Heure Sainte
La
dévotion de l'Heure sainte a son origine dans la prière que Jésus fit à
Gethsemani, la veille de sa mort, dans la nuit du Jeudi au Vendredi
Saint.
Elle consiste à passer une heure en prière, de onze heures à minuit, dans la nuit du jeudi au vendredi de chaque semaine, ainsi que Notre-Seigneur lui-même le demande à sa fidèle servante, Sainte Marguerite-Marie.
Préparation
O très aimant et très immolé Jésus, mon bien-aimé Sauveur,
permettez-moi
de passer, dans une union très intime avec votre Cœur agonisant,
l'Heure Sainte que vous avez demandée à votre fidèle amante et victime
sainte Marguerite-Marie.
Accordez-moi,
ô Sauveur adoré une étroite participation à vos incompréhensibles
douleurs et aux sentiments de compassion qui remplirent l'âme de votre
sainte Mère en cette nuit de mortelles angoisses.
Je
vous offre, pour suppléer à mon insuffisance, les affections de cette
Mère très sainte, de sainte Marguerite-Marie et des âmes qui vous ont le
plus consolé et qui vous consolent encore dans ce mystère de douleur et
d'amour.
Premier quart d'heure
"Mon âme est triste jusqu'à la mort"
Considérons
la grande victime d'amour, Jésus, l'Agneau immaculé, se présentant
devant la face de son Père, chargé de toutes les iniquités du monde.
"Il
a été fait péché pour nous" dit Saint Paul ; il s'est rendu notre
caution ; il doit payer notre dette, jusqu'à la dernière obole.
Toutes
les abominations, les impuretés, les trahisons, tous les attentats, les
forfaits, les sacrilèges... tous les crimes qui ont souillé et
souilleront l'humanité entière... Lui, la Sainteté infinie, il en est
revêtu comme d'une lèpre hideuse !
Sous
ce manteau d'ignominie, il tombe à deux genoux pour confesser, au
tribunal de la Justice divine, tous les péchés des hommes ! Non
seulement il les confesse, un à un, mais il en conçoit une honte
inexprimable et une contrition infinie ; il en implore, du fond de
l'abîme d'humiliation et de douleur où il est plongé, le plus humble
pardon....
Et
le péché, ce limon impur, dont se sent comme imprégné ce très noble
Fils de Dieu, le jette dans une telle angoisse que, tombant la face
contre terre, il s'écrie : "Mon âme est triste jusqu'à la mort !"
Ah
! imitons à notre tour la douce victime.... Hélas ! que d'iniquité dans
notre propre vie ! Faisons donc ici un sérieux retour sur nous-mêmes
et sur notre triste passé.... Recueillons-nous, gémissons et prions...
Confiteor. De profundis clamavi...
O
Jésus, par la mortelle affection où nos iniquités vous ont réduit à
Gethsemani, faites-nous concevoir un vif regret de tous les péchés de
notre vie et l'énergique résolution de ne plus vous offenser à l'avenir.
Pardon pour nous, Seigneur ; pardon pour tous les pécheurs. - Acte de contrition - Parce Domine.
Deuxième quart d'heure
"Père, s'il est possible que ce calice passe loin de moi !"
Non-seulement
Jésus a revêtu nos ignominies et les a confessées à la Majesté divine,
mais il doit les expier en son Cœur, au Jardin ; en sa chair, sur la
Croix.
C'est
d'abord sur le Cœur très saint de son Fils bien-aimé que le Père va
décharger les traits de son courroux, exercer les rigueurs de sa
justice.
Considérons
Jésus, le doux agneau, livré à l'épouvante à la vue de son Père irrité.
La crainte, le dégoût, la tristesse s'emparent de sa très sainte âme !
Il commence à avoir peur, pavere, à la vue des tourments qui l'attendent... à sentir un dégoût mortel, tœdere, causé par l'ingratitude des hommes et l'inutilité de sa Passion pour un si grand nombre... et à être navré, mœstus esse, d'une tristesse amère, par la vue des péchés innombrables dont il s'est revêtu.
Et
la très sainte âme du Sauveur, tremblante, éperdue, demande grâce :
"Père, s'il est possible que ce calice passe loin de moi !..." Son
esprit se trouble, son corps frémit et donne une sueur mêlée de sang,
dont les gouttes ruissellent jusqu'à terre.
Écoutons ce que Notre Seigneur apprit lui-même à Sainte Marguerite-Marie de la lutte formidable qu'il soutint à Gethsemani.
"J'ai
paru, dit-il, devant la Sainteté de Dieu qui, sans avoir égard à mon
innocence, m'a froissé dans sa fureur, me faisant boire le calice qui
contenait le fiel et l'amertume de sa juste indignation, et comme s'il
eût oublié le nom de Père pour me sacrifier à sa juste colère.
"Il
n'y a point de créature, ajoute Notre Seigneur, qui puisse comprendre
la grandeur des tourments que je souffris alors : et c'est cette même
douleur que l'âme criminelle ressent lorsqu'elle est devant le Tribunal
de la Sainteté divine qui s'appesantit sur elle, la froisse, l'opprime
et l'abîme dans sa juste fureur."
Oh
! réfléchissons qu'il nous faudra paraître, nous aussi, devant la
sainteté de Dieu ; préparons-nous à en subir toutes les rigueurs, car
"si l'on traite ainsi le bois vert, que sera-ce du bois sec ?"
Et
soyons indulgents et miséricordieux pour nos frères... Ne les jugeons
pas et nous ne serons pas jugés : on se servira envers nous de la même
mesure dont nous nous serons servis envers les autres.
Miserere mei Deus... In te Domine speravi
Troisième quart d'heure
"Quoi ! vous n'avez pu veiller une heure avec moi !"
La
sainte Victime, tout inondée de son sang, se relève et va chercher des
consolateurs... Hélas ! le grand Délaissé de Gethsemani était seul à
fouler le pressoir... Ses trois plus chers, ses intimes, ses amis,
Pierre, Jacques et Jean, dormaient à quelques pas !...
Qui
dira la douleur que ressentit Jésus d'un tel abandon... à une telle
heure... en un tel lieu ? Mais son Cœur très aimant devait connaître
toutes les douleurs, nous couvrir de toutes les indulgences.
"Quoi, vous n'avez pu veiller une heure avec moi !"
Quel doux reproche...suivi de quel charitable avertissement : "Veillez et priez afin, que vous n'entriez point en tentation."
O
Maître agonisant et toujours très débonnaire, ne permettez pas que vos
choisis, vos Gardes d'honneur, s'endorment jamais lâchement au poste
d'amour où vous les avez si miséricordieusement placés.
Dans
votre tabernacle, comme au jardin des oliviers, vous subissez encore
toutes les horreurs d'une lente agonie. Les trahisons vous y
poursuivent, l'ingratitude des hommes vous y fait gémir, vous y pleurez
nos crimes : vous les confessez, nuit et jour, à votre Père du ciel... O
Jésus, Jésus très doux, qui nous avez conviés à consoler vos divins
délaissements, rendez-nous vigilants et courageux, généreux et
pleinement dévoués à votre Sacré Cœur. Apprenez-nous à veiller et à
prier, afin de n'entrer point en tentation et d'échapper à tous les
périls de l'heure présente.
Par
les délaissements de votre Cœur à Gethsemani, ayez pitié, ô Jésus des
cœurs affligés, consolez-les, soutenez-les, sanctifiez-les dans
l'épreuve. Pitié aussi, Seigneur, pour les agonisants et pour
nous-mêmes, lorsque viendra l'heure redoutable où nous devrons paraître
devant vous et subir l'arrêt qui nous rendra heureux ou malheureux pour
une éternité.
Prière pour les agonisants
O
très miséricordieux Jésus, rempli d'amour pour les âmes, je vous en
conjure par l'agonie de votre très saint Cœur et par les douleurs de
votre Mère immaculée, purifiez dans votre Sang tous les pécheurs du
monde entier qui sont maintenant à l'agonie et doivent mourir
aujourd'hui. Ainsi soit-il.
Cœur de Jésus agonisant, ayez pitié des mourants.
Quatrième quart d'heure
"Voici que le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs. Levons-nous, allons !"
Jésus,
par trois fois, avait prié disant : "Père, s'il est possible que ce
calice passe." ajoutant aussitôt : "Non, pas ma volonté, Père, mais la
vôtre." Or, cette volonté sainte était que l'adorable Agonisant marchât à
la mort. "Car la mort est la solde du péché" - Levons-nous dit-il à ses
apôtres, et allons. - Où, mon doux maître et Seigneur ? - Au baiser de
judas, au prétoire, à la colonne, au calvaire, au gibet infâme... Et
s'avançant vers la troupe ennemie qui vient le saisir : "Qui
cherchez-vous, lui dit-il ? - Jésus de Nazareth... - C'est moi !"
O
grand Combattant d'amour, ô Lutteur magnanime qui nous conviez à votre
suite : "Nous voici !" Vos Gardes d'honneur vous feront bonne escorte ;
ils graviront avec vous la montagne des douleurs, qui est le "mont des
amants". Sous vos ordres, ô Roi immortel des siècles. Ils veulent
combattre le bon combat, vaincre le prince des ténèbres, triompher du
monde, mourir résolument à eux-mêmes, pour vivre tout à vous. Allons et
mourons avec lui.
Transportons-nous
en esprit au calvaire. Adorons le divin Supplicié expirant sur la croix
; c'est l'Amour mort d'amour. Ah ! ne vivrons-nous point désormais pour
l'aimer uniquement ? Oui, en retour, donnons-nous" livrons-nous tout
entiers à Jésus, et par Lui avec Lui et en Lui, à tous les divins
vouloirs. Unissons nos faibles immolations à son immolation incessante
sur les autels. Rendons dévouement pour dévouement, amour pour amour, au
Cœur blessé de Jésus, et entrons à la suite de la très sainte Vierge
Marie, de saint Jean et de sainte Madeleine dans sa Plaie adorée et très
suave pour n'en sortir jamais.
Conclusion
Père
saint, qui avez tant aimé le monde que vous lui avez donné et sacrifié
votre Fils unique, nous vous bénissons de cette incompréhensible
miséricorde !
Ne
pouvant le faire dignement, c'est par le Cœur de notre douce et sainte
Victime que nous vous crions merci ! Après s'être fait notre rédemption,
il se fera encore notre action de grâces !
Et
vous, ô Sauveur, ô Agneau, ô notre amour immolé, soyez loué, remercié,
magnifié dans tous les siècles, pour vous être sacrifié au salut de vos
pauvres créatures.
Par
le Cœur de Marie immolé au pied de la croix, par la voix éloquente de
ses larmes de Mère et de victime, nous vous rendons grâce et nous vous
promettons, ô Jésus, de fuir le péché, de combattre nos inclinations
perverses, de vaincre nos répugnances au bien et nos entraînements vers
le monde et ses faux plaisirs, répétant avec votre fidèle amante, Sainte
Marguerite-Marie :
"L'amour divin m'a vaincue, lui seul possédera mon Cœur."
Amen.
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