Ave verum corpus
Icône du Novgorod XIIe siècle
Ave verum corpus est une prière catholique adressée à Jésus-Christ.
Son
titre latin signifie Salut, vrai corps en français reconnaissant sa
Présence réelle dans le pain et vin consacrés au cours de la messe. On
rencontre parfois la forme plus courte Ave verum.
Histoire
Icône du Sinaï XIIe siècle
La
prière fut composée au XIVe siècle à Reichenau aujourd'hui en Allemagne
et son auteur est anonyme. Il est attribué par le codex 213 de
Reichenau au « Pape Innocent » et son indulgence au « Pape Léon ». Dans
la liturgie, elle sert à accompagner l'élévation de l'hostie pendant la
messe ou pour saluer l'élévation du Christ sur la croix.
Ce
chant liturgique a notamment été l'objet d'œuvres composées par William
Byrd, Palestrina, Mozart, Schubert, Saint-Saëns, Franz Liszt, Gounod,
Gabriel Fauré, Auguste Chérion, Tchaïkovski et Francis Poulenc. Ses
quatre premiers vers latins sont rimés en ine.
Le
motet de Mozart fut composé le 17 juin 1791 pour la fête du corps du
Christ. Il l'a adressé à son ami Anton Stoll, qui était aussi l'ami de
Josef Haydn. Ce motet de quarante-six mesures seulement est simplement
écrit en sotto voce pour un chœur, des cordes et un orgue.
Quand
il l'a écrit, Mozart travaillait sur la Flûte enchantée, il visitait sa
femme Constanze enceinte de son sixième enfant près de Bade et il lui
restait moins de six mois à vivre. Mozart mourut juste avant son
trente-sixième anniversaire, le 5 décembre 1791. Tchaïkovski a repris
cette pièce de Mozart dans son Mozartiana, et le chœur des garçons de
Vienne a fait des enregistrements notables du même Ave verum corpus.
Ce
texte a en fait inspiré de nombreux musiciens, dont Franz Liszt qui l'a
paraphrasé sous forme symphonique dans À la chapelle Sixtine où il
voisine d'ailleurs avec un emprunt au Miserere d'Allegri. Mais
l'achèvement le plus parfait est certainement celui qu'en fit William
Byrd, souvent considéré comme le plus grand compositeur anglais de tous
les temps, et dont l'Ave verum pour 4 voix atteint la perfection
contrapuntique tout en permettant une extraordinaire expression d'humble
détresse soumise au divin qui ne peut manquer de frapper le mélomane.
Cette
pièce est comme une conclusion de ce grand siècle de la musique sacrée
que fut la Renaissance, où Josquin des Prés, Johannes Ockeghem, Giovanni
Pierluigi da Palestrina, Roland de Lassus, Thomas Tallis, Tomas Luis de
Victoria, pour ne citer que les principaux, transportèrent la musique
vocale jusqu'aux portes du ciel, avant que l'avènement du baroque ne
renverse les valeurs de la composition en ramenant subitement les élans
musicaux à l'expression de l'homme tel qu'il est : l'Ave verum de Byrd
est à coup sûr une pièce hors du commun.
On a fait remarquer que dans le codex initial, les cinq voyelles sont liées diagonalement, une difficile coïncidence :
AVEVERUMCORPUSNATUMDEMARIAVIRGINE
VE REPASSUMIMMOLATUMINCRUCEPROHOMINE
CUI USLATUSPERFORATUMFLUXITAQUAETSANGUINE
ESTO NOBISPRAEGUSTATUMMORTISINEXAMINE
OIESU DULCISOIESUPIEOIESUFILIMARIAE
VE REPASSUMIMMOLATUMINCRUCEPROHOMINE
CUI USLATUSPERFORATUMFLUXITAQUAETSANGUINE
ESTO NOBISPRAEGUSTATUMMORTISINEXAMINE
OIESU DULCISOIESUPIEOIESUFILIMARIAE
Interprétation
La
prière médite sur la passion du Christ et sur sa présence réelle. Le
« vrai corps » en question, c'est le Corpus Christi, c'est-à-dire
l'Eucharistie, qui est le pain de la vie éternelle dans la religion
chrétienne.
Lors
du récit de la crucifixion de Jésus-Christ, qui se trouve dans la
Bible, Jésus donne son sang ; c'est le vin de la Cène. Dans le même
récit, il laisse aussi couler de l'eau de son côté, et cette prière fait
allusion à ceci, comme le fait la prière Âme du Christ. La prière
n'oublie pas de faire référence à la Vierge Marie, qui a aussi souffert
lors de la Passion (cf. Stabat Mater, chapelet des douleurs).
Ici,
les fidèles prient un Christ « immolé », sacrifié, comme dans l’Agnus
Dei. Ceux qui prient demandent la rédemption et la miséricorde divine.
Le confort à l'heure de mort est un souhait final adressé, comme ceux
qui prient « à l'heure de notre mort » à la Vierge Marie dans l'Ave
Maria et dans O Sanctissima. Jean-Paul II aimait cette prière, comme il
aimait particulièrement le chant Bogurodzica, qui est le plus ancien
monument littéraire polonais. Il l'a recommandée pour la liturgie du
Jeudi saint et c'est par cette prière qu'il a conclu son encyclique
L'Église vit de l'Eucharistie.
Le texte de la prière
Français
Je vous salue, vrai corps né de la Vierge Marie,
Qui avez vraiment souffert et avez été immolé sur la croix pour l'homme,
Vous dont le côté transpercé a laissé couler du sang et de l'eau.
Puissions nous vous recevoir dans l'heure de la mort.
O doux, O bon, O Jésus fils de Marie. Ainsi soit-il.
Qui avez vraiment souffert et avez été immolé sur la croix pour l'homme,
Vous dont le côté transpercé a laissé couler du sang et de l'eau.
Puissions nous vous recevoir dans l'heure de la mort.
O doux, O bon, O Jésus fils de Marie. Ainsi soit-il.
Latin
Ave verum corpus natum de Maria Virgine
Vere passum, immolatum in cruce pro homine,
Cuius latus perforatum fluxit aqua et sanguine,
Esto nobis praegustatum in mortis examine.
O Iesu dulcis, O Iesu pie, O Iesu, fili Mariae.
Pour la troisième ligne, Mozart utilise un texte légèrement différent :
Cuius latus perforatum unda fluxit et sanguine
Vere passum, immolatum in cruce pro homine,
Cuius latus perforatum fluxit aqua et sanguine,
Esto nobis praegustatum in mortis examine.
O Iesu dulcis, O Iesu pie, O Iesu, fili Mariae.
Pour la troisième ligne, Mozart utilise un texte légèrement différent :
Cuius latus perforatum unda fluxit et sanguine
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