Le mois de Marie l'Immaculée Conception 3 décembre

Le mois de Marie l'Immaculée Conception
3 décembre

Le mois de Marie l'Immaculée Conception 3 décembre

Source : Livre "Le mois de Marie de l'Immaculée conception" par A. Gratry
  
IIIème MÉDITATION.
Sainte Marie, priez pour nous ! Sainte Mère de Dieu, priez pour nous !
Et maintenant, où est-elle cette ressource de l'humanité ? Où est-elle, cette sagesse dépositaire de votre puissance, ô mon Dieu, par qui nous pouvons combattre le mal et l'écraser, qui a la force de vous attirer dans chaque âme et dans l'humanité ? Où est ce point immaculé de la création, par qui vous êtes rentré dans le monde ? Où est-il ce cœur du genre humain, en qui le Verbe est descendu pour prendre corps parmi les hommes, en qui le Saint-Esprit s'est répandu pour opérer cette création nouvelle ? Qui est cette Mère des hommes régénérés, cette Reine de l'unité, cette Porte du ciel par où les hommes s'unissent entre eux et avec Dieu ? Qui est-elle, si ce n'est cette céleste Reine que l'Église a nommée la Mère de Dieu ?
Au centre de la cité sainte, de la Jérusalem patrie de l'unité, Église de Dieu, il est une Arche d'alliance, une Reine de l'unité, Mère du divin amour, Mère de l'humanité et de l'Église elle-même, qui est, avec et après Jésus-Christ, le centre du monde des âmes, qui est, avec et après l'Esprit-Saint, le cœur de la divine cité ; ce centre, ce cœur, c'est la sainte Mère de Dieu.
O Marie, Mère de Dieu, priez pour nous ! Obtenez-nous, en ce moment, la grâce de méditer avec intelligence, avec amour, ce mystère que vous êtes, ce mystère dont la réalité, dont la lumière croissante, dont l'efficacité toujours plus manifeste, est peut-être la ressource actuelle que Dieu a réservée au monde.
Assurément, la ressource du monde, c'est Dieu, et le salut du monde, c'est vous seul, ô Jésus, notre Rédempteur. Mais il faut que le monde, pour être sauvé, ne repousse pas Dieu et son Christ ; il faut que l'humanité ne refuse pas de coopérer à la Rédemption. La grâce de Dieu nous poursuit sans cesse, mais nous sommes toujours libres de la repousser, et nous devons dire avec saint Augustin : « 0 mon Dieu, qui nous avez créés seul et sans nous, vous ne nous sauvez pas sans nous !  Il y a donc, pour ainsi dire, le côté humain de la Rédemption, et l'homme doit aider Dieu. Nous sommes, dit saint Paul, les coopérateurs de Dieu (I cor.,III,9).
Dieu commence, mais l'homme doit suivre ; Dieu donne, et l'homme doit recevoir ; Dieu parle, et l'homme doit écouter ; Dieu éclaire et inspire, l'homme doit comprendre et obéir.
Mais de ces deux forces, l'une divine, qui opère notre rédemption, et l'autre humaine, qui coopère à notre rédemption, laquelle est en défaut ? Est-ce Dieu qui nous manque ? Est-ce nous qui manquons à Dieu ?
Depuis le commencement de l'histoire jusqu'à la fin, c'est l'homme qui manque à Dieu, ce n'est pas Dieu qui manque à l'homme. « Dieu ne cesse d'opérer la justification de l'homme, dit saint Thomas d'Aquin, comme le soleil ne cesse pas un instant d'opérer l'illumination de l'air (2* 2 q. IV, ad 4). Les retards du monde, les plaies de l'humanité, les décadences des peuples et celles des âmes viennent de nous seuls ; et, depuis que le Christ est mort pour nous sauver, depuis que ses mystères réparateurs sont au milieu de nous, depuis qu'il ne cesse d'envoyer au monde l'Esprit-Saint, depuis ce temps la victoire, le progrès, le salut éternel sont en quelque sorte en nos mains et dépendent de l'humanité.
De plus, en un point essentiel, cette rédemption a toujours dépendu de l'homme. Il fallait que la nature humaine devînt, d'après les conseils éternels, coopératrice de Dieu dans l'œuvre de la Rédemption ; et, si Dieu voulait devenir fils de l'homme, il voulait aussi qu'une créature humaine consentît à devenir mère de Dieu.
C'est vous donc, ô sainte Mère de Dieu, qui êtes notre ressource humaine, car c'est par vous que Dieu est entré dans le monde et entrera de plus en plus dans chaque âme et dans le monde entier. Par vous toute âme peut toujours conserver l'espoir d'arriver à la sainteté ; par vous les nations, que Dieu fit guérissables, peuvent, si elles le veulent bien, être guéries ; par vous le monde, encore si plein de barbarie et de ténèbres, peut avancer vers la lumière et l'équité.
Sainte Mère de Dieu, de toute éternité Dieu veut s'unir à sa créature, pour la relever vers la céleste perfection ; mais il fallait votre naissance, votre dignité, vos mérites et votre consentement pour que Dieu accomplît son éternel dessein. Vous êtes donc bien la Mère de la création nouvelle et du siècle à venir.
Dieu est toujours plein d'amour et ne cherche qu'à entrer dans toute âme ; il frappe à la porte du cœur, attendant que le cœur lui ouvre. Lui est toujours présent, mais nous, d'ordinaire, nous sommes loin. Il n'entrera que quand nous reviendrons, quand nous nous recueillerons vers ce cœur qu'il cherche à occuper. Il ne naîtra en nous que quand vous serez avec nous, ô Marie, et quand vous nous aurez communiqué, en quelque chose, la vertu de maternité divine, pour arriver au bonheur de ceux dont Jésus dit : « Celui qui fait la volonté de mon Père, qui est au ciel, celui-là est ma mère (matth., XII, 50). C'est donc par votre intercession et votre imitation que chaque âme arrive à son but éternel.
De même, ô Mère de Dieu, Dieu est toujours présent à son Église pour l'inspirer et pour la gouverner ; mais on voit bien pourtant qu'il y a des siècles où les triomphes de l'Église, sur une partie du monde, s'arrêtent, et d'autres où ils recommencent. Tantôt les schismes et les hérésies la divisent, la diminuent ; tantôt d'éclatantes conquêtes l'agrandissent ; les schismes tombent, et des peuples entiers reviennent à la communion catholique. Est-ce que ces vicissitudes ne dépendent pas beaucoup de l'homme ? Sa prière pour attirer Dieu, ses œuvres méritoires pour le fixer dans le monde, le bon usage de la liberté, votre intercession, ô Marie, plus ou moins ardemment invoquée, votre imitation plus ou moins fidèlement pratiquée, voilà des causes qui développent le règne de Dieu et multiplient les triomphes de l'Église.
Dieu veut tout nous donner ; tout dépend maintenant de nous, de vous, par qui tout est reçu et conservé, par qui tout est transmis, ô Mère de Dieu ; tout dépend de l'union des hommes à celle à qui Dieu confie tout :
O Marie, sainte Mère de Dieu, obtenez-moi de ne connaître et de ne méditer ces vérités que pour les appliquer à mon âme et les faire pénétrer dans ma vie. Ne me livrez pas à cette sorte de connaissance stérile qui ne se tourne pas à aimer et se trahit elle-même.
O mon Dieu ! qu'il y ait enfin un moment dans ma vie où je puisse dire comme le prophète : « Maintenant je commence ! Voici un changement qui vient de Dieu. » Que de commencements avortés il y a déjà eus dans ma vie ! Quand viendra le commencement vrai ? Quand donc arrivera la vie nouvelle et le changement durable venant de Dieu ?
0 Vierge, Mère de Dieu, il n'y a eu de vrai changement et de vraie nouveauté dans le monde que par vous ! Dieu a créé sur terre une nouveauté» dit le Prophète en parlant de votre divine maternité. Je le comprends, il n'y a eu de nouveauté dans le monde que quand Celui qui s'est nommé Dieu avec nous y est venu. II n'y aura de vie nouvelle en moi que lorsque le Verbe éternel sera descendu dans mon âme pour y naître. N'a-t-il pas dit : « Celui-là est ma mère qui fait la volonté de Dieu ? » "Mon âme doit donc aussi, en un sens, devenir mère de Dieu, puisqu'elle doit faire la volonté de Dieu. Dieu veut élever mon âme à cette céleste maternité ; mais il faut que, comme vous, et par sa grâce, je le mérite, ô Mère de Dieu. Aidez-moi donc dans ces efforts pour mériter l'accroissement de la vie nouvelle et la naissance de l'homme nouveau que l'Esprit-Saint cherche à créer en moi, et que la communion eucharistique dépose en moi. Aidez-moi à parvenir bientôt à une communion sainte et féconde pour l'éternité. Que le torrent de la vie vulgaire n'emporte plus tout aussitôt le corps, le sang, l'esprit de Jésus, votre Fils, venu en moi ; que le péché mortel ne crucifie plus en moi l'homme nouveau ; que la langueur des petites fautes continuées ne le tienne plus captif et sans croissance ; que le moment de la grâce triomphante arrive enfin, où la vérité pourra dire de mon âme que Jésus y grandit en grâce et en sagesse devant Dieu et devant les hommes.






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