Le mois de Marie de l'Immaculée conception 27 décembre

Le mois de Marie de l'Immaculée conception
27 décembre

Le mois de Marie de l'Immaculée conception 27 décembre

Source : Livre "Le mois de Marie de l'Immaculée conception" par A. Gratry

XXVIIe MÉDITATION.
Mère aimable et Mère du pur amour, priez pour nous !
Mère aimable et Mère du pur amour, priez pour nous ; obtenez-nous un cœur pour vous aimer, pour vous louer, pour vous remercier dignement des bienfaits que par vous Dieu répand sur le monde, et de ceux qu'il réserve aux derniers jours du genre humain sur terre.
Oui, par le progrès de votre culte, de votre imitation, de votre connaissance et de votre amour, nous pouvons encore espérer pour ce monde d'admirables progrès et d'incompréhensibles biens. Mais un seul bien, un seul progrès les surpasse tous et les renferme tous, ô Mère du pur amour, et ce bien, c'est un progrès de cet amour que vous donnez. Que serait un progrès de la science parmi les hommes, sans un plus grand progrès de l'amour ?
L'amour ! on abuse de ce mot, dit saint François de Sales, on l'avilit ! Il le faut maintenir, car il est d'une incomparable beauté. Si toute la loi et les Prophètes se réduisent à un seul précepte : « Aimer Dieu par-dessus toutes choses et son prochain comme soi-même pour l'amour de Dieu ; » si saint Paul ne cesse de nous dire : « Celui qui aime remplit la loi ; la loi est accomplie dans un seul mot : Aimez votre prochain ; » si saint Augustin dit : « Aimez et faites tout ce que vous voulez ; » ou comprend que l'apôtre saint Jean, l'Apôtre de l'amour, l'aîné des fils adoptifs de Marie, ne répétât qu'un mot, dans les derniers temps de sa vie : « Mes enfants, aimez-vous les uns les autres, car c'est le précepte du Seigneur, et cela seul suffit. »
Mais, ô Marie, Vierge sans tache et à jamais immaculée, et qui êtes pour cela tout aimable et Mère du pur amour, voyez si, au milieu de nos misères et de toutes nos laideurs, nous sommes dignes d'amour ou capables d'amour. Vous, parce que vous êtes immaculée, vous êtes toute belle. Si la tache du péché, si seulement le foyer du péché avait été en vous un seul instant, même dans le sein de votre mère, il y aurait en vous quelque trace de laideur. Il y aurait eu, dans votre âme, des luttes, non pas seulement contre le mal du dehors, mais contre le mal intérieur, et ces luttes auraient laissé des rides sur votre front. Or, dit la sainte Écriture, vous êtes toute belle, sans taches ni rides. Mais nous, nous voici tout couverts de taches et de laideurs. Oh ! si l'on comprenait que la laideur, c'est le péché ; que le destructeur de l'amour, c'est le péché !

De ce que vous êtes toute-belle devant Dieu, et en vérité, ô Marie, Mère du pur amour, je conclus, par une conclusion certaine, que vous êtes à jamais immaculée, et que vous n'avez jamais péché, même en Adam. Et de ce que le dogme de l'Immaculée Conception se dégage de ses antiques racines, élève, grandit sa tige, et donne sa fleur incomparable et son fruit merveilleux , on peut croire que la terre deviendra plus belle, l'humanité plus belle, et les hommes à la fois plus capables et plus dignes d'amour.

O Mère aimable et admirable, voyez, je vous prie, nos laideurs, et soyez touchée à cette vue.
Voyez l'enfance sensuelle, la jeunesse corrompue, l'âge mûr éteint, la vieillesse desséchée avant le temps. Voyez la face du genre humain ou enflammée ou consumée par les passions, défigurée par les sept formes du péché et le cortège correspondant des maladies et des douleurs. Voyez ces regards éteints, ou brisés, ou honteux, s'ils ne sont pas bien plus affreux encore par l'arrogance, l'impudeur, la défiance et la méchanceté. Oh ! combien rarement rencontre-t-on, parmi les hommes, cette sérénité de regard, douce et forte, symbole de l'innocence ou réparée ou conservée ! Et quand est-ce donc qu'il est donné de rencontrer ce regard plein, divin, d'une âme qui regarde en Dieu, qui voit en Dieu le monde la nature et les hommes ; ce regard qui, chargé de tous les rayons de la vie, de courage et de force, de bonté et de vérité, ressemble à l'âme quand l'âme ressemble à Dieu ? Mais est-ce donc que le Soleil divin ne verse pas tous ses rayons, toutes ses beautés sur toutes les âmes ? Il les verse ; mais nous éteignons tout. Nous ne laissons pas resplendir la face de Dieu sur notre face, comme Dieu le veut. O Mère immaculée, unique beauté parfaite, qui n'avez jamais étouffé un seul rayon de Dieu, et qui avez versé et continuez à verser la lumière éternelle sur le monde, priez pour nous ! Et s'il est vrai que nous ne sommes point aimables, parce que nous sommes laids, ô Mère du pur amour, oh ! du moins, rendez-nous aimants. Et, de fait, votre Fils ne nous a posé qu'une loi simple, celle d'aimer, et non d'être aimés. Et s'il s'agit d'aimer ce qui n'est pas aimable, ô Jésus et Marie, vous nous en donnez l'exemple en nous aimant, en aimant les derniers des hommes, les plus pauvres, les plus infirmes, les plus chargés de lèpre et de laideur ; et vous nous en donnez, en outre, le secret. Ce secret, c'est d'aimer en Dieu.
Et qu'est-ce qu'aimer en Dieu, si ce n'est voir en Dieu les choses, et remonter à la beauté qu'elles ont en Dieu et que Dieu cherche à leur donner, et leur donnera dans la gloire ? Et n'est-il pas certain que ceux qui portent dans leur cœur quelques rayons de la lumière de Dieu, et dont les sens plus délicats montent plus facilement des corps aux âmes, des âmes à Dieu, n'est-il pas vrai que ces sortes de cœurs voient, à travers la face et le regard humain, le caractère des âmes, et les possibilités idéales de beauté qu'elles ont en Dieu ? N'est-il pas vrai qu'alors ils aiment immensément ce qui peut devenir si beau, et tressaillent d'un saint enthousiasme s'ils voient dans la vie actuelle d'une âme l'effort libre et clairvoyant pour monter en effet vers son modèle en Dieu ?

O Mère aimable et admirable, ô Mère du saint amour, oserons-nous tout dire !
Je vois sur toute la terre, dans toute l'histoire, la religion de Jésus-Christ et les progrès de votre culte toujours suivis des progrès de l'amour, de l'amour dans tous les sens du mot. Et, certes, ce progrès part de bas, car nous voyons des peuples où les hommes mangent la chair des hommes, et où, dans la grossière ivresse des plus féroces passions, toute trace d'amour est effacée. Tel est l'état sauvage où vivent encore tant d'hommes.

Chez les païens civilisés l'homme ne mange pas la chair de l'homme, mais il le tue pour son plaisir. Les peuples se repaissent publiquement du spectacle de la mort sanglante, et il est impossible de dire toute la bassesse et toute la perversité de leurs sens.
Quant aux siècles chrétiens, ils varient selon leur pureté et leur fidélité à Dieu. Mais les peuples chrétiens, comparés aux peuples infidèles et sauvages, ne sont que douceur et amour.
C'est là qu'est né l'amour tout cordial et intellectuel dont parle saint François de Sales. Là se sont manifestées parfois des traces de l'amour éternel qui unira les âmes en Dieu ; comme, par exemple, quand ce même saint François de Sales, l'apôtre de la douceur, aima cette âme dont il loue quelque part le vigoureux cœur. Il sut, par son amour, lui inspirer la sainte et surnaturelle fécondité des fondatrices ; et puis, lorsqu'il quitta la terre, il ne la laissa point ; ses yeux ne quittèrent point sa sœur chérie. Lorsqu'elle mourut, il vint à sa rencontre ; il fut l'ange que Dieu envoya pour recueillir cette âme et la porter au ciel. Eh bien ! ô Mère du pur amour, ce sont là les progrès que vous demande le cœur humain, ce cœur gémissant et malade, entre la privation de l'amour et la dépravation de l'amour. Le cœur humain, si plein de taches, est ce vieux vase dont parle l'Évangile, où l'on ne peut verser le vin de l'amour nouveau. Si l'on en verse, la liqueur se corrompt et fermente, le vase se brise, et le vin se répand. Si l'on n'en verse point, le vieux vase délaissé en vaut-il mieux ? Il se dessèche, il se contracte et il se brise à vide. Il faut donc que le cœur humain apprenne à se purifier en se donnant à vous, ô Vierge immaculée, pour redevenir digne et capable d'amour.

Vous, vous êtes cet unique vaisseau parfaitement neuf, où le vin se conserve sans trace d'altération, parce que vous êtes immaculée dès le premier instant. Jamais il n'y a eu en vous le moindre mélange de vieux levain. Et c'est pourquoi vous êtes l'Épouse du Saint-Esprit et la Mère de l'amour éternel. O vous donc, Mère de l'amour immaculé, qui avez plus d'amour que toutes les créatures ensemble, obtenez-nous, pour nous ranimer, quelques gouttes de ce vin nouveau qui est l'amour nouveau qu'on boira dans le royaume des cieux. Élevez vos fils adoptifs comme vous avez élevé l'apôtre saint Jean, et apprenez-nous à aimer. Élevez votre famille entière, la sainte Église, étendue, s'il se peut, à toute l'humanité ; élevez-la aussi, comme saint Jean, afin que, de siècle en siècle et d'année en année, elle se recueille et se transfigure dans l'amour. Augmentez dans l'Église le culte déjà croissant du cœur sacré de Jésus-Christ. Apprenez-nous à unir nos cœurs à ce cœur par le vôtre ; et de même que les aliments nouveaux qui entrent dans le sang d'un homme entrent d'abord en lui par le côté du cœur qui ne donne pas la vie, mais la reçoit, de même, pour entrer dans le cœur de Jésus, pour être incorporés à son sang divin et à sa vie divine, apprenez-nous à entrer par vous, Porte du ciel, vous qui êtes l'autre côté du cœur de Jésus-Christ.
0 mon Dieu, pourquoi donc ai-je tant aimé hors de vous, au lieu d'aimer en vous ? Comme mon corps et comme mon esprit, mon cœur a pris le change. Il aime pour lui, au lieu d'aimer pour vous. Il cherche l'amour au dehors, plutôt que dans l'âme et en vous.
Au lieu de vous aimer, ce sont les créatures que j'aime. Au lieu d'aimer en vous les créatures, je les aime en elles-mêmes et dans la moindre partie de leur être. Je les aime selon leur vanité et point selon leur vérité. Je les aime dans ce qui passe, et non dans ce qui subsiste. Je n'ai pas l'amour intellectuel et cordial.
Oh! si j'avais le saint amour qui vient de Dieu par vous, ô Mère immaculée, mon cœur ne serait plus ni vide, ni divisé. Il ne serait plus vide, parce que j'aimerais. Il ne serait plus divisé, parce que je n'aurais plus qu'un amour. Je vous aimerais d'abord, ô mon Dieu, puis j'aimerais en vous, d'un amour intellectuel et cordial, tout ce que j'aime.
Tout amour se rattacherait à ma foi, à ma religion, à l'espérance de l'éternité.







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