maladie nous accablera, ou lorsque nous visiterons et consolerons des malades, appliquons-nous à trouver, dans la pensée du purgatoire, un
puissant motif de patience. En outre sans cesse mille autres occasions
se présentent de pratiquer la vertu de patience ; recourons donc sans
cesse au même moyen, à la pensée du purgatoire, pour rendre méritoires toutes ces pénibles circonstances de notre vie.
Pères des miséricordes, qui avez autrefois retiré Isaac du bûcher, et votre serviteur Loth de l'embrasement de Sodome, ayez, s'il vous plait, mon Dieu, la même bonté pour ces âmes qui sont privées de votre gloire, et qui attendent le temps où il vous plaira de les en faire jouir.
Ne différez pas plus longtemps le bonheur après lequel elles soupirent.
Ne regardez pas ce qu'elles méritent, mais ce que votre très-cher Fils a souffert pour les rendre dignes du paradis.
Appliquez-leur le mérite de son précieux sang ;
et, si votre justice exige encore d'elles quelque satisfaction, recevez par votre souveraine clémence le désir que j'ai d'y satisfaire, et vengez sur moi les offenses qu'elles ont commises contre vous.
Que si mon indignité empêchait l'effet de ma demande, mettez mon âme dans un état qui vous soit agréable, afin de hâter le bonheur de ces saints et aimables prisonniers, dont le seul désir est de vous aimer, de vous voir, de vous louer et de vous posséder dans l'éternité.
Par N.S. J.C. Ainsi soit-il.
Indulgence applicable aux morts. —
Indulgences accordées à prépétuité à tous les Fidèles qui réciteront,
avec un cœur contrit, les Litanies de la bonne
mort. [Voyez à la fin de l'ouvrage.]
1° Indulgence de cent jours, une fois par jour,
2° Indulgence plénière, une fois par mois, pour tous les Fidèles qui les réciteront tous les jours pendant le mois, le jour
à leur choix, où s'étant confessés et ayant communié, ils visiteront
une église ou chapelle publique, et y prieront selon les intentions de
l'Église.
(Rescrits du 12 Mai 1802 et du 11 Août 1824.)
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