Le mois de Marie de l'Immaculée conception 30 décembre

Le mois de Marie de l'Immaculée conception
30 décembre

Le mois de Marie de l'Immaculée conception 30 décembre

Source : Livre "Le mois de Marie de l'Immaculée conception" par A. Gratry

XXXe MÉDITATION.
Agneau de Dieu, qui effacez les pèches du monde, ayez pitié de nous !
O Jésus, maintenant, dites à votre Mère bien aimée de vouloir bien nous pardonner si nous avons tant parlé d'elle, et d'elle plus que de vous. Elle, la plus humble des créatures ; elle, qui semble avoir défendu aux évangélistes de la louer et de la glorifier dans l'Évangile, et qui a dit à son fils saint Jean d'omettre le Magnificat et de rapporter, au contraire, la surprenante parole sortie de votre bouche : « Femme, qu'y a-t-il entre vous et moi ? » elle, qui ne cherche qu'à s'anéantir devant vous, parce qu'elle sait qu'étant créature elle n'est rien devant vous, son Dieu, son Créateur, cette humble mère, de quel œil doit-elle voir les éloges et la gloire que lui prodigue de plus en plus la piété catholique ? O Jésus, vous le savez ; vous savez ce qu'elle fait de la gloire dont vous voulez qu'elle soit comblée. A mesure que sa gloire grandit, elle vous répète votre parole, et, comme pour vous adresser un doux reproche de ce que vous relevez si haut, elle vous dit : « Qu'y a-t-il entre vous et moi ? Qu'y a-t-il entre vous et moi, à mon Fils ? Qui suis-je, et qui êtes-vous ? Vous êtes tout, et je ne suis rien. Ce n'est pas moi qui vis, mais c'est vous qui vivez en moi. Vous êtes la grâce dont je suis pleine ; mon immaculée pureté, c'est la vôtre ; la gloire qui me revêt, c'est vous. Je suis la femme revêtue du soleil, et ce Soleil de gloire, c'est vous, ô mon Fils et mon Dieu ! Ce n'est pas moi que glorifient les hommes, c'est vous ; c'est vous que la sainte Église glorifie de plus en plus en me louant, ô mon Sauveur ! Je vous transmets cette gloire sans en rien réserver ; car qu'y a-t-il entre vous et moi, vous qui êtes tout, et moi qui, en face de vous, ne suis point ?» O Jésus, Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, qui donc avons-nous glorifié en glorifiant votre sainte Mère, si ce n'est vous ? Qui donc a fait cette immaculée pureté ? Qui donc a effacé d'avance le péché de la Reine du monde ? Qui donc a destiné la seconde mère des hommes, leur vraie mère, à la gloire d'écraser le serpent ? Qui donc lui en a donné le pouvoir ?

C'est vous seul, ô Jésus, c'est vous, qui effacez les péchés du monde, et qui en outre produisez cette merveille de préserver du péché à venir. C'est vous qui avez racheté d'avance du péché la Reine du monde, pour produire le chef d'œuvre d'une créature parfaite, immaculée dans son origine, immaculée dans toute sa vie et dans l'éternité.
O Jésus, permettez-nous aujourd'hui de méditer ce mystère en votre présence, ou plutôt dites-nous vous-même comment vous effacez les péchés du monde, comment le principe et le chef-d'œuvre de ce divin travail est votre Mère immaculée. Dites-nous sur ce mystère quelques-unes de ces paroles qui sont esprit et vie.
Jésus. Au commencement, à mon fils, moi le Verbe éternel, j'ai dit, avec le Père et l'Esprit Saint : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance ; et, comme un mot de ta bouche, ô mon fils, est entendu autour de toi par mille et mille de tes semblables, ce mot de notre bouche a été entendu de tous les êtres destinés à la vie, de toutes les âmes à qui j'ai ordonné de l'entendre, et toutes celles qui l'ont entendu ont vécu.


Et pour toi, ô mon fils, comme pour chaque âme, cette parole est la vie que je te donne et que je t"offre incessamment. Aujourd'hui même, en ce moment, je dis ce mot pour toi, et, si tu vis, si tu penses, si tu aimes, c'est que tu ne cesses de l'entendre. Si je me taisais, tu cesserais d'être. Mais, dans cette parole simple de ma bouche, tu peux et dois en entendre deux. Tu entends celle qui te fait homme, et tu es libre d'entendre celle qui veut te faire enfant de Dieu. Tu entends celle qui te donne la vie naturelle, et tu devrais entendre celle qui efface tes péchés et te donne la vie de la grâce. Et ce que je dis, je le dis toujours. Je ne parle pas, comme toi, par intervalles ; mes paroles ne sont pas à chaque instant finies, comme sont les tiennes. Mes paroles sont durables, immuables, éternelles, et je ne cesse pas plus de prononcer sur toi la parole qui te crée et qui te régénère, qui te donne ou qui t'offre la double vie de la nature et de la sainteté, que mon soleil ne cesse d'illuminer et d'échauffer les mondes qui roulent autour de lui.


Mais, ô mon fils, nous n'avons pas voulu que notre grande parole, créatrice et sanctificatrice, pût n'avoir pas un seul instant tout son effet. Nous l'avons rendue vraie pleinement, et, quand nous avons dit : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, » non seulement l'homme fut, mais il fut en effet notre image et notre ressemblance.
Il y eut la sainte créature qui est l'image sans tache et la ressemblance sans défaut de l'éternel Modèle. Il y eut, dans ce sens où je suis, « l'Agneau immolé depuis le commencement du monde ; » il y eut cette humanité principale et parfaite que mes Prophètes, dans la sainte Écriture, ont appelée Sagesse créée ; c'est ce couple sans tache, la nouvelle Eve et le nouvel Adam, qui fut et reste l'image immaculée du Père, du Verbe et de l'Esprit. C'est ma sainte Mère, et, avant tout, mon humanité.


L'âme. O Seigneur, je comprends une partie de ce que vous me montrez. Je comprends que votre divine parole, qui fait l'homme à votre image et à votre ressemblance, lui donne la vie et lui offre la sainteté. Me faire à votre image, c'est me faire homme ; me faire à votre ressemblance, c'est me remplir de grâce, me sanctifier, effacer mes péchés. Votre double parole ne cesse de retentir, c'est-à-dire que vous ne cessez de donner la vie et d'offrir la grâce. Vous ne cessez de repousser la mort et d'effacer les péchés du monde. Et comme il vous convient que votre parole ait toujours un sens plein, parfait et immuable, vous avez, par un miracle de votre toute puissance et de votre amour, créé une humanité sainte, immaculée, qui fût et demeurât votre parfaite image et votre ressemblance sans défaut. Mais, Seigneur, parlez-nous encore.
Jésus. O mon fils, il y a deux mondes, qui sont le ciel et la terre. J'efface les péchés des deux mondes. Je préserve éternellement et immuablement le ciel de tout péché, et pour ce qui est de la terre, lieu du péché, j'en efface le péché par mon sang, afin de la ramener au ciel.

L'âme. Mais comment cela peut-il se faire, O Seigneur ?
Jésus. O mon fils, ma parole créatrice et sanctificatrice, qui, dans sa source, en moi, est éternelle et simple, cette parole, dans le terme où elle aboutit, qui est ton âme, est nombreuse, successive, comme la vie dans son cours ou comme la lumière dans ses flots. Mais apprends que chacun de ces flots, comme les battements de ton cœur, comme les vibrations de ta voix et comme les ondes de la lumière, est double, et se compose d'un élan de la source et d'un retour ou d'une réponse du terme où va l'élan. Il faut que chaque émission de ma voix, qui crée et cherche à sanctifier la créature, soit écoutée et reçoive une réponse. Mais, ô mon fils, où est la créature qui me donne toujours la réponse ? Est-ce toi ?
L'âme. O Seigneur, que me demandez-vous ? Vous me demandez si j'ai toujours suivi toute ma raison, toute ma conscience ; si j'ai toujours suivi toutes les lumières que vous m'avez données, tous les amours que vous avez cherché à m'inspirer, et si j'ai toujours répondu à ces torrents d'inspirations qui se versent sur moi chaque jour, comme la lumière, comme l'air à chaque soulèvement de ma poitrine, comme le sang qui renouvelle ma vie à chaque battement de mon cœur ! Hélas ! ô Dieu qui me donnez la vie, qui me parlez, qui m'inspirez la vérité, qui m'inspirez la perfection, la sainteté ; vous à qui je devrais répondre sans cesse par l'amour et l'intelligence, est-ce que je ne vis pas toujours sans vous répondre et sans vous écouter ? Quand est-ce, ô mon Maître et mon Dieu, que je vous ai répondu décidément et pleinement une fois ?

Jésus. Eh bien ! mon fils, voilà le péché ! Renfermé dans ton âme étroite, languissante, qui ne sait pas venir à moi et sortir de soi, tu t'es fait la funeste habitude d'entendre peu et de répondre moins encore ; et tes réponses, qui pourraient, à chaque mouvement de ta vie, te sanctifier et te donner le ciel, je les attends parfois pendant de longues années, parfois pendant une vie entière, et pendant ces années ton âme demeure dans le sommeil ou dans la mort. Et cette mort du péché, je l'efface dans une seule réponse à ma voix. Comprends-le bien ; je ne cesse de te dire : 0 âme, je te crée à notre image et à notre ressemblance. Puis j'attends ta réponse. Chaque omission et chaque contradiction est un péché. Mais si, après quarante années d'attente, de silence, de sommeil et de mort, tu me réponds une fois, alors tous tes péchés sont effacés.

Si je te donne tant de jours, tant d'heures et tant de battements de cœur, ô mon fils, c'est pour qu'une fois tu me répondes décidément : « Oui, mon Dieu ! et que tu sois régénéré par cette réponse que je provoque. J'ai dirigé la vie de bien des hommes pendant un siècle et plus, pour que leur âme, au bout d'un siècle, vînt à m'entendre et à répondre une fois. Ainsi attend, dans la patience, l'Agneau de Dieu qui efface les péchés du monde.
L'âme. O Seigneur, prolongez donc la vie de tous les hommes jusqu'à ce qu'ils vous répondent une fois.

Jésus. Mon fils, plus ils vivent, plus ils se plongent dans l'habitude de ne plus rien entendre ; tu le sais bien. L'enfant me répond mieux que le vieillard, et c'est pourquoi je reprends et moissonne comme des fleurs les âmes innocentes des enfants. Et il vient un degré d'endurcissement où l'âme très-certainement n'entendra plus. Alors il ne me reste plus qu'à prononcer le jugement.
Mais tu ne peux comprendre l'étendue et la multitude des moyens par lesquels je cherche à réveiller les âmes et à recevoir leur réponse.
L'âme. O Seigneur, apprenez-moi ce que j'en puis comprendre.
Jésus. O mon fils, je me mêle à l'âme tout entière ; j'y suis partout, toujours ; j'assiste à toutes ses infidélités, et, pour que chaque péché ne la tue pas, ne la plonge pas dans la mort éternelle, je la soutiens en quelque sorte dans ses crimes, et j'en efface tout ce que mon infinie puissance peut effacer.
Mais tu ne peux encore m'entendre. Sache-le bien, le péché est un mal infini ; car il sépare l'âme de son Dieu, du principe de sa vie, pour toujours. Par le péché il y a un abîme entre l'âme et son Dieu ; l'âme ne le peut franchir pas plus qu'elle ne se peut créer. Par le péché l'âme mérite la mort éternelle ; elle est morte pour l'éternité.

Mais ce qui est impossible à l'âme est possible à son Créateur : je puis franchir l'abîme quoiqu'il soit infini ; je puis passer du côté de l'âme.
Sans doute je suis toujours présent partout, mais, n'étant plus dans l'âme de manière à y être entendu, il faut dire que je n'y suis plus. Elle ne peut plus jamais ni voir Dieu, ni l'entendre ; je ne suis plus pour elle ; j'en suis comme séparé par l'infini de ma divinité. Mais, je te le dis encore, je passe l'abîme, et je vais du côté de cette âme en me faisant homme comme elle et en prenant tous ses péchés.
Alors il lui devient possible de m'entendre. Quand je lui dis, d'une voix humaine en même temps que divine : « Tu es ma ressemblance et mon image, elle peut répondre, et ses péchés sont effacés. Et ici mon Église t'enseigne l'histoire de mon travail et des inventions innombrables de ma sagesse pour effacer les péchés du monde.

Ce plan était conçu de toute éternité, et, tandis qu'il est simple à mes yeux, pour ta raison il a deux faces. Tu vois mon but, qui est d'effacer tes péchés et de te relever vers la vie éternelle. Mais dans mon éternelle sagesse l'existence de l'Homme-Dieu était elle-même le but, comme l'ont compris et enseigné quelques-uns de mes Saints. Quand le Père, le Verbe et l'Esprit ont dit et disent : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance, ils ont voulu et veulent de toute éternité donner à cette divine parole un sens plein, éternel, infini. Elle est vraie, d'une vérité pleine, parfaite, éternelle, infinie, dans l'homme-Dieu,en moi seul, Jésus ton Sauveur. Et en même temps, cette âme parfaite, mon âme qui m'est unie de manière à ce qu'elle est ma personne, cette âme incessamment immaculée était le moyen par lequel je voulais rentrer dans le monde en m'unissant à l'homme et y descendre pour le sauver.


Mais le Père, le Fils et l'Esprit ont voulu encore que l'Homme-Dieu, Fils de Dieu, naquît cependant comme les hommes et eût une mère. Et comme nous avons voulu que la grande parole créatrice du genre humain eût un sens parfait, infini dans l'Homme-Dieu, qu'elle eût aussi un sens parfait, complet, quoique fini, dans la créature même, il entrait dans le plan éternel de mon œuvre qu'une autre âme que la mienne, — ce devait être alors celle de la Mère de Dieu, — fût parfaite, fût l'image sans tache et la ressemblance sans défaut du Père, du Fils et de l'Esprit. Et cette âme est le second but de mon œuvre. Le premier est l'Homme-Dieu, le sens parfait et infini de notre parole créatrice ; le second est la Mère de Dieu, le sens parfait, quoique fini, de cette parole. Toute ma sagesse est renfermée dans ce double chef-d'œuvre, dans ce chef-d'œuvre digne de moi : œuvre telle qu'on n'en peut concevoir de plus grande, puisque d'un côté elle est Dieu, et de l'autre la perfection créée, la plus haute perfection concevable après Dieu.
Comprends maintenant, ô mon fils, ce qu'est une âme immaculée. C'est une âme qui, dans ce côté de sa vie, qui dépend d'elle aussi, en même temps que de moi, a toujours pleinement répondu à chaque impulsion de ma voix. Et ces impulsions, plus rapides que celles de la lumière, ont toujours trouvé l'âme attentive et prête à obéir. Jamais une fois il n'y a eu refus, négligence ou silence. Puis, dans ce côté de la vie qui est dans l'homme sans l'homme, dans cet abîme où ne pénètre ni la raison, ni la volonté libre, jamais la conséquence ou l'impulsion du péché satanique n'a imprimé, directement ou indirectement, ni tache, ni ride, ni défaut, ni mouvement mauvais. Jamais le plus léger mouvement venu du mal n'a été subi ni transmis par cette âme, même involontairement. Et cela importait, ô mon fils ; car le plus léger mouvement venant du mal a ses conséquences éternelles, et entre dans la composition de l'infernale lumière et dans la force et la vitesse des épouvantables torrents du feu maudit. J'efface dans l'âme qui me répond ces mouvements et ces péchés ; mais il demeure éternellement vrai que cette âme a péché, soit par elle-même, soit originellement, et qu'elle n'est point immaculée ; elle n'a point la plus haute perfection après Dieu. Il n'y a que deux âmes, deux âmes toujours immaculées, l'âme de l'Homme-Dieu et l'âme de la Mère de Dieu, qui aient cette perfection.


Enfin le troisième but de mon œuvre et de notre parole créatrice, ce sont tous ces saints et ces justes que j'ai tirés de la mort en me faisant entendre d'eux par mon incarnation et par ma voix ; ces âmes auxquelles s'applique cette éternelle parole : « Le temps vient où ceux qui sont dans le sépulcre entendront la voix du Fils de l'homme, et ceux qui l'entendront vivront. »
Il y avait dans le péché de ces âmes une chute sans fin et un mal infini. Mon sacrifice, mon sang, qui est d'une valeur infinie, comble l'abîme. Puis, cette vertu qui efface le péché, je l'applique à ces hommes déchus et morts à la vie éternelle, comme Élisée appliqua sa vie à l'enfant, pour le ressusciter. Le prophète mit ses mains sur les petites mains de l'enfant, et son corps sur le corps de l'enfant, et sa bouche sur la bouche de l'enfant, et lui inspira son haleine. J'en fais autant et plus. Je mêle mon sang et ma chair à leur chair, à leur sang. Mon sang coule dans leurs veines, et tout mon corps s'applique à tout leur corps jusque dans ses derniers replis. Mon esprit d'homme s'applique, se mêle à leur esprit, et mon âme à leur âme ; et, pendant que mon âme parle à leur âme et mon esprit au leur, et que mon sang va dans leurs veines, moi, Verbe éternel, j'attire ce tout à moi, faisant incessamment monter, pour eux et avec eux, vers moi et vers mon Père, mon âme, mon esprit et mon corps, avec leur âme, leur esprit et leur corps. Comme je me suis fait homme en prenant une âme et un corps, et en élevant à moi l'humanité, je me fais aussi chacun d'eux, en prenant leur corps et leur âme pour demeure, afin de les relever jusqu'au ciel. Et ces applications à chaque homme de mon humanité, de ma divinité par mon humanité, je les diversifie par ma grâce, dont les démarches sont innombrables, et par les formes visibles des sacrements.
Et comme tous mes mystères sont éternels, j'ai inspiré à mon disciple de me nommer : « L'Agneau immolé depuis le commencement du monde. » Mon sang a lavé et préservé dès l'origine, et avant le péché d'Adam, celle qui devait être ma Mère et la mère de l'humanité relevée.
La source du péché ne s'est ouverte qu'au-dessous de moi et de ma Mère immaculée ; privilège ineffable dans sa grandeur, dans sa sagesse, dans sa bienfaisante étendue, dans son application à Celle dont j'ai prévu le consentement à la maternité divine, dont j'ai prévu tous les mérites, mérites qui, par ma grâce, l'ont rendue digne de porter Dieu.
Voilà, mon fils, le sens de notre parole créatrice, prononcée dans le temps : « Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance. » Tu vois que cette parole a un sens infini en moi, l'Homme-Dieu, ton Sauveur et ton Dieu ; un sens parfait et admirable en mon immaculée Mère, et un sens vrai et admirable, quoique moins étendu, en tous mes justes et mes saints. Et tu vois, non pas sans mystères, mais non pas sans lumière non plus, comment notre divine parole prévient ou répare la dissemblance de l'homme à Dieu, et comment elle maintient immaculé le couple régénérateur du monde. Tu vois comment, par mes travaux et mes souffrances, entrepris pour faire entendre ma parole à ceux qui dorment, elle efface les péchés du monde.


L'âme. Mon Seigneur et mon Dieu, je vous entends, je vous adore, et je vous aime ! Mais voici le cri de mon âme, écoutez-le ! Mon Dieu, ayez pitié de moi ! Agneau de Dieu, effacez mes péchés, effacez les péchés du monde. Effacez mes péchés passés, effacez mes péchés à venir. Préservez-nous du péché pour toujours, comme vous avez préservé votre Mère de tout péché. Effacez les péchés du monde et prévenez le péché futur.
Seigneur, vous avez dit et dites encore votre grande parole créatrice qui nous crée et nous régénère à votre ressemblance. Cette parole, si je l'écoutais, si le monde l'écoutait, suffirait pour régénérer à chaque heure, dans la lumière et dans l'amour, et mon âme et le monde. Mais la mort, que je ne veux pas quitter, et à laquelle le monde s'attache, la mort ne vous entend pas, et les flots de vie passent sur nous, à travers nous, sans nous donner la vie. Et chaque nouveau péché, chaque nouvel abaissement dans la mort rend de plus en plus impossible ma rentrée dans la vie. 0 Seigneur ! que du moins je me ligue avec vous, aujourd'hui, contre les péchés à venir, les miens et ceux du monde. Oh ! que le monde pèche moins, Seigneur, afin d'être moins mort, moins vide de vous. Oh ! que le monde s'attache, Seigneur, aux grandes lumières du dogme de l'immaculée pureté de la Mère des vivants, aux grands effets du culte de Celle qui est la Mère de Dieu, la forme parfaite, l'idée parfaite de Dieu, et la réalisation sans défauts de la parole qui créa l'homme et qui le sanctifie. Sachons donc lire enfin dans cette lumière ce qui importe le plus au monde, savoir : comment vous êtes l'Agneau qui prévient les péchés du monde, et comment l'avenir du monde peut différer de son passé par de plus grandes victoires sur la mort du péché, sur l'infernal obstacle à la lumière et à l'amour.


Oui, Jésus, là est notre progrès, progrès du monde comme de chaque âme. Oui, Jésus, qu'enfin les vertus virginales et le sens virginal des choses se développent davantage dans le monde par le culte pratique, c'est-à-dire par l'imitation intellectuelle et cordiale de la Vierge sans tache, Mère de Dieu ! Que Dieu, par la puissance des vertus virginales qui vous appellent, ô Jésus notre vie, et que vous préparez en effaçant le péché, que Dieu grandisse enfin dans le monde, y vive, y règne ! Qu'il n'y soit plus continuellement insulté, crucifié, dans le mystère des cœurs comme sur les places publiques ; qu'il n'y soit plus méprisé, foulé aux pieds, dans les pauvres, dans les enfants, dans les malades et dans les ignorants !
Et, il me semble le voir, Seigneur, le culte, l'imitation de votre Mère immaculée, qui est le culte de la perfection créée, grandit et grandiras dans l'Église et dans le monde. Vous le voulez et le genre humain s'y prépare. Vous voulez, plus que jamais, que cette divine lumière se répande sur la dernière époque du monde, qui sera, j'espère, la plus longue, et s'y verse toujours plus féconde et plus belle, pour effacer et pour prévenir le péché.


Vous voulez, ô Jésus, qu'un plus grand nombre d'hommes se lèvent et marchent dans cette lumière. Vous voulez qu'ils apprennent à y puiser l'intelligence, le courage, l'espérance. Vous voulez qu'ils y lisent comment Dieu s'est déjà donné, et comment l'homme n'a plus qu'à recevoir et à comprendre ce qui est en ses mains ; comment l'homme peut vivre de vous et vous faire naître de lui, ajouter à son sang le vôtre, à son intelligence la vôtre, et à son cœur votre cœur sacré ; comment, par quels canaux et par quelle source, la vie, la vérité, la liberté, l'amour grandissent dans l'âme et dans le monde ; comment l'accroissement des vertus virginales, seules capables de Dieu, sont le salut et le progrès du monde ; comment nous pouvons et devons disposer et gouverner la terre dans la justice et dans la vérité ; comment, au-dessus de lame et de l'humanité, il n'y a pas seulement la perfection infinie de Dieu, que le monde pourrait croire trop loin de lui, mais il y a encore la perfection créée. Oui, dans la réalité créée la perfection est possible ; elle existe, elle vit, elle vient à nous, elle nous touche, et par un lien secret et admirable nous y touchons. L'homme ne peut donc plus rien concevoir de trop grand. L'homme ne peut pas trop espérer. S'il veut la perfection, la perfection sans tache et sans défaut, elle est donnée. La perfection humaine créée est connue par son nom, et l'on sait comment s'y unir. Si l'on veut plus, si l'on veut, outre la perfection immaculée, la perfection croissante dans l'infini de Dieu, elle est donnée, puisqu'on nous dit que cette sainte et immaculée perfection est Mère de Dieu, et unit Dieu au monde, et qu'en son sein Dieu a voulu devenir homme pour élever à lui l'humanité, et l'élever en lui de clartés en clartés, dans les siècles des siècles.






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