Dévotion au précieux sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ

Dévotion au précieux sang
de Notre-Seigneur Jésus-Christ

Dévotion au précieux sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ
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POUR LA VEILLE DU MOIS DU PRÉCIEUX SANG
Déjà depuis un certain nombre d'années la pieuse coutume de consacrer un mois de l'année à honorer le précieux Sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ est introduite dans l'Église.
Il nous semble que, dans les périlleux moments où nous vivons, les âmes qui aiment vraiment Jésus doivent faire tous leurs efforts pour répandre la pratique de cette dévotion.
Chaque jour les impies inventent de nouveaux moyens de propager le mal ; ils ne disent jamais : C'est assez.
Aurions-nous donc moins d'amour pour notre chef qu'ils n'en ont pour le leur ? Aurions-nous moins de zèle pour étendre le règne et l'empire de notre roi, qu'ils n'en ont pour propager le règne de Satan, de cet antique ennemi de Dieu et de tout le genre humain ?
Nous faisons un appel aux âmes généreuses ; c'est à elles que nous adressons cet humble écrit ; c'est aux âmes qui aiment Jésus, car celles-là ne rechercheront pas l'élégance du style, la pureté du langage ; mais leur cœur, pénétrant plus avant, ne considérera qu'un nouveau moyen de témoigner leur amour à Jésus, en faisant chaque jour, pendant ce mois, une petite lecture et une courte prière en l'honneur de ce Sang divin, qu'il a versé si généreusement pour notre amour.
Nous nous adressons aussi aux âmes qui ont un véritable esprit de Réparation ; elles embrasseront certainement avec joie cette pieuse coutume.
Le Sang de Jésus est le vrai trésor de la Réparation ; c'est par l'effusion de son sang que ce divin Sauveur a lavé nos fautes, par son sang qu'il nous ouvre le Ciel : aussi, en commençant ce mois, nous vous adresserons simplement ces paroles de sainte Catherine de Sienne à l'un de ses directeurs :
« Ne vous étonnez pas si je ne vous demande autre chose que de vous plonger dans le sang et l'amour du Fils de Dieu... Oui, baignez-vous dans le sang du Christ crucifié ; rassasiez-vous de sang, enivrez-vous de sang, revêtez-vous de sang, pleurez dans le sang, réjouissez-vous dans le sang, croissez et fortifiez-vous dans le sang, puis, comme un chevalier intrépide, courez dans le sang pour défendre l'honneur de Dieu, la liberté de l'Église et le salut des âmes. »
Tout ce que nous pourrions ajouter ne serait rien auprès des paroles de cette grande sainte ; méditons-les, efforçons-nous de les approfondir, afin de les mettre en pratique.
Prière de sainte Catherine de Sienne.
0 mon Jésus, j'ai le plus vif désir de vous aimer et de jouir de la bénédiction du Sang précieux que, dans l'excès de votre miséricorde, vous avez répandu afin que je puisse recevoir la vie de la grâce, et que mon âme soit purifiée de tous ses péchés.
Mais, ô mon Sauveur ! votre Sang divin ne rendra point à mon âme la vie et la pureté si je n'imite vos vertus,
si je ne me rappelle continuellement vos miséricordes et vos cruelles souffrances.
Assistez-moi, ô mon Jésus ! afin que ma mémoire se remplisse du souvenir de votre Sang précieux, que mon cœur s'embrase de l'amour de votre Sang adorable.
Ainsi enivrée de ce Sang divin, vous me déchargerez de mes péchés,
vous m'arracherez à la société des mauvais esprits,
et vous m'inscrirez sur le livre de vie.
Pour obtenir cette faveur, ô Jésus crucifié ! je veux me cacher dans la plaie de votre côté, et là frapper sans cesse à la porte de votre miséricorde. Ainsi soit-il.

PREMIER JOUR
Jésus répand par amour pour nous son Sang précieux.
PRIÈRE A LA TRÉS SAINTE VIERGE.
0 Marie, Mère de douleur et d'amour, aidez-moi à comprendre par quel excès d'amour Jésus, votre aimable Fils, a versé pour moi son Sang précieux.
Le sang de Jésus est le prix de notre Rédemption : c'est par son sang que cet adorable Sauveur nous a rachetés de la mort ;
par l'effusion de son sang qu'il a lavé nos crimes, qu'il a réparé nos fautes.
Nous ne pouvons donc avoir trop de respect, trop d'amour pour ce Sang divin !
Jésus aurait pu se contenter d'en verser quelques gouttes pour nous racheter ;
mais ce qui eût suffi à la justice de Dieu ne suffit pas à son amour, et Jésus verse pour nous jusqu'à la dernière goutte de son sang.
Il le verse non une seule fois, mais il le répand en plusieurs circonstances, au milieu de douleurs incompréhensibles, de tourments cruels.
Et nous, pour qui il souffre, pour l'amour de qui il répand son sang, nous refuserions de méditer quelques instants sur ses douleurs, de penser à ce qu'il a souffert pour nous ?
Comment donc, mon Dieu , avez-vous pu aimer autant des êtres aussi misérables, aussi ingrats ?
Ah ! oui, Seigneur, votre amour pour vos pauvres et misérables créatures est un mystère impénétrable, une folie incompréhensible à nos esprits bornés, à nos cœurs égoïstes.
Ouvrez nos yeux, Seigneur, au commencement de ce mois, pendant lequel nous nous proposons de venir chaque jour rendre hommage à votre précieux Sang, vous remercier, vous bénir de l'amour qui vous a porté à le verser pour nous.
Faites, Seigneur Jésus, que, comprenant autant que la faiblesse de notre esprit peut le comporter, et la grandeur de votre amour et le prix de votre sang, nous prenions une généreuse résolution de travailler à répondre à l'amour que vous nous avez témoigné en le versant pour nous.
Pour cela, ô Jésus, nous prierons votre Père, nous le conjurerons d'appliquer les mérites de ce Sang précieux à un grand nombre d'âmes.
PRIÈRE.
Père éternel, je vous offre le Sang très-précieux de Jésus-Christ, en expiation de mes péchés, et pour les besoins de la sainte Eglise. (100 jours d'indulgence chaque fois.)
Doux cœur de Marie, soyez notre refuge ! (300 jours d'indulgence chaque fois.)
DEUXIÈME JOUR
Jésus répand dans la circoncision les prémices de son Sang.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
A peine Jésus est-il né, et déjà il a hâte de verser son sang pour nous.
Il sait que ce sang est le prix de notre rançon, que c'est par son sang que nous serons purifiés, lavés de toutes nos fautes, de nos innombrables souillures ; et son Cœur brûle du désir de le répandre, afin de nous préparer ce bain salutaire où nous pourrons recouvrer notre première innocence.
Dans ce désir ardent qui le consume, ce divin Sauveur se soumet avec joie à la loi de la circoncision : le sang qu'il verse en cette circonstance est un rafraîchissement pour son cœur consumé par l'amour qu'il nous porte.
Notre grand malheur, la cause de notre tiédeur, de notre lâcheté au service de Dieu, c'est que nous ne l'aimons pas, et nous ne l'aimons pas, parce que nous ne réfléchissons pas assez à l'amour qu'il nous a témoigné en se faisant homme, en souffrant, en mourant pour nous, en versant, pour notre amour, jusqu'à la dernière goutte de son sang.
0ù les saints puisaient-ils cette ardeur à servir Dieu, cette constance à se vaincre eux-mêmes, que nous voyons à chaque page de leur vie, sinon dans la méditation, dans la considération fréquente de toutes les actions de Jésus ?
Ils étaient de la même nature que nous, sujets aux mêmes misères, aux mêmes tentations, et cependant ils semblent tout différents de nous, tant ils ont su s'élever au-dessus d'eux-mêmes, au-dessus de la nature corrompue.
Imitons leur exemple ; comme eux, méditons Jésus, prions Jésus, et ce qu'ils ont pu, nous le pourrons.
En voyant que Jésus a hâte de verser son Sang pour nous, qu'il commence à le répandre pour notre amour, huit jours après sa naissance, aurons-nous le malheureux courage de différer notre conversion, de refuser à Jésus les sacrifices qu'il demande de nous ?
Oh ! non, si nous comprenions son amour, si nous en étions touchés, si nous nous offrions généreusement à lui, pour faire et souffrir tout ce qu'il demande de nous. Prière comme au premier jour.
TROISIÈME JOUR
Jésus répand des larmes de Sang.
Prière à la Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Une pieuse tradition rapporte que, plusieurs fois durant sa vie, le divin Jésus versa des larmes de Sang, alors que, prosterné devant son Père, il traitait la grande affaire de notre salut.
La vue de toutes les fautes dont les hommes se rendraient coupables, malgré tout ce que son amour lui suggérait de faire pour eux, brisait si profondement son Cœur adorable, que le Sang se mêla plus d'une fois aux larmes qui s'échappèrent de ses yeux divins.
Si les actions, toutes les actions de Jésus, celles qui, même en apparence, semblent indifférentes, avaient un mérite infini et que nous ne pouvons comprendre, de quel prix devaient être ces larmes d'un Dieu, ce Sang d'un Dieu !
Ce que nous disions hier, nous le redirons encore aujourd'hui, et nous ne saurions le répéter trop souvent ; nous ne pensons pas assez à l'amour que Jésus n'a cessé de nous témoigner : durant toute sa vie, Jésus n'a été occupé que de nous, de notre salut ; lui qui était Dieu ne dédaignait pas de s'occuper sans cesse de l'homme, de chercher de nouveaux moyens de témoigner son amour à des créatures dont il reçoit tant d'outrages.
Et nous, misérables que nous sommes, nous craignons toujours de penser trop à Dieu, d'en faire trop pour Jésus !
Cet aimable Maître connaît notre faiblesse, il n'exige pas que nous fassions pour lui ce qu'il a fait pour nous, il ne demande pas que nous versions des larmes de sang, à la vue de nos propres fautes et des outrages qu'il reçoit ; mais il demande que, pour nous appliquer les mérites de son Sang et de ses souffrances, nous détestions sincèrement nos fautes passées, nous nous efforcions de n'en plus commettre à l'avenir, et que, pour nous aider à cette détestation véritable, nous pensions à l'horreur que doit nous causer le péché.
Prière comme au premier jour.
QUATRIÈME JOUR
Jésus pendant son agonie répand une sueur de Sang.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Que de fois nous avons lu le récit de l'agonie de Jésus au jardin des Oliviers !
Mais que de fois aussi nous l'avons lu d'une manière froide et presque indifférente, ou, si la pensée de ces cruelles souffrances de notre adorable Sauveur, excitait dans nos cœurs quelques mouvements de compassion, quelques sentiments d'amour, n'étaient-ce pas le plus souvent des sentiments passagers et qui n'influaient en rien sur notre conduite ?
L'amour que Jésus demande de nous, en retour de tout ce qu'il a fait pour nous témoigner le sien, est un amour effectif plutôt qu'un amour affectif.
Le plus ordinairement l'amour affectif ne dépend pas de nous, il est une grâce que Dieu nous fait pour nous conduire à l'amour effectif.
Si nous nous contentons de savourer sa douceur, sans travailler à réformer notre conduite pour la rendre conforme à celle de notre divin modèle, nous nous éloignons du but que Dieu s'est proposé, en mettant dans notre cœur ces sentiments de tendre compassion.
Nous ne voulons pas dire par là que, l'amour venant de Dieu, il est inutile de faire des efforts pour exciter en nous des sentiments d'amour ou de compassion, nous serions bien coupables de parler ainsi, et telle n'est pas notre pensée. Nous voulons seulement dire que, si la méditation des souffrances du Sauveur laisse notre cœur sec, bien qu'elle nous porte à détester nos fautes par un acte de notre volonté, à réformer ce qui dans notre conduite déplaît à Dieu, nous aurons atteint le but, et nous devrons attendre en paix qu'il plaise à Dieu de vouloir bien nous envoyer quelques-uns de ces sentiments qui consolent si délicieusement l'âme.
Nous pouvons être sûrs que Dieu nous les enverra si nous persévérons, malgré notre sécheresse, à méditer sur ses douleurs, à nous unir à sa douloureuse agonie au jardin des Olives, à le conjurer de nous appliquer les mérites du Sang qu'il versa alors en si grande abondance.
Prière comme au premier jour.
CINQUIÈME-JOUR
Jésus pendant son agonie répand une sueur de Sang.
Prière à La Tres-sainte Vierge, comme au premier jour
La simplicité avec laquelle l'Évangile rapporte les douleurs, les souffrances les plus cruelles de Jésus, doit faire notre admiration et nous porter à méditer attentivement ces circonstances, si propres à nous porter à l'amour de ce divin Sauveur, à la détestation de nos fautes.
La parole humaine est impuissante pour rendre de semblables choses.
Jésus seul peut nous les faire comprendre : demandons-lui-en la grâce."
 L'Évangile ne dit que ces quelques mots pour nous rapporter l'agonie de Jésus au jardin des Olives : Et Jésus étant tombé en agonie prolongeait sa prière, et il lui vint une sueur qui découlait comme des gouttes de Sang jusqu'à terre.
Que de choses sont renfermées dans ces courtes paroles ! Combien vous dûtes souffrir, ô mon Dieu, dans cette terrible agonie ! Cette effusion de votre Sang précieux vous causa plus de souffrance à votre cœur que celle qui eut lieu lors de votre flagellation. Comment ne serions-nous pas pénétrés de douleur à cette vue, surtout en pensant que c'est nous qui causons cette souffrance à notre Dieu, que nos péchés sont le cruel pressoir qui, à force d'affliction et de tristesse, fait jaillir une si grande abondance de Sang du cœur du Sauveur.
Aimons à nous rappeler cette cruelle effusion du Sang de Jésus que nous pouvons bien appeler l'effusion du Sang du Cœur de Jésus.
Et, en effet, c'est uniquement la souffrance et la douleur qui firent répandre en ce moment une si grande quantité de Sang au Sauveur.
Prosternés auprès de Jésus, au jardin des Olives, nous apprendrons à devenir des âmes réparatrices ; nous apprendrons, à l'exemple de Jésus, à pleurer les fautes de nos frères.
Tous les saints ont pleuré sur les crimes qui outragent sans cesse la majesté de Dieu ; ils ont déploré les fautes des pécheurs, autant que leurs propres fautes.
Prenons donc la résolution de faire de même, et rien ne sera plus propre à nous animer dans cette sainte coutume, que la méditation des souffrances de Jésus. Par là nous nous appliquerons d'une manière bien salutaire pour notre âme les mérites du Sang de Jésus.
Prière comme au premier jour.
SIXIÈME JOUR
Jésus répand son Sang dans sa cruelle flagellation.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Le divin Jésus versa une grande quantité de Sang dans cette cruelle et si douloureuse flagellation qu'il endura pour notre amour.
Ce qu'il en répandit en cette circonstance, l'état dans lequel il fut réduit, aurait dû occasionner plusieurs fois sa mort, si cet aimable Sauveur n'avait fait usage de sa puissance pour conserver sa vie, afin de pouvoir souffrir encore pour notre amour, afin de nous donner de plus nombreux témoignages de sa tendresse et de ne mourir que sur la croix, après avoir épuisé tous les genres de douleurs et de souffrances.
Par le Sang que Jésus répandit dans la flagellation, ne semble-t-il pas nous demander de haïr notre chair coupable et criminelle ?
Ces milliers de plaies qui couvrent son corps ne sont-elles pas autant de bouches éloquentes qui nous prêchent la mortification, qui nous engagent à nous unir aux souffrances de celui qui s'est fait semblable à nous, pour devenir notre modèle, afin qu'en l'imitant nous devenions semblables à lui ?
Quoi ! le verbe de Dieu s'est fait homme, ce n'est pas assez, il s'est fait homme de douleur ; et moi, je voudrais être un homme de plaisir et de jouissance !
Oh ! non, cela n'est pas possible. Si je refuse de souffrir, si je refuse d'embrasser la mortification, c'est que je n'ai jamais médité dans mon cœur les souffrances de mon Dieu.
Si j'étais bien pénétré de tout ce qu'il a enduré pour mon amour, pour expier mes crimes, je voudrais souffrir avec lui pour expier et mes fautes et celles de mes frères.
Les saints avaient sans cesse présentes à l'esprit et au cœur les souffrances de Jésus, et voilà ce qui leur donnait tant de courage, tant d'ardeur, tant de joie même au milieu des plus terribles souffrances, des plus cruelles douleurs.
Imitons-les, méditons Jésus, Jésus humilié, Jésus crucifié, et nous trouverons dans cette méditation la force de supporter les peines que Dieu nous envoie.
Prière comme au premier jour.
SEPTIÈME JOUR
Jésus répand une grande abondance de Sang dans le couronnement d'épines.
Prière à la Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Dans la flagellation, une partie du corps adorable de Jésus avait été épargnée, et ce divin Sauveur nous aime trop pour permettre qu'il reste rien en lui qui soit sans souffrances et sans souffrances cruelles.
La tête adorable du Sauveur n'avait pas souffert dans ce supplice, comme le reste de son corps ; mais cette tête divine était réservée à des souffrances inouïes, épouvantables. Les soldats, entrelaçant une couronne d'épines, la lui mirent sur la tête.
0 mon adorable Maître, fallait-il donc encore vous soumettre à cet affreux supplice, à cette cruelle souffrance ? N'est-ce pas assez de ce que vous avez souffert ? Épargnez au moins votre chef adorable.
Ce qui eût suffi pour nous racheter ne suffit pas à l'amour de Jésus.
Certes il avait déjà répandu plus de sang qu'il n'en fallait pour racheter mille mondes, puisqu'une seule goutte de ce sang est d'un prix infini ; et voilà que mon Sauveur en répand avec surabondance pour m'instruire, pour me fortifier.
0 mon bien-aimé ! ne permettez pas que je rende tant de souffrances inutiles pour moi. Qui pourra comprendre ce que dut souffrir Jésus, lorsque ses cruels bourreaux enfoncèrent ce diadème d'ignominie sur sa tête adorable ?
Ce n'est pas un instant que Jésus le conserve, mais jusqu'à sa mort.
0 mon Sauveur ! c'est moi qui vous cause cette douleur ; c'est pour expier mon fol orgueil, mes ridicules prétentions, que vous avez voulu l'endurer !
Par le sang adorable qui coula de votre chef sacré, lavez-moi de toutes les fautes que j'ai commises par orgueil, mais surtout rendez-moi humble.
Si je pensais sérieusement que c'est moi qui ai causé cette souffrance à Jésus, que c'est pour expier mes péchés de vanité qu'il l'a endurée, pourrais-je me laisser aller encore à la vanité ?
Oh ! non, si je suis si vain, si orgueilleux, c'est que je ne réfléchis pas assez que j'ai causé toutes les souffrances de mon Dieu.
Prière comme au premier jour.
HUITIÈME JOUR
Jésus empourpre de son Sang la route du Calvaire
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour
Jésus est enfin chargé de sa croix, et voilà ce doux agneau sur le chemin qui conduit au Calvaire.
Que de sang cet adorable Sauveur verse pendant ce douloureux trajet !
Les plaies qui lui ont été faites par la flagellation ne sont pas fermées, la couronne d'épines continue à lui faire de cruelles blessures, aussi on pourrait suivre cet aimable maître aux traces de son sang.
Mais c'est surtout lorsque, accablé sous le pesant fardeau de la croix, Jésus tombe à terre, que le sang coule avec une plus grande abondance !
Chacune de ces chutes de Jésus fut un douloureux martyre, et cependant, au milieu de si atroces douleurs, Jésus ne laisse pas échapper une plainte, il ne demande même aucun soulagement à ses maux !
Apprenons donc de l'exemple de Jésus à porter notre croix sans nous plaindre ; s'il nous semble que cette croix nous accable, venons nous prosterner auprès de Jésus succombant presque sous le poids de la sienne, demandons-lui de répandre sur notre cœur une goutte de ce sang qui coule en si grande abondance de toutes ses plaies, et, fortifiés par cette céleste liqueur, reprenons avec notre Sauveur le chemin du Calvaire ; reprenons-le avec courage, puisque le Calvaire est la porte du ciel.
C'est par cette voie que l'humanité de Jésus, cette humanité non-seulement innocente et parfaite, mais déifiée, est entrée au ciel.
Comment, nous, misérables, coupables, criminels, aurions-nous la prétention d'y parvenir par un autre chemin, par une route semée de fleurs ?
Non, il n'en peut être ainsi ; il faut porter notre croix par un chemin pénible, la porter non un jour, non une année, mais la porter, comme Jésus, jusqu'à notre mort ; et, lorsque, comme lui, nous aurons expiré sur la croix, notre âme s'envolera au ciel avec lui.
Prière comme au premier jour.
NEUVIÈME JOUR
Jésus verse une grande abondance de Sang lorsqu'on lui arrache ses vêtements.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Jésus est arivé sur le sommet du Calvaire. Le sang qu'il a versé jusque-là, loin de diminuer l'ardeur de son amour, semble l'enflammer davantage.
Il a hâte de donner, pour notre amour, celui qui reste encore dans ses veines.
Contemplons un instant cet adorable Sauveur ; il est épuisé de fatigue et de souffrance, son corps n'est plus qu'une plaie.
En considérant ce qu'il a déjà enduré, on pourrait croire qu'il a bu jusqu'à la lie le calice d'amertume et de douleur que son Père lui avait préparé ; et cependant que de souffrances lui restent encore à endurer jusqu'à sa mort !
La robe de Jésus s'était collée à sa chair adorable par suite des sanglantes blessures qu'il avait reçues ; les bourreaux la lui arrachent avec violence et rouvrent toutes ses plaies à la fois. Son sang coule encore avec abondance, et nous prépare un bain salutaire où nous pourrons être purifiés de toutes les fautes que nous a fait commettre l'amour de notre chair.
Jésus a voulu réparer d'une manière particulière pour chaque espèce de faute ; il a voulu nous préparer des remèdes pour toutes nos maladies, afin que, pensant à ses souffrances, nous prenions une ferme et généreuse résolution de nous corriger de nos défauts, de retrancher de nous tout ce qui lui déplaît.
Si nous revenons si souvent sur cette même pensée, c'est que là est l'unique affaire importante ; c'est que, si nous voulons faire de véritables progrès dans la vertu, il faut chaque jour nous renouveler dans la résolution de commencer à travailler sérieusement pour Dieu.
Celui qui n'avance pas dans la voie de la perfection recule ; celui qui veut s'en tenir à ce qui est de rigueur risque beaucoup de ne pas faire tout ce qui est strictement nécessaire.
Prenons modèle sur Jésus ; il a répandu avec surabondance son sang pour notre rédemption. Ne laissons pas perdre ce sang précieux, mais venons le recueillir avec respect et amour, et il nous fortifiera.
Prière comme au premier jour.
DIXIÈME JOUR
Jésus verse son Sang par les plaies de ses mains.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
En quel état je vous vois réduit, mon aimable Maître ! C'est bien maintenant qu'on peut dire que vous êtes non plus un homme, mais un ver, que vous êtes semblable à un lépreux.
Père saint, combien il faut que le péché soit un grand mal à vos yeux, pour que vous préfériez voir votre Fils unique, votre Verbe, l'objet de vos éternelles complaisances, réduit en cet état, plutôt que de voir le péché régner sur la terre ! Combien aussi il faut que votre amour pour l'homme soit immense, puisque c'est pour lui que vous avez livré Jésus à toutes ces souffrances et ces ignominies !
0 mon âme, qu'il faut que tu sois grande et précieuse, puisque c'est pour te racheter que Jésus donne son sang, au milieu de si horribles supplices !
Si tu pensais un peu à, ce que tu as coûté à cet aimable Sauveur, pourrais-tu te vendre au démon pour si peu de chose, pour un plaisir d'un moment, pour une misérable satisfaction ?
Non, tu ne le pourrais pas.
Viens donc contempler Jésus ; il est tout couvert de plaies ; son corps est revêtu d'une robe de sang.
Voilà que les bourreaux l'étendent avec violence sur la Croix, et que, saisissant une de ses mains, les cruels la percent avec un énorme clou destiné à l'attacher sur cette croix.
Cette main si puissante, cette main qui a créé l'univers, la voilà réduite à l'impuissance !
Non, je me trompe, jamais, ô main adorable de mon Sauveur, vous n'avez été si puissante, vous n'avez opéré une semblable merveille !
Vous avez créé l'homme, ô mon Dieu ! vous l'avez formé sans peine de vos mains divines, et maintenant par le sang qui s'échappe de cette même main vous rachetez ce même homme devenu coupable.
Vous créez en lui l'innocence, non plus sans peine, mais au prix de vos souffrances et de vos douleurs.
Prière comme au premier jour.
ONZIÈME JOUR
Jésus verse son Sang par les plaies de ses mains.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Les bourreaux viennent de percer une des mains de Jésus, mais ils percent l'autre avec plus de cruauté encore. Les trous qui avaient été faits d'avance à la croix se trouvant trop éloignés, ces scélérats tirent avec violence le bras du Sauveur, pour que sa main atteigne le trou qu'ils avaient préparé.
Cruauté inouïe ! rien n'est épargné durant la douloureuse passion de notre Rédempteur. Il semble qu'on ait pris à tâche de lui faire endurer tous les supplices imaginables.
Jésus, je le reconnais bien, c'est votre amour qui vous porte à tout souffrir ; vous voulez me forcer, m'obliger à vous aimer ; vous voulez vaincre la dureté de mon cœur par l'excès des maux que vous endurez pour moi ; vous voulez qu'aucune partie de votre corps sacré ne reste sans une douleur aiguë et profonde ; parce que j'ai fait servir toutes les parties du mien à l'iniquité, vous voulez aussi que vos mains adorables versent sur moi avec les abondantes bénédictions que vous êtes venu m'apporter, en vous faisant homme, le Sang qui purifiera mon âme, qui la lavera de toutes ses taches, de toutes ses souillures, et la rendra aussi pure, aussi blanche, que si jamais elle n'avait commis l'iniquité : et cela, ô mon Sauveur !
non une fois, mais autant de fois que, touché du regret de mes fautes, je viendrai implorer mon pardon de votre bonté et de votre miséricorde.
Combien ce supplice dut être cruel ! Quelles horribles souffrances dut éprouver notre divin Maître, lorsque ses mains furent ainsi percées !
Comment mépriserais-je un pardon qui a autant coûté à mon Sauveur ? Comment, si je pensais à ces souffrances, si j'y réfléchissais sérieusement, pourrais-je perdre aussi facilement par le péché, cette pureté que mon Sauveur m'a achetée au prix de si cruelles souffrances ?
Jamais nous ne nous lasserons de le redire : méditez la passion, étudiez l'amour de Jésus dans ses souffrances, et vous apprendrez à détester le péché, vous vous en éloignerez.
Prière comme au premier jour.
DOUZIÈME JOUR
Jésus verse son Sang par les plaies de ses pieds.
Prière à la Très-sainte Vierge, comme au premier jour
Jésus a voulu encore que ses pieds sacrés fussent attachés à l'arbre de la croix, et ils le furent aussi cruellement que ses mains.
De même que les bourreaux tirèrent avec violence les bras de Jésus, pour que sa main atteignît le trou préparé d'avance, de même ils tirèrent avec une effroyable violence les jambes de notre adorable Sauveur, pour que ses pieds pussent atteindre la place marquée pour le clou. Qui pourrait se faire idée du supplice que dut endurer Jésus, lorsque ses membres furent si violemment tendus ! Tous ses os se brisèrent et se déplacèrent ; ses veines se rompirent, et là encore le sang adorable du Sauveur coula avec abondance.
Quel usage avez-vous donc fait de vos pieds sacrés, ô mon aimable Maître ! pour qu'ils soient condamnés à un tel supplice ?
Vous ne les avez employés que pour courir après les pécheurs : tous vos pas ont été marqués par des bienfaits ; vous avez suivi la voie que votre Père vous a tracée.
Mais je le comprends, ô mon Jésus ! c'est pour moi que vous souffrez encore en ce moment. J'ai suivi la route de l'iniquité ; j'ai parcouru la voie du crime, et vous voulez expier mes fautes ; vous voulez m'obtenir la grâce de marcher à votre suite, dans la voie royale de la croix.
Ne souffrez pas que je refuse une semblable faveur, mais faites que j'embrasse avec joie la voie des conseils évangéliques ; que, profitant enfin de vos divins exemples, je ne mecontente pas de ce que Dieu m'ordonne, mais que je fasse toujours ce qui lui est le plus agréable, ce qui procure sa plus grande gloire et contente davantage votre Cœur divin.
Par ce sang qui a coulé de vos pieds sacrés, faites, ô mon doux Jésus ! qu'après avoir embrassé la voie de pénitente et de Réparation que vous êtes venu m'enseigner par vos paroles et par vos exemples, je demeure attaché à cetfe voie jusqu'à mon dernier soupir, sans que rien puisse jamais m'en séparer.
Prière comme au premier jour.
TREIZIEME JOUR
Jésus arrose la croix de son Sang.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Notre Sauveur est attaché à la croix : il y a été attaché de la manière la plus cruelle, et cependant ses souffrances ne sont pas terminées.
Voilà que les bourreaux élèvent, sans aucune précaution, cette croix sur laquelle notre adorable Sauveur est suspendu par de larges et douloureuses plaies, et ils la laissent violemment retomber dans le trou qui avait été creusé pour recevoir la croix.
Que de sang Jésus dut encore verser dans cette circonstance !
Les plaies de ses pieds et de ses mains sont élargies, agrandies, rendues, par cette violente secousse, plus douloureuses encore qu'elles ne l'étaient.
Voyons aussi avec quelle abondance coule ce sang divin pendant les trois heures que Jésus demeure suspendu à l'arbre de la croix, entre le ciel irrité et la terre coupable !
La croix est teinte de ce sang précieux ; la terre en est toute rougie : il coule en ce moment de toutes les parties du corps du Sauveur, de ses pieds, de ses mains, de sa tête, car les épines qui forment sa couronne entrent plus avant encore dans son chef sacré, depuis que Jésus est sur la croix.
Mon Sauveur, pourrais-je bien vous contempler en cet état et demeurer insensible !
Que de fois cela m'est arrivé, ô mon divin Rédempteur ! c'est que le péché, l'orgueil, l'amour de moi-même, comme un voile épais, couvraient mes yeux, et m'empêchaient de vous considérer tel que mes crimes et votre amour vous ont rendu.
Faites couler quelques gouttes de votre sang, ô mon adorable Maître, sur les yeux de mon âme, et ils seront éclaircis, ils seront illuminés, ils verront vos douleurs, ils verront votre amour.
Par cette vue, mon cœur sera pénétré du regret de ses fautes, embrasé de votre amour, et il s'attachera à vous, pour ne vous quitter jamais, quelque pénibles que lui semblent les sacrifices que vous exigerez de lui.
Prière comme au premier jour.
QUATORZIÈME JOUR
Jésus répand son Sang jusqu'à la dernière goutte par la plaie de son sacré côté.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Jésus vient d'expirer sur la croix entre deux scélérats, à la suite des plus cruels supplices, des tourments les plus affreux.
Il a versé son sang pour nous.
Son amour cependant n'est pas encore satisfait. Ce divin Sauveur veut le verser jusqu'à la dernière goutte, pour nous montrer qu'il n'a mis aucune réserve, aucune restriction dans le sacrifice qu'il a offert pour notre salut.
Il veut en verser même après sa mort, pour nous témoigner le désir qu'il a de perpétuer ce sacrifice, pour nous apprendre que son amour ne finit pas avec sa vie, que son amour n'a pas de bornes.
Voilà pourquoi Jésus veut que son Cœur divin soit ouvert après sa mort, et qu'il en sorte du sang et de l'eau.
Sang précieux, sang du cœur de mon Jésus, que votre voix est éloquente !
elle parle à mon cœur d'une manière plus douce et plus persuasive que tous les discours.
Vous m'apprenez que mon Dieu m'aime encore, bien que j'aie causé sa mort, que mon Dieu est disposé à me pardonner toutes mes fautes, puisqu'il me prépare en vous un bain salutaire, un bain régénérateur, un bain réparateur dans lequel, pourvu que je m'y plonge avec amour et confiance, mes fautes seront effacées, mes péchés réparés.
Comment pourrais-je refuser une semblable faveur ! demeurer insensible à tant d'amour !
J'irai avec confiance me plonger dans ce sang divin, dans ce sang sorti du cœur de mon Dieu, afin d'apprendre à devenir généreux, d'apprendre à ne jamais compter avec celui qui m'a aimé sans mesure, qui a payé avec surabondance le prix de ma rançon.
L'amour ne se paye que par l'amour, le sang que par le sang : aussi ne puis-je espérer l'amour que Jésus m'a témoigné en versant tout son sang pour moi qu'en m'efforçant de l'aimer, qu'en étant, sinon dans le désir, au moins dans la disposition de verser mon sang pour son amour.

Prière comme au premier jour.
QUINZIÈME JOUR
Jésus est remis ensanglanté entre les bras de sa divine Mère.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au premier jour.
Après que Jésus eut versé jusqu'à la dernière goutte de son sang, il fut déposé de la croix et remis entre les bras de son auguste Mère.
C'est en ce moment surtout qu'il fut donné à Marie de considérer, de contempler et de comprendre jusqu'à quel point avaient été la barbarie, la cruauté des hommes envers son divin Fils, et l'amour de Jésus pour ces mêmes hommes !
Avec quel respect cette auguste Vierge baise les plaies de son Fils ! avec quel amour elle adore le sang de son Dieu répandu sur ces mêmes plaies !
Marie, donnez-nous part aux sentiments qui remplissaient votre cœur ; faites-nous comprendre, comme vous le comprîtes si bien, et la grandeur du péché, et l'amour de Jésus, et le prix, la vertu de son sang.
Si nous comprenions le prix du sang de Jésus, que notre conduite serait différente de ce qu'elle est !
Comme nous savons qu'il a versé ce sang pour nous racheter, notre confiance serait immense, elle serait sans bornes ; jamais nous ne douterions de notre salut, puisque ce sang suffit pour racheter des milliers de mondes.
Ce qu'il faut seulement, c'est que nous nous efforcions de nous appliquer les mérites de ce sang précieux.
Si nous pensions plus souvent à sa vertu, nous irions nous y plonger, nous y laver, dès que nous avons commis quelque faute ; nous irions nous y plonger pour nous fortifier, pour y trouver le courage de résister au monde, au démon, de nous vaincre nous-mêmes.
Au lieu de venir à ces sources de vie, aux plaies du Sauveur, nous restons dans la lâcheté, l'indifférence, le découragement ; nous gémissons parfois sur nos fautes, mais nous gémissons loin de Jésus.
Aussi nos larmes sont le plus souvent des larmes stériles, tandis que, mêlées au sang de notre Sauveur, elles deviendraient des larmes purificatrices, des larmes qui nous laveraient de nos souillures, de nos iniquités.
Jésus est descendu de la croix, il est là déposé entre les bras de sa Mère, afin que nous puissions approcher de lui.
Approchons donc avec confiance ; Marie, bien loin de nous repousser, nous aidera à obtenir grâce.
Prière comme au premier jour.
SEIZIEME JOUR
La Sang de Jésus nous est appliqué surtout dans les sacrements.
PRIÈRE A LA TRÈS-SAINTE VIERGE.
0 Marie ! mere de grâce et de miséricorde, ne souffrez pas que je rende inutile pour moi le Sang de Jésus ; apprenez-moi à appliquer à mon âme les mérites de ce Sang précieux.
Après avoir contemplé les circonstances où Jésus a versé son sang pour nous et recueilli les enseignements qu'il nous donne, nous allons considérer les fruits que nous pouvons retirer de ce sang divin et la manière de nous en appliquer les mérites.
Il nous servirait peu de savoir en général que Jésus a versé son sang pour notre salut, qu'il désire nous en appliquer les fruits et les mérites, si nous ne nous efforcions de prendre les moyens que Dieu a mis pour cela à notre disposition : ces moyens bien faciles sont à notre portée, mais nous négligeons trop souvent d'en profiter.
Les sacrements sont les principaux canaux par lesquels le sang de Jésus coule sur nous.
Si nous nous approchons des sacrements avec les dispositions nécessaires, si nous les recevons avec ferveur, nous participerons avec une grande abondance aux mérites du sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Qui peut donc nous empêcher de nous appliquer ce sang précieux ? Ne pourrait-on pas croire que c'est la facilité même des moyens que Dieu a mis pour cela à notre disposition ?
L'homme est ainsi fait, qu'il estime moins ce qu'il peut avoir plus facilement qu'il s'habitue aux choses qui sont à son usage : efforçons-nous de nous élever au-dessus de cette inconstance de notre nature.
Les saints ne pensaient pas ainsi, n'agissaient pas ainsi ; ils creusaient dans cette mine profonde des exemples de Jésus, sans jamais se lasser ; ils s'enivraient de son sang, sans jamais se désaltérer.
Plus ils étudiaient Jésus, plus ils désiraient le connaître ; plus ils le connaissaient, plus ils l'aimaient, et plus ils désiraient s'unir à lui, le posséder.
Que sont toutes les choses de la terre auprès de Jésus ? rien, moins que rien, et cependant chaque jour nous les préférons à Jésus, nous les mettons au-dessus de Jésus ; n'agissons plus ainsi : désormais méprisons tout ce qui n'est pas Jésus, tout ce qui ne nous porte pas à Jésus.
Prière comme au premier jour.
DIX-SEPTIEME JOUR
Le Sang de Jésus nous ouvre le ciel.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
C'est par l'effusion de son sang que Jésus nous a mérité et nous a obtenu toutes les grâces qui nous sont nécessaires pour être sauvés, pour parvenir au ciel.
La première de ces grâces est notre vocation au christianisme.
Sans cette première grâce, sans ce premier bienfait que Dieu nous a accordé d'une manière toute gratuite et sans que nous ayons rien fait pour le mériter, nous n'aurions eu aucune part aux autres grâces, à ces innombrables faveurs, qui sont chaque jour à notre disposition.
Cependant c'est à peine si nous songeons à remercier Dieu d'une faveur si élevée.
Que d'âmes auxquelles Dieu ne l'a pas accordée, et qui en eussent mieux profité que nous ! Que d'hommes qui ne connaîtront jamais Dieu, qui ne sauront jamais ce que Jésus a fait, ce qu'il a souffert pour nous !
Quelle devrait être notre reconnaissance envers Dieu pour nous avoir appelés à la connaissance de la vérité !
Cette connaissance nous oblige à être fidèles à Dieu.
Dieu nous demandera un jour un compte sévère et rigoureux de toutes ces grâces que Jésus-Christ a achetées pour nous, au prix de son sang.
La légèreté de notre esprit est si grande, que nous ne réfléchissons presque jamais aux bienfaits dont Dieu ne cesse de nous combler, et nous croyons presque lui faire une grâce lorsque nous consentons à en profiter.
Ce n'est pas ainsi qu'il faut agir. Prenons une ferme résolution de reconnaître enfin la bonté de Dieu à notre égard et notre ingratitude envers lui.
Prenons une sincère et généreuse résolution de réparer nos fautes, de réparer le mépris que nous avons fait du sang de Jésus-Christ, en ne profitant pas de toutes les grâces, fruits de ce sang précieux, qui sont à notre disposition.
Prière comme au premier jour.
DIX-HUITIÈME JOUR
La Sang de Jésus nous est appliqué dans le saint baptême.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Nous naissons tous coupables de la faute de notre premier père, souillés de la tache originelle, enfants du démon.
Mais, ô bonté touchante, ô condescendance admirable de notre Dieu, de notre Sauveur !
Il nous a préparé dans son sang un bain salutaire où nous pouvons être purifiés, avant même d'avoir l'usage de notre raison.
Il a mis à notre disposition des trésors suffisants pour que nous puissions être rachetés de l'esclavage du démon, avant même que nous ayons pu comprendre ce que cette, servitude a d'odieux et de pénible.
Dans le saint baptême les mérites du sang précieux de Jésus-Christ nous sont appliqués : de pécheurs nous devevenons justes ; d'esclaves du démon que nous étions, nous devenons enfants de Dieu.
Mais, si ce bienfait nous a été accordé sans aucun mérite de notre part, il nous impose de graves obligations ; il nous oblige à mener une vie parfaite, à nous montrer de véritables enfants de Dieu.
Les enfants doivent aimer leur père, lui obéir, se soumettre à tout ce qu'il désire.
Si nous avons des obligations à remplir envers nos parents selon la nature, envers ceux dont Dieu s'est servi pour nous donner la vie, combien ne devons-nous pas en avoir envers Dieu, auquel seul nous devons véritablement et la vie du corps, et la vie de l'âme, et la vie de la grâce ; Dieu, qui nous a non-seulement créés, mais encore rachetés, qui nous a donné la vie au prix de la sienne, qui a répandu tout son sang pour nous.
Les obligations qui nous sont imposées au saint baptême sont grandes, elles sont nombreuses ; mais, si nous savons les embrasser avec amour, elles deviendront douces pour nous et nous feront mériter le ciel.
Prière comme au premier jour.
DIX-NEUVIEME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué dans le saint baptême.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Par le saint baptême, une première application du sang précieux de Jésus-Christ nous a été faite, application qui nous impose des obligations.
Deux routes s'ouvrent devant nous ; nous pouvons choisir l'une ou l'autre : c'est la voie des préceptes et la voie des conseils évangéliques.
Dieu aurait pu nous imposer la voie des conseils, par un effet de son infinie sagesse il ne l'a pas fait ; il nous laisse libres de choisir celle de ces deux voies que nous voudrons.
L'une et l'autre nous ont été ouvertes par les mérites du sang de Jésus-Christ.
Dans la première, nous ne nous appliquons de ce sang que ce qui est nécessaire à notre salut ; nous ne nous plongeons dans ce bain qu'autant qu'il le faut pour être purifiés ; nous ne puisons dans ce trésor que ce qu'il faut pour payer le prix de notre rançon.
Dans l'autre, au contraire, nous nous appliquons les mérites de ce sang avec surabondance, nous nous plongeons dans ce bain, non seulement de manière à être purifiés mais de manière à être fortifiés, à être transformés en Jésus-Christ. Nous puisons dans ces trésors, non ce qui est strictement nécessaire pour notre rançon, mais encore de quoi nous enrichir, de quoi acheter des mérites infinis.
Comment pourrions-nous hésiter entre ces deux voies, entre ces deux routes, qui s'ouvrent devant nous ?
Toutes les deux ont été tracées par le Sang de Jésus ; dans l'une comme dans l'autre, c'est Jésus qui est notre force, notre soutien.
Mais, dans la voie des conseils, nous sommes plus près de lui, puisque c'est celle qu'il a suivie ; nous sommes plus près de Marie, qui, à l'exemple de son divin Fils, a toujours fait ce qui est plus parfait.
C'est sur cette route, enfin, que nous trouverons tous les saints ; car ils n'ont pas compté avec Jésus et ils ont mérité que le Sang de ce divin Sauveur leur soit appliqué avec surabondance.
Prière comme au premier jour.
VINGTIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué dans le sacrement de pénitence.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Dieu, qui connaît toute chose, savait que l'homme, malgré les innombrables témoignages d'amour qu'il lui a donnés dans sa vie, sa passion et sa mort, malgré l'application des mérites de son Sang qui lui a été faite au saint baptême, l'offenserait encore.
ll n'ignorait pas qu'il perdrait de nouveau cette innocence qu'il lui avait achetée et méritée, au prix de tant de souffrances, au prix de tout son sang.
Aussi, dans son amour immense, incompréhensible, pour l'homme, il lui a préparé, dans le sacrement de pénitence, un bain salutaire où il peut laver son âme de toutes ses taches, la purifier de toutes les souillures qu'elle a contractées par le péché.
N'était-ce donc pas assez, mon Dieu ! de nous avoir purifiés par le baptême ? Fallait-il pousser la condescendance et l'amour jusqu'à nous promettre de nouveau le pardon, après que nous vous avons offensé par nos crimes ?
Dieu n'est pas comme l'homme.
Dieu sait pardonner, non une fois, mais des milliers de fois ; non une faute légère, mais des crimes, des ingratitudes, dont la seule pensée fait frémir.
Pourvu que notre repentir soit sincère, il nous pardonne, il nous applique les mérites de son sang, encore que dans sa science divine il sache que nous retomberons dans ces mêmes fautes, dans d'autres plus grandes encore.
Oui, mon Dieu, oui, il est bien vrai de dire que vous êtes charité, Deus charitas est.
Pour agir avec autant d'amour et de miséricorde que vous agissez avec l'homme, il ne suffit pas de posséder la charité, mais il faut réellement être charité ; car il semble, Seigneur, que vous laissez de côté tous vos autres attributs, tant vous faites grande la part de la charité !
Et si vous ne pouvez méconnaître entièrement les droits de votre justice, toujours est-il, Seigneur, que vous les méconnaissez, pendant que l'homme est sur la terre, pour ne vous souvenir que de la miséricorde.
Prière comme au premier jour.
VINGT ET UNIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué dans le sacrement de pénitence.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Dans le sacrement de pénitence, comme dans les autres, nous pouvons, suivant nos dispositions, obtenir que le Sang de Jésus-Christ nous soit appliqué avec plus ou moins d'abondance.
Lorsqu'on reçoit ce sacrement avec de mauvaises dispositions, ce Sang divin, loin de purifier notre âme, est appliqué pour sa condamnation et crie vengeance.
En effet, recevoir ce sacrement sans y apporter les dispositions nécessaires, c'est mépriser le Sang de Jésus-Christ, c'est le profaner.
Lorsqu'une âme reçoit le sacrement de pénitence avec les dispositions strictement nécessaires, elle est purifiée de ses souillures, mais elle n'en retire pas, à beaucoup près, tous les fruits qu'elle en peut retirer lorsqu'elle s'en approche avec des dispositions parfaites.
Entre la disposition strictement nécessaire pour ne pas commettre un sacrilège et une disposition parfaite, il existe bien des degrés différents.
Nous ne pourrons pas parvenir tout d'un coup aux dispositions parfaites ; mais nous le pourrons en assez peu de temps si nous nous approchons souvent de ce sacrement de réconciliation et si chaque fois nous nous efforçons de le faire, comme si ce devait être la dernière de notre vie.
Lorsqu'on prend un bain, on ne le fait pas toujours uniquement pour se laver, mais souvent pour fortifier ou pour rafraîchir les différents membres du corps.
Il n'est pas nécessaire d'attendre, pour nous plonger dans le bain précieux que Jésus nous a préparé dans le sacrement de pénitence, que notre âme soit souillée de fautes graves.
0h non ! ce bain lui sera utile, alors même qu'elle n'aurait contracté que ces légères souillures inséparables de la faiblesse humaine.
Mais gardons nous bien de le faire par routine, par habitude, sans presque réfléchir à ce que nous faisons.
Préparons-nous à recevoir l'absolution, par une sérieuse considération du prix qu'elle a coûté à Jésus.
Prière comme au premier jour.
VINGT-DEUXIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué dans le sacrement de pénitence.
Prière à la Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Par la sainte Absolution notre âme est lavée, purifiée de ses fautes, mais il nous reste à expier ces mêmes fautes. Il faut acquitter les dettes que nous avons contractées envers la justice divine ; il faut que ce sang adorable et divin, qui a effacé nos souillures, paye pour nous, répare pour nous.
0 sang de mon Dieu, que vous êtes un riche trésor !
En vous je trouve le pardon de toutes mes fautes, l'acquittement de toutes mes dettes, la force de réparer mes iniquités.
Un des moyens d'expier nos fautes, d'acquitter les dettes qu'elles nous ont fait contracter, c'est la pénitence que le prêtre nous impose, la pénitence sacramentelle.
Cette pénitence est ordinairement bien peu de chose, et cependant elle a une bien grande valeur parce qu'elle fait partie du sacrement de pénitence.
Acquittons-nous donc toujours de cette pénitence avec un profond respect.
Le plus souvent elle se réduit à quelques prières à réciter ; récitons-les avec toute l'attention dont nous sommes capables.
Bénissons Dieu, remercions-le de sa bonté, de sa miséricorde, de son indulgence qui le porte à se contenter de si peu de chose, alors qu'il aurait pu exiger du pécheur une sévère pénitence.
Bénissons surtout Jésus qui a satisfait, qui a réparé pour nous en versant tout son sang !
Que la bonté de Dieu enflamme notre amour ; que la tendresse de Jésus, qui s'est fait notre Rédempteur, notre Réparateur par ses souffrances, par l'effusion de son sang, nous anime à suivre ses exemples, nous excite à faire pénitence.
Ne nous contentons pas de ce que Dieu exige absolument de nous ; faisons plus encore, faisons ce que nous savons lui être agréable.
Souffrons pour son amour toutes les peines qui nous arrivent ; unissons-les aux souffrances de Jésus ; demandons-lui de les plonger dans son sang, afin qu'elles y perdent une partie de leur amertume, qu'elles deviennent des souffrances purifiantes.
Prière comme au premier jour.
VINGT-TROISIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué au saint sacrifice de la messe
Prière à la Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Jésus ne se contente pas de nous avoir préparés, dans le sacrement de la pénitence, un bain précieux et salutaire ; il veut perpétuer parmi nous le sacrifice qu'il a offert à son Père sur l'autel de la croix, l'effusion de son sang versé pour notre amour.
0 mon bien-aimé Sauveur ! n'était-ce pas assez de répandre une fois, durant votre douloureuse passion et sur l'arbre de la croix, votre Sang divin pour mon amour ? Fallait-il, ô mon Dieu ! perpétuer ce sacrifice, continuer cette effusion dans l'adorable sacrifice de la messe ? Est-ce que vous ignorez, Seigneur, la manière dont les hommes répondront à un semblable bienfait ?
Les hérétiques le nieront ; les impies et les mauvais chrétiens le mépriseront, et la plupart de ceux, ô mon Dieu ! qui passent pour chrétiens fidèles en feront si peu de cas, que c'est à peine s'ils daigneront assister à cet auguste mystère. S'ils le font, ce sera, le plus souvent, sans aucun respect.
Jésus sait tout cela, mais rien n'est capable d'arrêter son amour ; rien ne peut mettre de bornes à sa tendresse pour l'homme.
Ne serons-nous pas enfin touchés de tant de charité ? Si Dieu nous fait cette grâce de sentir notre cœur ému à la vue de sa bonté et de l'ingratitude des hommes, ne nous contentons pas de quelques sentiments passagers ; mais prenons une ferme et sincère résolution de travailler à dédommager Jésus de l'indifférence générale, de travailler à réparer les fautes que nous avons commises en ne faisant pas assez d'estime de l'auguste sacrifice de la messe, en négligeant souvent d'y assister, en le faisant sans respect, sans attention.
Si nous étions bien pénétrés de la pensée que ce sacrifice est le même que celui de la croix, que nos dispositions seraient différentes lorsque nous avons le bonheur d'entendre la sainte Messe !
Prière comme au premier jour.
VINGT-QUATRIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué au saint sacrifice de la messe.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Au saint sacrifice de la messe, le Sang de Jésus est offert à Dieu par le prêtre pour l'expiation des fautes des hommes.
Jésus savait que, chaque jour, il se commettrait sur la terre des milliers de fautes, que chaque jour les hommes amasseraient sur leurs têtes des trésors de colère qui forceraient son Père à les punir ; et, afin de détourner de ces mêmes hommes les fléaux dont la justice de Dieu les eût frappés, il a établi ce sacrifice perpétuel et permanent de son Sang.
Chaque jour, en effet, ce sang adorable est offert des milliers de fois à Dieu, afin d'apaiser sa colère justement irritée, d'arrêter son bras levé et prêt à frapper les coupables.
Le sacrifice que Jésus a offert sur la croix était, comme nous l'avons déjà dit, surabondant, et suffisait à expier tous les crimes qui se peuvent commettre. 
Aussi n'est-ce pas un nouveau sacrifice que le prêtre offre à Dieu ; mais c'est la continuation du même sacrifice, c'est la mémoire de ce sacrifice.
Jésus s'est offert une fois, il s'est donné, il appartient à son Père.
Le prêtre l'offre de nouveau ; il prend le corps de Jésus, il l'offre à son Père, non comme une chose nouvelle, mais comme un trésor qui lui appartient déjà.
Il lui présente, il lui remet devant les yeux ce Fils, objet de toutes ses complaisances.
Il lui rappelle que sur la croix il s'est sacrifié pour le salut du genre humain, qu'il a répandu tout son sang et qu'il serait prêt à se sacrifier de nouveau, à verser de nouveau jusqu'à la dernière goutte de son sang, si par là il devait sauver un plus grand nombre d'âmes.
Entrons donc dans ces sentiments de Jésus, dans les sentiments du prêtre.
Offrons Jésus à Dieu ;
offrons-lui ce sang précieux qu'il a versé pour notre amour ; offrons-nous aussi à Jésus pour accomplir sa volonté sainte, pour verser notre sang pour son amour s'il le demande de nous.
Prière comme au premier jour.
VINGT-CINOUIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est donné dans la sainte communion.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
La foi nous enseigne que Jésus, tout entier, réside sous les espèces eucharistiques : sous cette apparence de pain se trouvent son corps, son Sang, son âme et sa Divinité.
Lorsque nous communions, nous recevons le Sang précieux de Jésus.
Est-ce que cette seule pensée ne devrait pas nous enivrer d'amour ? Où a-t-on jamais vu, où avez-vous entendu parler d'un ami qui ait préparé à son ami un festin où il lui donne sa chair à manger, son sang à boire ?
Ce que l'homme n'eût pas même imaginé, Jésus l'exécute !
L'amour désire se transformer en l'objet aimé, ou transformer ce même objet en lui.
Jésus se transforme en quelque sorte en nous, pour nous transformer en lui-même.
Sang précieux, breuvage adorable, que je n'aie plus soif que de vous !
Que tout autre breuvage me paraisse amer et insipide !
 Combien est grande notre folie ! Jésus veut nous désaltérer avec son sang ; il veut, par ce sang divin, nous transformer en lui, et nous nous y refusons ; nous ne voulons pas nous approcher de ce sacrement d'amour où nous trouverions, dans le sang de Jésus, force et courage pour résister à nos ennemis, pour triompher du monde, du démon et de nous-mêmes.
Nous sommes à nous-mêmes notre plus dangereux ennemi.
Comment pourrons-nous triompher de nous-mêmes, nous élever au-dessus de notre nature corrompue, vaincre notre chair, la réduire en servitude, si nous refusons de recevoir le sang de Jésus, afin que, coulant dans nos veines, ce sang adorable se mêle à notre sang, le purifie, et le fortifie ?
Tout en nous est gâté et corrompu : ce n'est que par Jésus que notre nature peut être réparée, que par le sang de Jésus que sa première innocence peut lui être rendue.
Prière comme au premier jour.




VINGT-SIXIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est donné dans la sainte communion.
Prière à La Très-sainte Vierge , comme au seizième jour.
Ce n'est pas une seule fois que nous sommes appelés à prendre part à ce festin délicieux, où Jésus nous donne sa chair pour nourriture, son sang pour breuvage.
Ce banquet, qui fait l'admiration des anges, auquel ils voudraient pouvoir participer, est toujours préparé, et Jésus nous invite souvent à venir nous y asseoir.
Il connaît notre faiblesse, notre inconstance, la légèreté de l'esprit de l'homme ; il sait, ce divin Maître, qu'après avoir pris la résolution d'être tout à lui nous nous laissons souvent aller encore à bien des fautes ; il sait que nous avons besoin d'être sans cesse ranimés, fortifiés ; aussi il nous invite à venir nous désaltérer à cette fontaine de vie ; il nous presse de nous approcher de la table sainte.
Il semble vraiment, ô mon aimable Maître, que vous ayez besoin de moi, que je puisse quelque chose pour vous.
Je devrais désirer avec ardeur ce vin céleste, ne cesser de vous conjurer de vouloir bien vous donnera moi, et c'est vous, ô mon Dieu ! qui me demandez de vouloir bien vous recevoir, et moi, j'ose vous refuser parce que je trouve qu'il faut faire trop d'efforts sur moi-même, parce que je ne veux pas vous sacrifier ce rien, cette bagatelle.
Mon Sauveur, quelle perfidie, quelle ingratitude, est la mienne !
Souvent, en lisant l'histoire de la passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous avons été remplis d'indignation contre ces misérables Juifs qui préférèrent Barabbas à Jésus ; mais ne pourrions-nous pas tourner notre indignation contre nous-mêmes ? Notre conduite n'est-elle pas la même que celle des Juifs ?
Jésus veut venir dans notre cœur, et nous refusons de le recevoir parce que nous trouvons la préparation trop difficile.
Pensons-y sérieusement, lorsque nous sacrifions ainsi une communion, n'est-ce pas préférer un rien à Jésus ? Prenons donc une ferme résolution de ne plus agir ainsi à l'avenir, mais de nous conduire de manière à pouvoir souvent venir nous désaltérer à cette source de vie.
Prière comme au premier jour.
VINGT-SEPTIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué dans le sacrement de pénitence.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Comment reconnaître l'amour que Jésus ne cesse de nous témoigner ?
Cet adorable Maître, non content d'être venu habiter au milieu des hommes pendant sa vie mortelle, a voulu perpétuer son séjour parmi eux.
Il a inventé ce mystère d'amour, ce sacrement de l'Eucharistie, qui devrait faire toute notre joie, notre bonheur, l'objet constant de notre amour et de nos adorations.
Le Roi de gloire et de majesté caché sous les apparences d'un peu de pain, de quelques gouttes de vin !
0 mon Dieu ! je vous adore, je bénis votre amour qui vous a suggéré une si magnifique invention, une semblable folie d'amour !
J'adore votre Sang précieux par l'effusion duquel vous nous avez procuré un bienfait dont nous ne comprendrons jamais le prix.
Non, jamais l'homme ne pourra comprendre l'amour de Dieu, le prix du Sang de Jésus.
Mais il doit s'efforcer de le croire ; il doit penser souvent à cet amour immense d'un Dieu pour sa créature, à l'ingratitude des créatures envers ce même Dieu si plein d'amour ; il doit s'efforcer de se pénétrer de la pensée de cet amour immense, travailler à y répondre.
Puisque Jésus ne s'est pas contenté de demeurer au milieu des hommes pendant sa vie mortelle, mais qu'il a voulu y demeurer toujours, ne nous contentons pas non plus de lui donner des témoignages d'amour passagers, de lui consacrer notre cœur pour quelques instants ; mais fixons notre cœur en lui, allons souvent dans les lieux où réside Jésus, et là, conjurons-le de tremper notre âme, de la plonger dans son sang, comme dans un bain précieux et salutaire, afin qu'elle en sorte purifiée, qu'elle en sorte fortifiée, qu'elle devienne invulnérable.
Nous ne comprenons pas la grandeur de notre misère, de notre faiblesse ; voilà la source d'un grand nombre de nos fautes : nous comptons sur nos forces et nous négligeons de demander le secours de Dieu.
N'agissons plus ainsi désormais, mais venons puiser, dans le sang de Jésus, la force de résister à nos ennemis.
Prière comme au premier jour.
VINGT-HUITIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué dans le sacrement de l'extrême-onction.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Il est un moment terrible et redoutable pour l'homme, un moment de douleur et d'angoisse, c'est celui delà mort, où l'âme, séparée du corps, va paraître devant le souverain Juge qui examine en rigueur l'emploi qu'elle a fait du temps d'épreuve qui lui a été accordé pour travailler à mériter le ciel.
Lorsque l'âme paraît pour être jugée, Jésus n'est plus un Sauveur plein de tendresse et d'amour, il est un Juge sévère et redoutable.
Mais, jusqu'à ce moment, il se montre plein de miséricorde et de charité.
Il semble même que, comme il va devenir notre juge, comme il ne pourra plus pardonner, il redouble de bonté à notre égard, pendant les derniers instants qui nous séparent de l'éternité.
Cet aimable Rédempteur ne se contente pas à ce moment de nous appliquer les mérites de son Sang parles sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, mais il veut encore nous appliquer ce sang divin par le sacrement de l'Extrême-Onction, dans lequel Jésus se montre d'une manière toute particulière notre Réparateur.
En effet, ce sacrement nous est appliqué à l'heure de la mort pour réparer nos fautes, pour purifier nos sens, que trop souvent nous avons fait servir à l'iniquité.
Ce sacrement nous est appliqué aussi pour nous fortifier, nous aider à soutenir ce dernier et terrible combat que le démon ne manque jamais de livrer aux âmes qui sont au moment de paraître devant Dieu.
Demandons souvent au Seigneur de nous accorder la grâce de recevoir ce sacrement au moment de notre mort ; désirons de le recevoir avec une pleine et entière connaissance, afin que le sang de Jésus nous soit appliqué d'une manière plus parfaite.
Afin d'obtenir cette grâce, travaillons à mener une vie vraiment chrétienne, une vie telle que nous souhaiterons à l'heure de notre mort de l'avoir menée.
Prions aussi, prions avec ferveur pour ces pauvres âmes qui vont paraître devant Dieu ; conjurons Jésus de leur appliquer, pendant qu'il en est temps encore, les mérites de son Sang.
Prière comme au premier jour.
VINGT-NEUVIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous est appliqué par le moyen des Indulgences.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Par nos péchés, nous avons contracté des dettes envers la justice divine, et, bien que la coulpe du péché soit effacée par le sacrement de pénitence, il nous reste encore la peine temporelle à expier.
Il faut que toutes nos dettes soient acquittées avant que l'entrée du ciel nous soit ouverte. Si nous ne les acquittons pas en cette vie, il faudra les acquitter en l'autre.
L'Église, comme une tendre mère, nous a préparé dans les indulgences un moyen facile d'acquitter ces dettes.
Les mérites du sang de Jésus-Christ forment le trésor de l'Église, trésor dans lequel on peut puiser sans craindre de le diminuer jamais ; car ces mérites sont infinis.
Si nous savions, si nous comprenions le prix des indulgences, nous nous efforcerions d'en gagner un grand nombre, nous travaillerions chaque jour à éteindre, à acquitter ces dettes immenses que nous contractons sans cesse envers la justice divine.
Mais notre esprit est si léger, si terrestre, qu'il ne se laisse impressionner que par les choses terrestres et passagères.
Tout ce que l'Église nous enseigne sur le purgatoire, tout ce que les saints nous en apprennent, nous touche bien peu, nous-fait moins d'impression que les maux que nous endurons sur la terre.
Nous pourrions si facilement éviter ces maux, si facilement acquitter nos dettes pendant notre vie !
Les prières, les pratiques auxquelles l'Église a attaché des indulgences, sont bien peu de chose ; elles sont à la portée de tous.
Ce qui pourrait nous paraître plus difficile, ce sont les dispositions dans lesquelles nous devons être pour que ces indulgences nous soient appliquées.
Il est évident que, si nous n'avons une haine profonde du péché, un ferme propos de faire tous nos efforts pour n'y plus retomber, Dieu ne peut nous remettre entièrement notre dette.
Mais ces dispositions, elles nous deviendront faciles, si nous méditons souvent Jésus, si nous pensons à l'amour qu'il nous a témoigné, en versant son Sang précieux pour notre salut.
Alors ces dispositions nous deviendront habituelles, et nous pourrons sans peine participer aux indulgences si nombreuses puisées dans les trésors de l'Église.
Prière comme au premier jour.
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TRENTIEME JOUR
Le Sang de Jésus, par le moyen des indulgences, peut être appliqué aux âmes du purgatoire.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
L'Église, cette bonne et tendre mère, n'abandonne jamais ses enfants.
Après leur mort, elle pense encore à eux ; elle veut leur appliquer, autant qu'il est en son pouvoir, les mérites du sang de Jésus-Christ.
Aussi elle accorde des indulgences applicables aux âmes du Purgatoire.
Tout ce que fait l'Église, ô Jésus ! c'est par votre inspiration qu'elle le fait, c'est pour accomplir votre volonté ; c'est donc à vous que nous devous rendre grâces de toutes les faveurs qu'elle nous accorde.
Combien vous êtes bon ? ô mon Sauveur ! votre charité est vraiment ingénieuse ! Ces pauvres âmes qui gémissent dans les flammes du Purgatoire ne peuvent plus s'appliquer les mérites de votro sang précieux, et vous voulez que nous, misérables créatures, nous puissions les leur appliquer. Vous nous ouvrez les trésors de vos mérites, et nous n'avons qu'à y puiser.
Combien notre indifférence est grande ! combien même notre lâcheté est coupable ! Dieu ne nous demandera pas seulement compte du mal que nous aurons fait, mais encore du bien que nous n'aurons pas fait.
Chaque jour nous pourrions, par quelque courte prière, aider ces pauvres âmes qui gémissent dans les flammes du Purgatoire ; nous pourrions les soulager, et nous ne le faisons pas, ou bien nous le faisons mal.
Cependant que de grâces nous pourrions attirer par là sur notre âme !
Ces âmes ne seraient pas ingrates, et, en contribuant à leur ouvrir l'entrée du ciel, nous nous assurerions de puissants protecteurs.
Jamais, les trésors de l'Église, ces trésors, fruit du Sang de Jésus-Christ, n'avaient été si largement ouverts.
Nous avons mille moyens de puiser dans ces trésors, d'appliquer ce Sang précieux aux âmes qui sont encore en Purgatoire.
Les associations, les confréries, auxquelles sont attachées les indulgences, sont, sinon plus nombreuses qu'autrefois plus à la portée de tous.
Les conditions qu'elles imposent à leurs membres sont bien faciles à remplir, et les indulgences qui y sont attachées sont nombreuses.
Prenons donc une ferme résolution d'appliquer, autant qu'il est en notre pouvoir, les mérites du Sang de Jésus à ces pauvres âmes
Prière comme au premier jour.
TRENTE ET UNIÈME JOUR
Le Sang de Jésus nous excite à marcher dans le chemin royal de la croix.
Prière à La Très-sainte Vierge, comme au seizième jour.
Tous les biens dont Dieu nous comble, toutes les grâces qu'il nous accorde, toutes les faveurs qu'il nous fait, sont le fruit du Sang de Jésus-Christ.
C'est parce que Jésus a versé son Sang pour nous que nous pouvons maintenant espérer d'entrer au ciel.
Ce Sang divin nous en a ouvert l'entrée, et c'est aussi ce Sang précieux qui nous trace la voie par laquelle seule nous pouvons y parvenir.
C'est par lui aussi que nous aurons la force et la grâce de suivre cette voie, qui est rude, pénible, douloureuse, désagréable à la nature.
Il ne faut pas se le dissimuler, le chemin du ciel est semé de ronces et d'épines : c'est Jésus, la vérité même, la sagesse éternelle, qui nous l'a dit.
Mais les saints et tous ceux qui, sans se laisser effrayer par ces apparences pénibles, ont embrassé cette voie, nous apprennent que sous ces ronces et ces épines sont cachées des douceurs, des consolations, une joie, que le langage humain ne saurait exprimer, et qu'on ne peut comprendre que lorsqu'on l'a goûté.
C'est votre Sang, ô mon bien-aimé Rédempteur ! qui a transformé ainsi ces ronces et ces épines : si je n'ai pas éprouvé encore aucune de ces consolations, s'il me semble que je n'ai senti que ce que cette voie renferme de pénible pour la nature, c'est que je crains trop ces épines, c'est que je n'ai pas encore, eu le courage de marcher sur ces ronces, c'est que, au lieu de mêler généreusement mon sang à votre Sang, je cherche à éviter la plus légère piqûre.
En terminant ce mois, prenons une ferme résolution de travailler à nous appliquer les mérites du Sang de Jésus-Christ, de marcher courageusement à sa suite sur cette voie royale de la croix qu'il a empourprée de son sang.
Que ce ne soit pas seulement pendant le mois qui vient de s'écouler que nous rendions nos hommages à ce Sang divin, que nous méditions sa vertu, ses mérites ; fixons un jour chaque mois pour nous en occuper.
Le premier vendredi de chaque mois est consacré à honorer le cœur de Jésus, qui empêcherait de prendre le second ou le troisième pour honorer son Sang adorable, ce Sang prix de notre Rédemption, et de prendre la résolution de faire ce jour-là le chemin de la croix, ou quelque autre prière en l'honneur du précieux Sang !
 Ces pratiques, qui semblent peu de chose, qui même parfois excitent le mépris et la risée des hommes qui se croient sages, plaisent cependant beaucoup à Dieu, qui les récompense souvent par de grandes faveurs.
Il n'est pas nécessaire de s'en imposer un grand nombre, mais quelques-unes seulement, et d'y être fidèle.
On voit, dans la vie des saints, qu'un grand nombre d'entre eux s'imposaient, d'après l'inspiration divine, quelquefois même d'après l'ordre formel de Notre-Seigneur ou de la très-sainte Vierge, quelques-unes de ces pratiques qui font rire ceux qui se croient sages.
N'ambitionnons pas cette fausse sagesse, mais plutôt attachons-nous à devenir fous, à l'exemple de notre divin Maître.
Pour cela, suivons le conseil de sainte Catherine de Sienne, plongeons-nous dans le Sang du Christ crucifié, afin d'en sortir comme des chevaliers intrépides pour défendre l'honneur de Dieu, la liberté de l'Église et le salut des âmes.
Prière de sainte Catherine de Sienne.
Je suis indigne, ô mon bien-aimé Sauveur ! de respirer le parfum qu'exhale la sainte fleur de votre Sang,
et pourtant je vous demande sa bénédiction, car avec elle je marcherai en assurance à travers les tentations et les épines de la vie.
Rien ne m'ôtera la paix et la sérénité de l'âme ;
mon désir sera de participer à vos douleurs et à votre confusion, de me revêtir de toutes vos humiliations.
0 divin Agneau, ne me refusez pas ;
et, puisque de votre Sang précieux jaillit une telle abondance de bénédictions, faites que son souvenir occupe sans cesse mon esprit, 
que son amour remplisse mon cœur, afin que, transformé entièrement en vous, je ne fasse plus qu'un avec vous, et que je commence sur cette terre la vie que je mènerai au ciel.
Prière comme au premier jour.

























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