Le mois de Marie
ou méditations sur sa vie, ses gloires et sa protection
Source : Livre "Le mois de Marie ou méditations pour chaque jour du mois sur sa vie, ses gloires et sa protection" par Aleksander Jełowicki
POUR LE 8ème JOUR DU MOIS
et POUR LA FÊTE DE LA MATERNITÉ DE LA SAINTE VIERGE. (Le 2e dimanche d'octobre.) Le 11 octobre
ÉVANGILE DE SAINT LUC, II, . 1-19.
«
Vers ce même temps, on publia un édit de César Auguste, pour faire un
dénombrement de toute la terre. Ce fut le premier dénombrement qui se
fit par Cyrinus, gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire
enregistrer chacun dans sa ville. Joseph partit aussi de la ville de
Nazareth, qui est en Galilée, et vint en Judée, à la ville de David,
appelée Bethléhem, parce qu'il était de la maison et de la famille de
David, pour se faire enregistrer avec Marie son épouse, qui était
grosse. Pendant qu'ils étaient là, il arriva que le temps auquel elle
devait accoucher s'accomplit, et elle enfanta son fils premier-né, et
l'ayant emmailloté, elle le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y
avait point de place pour eux dans l'hôtellerie. Or, il y avait aux
environs des bergers qui passaient les nuits dans les champs, veillant
tour à tour à la garde de leurs troupeaux ; et tout d'un coup un ange du
Seigneur se présenta à eux, et une lumière divine les environna, ce qui
les remplit d'une extrême crainte. Alors l'ange leur dit : Ne craignez
point, car je viens vous apporter une nouvelle qui sera pour tout le
peuple le sujet d'une grande joie ; c'est qu'aujourd'hui, dans la ville
de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur, et
voici la marque : Vous trouverez un enfant emmailloté, couché dans une
crèche. Au même instant il se joignit à l'ange une grande troupe de
l'armée céleste, louant Dieu et disant : Gloire à Dieu au plus haut des
cieux, et paix sur la terre aux hommes chéris de Dieu. Après que les
anges se furent retirés dans le ciel, les bergers se dirent l'un à
l'autre : Passons jusqu'à Bethléhem, et voyons ce qui est arrivé, et ce
que le Seigneur nous a fait connaître. S'étant donc hâtés d'y aller, ils
trouvèrent Marie et Joseph, et l'enfant couché dans une crèche, et
l'ayant vu, ils reconnurent ce qui leur avait été dit touchant cet
enfant ; et tous ceux qui l'entendirent admirèrent ce qui leur avait été
rapporté par les bergers. Or Marie conservait toutes ces choses, les
repassant dans son cœur ('). »
I.
« Et elle enfanta son fils premier-né, et l'ayant emmailloté, elle le coucha dans une crèche ('). Dieu se fit homme : la Vierge est devenue mère, et mère de Dieu. De ces deux mystères, lequel est le plus profond ? De cet anéantissement de Dieu par amour pour nous et pour notre salut ? ou de cette exaltation de Marie, afin de nous sauver par Marie, en venant au monde par Marie ? Nous n'avons qu'à nous prosterner et à glorifier Dieu dans ces deux mystères. Félicitons Marie de ce qu'elle est mère de Dieu ; réjouissons-nous de son bonheur, qui est aussi le nôtre, et chantons sur tous les accents, avec la sainte Église, du fond de nos cœurs, la gloire de la virginité et de la maternité de la Vierge, mère de Dieu :
« Et elle enfanta son fils premier-né, et l'ayant emmailloté, elle le coucha dans une crèche ('). Dieu se fit homme : la Vierge est devenue mère, et mère de Dieu. De ces deux mystères, lequel est le plus profond ? De cet anéantissement de Dieu par amour pour nous et pour notre salut ? ou de cette exaltation de Marie, afin de nous sauver par Marie, en venant au monde par Marie ? Nous n'avons qu'à nous prosterner et à glorifier Dieu dans ces deux mystères. Félicitons Marie de ce qu'elle est mère de Dieu ; réjouissons-nous de son bonheur, qui est aussi le nôtre, et chantons sur tous les accents, avec la sainte Église, du fond de nos cœurs, la gloire de la virginité et de la maternité de la Vierge, mère de Dieu :
Sainte
Marie ! sainte mère de Dieu ! sainte Vierge des vierges ! mère de
Jésus-Christ ! mère de la divine grâce ! mère très pure ! mère très
chaste ! mère toujours vierge ! mère sans tache ! mère aimable ! mère
admirable ! mère du Créateur ! mère du Sauveur ! faites que nous
puissions glorifier dignement votre maternité ; et, par la vertu de
votre maternité, donnez-nous la foi, l'espérance, et surtout la charité.
Selon la dignité, la grandeur, la sainteté et la bonté de Jésus, nous devons juger de la dignité, de la grandeur, de la sainteté et de la bonté de Marie ; car le Saint-Esprit l'a dit : « Le fils tire sa gloire de l'honneur du père, et un père sans honneur est le déshonneur du fils ('). » Et puisque le Christ, comme homme, n'avait point de père, mais une mère seulement, la gloire du Christ, en tant que Fils de l'homme, et toutes les qualités de ce suprême Pontife viennent de la gloire de Marie. Et comme il était bien raisonnable que nous eussions un pontife, comme celui-ci, dit l'Apôtre, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux (2), » il convenait aussi que sa mère, Marie, fût sainte, innocente, sans tache, séparée des pécheurs, et plus élevée que les deux : car, dit saint Bernard, « le Créateur venant au monde comme homme, a dû se choisir une mère qu'il savait lui convenir ('). » Et saint Thomas nous apprend « que Dieu donne à chacun sa grâce selon sa mission (2). » Dieu avait choisi pour ses Apôtres des hommes simples, et qui n'étaient point sans péché ; mais puisqu'il les avait choisis, il les a rendus dignes de leur mission, comme saint Paul nous le dit expressément : « Il nous a rendus capables d'être les ministres de la nouvelle alliance (3). » Et comme Marie n'était pas seulement choisie, mais créée pour être mère du Fils de Dieu, il est évident que nous ne saurions comprendre de combien de grâces Dieu l'avait ornée et préparée pour cette mission, à quelle dignité il l'avait élevée.
Selon la dignité, la grandeur, la sainteté et la bonté de Jésus, nous devons juger de la dignité, de la grandeur, de la sainteté et de la bonté de Marie ; car le Saint-Esprit l'a dit : « Le fils tire sa gloire de l'honneur du père, et un père sans honneur est le déshonneur du fils ('). » Et puisque le Christ, comme homme, n'avait point de père, mais une mère seulement, la gloire du Christ, en tant que Fils de l'homme, et toutes les qualités de ce suprême Pontife viennent de la gloire de Marie. Et comme il était bien raisonnable que nous eussions un pontife, comme celui-ci, dit l'Apôtre, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux (2), » il convenait aussi que sa mère, Marie, fût sainte, innocente, sans tache, séparée des pécheurs, et plus élevée que les deux : car, dit saint Bernard, « le Créateur venant au monde comme homme, a dû se choisir une mère qu'il savait lui convenir ('). » Et saint Thomas nous apprend « que Dieu donne à chacun sa grâce selon sa mission (2). » Dieu avait choisi pour ses Apôtres des hommes simples, et qui n'étaient point sans péché ; mais puisqu'il les avait choisis, il les a rendus dignes de leur mission, comme saint Paul nous le dit expressément : « Il nous a rendus capables d'être les ministres de la nouvelle alliance (3). » Et comme Marie n'était pas seulement choisie, mais créée pour être mère du Fils de Dieu, il est évident que nous ne saurions comprendre de combien de grâces Dieu l'avait ornée et préparée pour cette mission, à quelle dignité il l'avait élevée.
La
première qualité inhérente à la maternité de Marie, comme mère de Dieu,
c'est qu'elle est vierge mère. « Car il ne convenait pas à Dieu d'avoir
d'autre mère que la Vierge par excellence, et à la Vierge d'avoir
d'autre Fils que Dieu, dit saint Bernard. Seule entre les femmes,
continue-t-il, seule vous avez été trouvée digne d'offrir une demeure au
Roi des rois dans le royal palais de votre virginité ('). » « Vous êtes
la seule, proclamons-le avec saint Augustin, qui ait mérité d'être
appelée épouse et mère de Dieu (3). » Répétons, enfin, avec la sainte
Église : « Bienheureuse la Vierge dont les entrailles avaient mérité de
porter notre Seigneur Jésus-Christ (3). »
II.
La
deuxième prérogative de la maternité divine de Marie, c'est d'être
devenue mère de tous les élus et reine du monde, régnant avec son fils
Jésus : « En donnant naissance à l'Auteur de la vie, Marie a fait naître
plusieurs à la vie (4), » dit saint Guillaume. « Une jeune Vierge, dit
saint Pierre Chrysologue, pour avoir reçu Dieu dans son sein, obtint en
récompense la paix au monde, la rédemption aux condamnés, et la vie aux
morts (5). » « Si celui qui est né de la Vierge est roi, dit saint
Athanase, la mère qui l'a mis au monde est justement reconnue pour reine
et souveraine ('). » Saint Thomas nous dit : « que, lorsque Marie avait
conçu et mis au monde le Fils de Dieu, elle a obtenu la moitié de la
royauté de Dieu ; de sorte qu'elle est reine de miséricorde, comme le
Christ son fils est le roi de justice (2). » Et le Psalmiste chante
ainsi la gloire de Jésus et de Marie : « Votre trône, ô Dieu,
éternellement, le sceptre de votre règne sera un sceptre de rectitude et
d'équité. Vous avez aimé la justice et haï l'iniquité ; c'est à cause
de cela , ô Dieu, que votre Dieu vous a oint d'une huile de joie, d'une
manière plus excellente que tous ceux qui ont part avec vous (3). » Il
désigne par là Jésus et son sceptre d'équité ; et, plus loin, en disant :
« La Reine s'est tenue à votre droite, ayant un habit enrichi d'or (4),
» il parle de Marie comme reine de miséricorde. Dans un autre endroit,
le Psalmiste réclame à Dieu le sceptre du Christ : « O Dieu ! donnez au
roi vos jugements, et au fils du roi votre justice ('). » Et nous,
réclamons à Dieu, avec saint Bonaventure, le sceptre de Marie : « 0 Dieu
! donnez au roi vos jugements, et votre miséricorde à la mère du roi
(2) ! » Mais Dieu avait exaucé nos prières avant même que nous les lui
eussions adressées, car il nous donna dans cette mère du roi la mère de
miséricorde, « qui est, pour les pécheurs repentants d'autant plus
propice et miséricordieuse, qu'elle est plus élevée en honneur et en
sainteté (3). » Elle tient dans ses mains le pain de la vie, « et la loi
de la clémence est sur sa langue (4). »
0
mère admirable ! mère de miséricorde ! nous nous réfugions près de
vous, pour échapper à l'inondation de nos péchés et aux coups de la
justice divine, afin de ne pas être engloutis dans nos iniquités et par
nos iniquités. Vous êtes l'arche d'alliance et l'arche de salut. Et
comme l'arche de Noé avait préservé du déluge tout ce qu'elle
renfermait, de même, ô Marie ! vous préserverez des tempêtes du péché
tous ceux qui se réfugieront dans votre sein. L'arche de Noé ne devait
sauver qu'un petit nombre : mais vous, ô Marie ! vous, arche de Dieu !
vous êtes pour le salut de tous. Ainsi nous cherchons en vous notre
refuge, nous vous implorons : sauvez-nous, car vous êtes mère de Dieu ;
sauvez-nous, car vous êtes notre mère ! « 0 mère de tous les vivants (')
! » « ô mère de tous les croyants (2) ! » sauvez-nous !
III.
« Heureuse Marie ! s'écrie saint Bernard, vous êtes la mère du criminel et la mère du juge : mère de tous les deux, vous ne souffrirez pas qu'il y ait de la discorde entre ces deux frères. Vous engagerez le coupable au repentir, et dans votre sein de miséricorde vous engagerez le juge à la clémence, et vous les aurez réconciliés tous les deux (3) » « O bienheureuse assurance ! ô toute notre espérance ! s'écrie saint Anselme, la mère de Dieu est aussi ma mère ! Quelle sécurité pour nous ! quelle certitude pour nos espérances ! puisque notre salut est entre les mains d'un frère bienfaisant et d'une mère miséricordieuse (4) ! » Élevons donc notre voix, pour nous écrier avec saint Bonaventure : « 0 mon âme ! dis et redis avec confiance : Je me réjouirai et je ferai paraître ma joie de ce que mon jugement dépend de l'arrêt de mon frère et de ma mère ('). » « 0 ! que nous sommes bien sous la protection d'une telle mère ! dit Bellarmin. Qui pourrait nous arracher de son sein ? quelle tentation ou quelle crainte seraient capables de nous vaincre, nous qui avons confiance dans la protection de la Mère de Dieu, qui est aussi la nôtre (2) ? »
« Heureuse Marie ! s'écrie saint Bernard, vous êtes la mère du criminel et la mère du juge : mère de tous les deux, vous ne souffrirez pas qu'il y ait de la discorde entre ces deux frères. Vous engagerez le coupable au repentir, et dans votre sein de miséricorde vous engagerez le juge à la clémence, et vous les aurez réconciliés tous les deux (3) » « O bienheureuse assurance ! ô toute notre espérance ! s'écrie saint Anselme, la mère de Dieu est aussi ma mère ! Quelle sécurité pour nous ! quelle certitude pour nos espérances ! puisque notre salut est entre les mains d'un frère bienfaisant et d'une mère miséricordieuse (4) ! » Élevons donc notre voix, pour nous écrier avec saint Bonaventure : « 0 mon âme ! dis et redis avec confiance : Je me réjouirai et je ferai paraître ma joie de ce que mon jugement dépend de l'arrêt de mon frère et de ma mère ('). » « 0 ! que nous sommes bien sous la protection d'une telle mère ! dit Bellarmin. Qui pourrait nous arracher de son sein ? quelle tentation ou quelle crainte seraient capables de nous vaincre, nous qui avons confiance dans la protection de la Mère de Dieu, qui est aussi la nôtre (2) ? »
Celui-là
seul peut se perdre, qui ne veut pas devenir un bon fils de Marie.
Malheur, malheur à celui qui serait mauvais fils de Marie ! Malheur,
malheur à lui ! Dieu même le maudit : « Maudit est de Dieu, celui qui
aigrit l'esprit de sa mère (3). » « Il blesse Marie, celui qui n'est
point pénétré de respect pour sa maternité divine ; celui qui ne
travaille pas à se rendre semblable à Elle, ainsi qu'à son divin Fils ;
il contriste Marie celui qui vit dans l'insouciance, la paresse ou
l'indifférence ; il offense Marie l'avare qui préfère son or à tout ; le
voluptueux qui ne songe qu'à ses plaisirs infâmes ; le blasphémateur
qui profane le nom sacré du Seigneur ; le voleur qui ne respecte pas le
bien du prochain. Il soulève le cœur de Marie et le ferme à sa
tendresse, l'orgueilleux qui met sa gloire en lui-même ; le dédaigneux
qui méprise le prochain ; le cruel qui n'a point de pitié ; le moqueur
qui tourne tout en dérision ; l'envieux à qui tout porte ombrage ; le
méchant dont le bonheur est de faire du mal. Il la prierait en vain
l'homme impitoyable qui ne sait pas pardonner ; il mérite surtout son
indignation le plus dangereux des ennemis de ses frères, le meurtrier
des âmes, le corrupteur et le tentateur, celui qui, de fils et serviteur
de Marie, se fait compagnon et serviteur de Satan. »
«
Il est maudit de Dieu, celui qui aigrit l'esprit de sa mère('). » Oui,
mais Marie ne l'a pas maudit ; car Marie n'est que miséricorde. Ainsi,
pécheur, si grand pécheur que vous soyez, adressez-vous hardiment à
Marie, elle est votre mère ; adressez-vous hardiment à Marie, elle vous
appelle, elle vous tend les bras, pour que vous puissiez vous y reposer
de vos iniquités ; elle vous ouvre son cœur et celui de Jésus, bien que
vous les ayez percés tous les deux ! Vous avez été arrogant et entêté,
contemplez Marie, et vous deviendrez doux, humble et pacifique, comme
l'Agneau de Dieu qu'elle avait porté dans son sein. « Que de gens
orgueilleux, dit saint Alphonse de Liguori, sont devenus humbles, grâce à
leur dévotion pour Marie ! que d'emportés qui sont devenus doux ! que
d'aveugles qui ont gagné la vue ; que de désespérés qui ont recouvré
l'espérance et la confiance sans bornes ! que de damnés qui furent
sauvés ! »
0
Marie ! de loin je viens ; de loin je reviens vers vous ; vous savez ce
qui me manque, car vous êtes ma mère. Je me présente seulement devant
vous ; je me prosterne à vos pieds ; je vous ouvre mon cœur, et je vous
adresse les paroles de saint Bonaventure : « Je vous salue, ma
souveraine ! ma mère ! vous, qui êtes mon cœur et mon âme, je vous salue
(') ! » Et vous, ô Marie ! vous me relèverez, vous me guérirez, vous me
sauverez !
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